Tomtom 11/11/2004 @ 20:27:36
Merci pour les infos Bluewitch (Tomtom nous a laissé tomber, ou il est avec Nana?)

J'avais promis de poster mon compte-rendu vendredi, je tiendrai promesse. Aujourd'hui, c'est congé pour moi, désolé, je suis avec les enfants pas avec mon ordi. A demain!
PS: c'est qui Nana?

Sibylline 11/11/2004 @ 20:37:04
Merci pour les infos Bluewitch (Tomtom nous a laissé tomber, ou il est avec Nana?)

J'avais promis de poster mon compte-rendu vendredi, je tiendrai promesse. Aujourd'hui, c'est congé pour moi, désolé, je suis avec les enfants pas avec mon ordi. A demain!
PS: c'est qui Nana?

Je plaisantais.
Tu ne connais pas "Tomtom et Nana" ? Je pensais que ton pseudo venait de là.

Dirlandaise

avatar 11/11/2004 @ 23:35:54
Bluewitch,

Comment est Paul Auster physiquement ? Est-ce qu'il semble sympathique ? A-t-il du charisme ou est-il plutôt froid et distant ? Semblait-il au prise avec une corvée ou était-il heureux d'être là ? Quelle impression as-tu gardée de lui ?
Beaucoup de questions n'est-ce pas ? Merci de nous donner tes impressions !!!

Tomtom 12/11/2004 @ 09:15:22
Imaginez une salle de théâtre à l’ancienne : tapis rouge et sièges à rabat, lumière tamisée, baignoires et lourds rideaux, puis une scène tendue de noir où trône une table avec deux micros, deux verres d’eau de Chaudfontaine et deux chaises. Il y a bien quatre cents personnes dans la salle (d’un âge qui ferait penser, je le signale en passant, que la lecture est une activité vieillissante, ou, plutôt, que les rencontres littéraires ne sont pas fréquentées par les jeunes, ce qui me semble préoccupant) : c’est la Foire du Livre et Actes Sud qui invitent, ce qui fait qu’on reconnaît dans la salle des libraires, des éditeurs et des auteurs venus de tout le pays.
Paul Auster entre avec Dominique Blanc. Il est exactement pareil à ses photos de promotion : cheveux grisonnants, visage bronzé, anguleux mais avenant, yeux clair et pull sombre. Elle est en rouge et son visage pale contraste terriblement avec l’auteur américain à ses côtés. Ils prennent place sur les deux chaises et l’auteur salue le public en français. Il annonce qu’ils vont lire, successivement :
- le premier texte en prose de Paul Auster (long et plus laborieux que le reste de son œuvre, mais plus intéressant à découvrir que des textes déjà connus, bien entendu) ;
- un extrait de « La cité de verre » ;
- un extrait de « Le nuit de l’Oracle ».
Le principe est simple, Auster lit en anglais, s’arrête en cours de texte et Dominique Blanc lit le même passage en français. Une bonne initiative pour ceux qui ne comprennent pas l’anglais, mais qui s’avère rapidement épuisante. Ceux qui suivent le texte en anglais n’ont vraiment aucun plaisir à réentendre le même texte une deuxième fois, mal traduit et moins bien lu ; de plus, la lecture en français interrompt le fil de la lecture originale et on sent qu’Auster lui-même n’apprécie pas beaucoup ces ruptures de tempo : il lui faut à chaque fois quelques phrases pour retrouver son rythme naturel et le souffle du texte.
La découverte de la soirée, c’est la voix d’Auster, la chaleur de son timbre, la manière qu’il a d’habiter ses phrases le plus naturellement du monde, parlant de l’holocauste comme de la solitude avec la même aisance, en un enchaînement de mots et d’idées qui semblent nés au même moment, en harmonie parfaite, comme si les deux étaient indissociables : chacun de ses personnages traduit, par sa manière de parler, sa manière de penser et d’être dans l’univers.
La catastrophe de la soirée, c’est la traduction. Entendre les deux versions juxtaposées est impitoyable pour Actes Sud. Là où le texte original s’inscrit dans la tradition américaine d’une littérature simple d’accès, collant au langage oral, sans ornements littéraires inutiles ou accessoires, la traduction française colle elle à la version originale, s’éloigne de la langue orale pour rester proche de la langue littéraire française (passés simples et subjonctifs imparfaits, syntaxe calquée sur l’anglais, dialogues engoncés qui sonnent faux, vocabulaire recherché alors que l’original se contente de nommer les choses,…). Avec un résultat épouvantable, bien entendu, qui est encore souligné par la lecture très « littéraire » de Dominique Blanc : rien de ces trois textes ne semble naturel, on dirait qu’il s’agit d’exercices de style laborieux avec du vocabulaire décalé, alors que l’original anglais est on ne peut plus proche de la langue de tous les jours, telle qu’elle peut s’entendre, dans ses multiples versions, dans la bouche des gens qui la parlent.
Le public était à la fois ravi de voir Auster en vrai et emmerdé par la lecture en deux temps (des personnes sont sorties, d’autres se sont endormies) : impossible de goûter les deux. Si l’on comprend l’original, on voudrait zapper la traduction et, si on ne comprend pas l’anglais, on s’assoupit pendant la lecture d’Auster.
Cela se prolonge ensuite par une séance de dédicaces : longue file pour une simple signature illisible dans le bouquin. Ce n’est pas vraiment là qu’est l’important, il reste de la soirée (à condition que l’on efface de sa mémoire la lecture en français) la voix de l’auteur, ses regards, son sourire et ça suffit à donner envie de lire les textes qu’on n’a pas encore lus.
Et ça, c’est une excellente chose, non ?
Reste une question fondamentale : faut-il vraiment que les événements littéraires ressemblent tant à la messe ? Est-il sain de voir quatre cents personnes s’emmerder avec respect, en silence, face à la scène, comme on se tait pendant les sermons et les salamalecs ? La littérature n’est pas faite pour rendre les gens moutons. Elle travaille à éveiller les sens et les consciences, à faire voir et sentir le côté le plus intime des choses, à se révolter contre le monde et ceux qui l’habitent. Je reste convaincu qu’on pourrait enlever l’écume d’ennui qui flotte à la surface de ces rencontres pour en faire des moments de fête et de plaisir complet. Pour cela, il faudrait sans doute se poser une autre question évoquée plus haut : pourquoi n’y a-t-il pas une seule personne de moins de trente ans dans la salle ? En y trouvant réponse et en y remédiant, on empêcherait aussi les 400 vieux que nous étions de laisser littérature rimer avec ennui sans nous révolter.
Le respect, il faut le porter aux gens, pas aux genres.
On peut rire et s’amuser avec des bouquins, nom de dieu !
Surtout si c’est Auster qui les écrit.

Jules
12/11/2004 @ 09:52:21
Oui, cette soirée valait vraiment la peine d'être vécue ! J'ai été davantage séduit par la lecture d'Auster, par sa voix et surtout son rythme. Dominique Blanc était vraiment très bonne, mais elle lit comme une actrice. Auster donnait plus la sensation de lire avec les tripes, comme s'il était davantage pris par son texte (normal me direz-vous).

je ne connaissais pas le premier texte. Il nous a dit que c'était un des premiers textes en prose qu'il avait écrit. C'était très beau ! Une longue suite de mots sur... les mots, le silence, le sens des mots, le sens de "it", l'utilité des mots destinés à retourner au silence etc...

Le second texte était un extrait de "La cité de verre" de la "Trilogie New-Yorkaise" Dans l'édition "Babel" cela va de la dernière ligne de la page 30 à la fin du chapitre. Peter Stillman essaye de se présenter, de dire qui il est...
Terriblement prenant, mais à nouveau, un rien meilleur par Auster.

Le troisième texte provenait de "La nuit de l'oracle" Il débutait au dernier paragraphe de la page 94, alors que Nick et Ed descendent dans l'entrepôt où sont conservés les annuaires téléphoniques, jusqu'à la fin du premier paragraphe de la page 99

Auster me semblait toujous le meilleurs.

Oui, après, Auster semblait un peu effrayé par tout ce monde qui attendait. J'avais pris les devants et je me trouvais dans les premières positions pour la signature. devant moi une dame se plaignait qu'il n'avait fait que signer alors qu'elle avait donné son prénom. Il lui a gentiment dit que, s'il en faisait plus, les autres devraient attendre beaucoup trop longtemps... Comme je lui donnais raison il m'a gentiment regardé et remercié de le comprendre. Oui, son regard avait l'air un peu inquiet entouré qu'il était par cette foule armée de livres...

Le fait qu'Auster parle un américain des plus compréhensible m'a permis de le suivre lui, de profiter de son rythme à lui, puis de me concentrer davantage sur les problèmes de traduction que sur le sens du texte lu par Dominique Blanc (mais j'insiste sur le fait qu'elle est très bonne)

Jules
12/11/2004 @ 09:59:37
Réponse à Dirlandaise.

Pour peu que je puisse en juger moi-même (je suis un homme, pas une femme) je dirais qu'Auster est plutôt un bel homme, très viril et à la voix grave et prenante. Il a des yeux qui attirent le regard. Pour le reste il ne me semble pas tellement à l'aise quand il est entouré de tout ce monde... Je crois donc qu'en plus petit comité il doit être charismatique mais que la foule n'est pas son dada... Gentil ? Oui je le crois.

Bluewitch
avatar 12/11/2004 @ 10:03:25
Euh.... TomTom, j'y étais, j'en ai 25, mon amie 21, même si nous de faisions pas la majorité, il me semble ne pas avoir vu que des "vieux". Et puis, il faut dire que cette rencontre n'était pas des plus "publicitées" et a dû être connue principalement des gens du monde littéraire et médiatique.
Je partage tout à fait ta description quant au contexte, mais bon, je ne sais pas comment tu as fait pour deviner que tout le monde s'ennuyait. Ce n'était pas mon cas, déjà...
Comme je l'ai dit dans un précédent message, il est vrai que l'atmosphère était épurée, froide en comparaison avec la chaleur dégagée d'Auster et de son charisme. Il semblait dépassé par le monde qui se pressait autour de lui après la lecture.
Je rejoins aussi l'aspect "messe" mais qui, malheureusement, me semble inévitable vu le monde présent. On peut oublier le côté intimiste quand il y a plusieurs centaines de personnes. Quant à la traduction, elle reste et restera un piège pour tout roman qui dépassera sa langue. Je suivais moi aussi principalement Auster et récupérait les quelques détails manqués lors de la lecture de Dominique Blanc, qui, je pense, ne s'en est pas mal tirée du tout. Elle a donné sa propre intonation au texte, sans le trahir pour autant.
Bravo néanmoins pour ton compte-rendu des plus précis...

Bluewitch
avatar 12/11/2004 @ 10:07:30
Dirlandaise, je confirme: grand, séduisant, une aura virile et pensive, observateur, mais aussi comme un poisson hors de l'eau. Je ne suis pas certaine qu'il apprécie tant que ça le bain de foule. Mais c'est une impression facile à avoir quand on aborde un "personnage" de manière éclair. Cela dit, il n'a économisé aucun sourire lors de ses dédicaces.

Sottovoce
avatar 12/11/2004 @ 11:45:19
Le premier texte était extrait de "Espaces blancs" aux Editions Unes (qui ne mentionnnent pas le titre en version originale, malheureusement).

(oui, oui, il a beaucoup de charme....) :)

Jules
12/11/2004 @ 12:13:24
Voilà, ces dames, en plus grandes spécialistes dans le domaine, ont confirmé qu'Auster avait bien du charme... (aurais-je un sens féminin bien caché au fond de moi ?...)

Quand aux problèmes de la traduction Tomtom a bien raison. Je crois d'ailleurs, qu'outre la voix grave et prenante d'Auster, c'est le fait qu'il lisait dans la langue de l'écrivain qui a fait que ceux qui la comprennait préféraient sa lecture à la version française. Tant mieux après tout ! Cela montre qu'Auster est encore meilleurs que nous ne le pensions, l'inverse serait dommage !...

Oui son rythme de lecture était meilleurs parce que la langue utilisée avait ce rythme et le français l'avait perdu. Mais chaque langue a son génie propre et à l'impossible nul n'est tenu. Si le rythme y a perdu, il n'en reste pas moins que le sens y est et qu'il serait dommage de se priver de grands auteurs comme celui-là pour une question de cet ordre, aussi importante soit-elle.

L'anglais est une langue plus pragmatique que le français, elle a son génie à elle et rendre ses effets possibles dans une autre langue me semble tenir de la gageure.

A ce sujet, j'attends l'avis (ô combien précieux) de Sottovoce qui a lu "De Marquette à Veracruz" de Jim Harrison en VO. J'ai adoré ce livre en traduction. Je dois bien avouer que c'est bien souvent de la paresse de ma part de ne pas les lire en anglais. Je pourrais, cela me prendrait juste un peu plus de temps et de concentration... Je crains cependant la difficulté du vaste vocabulaire d'un Harrison quand il parle de la nature ! Et Dieu sait qu'il en parle !...

Dirlandaise

avatar 12/11/2004 @ 14:40:32
Merci à vous,

Bluewitch, Jules et Tomtom pour avoir partagé vos impressions et nous avoir communiqué un peu de l'atmosphère de cette soirée. J'ai bien apprécié et je vous envie d'avoir pu rencontrer ce grand écrivain que j'aime beaucoup. Un sourire de Paul Auster !!!!! ça doit être quelque chose tout de même.... et surtout entendre le timbre de sa voix, j'aurais bien aimé....

Tomtom 12/11/2004 @ 14:47:37
Pour entendre le timbre de sa voix, pas la peine de sortir de chez soi : une simple recherche dans Google suffit. Voici une pleine page de liens vers des interviews en ligne (en RealAudio):
http://educeth.ch/english/readinglist/…
Bonne écoute!

Dirlandaise

avatar 12/11/2004 @ 16:51:04
Génial !!!! Merci....

Sibylline 12/11/2004 @ 18:50:44
Merci vous tous, pour ces récits. C'est sympa d'avoir pensé à nous. C'est tout à fait ce que je souhaitais savoir. J'aurais bien aimer aller m'y ennuyer un peu, rêver beaucoup...
Mais dis, Tomtom, tu n'es pas vieux. Ta fiche indique 24 ans!

Sibylline 12/11/2004 @ 18:52:28
Hum, hum, "bien aimé" plutôt. Excusez-moi.

Bluewitch
avatar 12/11/2004 @ 19:00:46
Clair que m'ennuyer encore comme ça, je ne dis pas non...

Benoit
avatar 12/11/2004 @ 19:53:23
Ah! Ce sont bien les midinettes, ça! Tomber en pâmoison devant le premier Américain venu!! La chute n'a pas été trop douloureuse?? Pffff!!

Bluewitch
avatar 12/11/2004 @ 21:10:49
Jaloux, Benoît? ;o)

Benoit
avatar 12/11/2004 @ 22:11:05
Jaloux de qui? D'un bellâtre Américain?? Laisse-moi rire... Une fois rentré en France, j'essaierai de draguer avec un accent américain, elles tomberont comme des mouches... (ce sera peut-être dû au roquefort que j'aurai mangé avant...)

Dirlandaise

avatar 12/11/2004 @ 22:18:55
En passant, il a une très belle voix... J'adore sa prononciation et son accent...

Début Précédente Page 3 de 4 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier