Hambraine 21/03/2004 @ 17:59:53
J'avais 18 ans fin des années 60. Il fallait alors choisir Sartre ou Camus. J'étais à cette époque fou de théâtre. Je me rassasiais des pièces de ces deux monstres. C'est pourtant l'humanisme de Camus qui chez moi l''emporta. Je l'ai relu plusieurs fois depuis et notamment la Peste. Je continue à trouver dans ce roman les fondements d'un humanisme intemporel. J'ai tenté de reprendre la Nausée ou de relire les pièces de Sartre et je trouve qu'elles ont vieilli plus mal que les oeuvres de Camus.

FightingIntellectual 21/03/2004 @ 22:49:27
Étant un fan inconditionnel des deux écrivains et étant relativement encore jeune (21 ans), je crois pouvoir tenter de te fournir un élément de réponse.

Je crois que le pessimisme sourd de certaines oeuvres de Camus ont gagné le coeur de la génération cellulaire, isolatrice, qu'est la mienne. Que ce soit avec le manque absolu d'étonnement constant de Meurseault ou avec la félicité perdue de Clamence, Camus affiche toujours un individualisme curieusement semblable à celui de nos jours dans ses écritures.

Sartre quand à lui est plus cartésien, ses récits faisant plus appel à une réflexion, qu'aux sentiments incrustés que fait ressortir Camus. On s'identifie plus à l'un...on aime moins l'autre pour sa trop grande profondeur, voilà mes deux sous sur la discussion.

Personellement je crois les deux tout aussi pertinents l'un que l'autre, mais dédiés à des publics aux buts différents.

Jules
22/03/2004 @ 10:20:05
Que Sartre était un très grand intellectuel est indiscutable. Qu'il était aussi un meilleur philosophe que Camus est tout aussi indiscutable. Aucune de ces deux qualités de l'ont empêché de faire de biens mauvais choix et d'être bien plus souvent que Camus à côté des réalités. A mon avis, son côté intellectuel l'a empêché de bien comprendre les hommes et leurs véritables motivations. Camus était plus proche d'eux, plus pragmatique aussi et c'est cela qui le rend plus proche de nous: son côté humain. Camus est tiraillé entre la pensée et les réalités de la vie et de l'homme alors que Sartre est plein de certitudes au point de mépriser toute pensée qui ne suit pas la sienne aveuglément.

Jeune j'étais un peu plus du côté de Sartre, sa pensée, plus dogmatique, me cachait les réalités. En soixante, j'avais 16 ans et le côté absolu de l'adolescence a fait que les certitudes m'attiraient davantage. Il faut avancer dans la vie pour découvrir que rien n'est blanc ou noir et apprécier le questionnement plus que l'affirmation qui est plus facile parcequ'elle écarte ce qui la dérange.

Quand je relisais des livres lus lors de l'adolescence, je constatais que je soulignais des phrases "chocs" et que dès la trentaine et la quarantaine je soulignais bien plus que ce qui était plus nuancé et, à mon sens, plus vrai.

FightingIntellectual 22/03/2004 @ 18:44:01
Je crois que tu as frappé en plein dans le mille Jules. Pour mijoter dans le milieu universitaire depuis deux ans, je peux voir que plusieurs intellectuels ont une difficulté folle à s'abaisser au quotidien, vivant dans un milieu peuplé de leur semblables, rien ne semblant exister a l'entours.

Je crois que Sartre avait se problème de connection à la réalité. Ses oeuvre dessinaient la pluspart du temps une théorie,tandis que chez Camus, la théorie ressortais du récit, plus facile à lire, plus facile a comprendre et plus abordable a tout le monde. Aussi indispensable que Sartre puisse être, Camus devrait fort probablement être lu avant.

Elahub 22/03/2004 @ 22:50:36
bonsoir tout le monde

Je vous donne une information que vous ignorez probablement, pour confirmer la valeur ou l'importance de "La peste": En Allemagne les petits allemands qui veulent apprendre la langue francaise sont obligés de lire "La Peste" presque au début de leurs études, dès qu'ils connaissent trois mots de francais:)
C'est bien sûr un peu exagéré mais moi, je m'en souviens encore!! - et même qu'après nous avons lu "L#étranger" aussi.

bonne soirée
et bonne lecture

Daniela

Hambraine 22/03/2004 @ 22:51:38
Je rejoins ton analyse et c'est bien pour cela que je crois que l'oeuvre de Camus est plus humaniste parce que d'abord plus humaine. Si certaines oeuvres de Camus sont incontestablement teintées d'un vrai pessimisme, celui-ci n'est jamais définitif. Il est lié à l'expérience de l'absurde.


Étant un fan inconditionnel des deux écrivains et étant relativement encore jeune (21 ans), je crois pouvoir tenter de te fournir un élément de réponse.

Je crois que le pessimisme sourd de certaines oeuvres de Camus ont gagné le coeur de la génération cellulaire, isolatrice, qu'est la mienne. Que ce soit avec le manque absolu d'étonnement constant de Meurseault ou avec la félicité perdue de Clamence, Camus affiche toujours un individualisme curieusement semblable à celui de nos jours dans ses écritures.

Sartre quand à lui est plus cartésien, ses récits faisant plus appel à une réflexion, qu'aux sentiments incrustés que fait ressortir Camus. On s'identifie plus à l'un...on aime moins l'autre pour sa trop grande profondeur, voilà mes deux sous sur la discussion.

Personellement je crois les deux tout aussi pertinents l'un que l'autre, mais dédiés à des publics aux buts différents.

FightingIntellectual 22/03/2004 @ 23:18:14
Hey Daniela,

j'ai entendu dire aussi que vous avez tous "Le neveu de Rameau"' de Diderot a lire, est-ce vrai?

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