Le rat des champs
avatar 09/10/2009 @ 19:58:40
Une fois n'est pas coutume, je tiens à te féliciter Dirlandaise pour l'honnêteté de ta critique sur ce livre. Je ne te répéterai pas ici que tout acte sexuel avec un mineur est un viol, quoi qu'en dise Matzneff puisqu'il est incapable d'un consentement éclairé. Il le reconnait d'ailleurs implicitement, puisqu'il dit qu'il a des difficultés pour larguer les filles qui sont tombées amoureuses de lui, parce qu'elles pensaient à une relation durable alors que lui ne pensait qu'à tirer un coup comme on dit vulgairement.

Ah, ben si, je l'ai répété, zut, alors ;o)

En fait tout ce que j'ai lu de ce type se ramène à "ça": son oeuvre est une revendication de la liberté de sa pédophilie.

Encore une fois, bravo.

Mais dis-moi, tu ne trouves pas que 4 étoiles, c'est beaucoup?

Dirlandaise

avatar 09/10/2009 @ 22:07:00
Cette lecture m'a profondément attristé. Ce que j'ai du mal à encaisser, c'est la totale insensibilité manifestée à l'égard des sentiments de ces jeunes enfants de la part d'une personne aussi cultivée que Gabriel Matzneff.

En fait, trois choses m'ont horrifiée. La première est ce je viens d'écrire plus haut. Dans son livre, Gabriel Matzneff rapporte une conversation qu'il aurait eu avec l'écrivain américain John Hopkins au sujet des relations avec de jeunes enfants. Voici l'extrait :

"Les très jeunes, ça prend beaucoup de temps. Au début, une si charmante tyrannie comble l'aîné, elle le flatte, l'amuse, et il s'y soumet de bonne grâce. Mais à la longue, elle le fatigue et l'irrite. Accoutumé à la solitude, à l'entière liberté de ses mouvements, il en a ras le bol d'avoir sans cesse cet/cette enfant sur le dos : le/la voir deux heures par jour (de préférence au plumard) lui suffirait amplement."

Autrement dit, l'enfant n'est qu'un jouet sexuel et rien d'autre. Ses sentiments sont complètement occultés par monsieur Matzneff et je trouve cela assez terrible.

La deuxième chose qui m'a ébranlée, c'est quand il décrit les jeunes corps sans poil, avec la peau très lisse et douce. Aussitôt que la pilosité commence à apparaître, le jeune ne présente plus aucun intérêt. C'est prendre le corps comme une friandise et encore une fois, ne pas tenir compte de l'être humain dans toute sa globalité. Je trouve cela très égoïste pour ne pas dire ignoble.

La troisième chose qui m'a fait bondir, c'est que monsieur Matzneff est parfaitement conscient de la vulnérabilité émotive et affective de ses jeunes amants ou amantes mais que cela ne l'arrête pas pour autant. Encore de l'égoïsme, toujours de l'égoïsme et aussi je dirais une sorte de pouvoir qu'il se plaît à exercer en tant d'adulte expérimenté. Il se voit comme un pédagogue du sexe... Il décrit parfaitement bien cette vulnérabilité qui fait que les jeunes s'attachent passionnément à lui et qu'une rupture pourrait avoir de graves conséquences sur la vie de ces jeunes mais il continue encore à agir malgré sa lucidité et sa compréhension des dangers qu'il fait courir à ces personnes trop jeunes pour pouvoir se défendre adéquatement.

J'ai mis quatre étoiles car, malgré tout, j'ai aimé l'honnêteté de l'auteur envers ses lecteurs. Matzneff reste tout de même Matzneff malgré son aspect monstrueux évident qui ressort de ce livre.

Ah je suis triste... bien triste...

Le rat des champs
avatar 09/10/2009 @ 23:30:27
de la part d'une personne aussi cultivée que Gabriel Matzneff.

En fait tout le problème est là. Matzneff est effectivement cultivé, mais la culture, quand elle n'est qu'un vernis masquant plus ou moins une personnalité détestable n'est rien. C'est un outil de séduction tout au plus.
Il y a bien des années, j'avais lu qu'un explorateur européen, persuadé de sa supériorité, avisant un vieil Africain dit à un de ses amis "Ce débile, je parie qu'il ne sait même pas l'âge qu'il a". Il demanda donc à ce Noir son âge et celui-ci lui répondit "Je suis aussi jeune que mes espérances les plus folles, et aussi vieux que mes espoirs les plus déçus." Ce vieil homme n'avait jamais lu Schopenhauer, mais il s'est montré bien plus intelligent que celui qui le regardait de haut.
Matzneff est une personnalité que je méprise profondément, et je n'ai pas trouvé dans les textes que j'en ai lu la moindre originalité. Il est dépressif, ce qui n'excuse rien, et reconnait avoir souvent pensé au suicide.
Il y a toujours deux attitudes possibles dans ce genre de situation: la fuite en avant ou celle en arrière. Il aurait très bien pu renoncer à ses penchants pédophiles comme beaucoup, se faire aider par un psy, mais il a choisi de continuer et d'intellectualiser ses tares.
Son œuvre s'inscrit dans cette logique: ceux qui prétendraient l'empêcher d'avoir des relations sexuelles avec des enfants sont des retardés qui briment sa liberté.
Il n'y a dans aucun des textes que j'ai lus de cet auteur d'autres thèmes que celui de la liberté et comme l'écrivait Gilles Monplaisir, le désir de vivre "en fils de roi".
Mais que je sache, les fils de rois ne violent pas les enfants.

Le rat des champs
avatar 09/10/2009 @ 23:41:52
Dans ta critique, une phrase m'a fait réfléchir, c'est:
« Je n’ai ni estime ni respect pour l’amour maternel, cette goule. « Je t’aime, donc tu m’appartiens ! », tel est le vrai visage de l’amour maternel. Ne me dites pas que c’est beau. C’est monstrueux. »

C'est la réflexion de quelqu'un qui ignore ce qu'est l'amour. Celui qui a eu un enfant sait que l'amour c'est l'éducation à la liberté. Quand ton enfant est jeune, il est ton enfant. Quand il est devenu adulte, il est ton égal, ton ami.

Dirlandaise

avatar 10/10/2009 @ 06:34:17
Gabriel Matzneff avoue avoir plusieurs obsessions entre autres le suicide, la solitude et les moins de seize ans. Un extrait de son livre :

"Les idées fixes, ce n'est pas ça qui me manque. Je suis un obsédé, et j'aime mes obsessions, elles me tiennent chaud, elles m'empêchent de mourir de froid. Mes obsessions sont pareilles à ces baudruches qu'on attache sous les aisselles des petits enfants qui apprennent à nager : qu'elles crèvent, je coule à pic. Ce sont mes idées fixes qui me maintiennent en vie. Sans elles, il y a longtemps que je me serais fait sauter la cervelle."

"Mon idée fixe, ce sont les moins de seize ans. Les jeunes personnes, sujet délicat, du moins de nos jours, car il ne l'était nullement pour Sophocle, Tibulle ou Khayyâm. Toutefois, nous ne sommes plus au dix-neuvième siècle, où un Dostoïevski prêtait son goût immodéré des petites filles de douze ans à des personnages de romans, Svidrigaïlov, Stavroguine, mais, utilisant le "je" de l'essayiste, jugeait prudent de n'écrire que sur la nécessaire délivrance de Constantinople ou sur les bienfaits du messianisme slave-orthodoxe, qui sont des sujets qui intéressent moins directement la police des moeurs."

Attila 10/10/2009 @ 11:35:36
Celui qui a eu un enfant sait que l'amour c'est l'éducation à la liberté.

ah j'aime bien ça... trop rare...

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