Palorel

avatar 06/01/2011 @ 14:02:05
Tu aimes manger épicé, Aria ? Pas en même temps j'espère ?

Nymphette

avatar 06/01/2011 @ 14:42:38
Pour info:Stéphane Hessel sera un des invités,ce soir,de F.Busnel dans "La grande librairie" sur France5


Merci pour cette précieuse info, en effet!

Gnome
avatar 06/01/2011 @ 14:47:08
C'est sûr qu'Hessel est charismatique, mais Berlusconi et Sarkozy aussi dans leur genre. Si Hessel séduit plus, c'est peut-être qu'il y a autre chose que le charisme. La générosité par exemple.

Ou peut-être parceque Berlusconi et Sarkozy exercent le pouvoir alors que Hessel, non. Peut-être...

Tout à fait d'accord avec vous au sujet des étoiles... Chacun, par définition, à sa propre grille de cotation. Personnellement, je m'efforce de donner une note par rapport au genre du bouquin. Par exemple, j'ai mis 5 étoiles à "Ensemble c'est tout" (de A Gavalda) dans son genre "roman de gare".... mais, j'ai également mis 5 étoiles à "Candide" (de Voltaire) dans son genre "grands classiques de la littérature française" !

Tistou 06/01/2011 @ 15:26:17
Tu aimes manger épicé, Aria ? Pas en même temps j'espère ?


Zoé, qui est posée sur mon bureau, devant le clavier (je ne vous dis pas l'inconfort pour taper ceci !), vient de pointer le pouce vers le bas, Palorel. Pas bon ça ...

Tistou 06/01/2011 @ 15:32:29
C'est sûr qu'Hessel est charismatique, mais Berlusconi et Sarkozy aussi dans leur genre. Si Hessel séduit plus, c'est peut-être qu'il y a autre chose que le charisme. La générosité par exemple.
Ou peut-être parceque Berlusconi et Sarkozy exercent le pouvoir alors que Hessel, non. Peut-être...

Tout à fait d'accord avec vous au sujet des étoiles... Chacun, par définition, à sa propre grille de cotation. Personnellement, je m'efforce de donner une note par rapport au genre du bouquin. Par exemple, j'ai mis 5 étoiles à "Ensemble c'est tout" (de A Gavalda) dans son genre "roman de gare".... mais, j'ai également mis 5 étoiles à "Candide" (de Voltaire) dans son genre "grands classiques de la littérature française" !


"Ou peut-être parceque Berlusconi et Sarkozy exercent le pouvoir alors que Hessel, non. Peut-être..."

J'espère que c'est de l'humour, Gnome (heureusement que tu n'es pas furieux parce que ça me rappellerait quelqu'un !) parce que comparer Hessel aux 2 autres ... Hum, comment dire ... ?
Comparerais-tu Gebreselasié à moi-même ? C'est vrai, tous 2 nous courons ...
Comparerais-tu une blanquette de veau avec un beefburger ? C'est vrai les 2 se mangent ...
Comparerais-tu Voltaire et Pif le Chien ? C'est vrai les 2 se lisent ...

Je continue ou bien ... ? Si tu ne sens pas la différence entre Hessel et ceux que tu cites alors c'est vrai, les propos de Hessel ne te sont pas accessibles. Et c'est dommage.

Virgile

avatar 06/01/2011 @ 15:35:40
Allons Tistou, Gnome ne met pas Hessel sur le même pied que Berlusconi ou Sarkozy, il met simplement en avant une différence essentielle dans la perception de ces personnes non?

Tistou 06/01/2011 @ 15:43:19
Allons Tistou, Gnome ne met pas Hessel sur le même pied que Berlusconi ou Sarkozy, il met simplement en avant une différence essentielle dans la perception de ces personnes non?


Non Virgile. Ca :

"Ou peut-être parceque Berlusconi et Sarkozy exercent le pouvoir alors que Hessel, non. Peut-être..."

laisse entendre que c'est parce qu'ils sont plus exposés, parce qu'ils gouvernent, qu'ils ne séduisent plus ou qu'ils sont dénigrés. La différence est beaucoup plus basique ; c'est l'essence humaine même de ces personnes qui n'est pas comparable. Et non point le fait que certains soient exposés et d'autre pas.
Mais je n'en veux pas forcément à Gnome, rassures-toi. J'imagine que certains peuvent ressentir le même genre de sentiment quand, peut-être, je donne par exemple des avis sur des auteurs sans bien tout mesurer ?

Virgile

avatar 06/01/2011 @ 15:46:06
Je trouve que tu déduis des choses que Gnome ne dit pas Tistou mais c'est à lui de me dire qui de nous deux se trompe ;o)

Aria
avatar 06/01/2011 @ 19:52:09
Tu aimes manger épicé, Aria ? Pas en même temps j'espère ?

Zoé, qui est posée sur mon bureau, devant le clavier (je ne vous dis pas l'inconfort pour taper ceci !), vient de pointer le pouce vers le bas, Palorel. Pas bon ça ...

Franchement, Palorel, on n'a oublié de te souhaiter un humour plus distingué pour 2011 ! ;-((

Même Zoé s'en est rendu compte.

Antinea
avatar 06/01/2011 @ 19:52:54

Il y a bien sûr, des gens un peu plus à droite, ce qui ne veut pas dire fachos, qui n'aimeront pas certains livres parlant de valeurs de solidarité, c'est ainsi et c'est inéluctable.


Ah ah ah ah ! Si c'était si simple...

Gnome
avatar 06/01/2011 @ 21:46:51
@ Tistou :
J'ai le sentiment, comme le suggérait Virgile, que tu déduis des choses que je ne dis pas. Je me suis peut-être mal exprimé. Je précise donc :

Le rat des champs à écrit :
C'est sûr qu'Hessel est charismatique, mais Berlusconi et Sarkozy aussi dans leur genre. Si Hessel séduit plus, c'est peut-être qu'il y a autre chose que le charisme. La générosité par exemple.

C'est donc bien Le rat des champs, et non moi, qui à évoqué le fait que Hessel, Sarkozy et Berlusconi sont, dans leur genre, des personnes charismatiques ! J'avoue qu'associer ces 3 personnes ne me serait pas venu d'emblée... Mais bon, pourquoi pas. Je me suis donc permis de répondre à l'hypothèse de Le Rat des Champs :
Ou peut-être parceque Berlusconi et Sarkozy exercent le pouvoir alors que Hessel, non. Peut-être...

Ce qui signifie que, comme Le rat des champs, je trouve effectivement qu'il est possible de dire que Hessel, Berlusconi et Sarkozy sont des gens charismatiques, chacun dans leur genre.
Toutefois, pour Le rat des champs, Hessel pourrait séduire plus car il est pourrait, peut-être, être doté d'un supplément de générosite.
Pour moi, même si au fond je pense que Hessel exprime globalement (dans ce livre) des idées plus dangereuses que généreuses, je m'interroge plutôt sur le fait suivant : qu'est-il "plus facile" à faire : rester charismatique quand on est au pouvoir ou être charismatique quand on a des idées généreuses que l'on écrit dans un livre ?
Je m'autorise à penser qu'exercer un pouvoir présidentiel implique (à tort ou à raison) fort probablement des contraintes qui n'existent pas quand on est devant une page blanche à rédiger de belles idées (enfin, c'est vous qui les trouvez toutes belles, moi je suis beaucoup plus sélectif). Encore une fois, je n'affirme pas. J'émets une hypothèse (d'où mon "peut-être").

Afin d'être sûr de m'être bien fait comprendre, voici un autre exemple : je pense qu'il était probablement plus facile à Evo Morales (président bolivien) de parler de son programme "généreux" avant de se faire élire, plutôt que de l'appliquer une fois élu (cf. entre autres, les récentes émeutes qui ont suivi l'annonce du prix des carburants en Bolivie). En ce sens, être doté d'un supplément de générosité tant qu'on n'est pas "aux manettes", est à mon sens "plus facile" que de conserver ce supplément de générosité quand on est au pouvoir.

Pour terminer, Tistou, tu écris :
Comparerais-tu Gebreselasié à moi-même ? C'est vrai, tous 2 nous courons ...
Comparerais-tu une blanquette de veau avec un beefburger ? C'est vrai les 2 se mangent ...
Comparerais-tu Voltaire et Pif le Chien ? C'est vrai les 2 se lisent ...

On peut (peut-être) être autorisé à penser que Hessel a écrit un livre politique et que Berlusconi et Sarkozy font de la politique. L'un exprime ses idées, les autres tentent d'appliquer les leurs. Mais bon, je répète que l'idée de parler de charisme en mêlant Hessel, Berlusconi et Sarkozy n'est pas de moi et qu'elle ne me serait pas d'emblée venue à l'esprit... Sacré Le Rat des Champs !

Je continue ou bien ... ?

Non, non, c'est bon, je suis assez bête (puisque je ne partage pas vos idées), mais j'ai bien compris ce que vous suggériez !

Si tu ne sens pas la différence entre Hessel et ceux que tu cites alors c'est vrai, les propos de Hessel ne te sont pas accessibles. Et c'est dommage.

J'espère que je ne suis pas aussi fou que j'en ai peut-être donné l'air ! Comme vous, je pense que Hessel, Berlusconi et Hessel sont des personnes assez radicalement différentes... Bien que charismatiques comme le dirait Le Rat des Champs !

:-)

Pieronnelle

avatar 06/01/2011 @ 22:23:23
Gnome, tes propos me font penser un peu à un pelle-mêle d'où il est bien difficile d'en retirer une idée très claire (enfin pour moi). L'éternel argument qui consiste à dire qu'il est plus difficile de gouverner que etc... est assez vain et ce raisonnement peut s'appliquer à n'importe quel dictateur! Surprenantes les supposées "idées dangereuses" de Hessel!!!
J'en profite pour commenter un de tes arguments sur le livre de Hessel, tu dis (excuses moi si je ne suis pas très exacte) que tu es contre sa position envers les palestiniens parce que tu ne connais pas assez bien la question. Surprenant non? Il me semble qu'avant de porter un jugement le minimum est de s'intéresser d'abord au problème. L'histoire et les évènements du Moyen orient sont extrêmement complexes et méritent qu'on s'y intéresse très profondément avant de critiquer la position de quelqu'un qui les connait parfaitement. Si ta critique est effectivement bien argumentée cela ne veux pas dire que les arguments ne sont pas discutables. Je ne pense pas du tout que tu n'aies rien compris, au contraire, je crois que seulement l'argument "nous ne sommes pas du même bord" est vraiment le seul qui t'ai motivé pour ta critique, et franchement je le regrette pour toi. Mais ça n'engage que moi....

Tistou 06/01/2011 @ 22:31:49
OK Gnome, brisons-là, j'ai l'impression qu'à quelques détails près on n'est pas loin.
Charismatique en tant que tel ne signifie rien sur un plan "qualités morales". Tapie est charismatique ! Et ... bon !
La différence concernant Hessel c'est que lui, la résistance il l'a incarné, il sait ce que c'est pour en avoir payé le prix. Les autres, ils connaissent surtout le fric et ceux qui en ont. Et ça change beaucoup de choses.
Maintenant, que l'exercice du pouvoir au plus haut niveau amène à réviser cruellement ses intentions, je peux le croire. N'empêche qu'un Hessel restera un Hessel et un Tapie idem.

Gnome
avatar 06/01/2011 @ 23:18:06
Gnome, tes propos me font penser un peu à un pelle-mêle d'où il est bien difficile d'en retirer une idée très claire (enfin pour moi)

C'est peut-être parceque je ne suis pas un foudre pour traduire mes pensées par écrit. Désolé. Je m'efforce de m'améliorer.

Surprenantes les supposées "idées dangereuses" de Hessel!!!

J'ai écrit quelles étaient, selon moi, certaines des idées que j'avais trouvé dangereuses dans ce petit livre de Monsieur Hessel. Permettez-moi, à mon tour, de trouver surprenant que d'autres ne les trouvent pas dangereuses !!!

J'en profite pour commenter un de tes arguments sur le livre de Hessel, tu dis (excuses moi si je ne suis pas très exacte) que tu es contre sa position envers les palestiniens parce que tu ne connais pas assez bien la question. Surprenant non? Il me semble qu'avant de porter un jugement le minimum est de s'intéresser d'abord au problème. L'histoire et les évènements du Moyen orient sont extrêmement complexes et méritent qu'on s'y intéresse très profondément avant de critiquer la position de quelqu'un qui les connait parfaitement.

Pieronelle vous avez (comme souvent) raison... Vous avez du lire ma critique juste après que je ne l'ai postée, puisque quelques minutes après l'avoir écrite, je me suis ravisé et ai supprimé ce passage sur Israël et Palestine. J'estimais également, comme vous l'indiquez, ne pas avoir suffisamment de connaissances sur ce sujet, même si je m'intéresse au problème (comme vous avez l'air d'en douter).

Si ta critique est effectivement bien argumentée cela ne veux pas dire que les arguments ne sont pas discutables.

100% d'accord avec vous, je n'ai pas dit que mes arguments n'étaient pas discutables; je fais partie de ceux qui pensent sincèrement que tout peut être discuté. Vraiment tout. Même certaines idées socialo-communistes d'un ancien résistant.

Je ne pense pas du tout que tu n'aies rien compris, au contraire, je crois que seulement l'argument "nous ne sommes pas du même bord" est vraiment le seul qui t'ai motivé pour ta critique, et franchement je le regrette pour toi. Mais ça n'engage que moi....

Pour être parfaitement clair, et au risque de me répéter, ce qui a motivé ma critique c'est avant tout le fait que je ne suis pas du tout d'accord avec CERTAINS des motifs d'indignations de Monsieur Hessel. J'ai lu un petit livre manifestement politique qui m'a fait réagir, or il se trouve que je n'ai pas les mêmes sensibilités politiques que son auteur. Je n'aurais peut-être pas du écrire noir sur blanc que je ne suis pas du même bord politique que Hessel, mais on l'aurait bien deviné de toutes façons alors j'ai préféré d'entrée de jeux annoncer "la couleur". Sur un site où, comme le disait je crois Le Rat des Champs un peu avant dans ce fil, la tendance des internautes est globalement de gauche, cela me semblait plus "prudent" d'agir comme cela.

Pieronnelle

avatar 06/01/2011 @ 23:59:54
Effectivement Gnome j'ai lu ta critique (j'espère que le tutoiement ne te choques pas) très tôt et ça me fait plaisir que tu aies retiré ce passage. Je ne doute pas du tout que tu t'intéresses au problème du Moyen Orient j'ai simplement fait remarquer qu'il fallait à mon avis bien le connaitre (ce qui est difficile je le constate personnellement) pour émettre un jugement. Je pense que c'est un peu réducteur de dire que la tendance des internautes de ce site est globalement de gauche. Je crois que ceux qui le sont (et je le reconnais) le manifeste peut être plus que ceux qui ne le sont pas c'est tout... Je trouve amusant que tu aies trouvé plus "prudent" de le signaler mais à mon avis ce n'était pas nécessaire et, encore une fois, je ne peux que souligner ton honnêteté.
Mais je crois que de nouveaux forums animés se préparent :-))

Gnome
avatar 07/01/2011 @ 00:11:19
Mais je crois que de nouveaux forums animés se préparent :-))


Oulalalala !
:-))

(pas du tout choqué par le tutoiement... J'espère, à mon tour, que mon vouvoiement ne vous dérange pas... Je trouve cela assez joli)

Pieronnelle

avatar 07/01/2011 @ 00:18:29
(pas du tout choqué par le tutoiement... J'espère, à mon tour, que mon vouvoiement ne vous dérange pas... Je trouve cela assez joli)


Mais nous sommes libres sur "critiques...libres"!

Le rat des champs
avatar 07/01/2011 @ 08:26:06
Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'on ne peut pas expliquer le succès du livre de Stéphane Hessel par son charisme. Je doute que si Berlusconi écrivait ses mémoires, le succès serait au rendez-vous, à part peut-être pour les détails sexuels douteux auprès de vieux salaces. Hessel parle vrai, sans langue de bois, son indignation est sincère et juste, et le public ne s'y trompe pas. J'ai lu que Gnome a parlé de communisme, et pourquoi pas tant qu'on y est, de stalinisme? Or, il n'y a jamais eu sur la planète d'état communiste, mais seulement des remplacements d'oligarchies par d'autres.

Le phénomène est universel, dès qu'un dirigeant ose parler de partage des richesses il se fait traiter de communiste. Obama en sait quelque chose, ses tentatives de créer un système de soins de santé dans son pays lui attirent la haine des nantis bien-portants, qui ne veulent pas payer pour les malades pauvres. Les valeurs de solidarité sont en baisse, et je reviens à la fière devise française. Où sont la liberté, l'égalité et la fraternité? Au placard, dont la porte est bien cadenassée. Et Sarkozy a bien caché la clef.

Yeaker
avatar 07/01/2011 @ 09:09:21
Yeaker, pas d'accord avec toi : Hessel n'est pas un leader charismatique.
C'est avant tout un homme qui réfléchit.


Il est engagé en politique au coté des verts (sauf erreur de ma part), en conséquence il est leader. Le charisme c'est de savoir utiliser sa personnalité, bien que très différent de Sarko, Hessel est incontestablement charismatique et il sait se rendre sympathique le bougre, car le charisme est une qualité quand il sert à autre chose qu'à nous faire avaler quelques mensonges.

Zagreus
avatar 07/01/2011 @ 09:36:37
Je reproduis ici l'avis intégral de Pierre Assouline sur son blog, qui me semble très intéressant et qui apporte une note discordante dans le concert de louanges qu'on peut entendre sur Hessel (ça relativise la portée de son petit livre) :

A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ?

Etrange phénomène que celui d’Indignez vous ! (29 pages, 3 euros, Indigène éditions). Qui n’aime pas Stéphane Hessel, son sourire désarmant, son incroyable mémoire de la poésie, sa courtoisie d’un autre temps, sa gentillesse si rassurante ? Il vaut vraiment que l’on s’y arrête et que l’on y regarde de plus près, ne fût-ce que parce que, au-delà du demi million d’exemplaires, tout essai revêt des allures de phénomène de société. Or, curieusement, s’il a été loué de toutes parts, en raison de son message humaniste et de l’itinéraire impeccable de son auteur, il n’a guère été analysé dans un esprit critique. L’objet tout d’abord. Ce n’est pas un livre mais stricto sensu une brochure dont le texte proprement dit, plutôt mal fichu, mi-discours mi-interview le tout colligé, n’occupe que 13 pages, comme un gros article, le reste étant occupé par des notes et une postface de l’éditeur. Il est donc abusif non seulement de parler de livre, d’expliquer son succès par son faible prix (3 euros) alors que des nouvelles inédites sont en vente à 2 euros (Folio), mais aussi de commenter la liste des meilleures ventes en clamant partout qu’il a même dépassé le Goncourt de Michel Houellebecq (!). Mais on s’en doute, là n’est pas le plus important.

L’indignation en est le leitmotiv. Quand on pense que ceux qui l’achètent par dizaines pour l’offrir autour d’eux y voient un programme d’action, une philosophie morale, un bréviaire, on est consterné tant le contenu manque de contenu, ce qui ne lui est guère reproché en raison de son statut d’icône. Mais la démonstration est si faible et la plume si incertaine que l’appel n’a pas la puissance d’un pamphlet. Qui pourrait décemment s’opposer à un texte dégoulinant de bons sentiments, aux grands principes, aux grands idéaux et aux grandes idées qui y sont énoncées ? D’autant qu’elles sont présentées sous le label « issu de la Résistance ». C’est déjà là que le bât blesse. Non dans le programme du Conseil national de la Résistance, même si depuis son adoption le 15 mars 1944, la France a un peu changé et qu’il ne suffit plus de réclamer « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours », revendication qui paraît un peu courte aujourd’hui, même pour les syndicalistes les plus chevronnés. Stéphane Hessel, qui s’est tôt engagé dans la Résistance, ce qui lui valut d’être torturé puis déporté à Buchenwald et à Dora, dit l’avoir fait car « j’ai été indigné par le nazisme». Il nous appelle donc à l’indignation permanente en toutes circonstances et en tous lieux, même si cette manière de mettre ainsi sur une même ligne morale la situation des sans-papiers, la dérégulation du capitalisme et les crimes du totalitarisme national-socialiste devraient nous… indigner. Le Monde a récemment publié deux pleines pages dans lesquelles des personnalités s’indignaient toutes de quelque chose, à l’exception du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, et comme sa lumineuse réaction ouvrait le bal, elle eut pour effet d’anéantir toutes celles qui suivaient :

« J’ai beaucoup de tendresse, d’admiration, pour Stéphane Hessel avec qui j’ai beaucoup de concordances de vue mais je m’indigne qu’on nous demande de nous indigner parce que l’indignation est le premier temps de l’engagement aveugle. Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner. »

On ne saurait mieux dire qu’il est bizarre de pousser ses contemporains à s’engager sous l’empire de l’émotion et non sous celui de la réflexion. Mais allons plus loin. Dès la troisième page de son texte, Stéphane Hessel écrit : « Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes… » Nous ? Mais qui l’a délégué pour parler au nom de tous les survivants de la Résistance intérieure et de la France Libre, d’autant qu’il y revient à plusieurs reprises ? A la dernière page, cela peut se concevoir car son « nous » renvoie en note à un appel de 2004 fort d’une dizaine de noms (Aubrac, Cordier, Vernant…), mais avant, si on lit bien, Stéphane Hessel est l’auteur et il est censé écrire en son nom. A le suivre dans son raisonnement, on comprend qu’un homme n’est humain que s’il s’indigne et s’engage en conséquence. Un peu comme lui en somme. De quoi nier leur qualité d’humains à tous les Bartleby engendrés par la société. A la fin de son texte, après avoir rappelé les principes de la Déclaration des droits de l’homme à la rédaction de laquelle il fut associé, et s’être fait l’apôtre de la non-violence, le pourfendeur des inégalités, le dénonciateur de la consommation à outrance (mais qui est contre ?), il s’indigne de ce qui se passe à l’étranger.

« Aujourd’hui, ma principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie ». Deux pages suivent (2 sur 13, c’est dire la proportion) en défense et illustration du peuple palestinien, attitude légitime et respectable, mais qui contient difficilement la colère haineuse qui altère son flegme poétique chaque fois que, dans un débat, il est question d’Israël. Faisant le décompte des pertes de l’opération « Plomb durci » qui a provoqué la mort de plus d’un millier de gazaouis, il remarque qu’elle a fait « seulement » une cinquantaine de blessés du côté israélien, et on y sent l’ombre d’un regret, d’autant qu’il croit bon ajouter cette énormité : « Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre, c’est insupportable ». Comme si quoi que ce soit, dans leur qualité, leur passé, leur souffrance, devait les préserver, les immuniser ou leur interdire de se comporter salement comme tous les hommes sous toutes les latitudes en tous temps car toute guerre est une sale guerre. Si Stéphane Hessel avait été se promener un peu plus en Israël, il y aurait croisé à sa stupéfaction nombre de maîtres chanteurs, de salauds, de maquereaux, de violeurs d’enfants, de négationnistes, de trafiquants de drogue, de tueurs en série. Après quoi suivent des considérations sur l’inévitabilité du terrorisme comme une forme d’exaspération. On croit en avoir fini mais non, deux pages plus loin, il y revient. Evoquant une marche pacifique contre le mur de séparation, il rapporte que les autorités israéliennes l’ont qualifiée de « terrorisme non-violent » puis il commente goguenard : « Pas mal… Il faut être israélien pour qualifier de terroriste la non-violence. » Imaginez un instant l’évocation de la stigmatisation des Roms par Sarkozy&Hortefeux suivie de ce commentaire : « Il faut être français pour … ».

Imaginez mais ne cherchez pas car cela n’y est pas. Vous n’y trouverez pas non plus d’indignation sur la violation des droits de l’homme en Birmanie, en Chine, en Iran, en Corée du Nord, en Libye, en Tunisie et dans tant d’autres pays car l’indignation de Stéphane Hessel est à géométrie variable. Manifestement, sa boussole intérieure s’est bloquée sur ce pays honni. Par une ironie de l’Histoire, il a tenu à faire figurer en liminaire la reproduction de Angelus Novus, dans laquelle son premier propriétaire, le philosophe Walter Benjamin, un ami de son père, voyait « un ange repoussant cette tempête que nous appelons le progrès ». Et comme l’éditeur est obligé d’en indiquer la propriété, la présence de cette aquarelle de Paul Klee permet de faire éclater dès la première page la mention « Musée d’Israël, Jérusalem »… Ce qui doit passablement indigner l’auteur. Mais que ces détails n’empêchent pas les hommes de bonne volonté de s’indigner en reprenant en chœur le puissant slogan qui lui sert d’excipit : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer »

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