Kilis 23/05/2005 @ 00:56:50
Tu m'as dit si tu m'écris
Ne tape pas tout à la machine
Ajoute une ligne de ta main
Un mot un rien oh pas grand chose
Oui oui oui oui oui oui oui oui
Ma Remington est belle pourtant
Je l'aime beaucoup et travaille bien
Mon écriture est nette est claire
On voit très bien que c'est moi
qui l'ai tapée
Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
Vois donc l'oeil qu'à ma page
Pourtant, pour te faire plaisir j'ajoute à l'encre
Deux trois mots
Et une grosse tache d'encre
Pour que tu ne puisses pas les lire.


Blaise Cendrars

Kilis 26/05/2005 @ 23:04:34
la tragédie des feuilles


je me suis réveillé au milieu de la sécheresse et les fougères étaient mortes,
les plantes en pots jaunes comme du maïs ;
ma femme était partie
et les bouteilles vides pareilles à des cadavres exsangues
m’entouraient du poids de leur inutilité;

le soleil était encore agréable, pourtant,
et la note de ma propriétaire d’un joli jaune fané
et discret; ce qu’il fallait maintenant
c’était un bon comique, à l’ancienne mode, un bouffon avec des plaisanteries sur la douleur absurde; la douleur est absurde
parce qu’elle existe, c’est tout;
j’ai rasé soigneusement avec un vieux rasoir
l’homme qui fut naguère jeune et
passait pour avoir du génie; mais
c’est la tragédie des feuilles,
des fougères mortes, des plantes mortes;
et je suis sorti dans un couloir sombre
où se tenait ma propriétaire
haineuse et intraitable,
me maudissant
agitant ses bras adipeux luisants de sueur
et hurlant
hurlant pour son loyer
parce que le monde nous avait tous deux trahis.

Charles Bukowski

MOPP 30/05/2005 @ 16:14:42
Criée
des ombres

L'eau
Se retire

Demeure
L'aube

Sa
Poussière

Marc QUAGHEBEUR, L'Outrage, Fata Morgana, 1987.

Fee carabine 01/06/2005 @ 03:08:11
Inspiration mélancolique pour ce beau poème évocateur d'Emily Brontë, d'abord en Anglais, pour la musique, ensuite dans la traduction de Claire Malroux.

A little while, a little while
The noisy crowd are barred away;
And I can sing and I can smile -
A little while I've holyday!

Where wilt thou go my harassed heart?
Full many a land invites thee now;
And places near, and far apart
Have rest for thee, my weary brow

There is a spot mid barren hills
Where winter howls and driving rain
But if the dreary tempest chills
There is a light that warms

The house is old, the trees are bare
And moonless bends the misty dome
But what on earth is half so dear -
So longed for as the hearth of home?

The mute bird sitting on the stone,
The dank moss dripping from the wall,
The garden-walk with weeds o'ergrown
I love them - how I love them all!

Shall I go there? or shall I seek
Another clime, another sky.
Where tongues familiar music speak
In accents dear to memory?

Yes, as I mused, the naked room,
The flickering firelight died away
And from the midst of cheerless gloom
I passed to bright, unclouded day.

A little and a lone green lane
That opened on a common wide
A distant, dreamy, dim blue chain
Of mountains cricling every side -

A heaven so clear, an earth so calm,
So sweet, so soft, so hushed an air
And deepening still the dreamlike charm
Wild moor-sheep feeding everywhere -

That was the scene - I knew it well
I knew the path-ways far and near
That winding o'er each billowy swell
Marked out the tracks of wandering deer

Could I have lingered but an hour
It well had paid a week of toil
But truth has banished fancy's power;
I hear my dungeon bars recoil -

Even as I stood with raptured eye
Absorbed in bliss so deep and dear
My hour of rest had fleeted by
And given me back to weary care -





Pour un instant, pour un instant,
La foule bruyante est écartée;
Je peux chanter, je peux sourire -
Pour un instant j'ai congé!

Où iras-tu, mon coeur harassé?
Plus d'un pays à cette heure t'invite;
Et des lieux proches, ou plus lointains
O front las, t'offrent le repos.

Il est un coin parmi d'âpres collines
Où l'hiver hurle, et la cinglante pluie
Mais si la lugubre tempête glace
Une lumière est là pour réchauffer

La maison est vieille, nus les arbres
Et sans lune ploie la voûte brumeuse
Mais est-il rien sur terre d'aussi cher
Pour l'exilé que l'âtre du foyer?

L'oiseau silencieux perché sur la pierre,
La mousse humide gouttant sur le mur,
L'allée du jardin envahie d'herbes
Je les aime tous - oh de quel amour!

Est-ce là que j'irai? ou chercheraiu-je
d'autres latitudes, un autre ciel
Où la langue est musique familière
Et parle en accents chers au souvenir?

Oui, comme je rêvais, la pièce nue,
Le feu vacillant se sont évanouis
Et du fond de la maussade pénombre
Je suis passée à un jour lumineux,

Une petite sente verte et perdue
Débouchant sur un vaste herbage;
Au loin, bleuâtre, irréelle, une chaîne
De monts déployée alentour -

Une terre si calme, un ciel si clair,
Un air si doux, si tendre, si ouaté
Et, pour accroître encor la féerie,
Des moutons sauvages broutant partout -

Ce paysage - je le connaissais bien
Je connaissais tous les sentiers à la ronde
Qui sinuant sur chacun des reliefs
Marquent les pistes des daims vagabonds

Si j'avais pu rester là rien qu'une heure
Cela m'eût payée de jours de labeur
Mais le réel a eu raison du rêve;
J'entends qu'on tire mes verrous -

Alors que je m'absorbais, l'oeil ravi,
dans un si profond, si précieux délice
Mon heure de repos avait fui
Me rendant à l'épuisant souci -


Emily Brontë, Cahiers de poèmes (José Corti, 1995)

Fee carabine 30/06/2005 @ 17:24:04
Ecrit nocturne du voyageur

L'homme laisse-t-il un nom
    par ses seuls écrits?

Vieux, malade,
    que le mandarin s'efface!

Errant, errant,
    à quoi donc ressemblé-je?

- Mouette des sables
    entre ciel et terre.

Du Fu, traduit par François Cheng ("Poésie chinoise", Albin Michel, 2000)

Veneziano
avatar 30/06/2005 @ 18:18:43
Beautoucan m'a doublé en postant le Rêve familier de Verlaine. En voici un autre du même auteur, qui nous en apprend sur ses goûts de métrique :


À Charles Morice
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi
Le bleu fouillis des claires étoiles!

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance!
Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

Veneziano
avatar 30/06/2005 @ 18:24:46
Voici deux autres poèmes que j'aime bien. Le premier, de Baudelaire, est très sensuel - aussi l'avais-je posté dans un autre forum du site et a-t-il été interprété par François Feldman - ; le second, de Charles Péguy, parle de la mort, mais de façon très optimiste, ce qui le rend, à mon sens, fort beau. J'espère que vous les appréciez / apprécierez autant que moi.

Le Serpent qui danse
Baudelaire, Les Fleurs du Mal



Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

À te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon cœur !



De Charles Péguy

Vous voyez tout est bien

La mort n'est rien, je suis simplement passé dans la pièce à côté.

Je suis moi, vous êtes vous,
Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné,
Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait,
N'employez pas un ton solennel ou triste,
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble,
Priez, souriez, pensez à moi,
Que mon nom soit prononcé comme il l'a toujours été,
Sans emphase d'aucune sorte, sans trace d'ombre,
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié,
Elle est ce qu'elle a toujours été. Le fil n'est pas
coupé, simplement parce que je suis hors de votre vue.
Je vous attends. Je ne suis pas loin,
Juste de l'autre côté du chemin.
Vous voyez - tout est bien.

Fee carabine 10/07/2005 @ 05:14:30
Sur le mont du mandarin de cuivre

Mandarin de cuivre
    haut lieu de ma joie.

Mille ans j'y resterais
    sans l'ombre d'un regret.

Je danse à ma guise:
    ma manche flottante

Effleure d'un coup
    tous les pins des cimes!

Li Po, traduit par François Cheng ("Poésie chinoise", Albin Michel, 2000)

Fee carabine 06/08/2005 @ 00:22:41
Yvan Goll est aujourd'hui un poète un peu oublié. Il a été proche du mouvement surréaliste pendant un temps, mais tous les textes que j'ai lus de lui sont très "classiques" et parfaitement intelligibles. Rien de révolutionnaire, mais quelques très beaux poèmes parmi lesquels "Les portes" que j'aime particulièrement...

Les portes

J'ai passé devant tant de portes,
Dans le couloir des peurs perdues et des rêves séquestrés...
J'ai entendu derrière les portes des arbres qu'on torturait
Et des rivières qu'on essayait de dompter...

J'ai passé devant la porte dorée de la connaissance,
Devant des portes qui brûlaient et qui ne s'ouvraient pas,
Devant des portes lasses de s'être trop fermées,
D'autres, comme des miroirs où ne passaient que les anges...

Mais il est une porte simple, sans verrou ni loquet,
Tout au fond du couloir, à l'opposé du cadran,
La porte qui conduit hors de toi:
Personne ne la pousse jamais.

Daffodil 09/08/2005 @ 09:58:26
Même si certains regretteront l'écriture "pompeuse" de Victor Hugo, je suis toujours une fervente admiratrice de ses poèmes. Voilà le poème qu'il a écrit pour la mort de sa fille Leopoldine :

"Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur"

Inattendue, cette fin, non ?
et on n'ose dire que Hugo est pompeux ? il parle avec ses sentiments!

Paradize
26/08/2005 @ 12:07:57
O corps humain,
Sois béni, merveilleux corps humain!
Laisse-moi baiser tous tes pores.
Laisse-moi baiser tes lignes droites,
Tes courbes, tes surfaces, tes angles, tes jointures.
O corps sacré, laisse moi baiser ton mouvement.
Toi, qui demain seras gisant,
Eternellement immobile.

André Spire

Giny 26/08/2005 @ 12:53:32
Les Femmes damnées, de Baudelaire:

Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers,
Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées
Ont de douces langueurs et des frissons amers.

Les unes, cœurs épris des longues confidences,
Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux,
Vont épelant l'amour des craintives enfances
Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux ;

D'autres, comme des sœurs, marchent lentes et graves,
A travers les rochers pleins d'apparitions,
Où saint Antoine a vu surgir comme des laves
Les seins nus et pourprés de ses tentations ;

Il en est, aux lueurs des résines croulantes,
Qui dans le creux muet des vieux antres païens
T'appellent au secours de leurs fièvres hurlantes,
O Bacchus, endormeur des remords anciens !

Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires,
Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements,
Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires,
L'écume du plaisir aux larmes des tourments.

O vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres,
De la réalité grands esprits contempteurs,
Chercheuses d'infini, dévotes et satyres,
Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,

Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies,
Pauvres sœurs, je vous aime autant que je vous plains,
Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,
Et les urnes d'amour dont vos grands cœurs sont pleins.

Antinea
avatar 30/08/2005 @ 14:04:19
Je n'avais jamais apprécié la poésie, je trouvais ça nunuche ... et puis en cours (au lycée) nous avons étudié quelques textes extraits de "Les fleurs du mal" de Baudelaire. Et là, j'ai revu mon jugement. "Parfum exotique", "Vie antérieure", "Spleen" et "Hymne à la beauté" entre autres ... tout ça vous prend aux trippes !
Je conseille vivement le recueil ! Mais aussi le poème "Ophélie" d'Arthur Rimbaud.
Appréciez ...

FéeClo 31/08/2005 @ 09:39:21
Quand je serai fantôme
Jack Harris

Quand je serai fantôme je m’en viendrai la nuit
Surveiller ton sommeil. Auprès de notre lit
Je pourrai m’installer dans le large fauteuil
Ou simplement rester, debout, devant le seuil.

Quand je serai fantôme, je viendrai pour savoir
Si ton cœur est joyeux ou plein de désespoir;
Si tu m’as oublié ou si, toujours fidèle,
Tu refuses l’idée qu’un amant t’ensorcelle.

Quand je serai fantôme, je laisserai mes mains
Courir sur ton corps chaud tandis que toi, soudain,
Tu t’offriras ardente aux caresses lascives
T’imaginant la proie de pensées suggestives.

Quand je serai fantôme, je viendrai te parler
Mais tu reposeras sur ton grand oreiller
Et, pour ne pas troubler ton besoin de quiétude,
Je devrai m’efforcer de changer d’attitude.

Quand je serai fantôme je reviendrai le soir ;
Si dans l’obscurité tu parviens à me voir
Ne t’effraie surtout pas, profite de l’aubaine,
Car, quoique plus ici, tu sauras que je t’aime.

RzaRectAh 09/09/2005 @ 09:43:48
Déjà bonjour c' est mon premier post!

Un des poemes de verlaine que j' adore :

EFFET DE NUIT

La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette
De flèches et de tours à jour la silhouette
D'un ville gothique éteinte au lointain gris.
La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris
Secoués par le bec avide des corneilles
Et dansant dans l'air noir des gigues non pareilles,
Tandis que leurs pieds sont la pâture des loups.
Quelques buissons d'épine épars, et quelques houx
Dressant l'horreur de leur feuillage à droite, à gauche,
Sur le fuligineux fouillis d'un fond d'ébauche.
Et puis, autour de trois livides prisonniers .
Qui vont pieds nus, un gros de hauts pertuisaniers
En marche, et leurs fers droits, comme des fers de herse,
Luisent à contresens des lances de l'averse.

Saint Jean-Baptiste 11/09/2005 @ 21:24:57
LA LAITIERE ET LE POT AU LAIT

Perrette, sur la tête ayant un pot au lait
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue elle allait à grands pas,
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple et souliers plats.
Notre laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait ; en employait l'argent ;
Achetait un cent d'œufs ; faisait triple couvée :
La chose allait à bien par son soin diligent.
"Il m'est, disait-elle, facile
D'élever des poulets autour de ma maison ;
Le renard sera bien habile
S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
Il était quand je l'eus, de grosseur raisonnable :
J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau ? "
Perrette là-dessus saute aussi, transportée :
Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée.
La dame de ces biens, quittant d'un œil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s'excuser à son mari
En grand danger d'être battue.
Le récit en farce en fut fait ;
On l'appela le Pot au lait.

Jean de La Fontaine

Fee carabine 21/10/2005 @ 00:48:09
Exercice du matin

Chaque matin sans église
sur le béton farouche
entre l'ignorance et l'amour
je me prosterne
je me prosterne devant rien.

Quand je suis à ma juste place
instant, instincts, intermittences
de lumière et d'aveuglement
je me prosterne
je me prosterne devant tout.


Henry Bauchau, Heureux les déliants

Voyvoline 21/10/2005 @ 23:23:24
:)

Voyvoline 21/10/2005 @ 23:44:46
... le sourire, c'est pour Le petit K.V.Q. et son poème du 15 octobre 2004 (Prévert, "Barbara").


Je vois mon ange pour la première fois
Connais mon dessein
Vois ma renaissance
Entends d'abord doucement, puis distinctement
Les douze accords de notre union
Mon amour réchauffe l'univers froid
Et que mon espoir éreinté et si désespéré
Soit pas ses baisers purifié et guéri
Pour l'éternité.

Bolcho
avatar 27/01/2006 @ 16:29:02
Pour le plaisir de faire renaître ce fil ancien, voici « L’étoile a pleuré rose » (1871), quatre vers exceptionnels de Rimbaud.

L’étoile, l’infini et la mer (excusez du peu) citent toutes les parties du corps féminin. La construction est d’une lithique rigueur pour nous parler des plus douces langueurs.
Léo Ferré en avait fait une version chantée (d’une pesante insistance je trouve) contribuant à la célébrité de ce quatrain très « anatomique » qui a chahuté mon imagination fiévreuse d’adolescent.
Je continue à trouver ça torride mais je ne sais toujours pas bien ce que l’ « Homme » vient faire là-dedans (si j’ose dire) avec son vilain sang tout noir. Je n’ai pas l’impression, quant à moi, d’avoir tant souffert au côté des dames. Au contraire.

« L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins,
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain. »

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