Fuku-san 22/10/2004 @ 11:57:21
Pour les amoureux de Brassens, petit souvenir qui s'applique également aux écrivains (il parle de ses chansons):
"Si le public en veut, je les sors dare-dare,
S'il n'en veux pas je les remets dans ma guitare,
Refusant d'acquitter la rançon de la gloire,
Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir."

Tophiv
22/10/2004 @ 13:49:59
jean jacques annaud dans premiere resumait sa pensee sur la literature francaise, en disant en substance qu'il y avait 20 ans qu'on ne lisait plus de livres francais a l'etranger.


La véracité de cette affirmation reste à vérifier car JJA entend surtout les usa par "à l'étranger" ! je ne pense pas qu'il connaisse la situation en asie, russie, argentine ...

Miriandel 22/10/2004 @ 16:02:46
...c'est au public de s'élever à la hauteur de l'oeuvre, et non à l'oeuvre de s'abaisser. Je trouve qu'il y a toujours un risque à parler de démocratisation de la culture, de libéralisation, de culture à la portée de tous. Cela dénote souvent une dégradation de la culture plus qu'un progrès.
C'est à mon avis immuable: ce qui marche n'est que très rarement de très bonne qualité...


Ah !
C'est exactement cela qui me turlupine dans ce débat qui n'est pas limité à la littérature.

Tu as la dent dure avec Ruckier ou Bravo et sans doute d'autres, mais n'oublions pas que ces braves gens non seulement ont droit au respect dû par principe à tout le monde, mais surtout ne sont pas tombés de la lune : ils respirent le même air que nous, sont nés dans les mêmes maternités que nous, ont suivi le même enseignement, lu les mêmes livres etc etc etc
Je me suis sentis obligé d'intervenir dans un fil où Bolcho crachait sur une corporation - suivant en cela une mode détestable - sans se rendre compte qu'il n'existe aucune frontière entre nous et les autres : on a les voisins qu'on mérite !
Maeterlinck écrivait : "Le destin n'a d'autres armes que celles que nous lui tendons".
Journalistes, militaires, politiciens, policiers, enseignants et jusqu'au religieux sont ce que nous voulons bien qu'ils soient, car ils nous sont semblables.

Par ce préambule, je tente de montrer - mais je n'ai aucune certitude, nous réfléchissons ensemble - que l'attitude consistant à attendre que le public s'élève à l'artiste est hautement dangereuse car elle conduit à une cassure.
Et que se passe-t-il quand les artistes vivent dans leur passion, éloignés de ce qui un jour fut leur public ?
Ce qui se passe dans toutes les situations de repli : incompréhension, rejet et frustration.

Il ne faut pas caricaturer : je n'encense pas le nivellement par le bas et je ne conspue pas les arts abstraits.

Je me demande simplement si la (trop ?) bonne opinion d'eux-mêmes de certains créateurs (héritage romantique ?) ne conduit pas à leur isolement et au délaissement de la culture par les masses.

Parlons musique.:
Depuis les années 60, des courants de musique expérimentale ou contemporaine ou comme vous voudrez l'appeler, ont délibérément rompu avec la tradition (qui garde la tradition, sinon le public ?) pour emprunter des voies où la plupart ne peuvent les suivre.
Qui peut comprendre les oeuvres de Boulez, Pousseur, Stockhausen, Webern et autres Bartholomée ?
Peu de monde.
Quand Beethoven écrit, à la publication de ses derniers quatuors, qu'ils ne seront compris que dans deux siècles, incite-t-il les musiciens des générations futures à écrire ce qui ne pourra être compris de leur vivant, espérant que d'autres, plus tard, les acclameront ?
C'est une attitude à mon sens extrêment dangereuse.
Brassens a été cité, on pourrait parler de Piaf, Brel, Ferrat et tant d'autres qui se trouvent au confluent du populaire et du savant.
Qu'en reste-t-il ?
La Star Academy ?
N'oublions pas qu'à côté de partitions complexes, dont toutes les subtilités sont difficiles à apprécier pour le profane, Prokofiev ou Chostakovitch ont écrit... de la musique de film ! Et abondamment encore !

Quand je parle avec mes amis de ce schisme entre créateurs et peuple - au sens le plus large - je récolte le plus souvent l'argument imparable : "mais que crois-tu, la plupart des gens sont des cons".

Il ne reste qu'à constater où mène le dédain...

Balamento 22/10/2004 @ 16:33:15
Je me demande simplement si la (trop ?) bonne opinion d'eux-mêmes de certains créateurs (héritage romantique ?) ne conduit pas à leur isolement et au délaissement de la culture par les masses.

(../..)

C'est une attitude à mon sens extrêment dangereuse.

(../..)

Quand je parle avec mes amis de ce schisme entre créateurs et peuple - au sens le plus large - je récolte le plus souvent l'argument imparable : "mais que crois-tu, la plupart des gens sont des cons".

Il ne reste qu'à constater où mène le dédain...


Le danger est partout si l'on essaye de vous suivre...

Mais où voulez-vous en venir au juste ?

J'avoue que je reste perplexe en faisant jouxter votre constat de pauvreté de la littérature française (avec lequel je suis en désaccord) et l'avant-gardisme (dont je ne vois aucune trace ni aucun prémisse aujourd'hui en matière artistique) qui freinerait l'accès à la culture de tout un chacun.

Saint Jean-Baptiste 22/10/2004 @ 21:27:21
Faut-il être aveugle pour ne voir aucune trace ni aucun prémisse d'avant-gardisme en matière artistique !
La musique, la danse, l'architecture, la sculpture, la peinture... en sont plein. A tel point que le public ne peut plus suivre.
Il est vrai qu'en littérature c'est moins apparent.

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