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Forums  :  Forum général  :  Emile Zola

Alcofribas nasier 22/03/2004 @ 17:30:01
Daniela,

As tu fini L'Assommoir?
Si oui quel est ton avis général?

Je suis en train de chercher, dans ma documentation, des éléments de réponse précis au sujet du personnage de Jacques et sur la façon dont Zola à composé son roman.

A bientôt,

Sébastien

Elahub 22/03/2004 @ 22:42:39
bonsoir tout le monde
bonsoir Sébastien

Non, je ne l'ai pas encore/toujours pas!! fini .... les derniers quelques jours je n'avais pas beaucoup de temps pour lire malheureusement et là il ne s'agît pas d'un livre dans lequel on peut lire quelques minutes, dès qu'on a un petit peu de temps.
La pauvre Gervaise occupe mon esprit pendant toute la journée - et Coupeau aussi - comment est-il possible qu'un homme change tellement ...
Et elle .. il y a Goujet qu'elle oublie complètement, c'est fou.
A part ces détails je trouve le roman très très bien écrit et j'ai le projet de les lire tous, peu à peu, dans les années à venir.
Zola ne cache rien, il écrit comme s'il vivait sur l'autre côté de la rue, dans la maison de l'horloge par exemple et il nous dit ce qu'il voit.
Cela ne va pas très "profond" mais c'est profond et direct à la fois.
J'aime beaucoup et j'ai hâte à continuer.
bonne soirée
et bonne lecture:)

Daniela

Jules
23/03/2004 @ 12:40:08
Quand tu parles de Coupeau et du changement qui s'opère en lui, il ne faut pas oublier non plus le but de Zola. C'est un naturaliste et le social joue évidemment un très grand rôle aussi chez lui, une forme de déterminisme. Coupeau tombe d'un toit et il est foutu pour son métier. Encore aujourd'hui, mais surtout à l'époque, l'alcool était le refuge de ceux qui se sentaient perdre pieds et ne voyaient pas d'issues. Zola veut montrer que le peuple en soit n'est pas alcoolique, mais que c'est le milieu qui le rend alcoolique. Quant à Gervaise, elle réagit aussi suivant le conditionnement social de la femme à l'époque. On ne quittait pas son mari comme cela. La première fois elle est abandonnée, c'est différent et cela lui permet de refaire sa vie.

Parfois le comportement des personnages nous est incompréhensible tant il nous semble qu'ils font leur propre malheur. Mais, dans l'esprit de Zola ce sont les conditions de vie du peuple et des femmes qui provoquent cela.

Peut-on dire que ce n'est plus vrai du tout aujourd'hui ?... Pour les femmes, beaucoup moins, pour le milieu social, moins, mais nous sommes quand même loins d'en être sortis.

Le célèbre sociologue français Pierre Bourdieu (décédé il y a un an ou deux) défendait toujours l'idée de conditionnement social et Michel Onfray, dans un superbe petit livre consacré à la mémoire de Bourdieu "Célébration du génie colérique", défend toujours cette théorie avec acharnement.

Il en est tellement pénétré, parce que, comme Bourdieu, il est lui-même issu du peuple et il vient de créer à Caen une "Université du peuple" Il a fait cela parce qu'il considère que seule l'instruction peut aider les gens à s'en sortir et qu'il faut donner la possibilité à tous de l'avoir. Avant il donnait des cours de philo dans un institut technique parce qu'il ne voyait pas pourquoi de futurs électriciens ou mécaniciens n'auraient pas droit à suivre de tels cours.

J'ai eu la chance de le rencontrer à deux reprises et c'est vraiment un homme super ! Il n'a que quarante trois ans et est terriblement ouvert et sympathique. Son livre sur Bourdieu est vraiment à lire, il ouvre les yeux !

Elahub 24/03/2004 @ 23:18:29
bonsoir tout le monde

Je vais finir le bouquin cette semaine .. et après il me faudra une petite pause:)
Après avoir lu le commentaire de Jules hier et la petite histoire qui vient de se passer entre Gervaise, Lantier et Virginie (après avoir perdu presque tout et même et après avoir déménagé, quitté la boutique, Gervaise est obligée de nettoyer son ancienne boutique qui appartient à Virginie maintenant, et cela sous les yeux de Virginie et Lantier et qu'ils disent encore qu'elle ne fait pas bien son travail) je vois le livre sous un autre point de vue encore et j'espère pouvoir m'expliquer de facon compréhensible...:)

Au début de l'histoire il y avait cette histoire entre Gervaise et Virginie .. elles se battaiennt dans le lavoir et étaient gravement blessées, toutes les deux - Gervaise était jalouse en raison de la soeur à Virginie ...
Il y avait une petite note déjà (je lis la version livre de poche) disant qu'à la fin du livre/de l'histoire Virginie va bien réfléchir comment se venger de ses blessures et que ca va finir mal pour Gervaise.
Là déjà je me disais: comment est-ce que Zola peut savoir ce que Virginie mijote dans son for intérieur?
Et maintenant j'ai la réponse, je le crois au moins: Zola VEUT montrer comment les choses peuvent se développer et il raconte son histoire de cette facon, dans ce but.
Il fait semblant de regarder, d'observer et puis raconter mais en vérité c'est invers .. il veut nous mener quelque part et pour ce but il raconte une histoire.

Nous la lisons en nous disant - oui c'est vrai, normal qu'elle se met à boire, avec un tel homme, malheur etc ...
Zola nous prend à la main, il est notre guide à comment regarder les évènements.
Il a une vision du monde et nous donne la preuve de qu'il a raison avec ses histoires.

C'est un peu cela d'après vous aussi?

Je ne me souviens pas d'un autre auteur qui écrit comme lui et j'aime son style mais c'est vraiment une intention spéciale d'écrire.

(J'espère vraiment qu'on me comprenne lol:)

Bonne soirée et lecture

Daniela

Jules
25/03/2004 @ 08:55:05
Bien sûr, Zola nous mène à ce qu'il veut nous démontrer. L'ensemble de son oeuvre est faite comme cela. Dans "La terre", qui est une merveille, il a aussi son but et il nous y mène de la même façon. "Nana" idem etc.

Cela dit, un écrivain me semble presque toujours avoir un but quand il écrit un livre. Kundera et Kadaré nous décrivent ce qu'était la dictature dans les pays de l'Est et les mécanismes qui l'aidaient à survivre. Philip Roth nous décrit ce qu'est être Juif ainsi que la société américaine d'aujourd'hui. Auster joue avec le hasard, Harrison lutte contre l'aspect destructeur de la nature et des individus que connaît l'Amérique, Camus soulignait l'absurde et tentait de montrer comment le supporter. Dostoïevski partait d'une idée qu'il voulait démontrer et construisait un roman autour pour l'expliquer.

La littérature ne me semble pas être un acte gratuit.

Elahub 25/03/2004 @ 15:40:54
Bien sûr, Zola nous mène à ce qu'il veut nous démontrer. L'ensemble de son oeuvre est faite comme cela. Dans "La terre", qui est une merveille, il a aussi son but et il nous y mène de la même façon. "Nana" idem etc.

Cela dit, un écrivain me semble presque toujours avoir un but quand il écrit un livre. Kundera et Kadaré nous décrivent ce qu'était la dictature dans les pays de l'Est et les mécanismes qui l'aidaient à survivre. Philip Roth nous décrit ce qu'est être Juif ainsi que la société américaine d'aujourd'hui. Auster joue avec le hasard, Harrison lutte contre l'aspect destructeur de la nature et des individus que connaît l'Amérique, Camus soulignait l'absurde et tentait de montrer comment le supporter. Dostoïevski partait d'une idée qu'il voulait démontrer et construisait un roman autour pour l'expliquer.

La littérature ne me semble pas être un acte gratuit.



Bonjour tout le monde
Bonjour Jules

Je connais deux livres de Milan Kundera, deux de Paul Auster et presque tous de Fjodor Dostojewski. Au sujet des autres je ne peux rien dire ...
Je me réfère à Dostojewski, par exemple "Les frères Karamazow": Quand je lis ce roman (et je l'ai lu plusieurs fois) j'ai l'impression que D. est au milieu de l'histoire ou en dessus, regardant et décrivant ce qui se passe. J'ai en plus l'impression qu'il connaît très très bien les personnages et qu'il nous explique, mais de manière cachée, pourquoi ils agissent comme ils le font. Nous sommes capable de le savoir parce qu'il nous décrit leur caractère ... en lisant le roman nous faisons de mieux en mieux connaissance des héros et nous comprenons leurs actes, leur humeur, pourquoi
Dmitrij avoue quasiment plus qu'il n'a fait ...

Pour Zola ... je sais que Virginie, à la fin, se venge d'avoir été battue par Gervaise, mais je le sais seulement PARCE QUE Zola me dit qu'il en est ainsi. Ce n'est pas comme pour Dostojewski, que je soupconne en quelque sorte, que je me fais des idées, que plus tard je vois que je me suis trompée ...

Zola me dit clairement: Virginie fait du mal à Gervaise et c'est parce qu'elle a été battue il y a longtemps.
Il ne me laisse pas le choix de penser: Gervaise n'effectue pas bien le nettoyage de la boutique et alors Virginie se fâche un peu; non, je suis obligée de penser que Virginie la fait travailler pour elle et qu'en plus elle se fâche de sa manière de travailler parce qu'elle a été battue.

Possible que je me trompe, je ne connais pas encore bien Zola mais c'est une impression que j'ai eu plusieurs fois déjà en lisant L'assommoir.

Bonne journée et lecture

Daniela:)

Adrenaline 26/03/2004 @ 23:46:01
J'aime Zola, pour son invention stylistique (style indirect libre) qui a permis aux lecteurs de véritablement "entrer dans" l'esprit du personnage. En effet, Zola entreprend les Rougon-Macquart dans un but précis que le docteur Pascal dans le dernier livre explique : les enfants paient les fautes de leurs parents. Au XIX ème siècle, le fléau des populations ouvrières était l'alcoolisme. Zola démontre que les ouvriers n'ont pas le choix. Sans sécurité sociale, le moindre accident pouvait se révéler catastrophique. L'incapacité physique de travailler équivalait à une mort économique et sociale. En fait, rien d'extravagant, aujourd'hui, nous savons que les parents alcooliques, drogués, donnent naissance à des enfants atteints de pathologies diverses. Aujourd'hui également, il est admis que si l'environnement de l'enfant est malsain, ce dernier en patit.
C'est au XXème siècle que les romans deviennent moins explicites. Avant, l'auteur racontait des faits et expliquait des situations, après il laisse de plus en plus le lecteur libre d'interpreter.

Elahub 30/03/2004 @ 23:17:36
bonsoir tout le monde
bonsoir Sébastien

Pour répondre à ta question de l'autre jour: j'ai fini le livre - il me laisse triste.
Je pense qu'aujourd'hui les choses se passeraient autrement mais est-ce sûr?

En ce qui concerne les personnages - je veux bien croire qu'un homme qui se met à boire comme Coupeau le faisait n'est plus le même. Mais est-il vraiment possible de changer, de devenir un autre, comme il l'a fait? Quand je repense à la scène où il est venu voir Gervaise pour demander le mariage car sinon il ne pourrait pas continuer à vivre ... à la fin il était quelqu'un d'autre.

Pour Lantier ... est-ce que quelqu'un ici connaît un Lantier? Un homme si peu sympathique qui quand même gagne l'amitié et sympathie d'autant de gens? Cela me reste un petit miracle ...

Je vous souhaite une bonne nuit pour le moment ....

Daniela

Alcofribas nasier 31/03/2004 @ 09:41:07
Daniela,

Oui, L'Assommoir est un roman empreint d'une très grande tristesse. Lorsque le livre est fermé l'on ne peut s'empêcher de se dire que Gervaise ne méritait pas cela. Personne ne vaut de mourrir sous un escalier, dans une niche...
Je ne suis pas certain que de nos jours il n'existe pas des Gervaise du XXIème siècle. L'alcool, la drogue sont encore et toujours nos poisons.

Coupeau est métamorphosé par l'alcool. Il boit de l'absthinte, la boisson qui rend fou... Zola à travers ce personnage a voulu montrer les ravages de l'alcool, comment cette drogue transforme un homme, en fait une épave, un être qui ne s'appartient plus, une chose...

Lantier! Lantier est un coquin! Le seul du roman d'ailleurs. J'en connais plusieurs. Des parasites!


A bientôt


Sébastien

Sandoz 18/04/2004 @ 21:24:13
Bonjour,

Pour faire suite à votre mail, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Dans les romans de Zola les enfants ne paient pas pour les fautes des parents. Les Rougon-Macquart sont basés sur les lois de l'hérédité. Selon Zola une personne ne peut pas échapper à son milieu et ni aux tares ques ses parents lui ont transmises. Adélaîde Fouque qui est la souche des RM, est la félure originelle de ses 2 familles. Si on prend l'exemple de Gervaise, fille d'Antoine Macquart et donc issue de la branche batarde, elle ne pouvait melheureusement pas échapper à sa destinée. Malgré ses efforts pour avoir une vie simple, elle est rattrapée par l'alcoolisme puis la fainéantise et enfin la déchéance.

J'aime Zola, pour son invention stylistique (style indirect libre) qui a permis aux lecteurs de véritablement "entrer dans" l'esprit du personnage. En effet, Zola entreprend les Rougon-Macquart dans un but précis que le docteur Pascal dans le dernier livre explique : les enfants paient les fautes de leurs parents. Au XIX ème siècle, le fléau des populations ouvrières était l'alcoolisme. Zola démontre que les ouvriers n'ont pas le choix. Sans sécurité sociale, le moindre accident pouvait se révéler catastrophique. L'incapacité physique de travailler équivalait à une mort économique et sociale. En fait, rien d'extravagant, aujourd'hui, nous savons que les parents alcooliques, drogués, donnent naissance à des enfants atteints de pathologies diverses. Aujourd'hui également, il est admis que si l'environnement de l'enfant est malsain, ce dernier en patit.
C'est au XXème siècle que les romans deviennent moins explicites. Avant, l'auteur racontait des faits et expliquait des situations, après il laisse de plus en plus le lecteur libre d'interpreter.

Sandoz 18/04/2004 @ 21:41:24
Bonjour Daniela,

Lorsque Zola a bati le premier plan des Rougon-Macquart, ce cycle ne devait comportait que 10 romans. Finalement cette "Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire" comporta en définitif 20 romans.

Zola a donc du créer de nouveaux personnages. Au départ Gervaise n'avait que 3 enfants : Claude et Etienne Lantier et Anna Coupeau. Zola voulait faire d'Etienne le personnage principal de "Germinal" et de "La Bête Humaine". Cependant il changea d'avis et décida donc de créer Jacques Lantier.

Je vois que la lecture de "L'Assommoir" vous a passionnée. J'ai adoré l'ensemble des Rougon Macquart et ne peux donc que vous conseiller de lire les 20 romans, pas d'une seule traite bien évidemment !

Par ailleurs, même si ces 20 romans constituent l'oeuvre majeure de Zola, il ne faut pas occulter ses romans "de jeunesse" puis les autres cycles qui ont suivi les RM : les 3 villes et les 4 Evangiles !

Enfin si l'on veut découvrir Zola dans sa totalité, n'oublions pas le Zola conteur et poête, le Zola critique d'art et littéraire.

Zola était l'un des plus grand écrivain mais aussi et surtout un homme exceptionnel qui s'est battu sans cesse pour défendre ses valeurs, la justice et l'amour de son pays ! Ne l'oublions jamais.

bonjour Sébastien

Merci de tous ces conseils!!

Le livre ne me laisse plus et je sens qu'après une pause chaque fois je les lirai tous. Je vais en réfléchir encore mais si je me décide vraiment je pense commencer avec le premier, cela me semble plus logique, histoire de faire mieux connassance de toutes les personnes.

Et voilà déjà ma première question ... qui est Jacques? Les deux fils de Gervaise/Lantier sont Claude et Etienne et puis il y a Nana, non?
Je ne me souviens plus de qui est Jacques .. ou il apparaîtra encore en scène, je suis seulement au dixième chapitre.

Une autre petite chose que j'ai remarqué et dont je pense qu'elle concerne tous les livres Zola (??): Les chapitres sont assez longs mais une fois terminé un chapitre il me faut une pause avant d'attaquer le prochain parce que c'est toujours une histoire close en quelque sorte.

C'est la premiÈre fois que j'en réfléchis .. est-ce pareil pour des autres ici? Peut-être je ferai un extra sujet pour cette question.
Pour le livre que je lisais un peu avant, Dr. Jivago, les chapitres étaient assez courts, une page ou deux peut-être, des fois moins et comme ca on "bougeait" tout le temps ...

Pour le lien de Céline/Zola...je ne sais pas comment cela fonctionne avec le webmaster mais je donnerais mon adresse ici, ou est-ce que ce n'est pas bien réfléchi?

bonne lecture:)

Daniela

Alandalus
avatar 11/08/2004 @ 15:45:13
Ci-dessous un lien avec "Hommage à Zola" de CELINE

http://chez.com/ezola/Docnumerises/…
ou
http://membres.lycos.fr/toto_zero/Index.html

J'espère qu'on pourra y entrer.

Ghislaine 11/08/2004 @ 19:51:18
Bonsoir Alandalus,

Merci pour le renseignement, ainsi que de nous avoir représenté ce sujet passionnant ! Pour la petite information, cet échange littéraire a été le premier que j'ai dévoré avec plaisir sur le site et il a certes joué un rôle non négligeable dans mon inscription à Critiques Libres !

Alandalus
avatar 12/08/2004 @ 08:38:02
Bonjour Ghislaine,

Je l'ai également trouvé très intéressant (quoique j'y sois arrivée très tard) et ai pris beaucoup de plaisir à effectuer ma recherche.

A+

Dirlandaise

avatar 28/08/2004 @ 23:49:13
Bonjour à tous,

Je suis nouvelle sur ce forum et j'ai lu avec grand intérêt votre discussion sur le grand écrivain qu'est Émile Zola.

J'ai lu son oeuvre entière et je n'ai pas encore trouvé d'écrivain qui le surpasse. Il restera toujours mon auteur préféré et je reviens régulièrement à ses livres pour les relire. Présentement, j'achève la lecture de "Au bonheur des dames" et j'y trouve le même plaisir qu'avant à le lire. Je relirai "Une page d'amour" ensuite.

Irlandaise

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