Le rat des champs
avatar 08/12/2007 @ 12:56:49
Je n'ai pas lu ce livre dont je retiens le titre pour un prochain achat. C'est à mon avis un des sujets les plus passionnants qui soient et auquel il est difficile de donner une réponse. Même les souffrances d'Etty Hillesum, de Simone Weil ou d'Edith Stein ne sont pas des réponses satisfaisantes, et tu as raison de le souligner dans ta remarquable critique. Ca me fait penser à un passage d'un livre d'Elie Wiesel racontant que dans un camp, des SS pendaient un enfant devant la foule des prisonniers. Un d'eux révolté, s'exclamait "Mais où donc est Dieu?" et un de ses compagnons de misère répondit: "Il est devant toi et on est en train de le pendre."

Mais même cette réponse, si elle est belle n'est pas valable. Rien ne justifie les soufrfances infligées à qui que ce soit, et à plus forte raison à un innocent.

Dieu ne peut être à la fois tout-puissant et infiniment bon, c'est l'un ou l'autre, ou alors il n'existe pas, comme le pensait Camus, un Juste révolté par la souffrance d'autrui, ce qui me paraît la plus noble des causes de l'athéisme.

Jean Blum dans "Dieu Einstein et nous", un livre que je critiquera un de ces jours, écrit que pour lui, Dieu n'est pas omnipotent, qu'il est blessé par la création, et que le rôle de celle-ci est de la guérir.

Je profite de l'occasion pour te présenter mes amitiés.

Shelton
avatar 08/12/2007 @ 20:09:32
Certainement un livre que je vais lire, aussi, dans les jours à venir... La question, elle, reste avec toute sa force... Que faisait Dieu durant ces temps dramatiques ? Faisait-il la sieste ? Pensait-il qu(il ne s'agissait qu'une affaire entre les hommes ? Pourquoi a-t-il abandonné les plus faibles ? Ce drame a-t-il démontré que le ciel, en fait, était vide, tout simplement ?

Je vais lire l'ouvrage et nous reprendrons la discussion...

Saule

avatar 08/12/2007 @ 20:25:10
Je serai content de lire ta critique de Jean Blum, et peut-être le livre aussi. Et aussi de discuter avec Shelton et toi de cet essai de Hans Jonas. Cet essai est ardu, il m'a fallu du temps pour en venir à bout. C'est de la théologie spéculative. L'auteur explique qu'on peut parler du concept de Dieu de manière philosophie, bien sur cela n'engage que celui qui croit. Il utilise le langage mythique, en déployant un mythe qu'il a inventé et qui correspondrait peut-être à ce que dit Blum dont tu parles.

En tant que catholique je m'en tiens au Dieu tout puissant (le "Credo in unum Deum, Patrem omnipotentem, factorem caeli et terrae, etc." du crédo). Mais je suis attiré par la religion juive, surtout pour leur sens du rituel, et puis quand je lis des textes de l'AT je me dis que ces gens, nos ancètres, possédaient un langage et une compréhension des choses que notre époque matérialiste et analytique ne possède plus. Ce qui m'intéresse au plus haut point ce serait de comprendre la différence de perspective entre les juifs et les chrétiens : voici ce qu'il dit, mais je ne suis pas sur d'être d'accord "Le juif connait une situation plus difficile théologiquement, que le chrétien. Car pour le chrétien, qui attend de l'au-delà le véritable salut, ce monde-ci, en tout état de cause, relève amplement du diable, et demeure toujours un objet de méfiance, spécialement le monde des hommes à cause du péché originel. Mais pour le juif, qui voit dans l'immanence le lieu de la création, de la justice et de la rédemption divines, Dieu est éminemment le seigneur de l'Histoire, et c'est là qu'Auschwitz met en question, y compris pour le croyant, tout le concept traditionnel de Dieu."

Feu follet
avatar 10/12/2007 @ 22:37:45
Si cette période de l'histoire vous intéresse, je vous conseille "Treblinka", de Jean-Francois Steiner. Il n'est pas critiqué sur ce site. Je ne me souviens pas suffisamment de l'histoire pour faire moi-même une critique pertinente, mais je me souviens que le réalisme de la description de l'horreur que vivaient ces pauvres gens m'avait marqué. Un livre fort!

Source Wikipedia: "Treblinka était un camp destiné exclusivement à la solution finale. À la fermeture du camp, tous les juifs qui y avait travaillé furent gazés et les corps brûlés"

"Que faisait Dieu durant ces temps dramatiques ? Faisait-il la sieste ?" c'est une bonne question, Shelton. Pour ma part cela fait longtemps que je ne me pose plus la question.

Saule écrit "...finalement le concept d'un Dieu impuissant ne me choque pas."
Je trouve que c'est une belle conclusion, en tout cas plus pertinente et réfléchie que de dire "les voies du seigneur sont impénétrables".

Cela me fait penser à un autre livre "Le diable et Daniel Silverman", de Théodore Roszak (critiqué sur CL), où le personnage principal, écrivain juif "convié à donner une conférence dans un collège de fondamentalistes chrétiens", se pose cette question: comment conciliez-vous votre croyance avec le drame de l'extermination des juifs?
Incidemment j'ai d'ailleurs trouvé ce livre très drôle (il s'agit d'une caricature).
Le lien:
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/9270

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