Pieronnelle

avatar 26/04/2015 @ 12:11:37
Je me permets de reprendre une remarque de Feint dans un fil précédent, que j'ai trouvée particulièrement intéressante pour ouvrir une discussion et que je replace ici :

"Dans un projet comme les Misérables, qui prétend représenter une certaine réalité, les cascades de coïncidences à la Eugène Sue, c'est gênant ; et c'est un défaut que tu ne trouveras ni chez Stendhal, ni chez Flaubert, ni même chez Balzac ou Zola. Ce n'est pas l'invraisemblance par principe qui me gêne (au contraire il peut y avoir en littérature de magnifiques invraisemblances), c'est quand l'invraisemblance est contradictoire avec le projet. Ce n'est d'ailleurs pas un avis très personnel que j'énonce là, Hugo n'a jamais été vraiment considéré comme un grand romancier."

Qu'est-ce donc exactement qu'un roman ? Il y a-t-il des normes, des codes ? Et à partir de quoi on détermine qu'un écrivain est un "grand" romancier ?

Pour Hugo, dans les Misérables, personnellement je ne considère pas qu'il y ait forcément prétention de représenter la réalité ; Hugo ne se sert-il pas plutôt d'une certaine réalité à travers un roman ? Ce qui justifie justement des invraisemblances pour ne pas tomber dans un réalisme pur et c'est sans doute le poète en Victor Hugo qui l'incite à les créer.
Pourquoi donc des invraisemblances seraient contradictoires avec le projet ? Connait-on exactement les intentions de Hugo dans ce roman ? L'intention politique semble ressortir mais l'humaine encore plus et cette humanité semble se placer plus facilement dans un roman, une création donc, que parfois dans le témoignage pur qui constate avant tout. N'est-on pas plutôt dans le domaine de la fresque qui va transporter le lecteur dans une sorte d'aventure humaine qui va au-delà d'une réalité pure ?

Saule

avatar 28/04/2015 @ 15:03:36
Je n'ai jamais lu "Les Misérables" : honte sur moi. Je me le réserve pour cet été !

Si les intentions du père Hugo étaient de dénoncer les injustices sociales, je suppose que les invraisemblances déforcent son propos. Les gens auront beau jeux de dire qu'il ne connaissait pas la réalité sociale, puisqu'il raconte des carabistouille. Enfin, je suppose que c'est comme ça qu'on peut interpréter les propos de Feint ?

Sinon le roman dans son sens premier pré-suppose en effet une certaine invention mais ça ne doit pas pour autant être invraisemblable.

Miracle littéraire 28/04/2015 @ 15:50:46
Pieronelle, j'aime beaucoup votre initiative, vous orientez l'attention vers un sujet très intéressant mais aussi très sensible.
Après la lecture de l'oeuvre, le lecteur se sent un peu (ou beaucoup! ) à l'aise à donner des leçons à l'auteur. Il commence une recherche des intentions de l'auteur, de ce qu'il aurait pu faire ou ce qu'il n'aurait pas dû faire... il ne se gêne pas à donner des leçons et pourquoi pas, des reproches. Mais il oublie une chose essentielle, ce n'est pas lui l'artiste. Et la tâche de l'artiste ( l'écrivain en occurrence) est d'éviter ce réalisme pur tout en créant une histoire crédible qui nous fait réfléchir aux problèmes de la société. Et là, c'est le talent qui l'aide.
Un bon romancier apporte toujours quelque chose qui n'existe pas chez les autres. Un bon romancier, c'est quelqu'un qui nous rend visibles les choses invisibles, qui nous fait rêver et nous donne envie de nous réveiller. La littérature n'est pas une science exacte et il est assez stupide de vouloir l'enfermer dans des cages, des normes, des codes.

LesieG

avatar 28/04/2015 @ 17:53:14
Je ne l'ai jamais lu non plus, mais le film était sensationnel, de ce fait j'ai peur d'être déçue.

Saint Jean-Baptiste 28/04/2015 @ 19:08:57
j'ai peur d'être déçue.
Non, Lesie, tu ne seras pas déçue, les films ne font que raconter un épisode du livre, souvent c'est celui de Cosette, et c'est très beau, mais très différent du livre.

Nathafi
avatar 28/04/2015 @ 19:24:11
C'est beau Les Misérables, je l'ai lu il y a très très longtemps, il faudrait que j'y replonge. Les films aussi m'ont plu. Je préfère lire après avoir vu le film que l'inverse, j'ai souvent été déçue par des adaptations cinématographiques, en ce moment "Le journal d'une femme de chambre" me tente bien mais je n'ose pas aller le voir.

Je ne connais pas les codes du roman, mais, au-delà des invraisemblances, je dois être transportée à la lecture de ce genre, si c'est le cas je suis prête à pardonner beaucoup de choses.

Pieronnelle

avatar 28/04/2015 @ 19:31:27
Les Misérables est un exemple. Et je ne pense pas que les quelques invraisemblances (Feint pourrait-il les préciser) pourraient décribiliser l'intention de Hugo sur la réalité sociale. La nature humaine y a autant d'importance sinon plus et chaque "misérable" réagira différemment face à l'adversité et aux injustices sociales ou non.
En fait, j'aurais dû poser la question autrement :
"Qu'attendez-vous d'un roman?
Une liberté absolue dans l'imagination? Un contexte toujours crédible, et dans le cas contraire le roman perd-il de sa valeur ou bien ça n'a aucune importance dès l'instant ou il embarque le lecteur? Y a t-il des codes à respecter pour qu'il y ait la qualification de roman? C'est pourquoi je posais la question sur le fait d'être ou non un grand romancier ce que Feint affirmait (et qui serait confirmé par les spécialistes) concernant Hugo.
Pour ma part je suis pour la liberté absolue ; narration linéaire ou pas ; immaginaire ou non ; poétique ou non ; sauf pour ceux qui prétendent affirmer une réalité historique ou autre et ne la respecte pas. Mais ça ne me gêne pas qu'un écrivain se serve d'un contexte historique pour le malaxer et en faire un roman de pure imagination.
En dehors du style et de l'écriture qui sont d'autres exigences.
Je ne sais pas si je m'explique clairement :-))

Pieronnelle

avatar 28/04/2015 @ 19:34:52
C'est beau Les Misérables, je l'ai lu il y a très très longtemps, il faudrait que j'y replonge. Les films aussi m'ont plu. Je préfère lire après avoir vu le film que l'inverse, j'ai souvent été déçue par des adaptations cinématographiques, en ce moment "Le journal d'une femme de chambre" me tente bien mais je n'ose pas aller le voir.

Je ne connais pas les codes du roman, mais, au-delà des invraisemblances, je dois être transportée à la lecture de ce genre, si c'est le cas je suis prête à pardonner beaucoup de choses.

Tout comme toi.

LesieG

avatar 29/04/2015 @ 12:00:35
j'ai peur d'être déçue.

Non, Lesie, tu ne seras pas déçue, les films ne font que raconter un épisode du livre, souvent c'est celui de Cosette, et c'est très beau, mais très différent du livre.


Je vous fais confiance, un de ces jours je m'y mettrais. D'autant que j'avais lu "Cosette Ou Le Temps Des Illusions" et "Marius Ou Le Fugitif" de François Cerésa qui se disaient être une suite des misérables, même si le niveau n'est pas le même que celui de Victor Hugo ils m'avaient énormément plu.

Stavroguine 29/04/2015 @ 15:38:59
Je connais très mal l'oeuvre de Hugo et je n'ai pas lu Les Misérables, je ne suis donc certainement pas le mieux qualifié pour en parler.

Mais de manière plus générale, concernant les questions soulevées par le message de Pieronnelle du 28 avril, 19h31, je pense qu'il n'y a pas de codes généraux à respecter, que le contexte ne doit pas toujours être crédible, que l'imagination peut parfaitement être débridée et absolue, que chacun, en somme, a le projet littéraire qu'il veut (et qui ne correspondra donc pas à tous les lecteurs), mais, car il y a un "mais", au sein du projet littéraire dont décide l'auteur, là, il doit y avoir une cohérence. C'est à dire, que le surnaturel, par exemple, est parfaitement acceptable dans un récit fantastique, ou dans le mouvement "réaliste-magique", et il peut, comme le souligne Feint, y avoir en littérature de belles invraisemblances (je ne sais pas ce que Feint avait en tête, mais qu'on pense à certaines tragédies, ou aux romans d'aventures dont l'objet n'est pas de décrire une réalité mais de divertir par le récit d'une série d'événements extraordinaires), mais, dans le cas des Misérables, si l'auteur prétend en effet décrire une réalité sociale (et encore une fois, je ne suis un spécialiste de Hugo), bah, en effet, des "cascades de coïncidences", ça peut être gênant. Ca ne veut pas dire que tout roman doit coller au plus près à la réalité ; mais seulement que ceux qui prétendent le faire doivent éviter ce genre de procédés.

Pieronnelle

avatar 29/04/2015 @ 19:51:33
Je suis bien d'accord avec ce que tu dis Stavro mais connait-on les intentions réelles de l'auteur à chaque fois? Hugo a-t-il voulu écrire un roman purement réaliste? Personnellement je ne l'ai pas ressenti comme tel ; j'y vois plutôt une aventure humaine où certaines réalités sociales entraînent les personnages dans une direction mais pas dans un déterminisme ; interviendront la volonté, la chance (n'est-ce pas une sorte de coïncidence? ), les rencontres...
Je suis d'accord pour la cohérence dans ce qu'on croit être un projet ; mais bien souvent ce dernier peut se trouver entrainé à s'en écarter sans que celà nuise forcément au roman, justement pour ne pas se trouver enfermé par exemple dans trop de réalisme.Je pense qu'un écrivain poète, et c'est le cas de Hugo, n'écrit pas un roman de la même façon ; il sème des éléments soit imaginaires, parfois fantastiques ou oniriques au sein d'une histoire dite réaliste. Et les invraisemblances peuvent être utilisées dans ce sens. Bien sûr un roman où il y aurait trop de coïncidences n'aurait pas de sens ni même d'intérêt, sauf à vouloir tomber dans l'absurde, mais je serais curieuse de connaître des oeuvres qu'on estime cohérente et qui pourtant comporteraient des invraissemblances installées tranquillement ; la réussite de l'écrivain est peut-être de les rendre invisibles :-)
Personnellement j'aime souvent ce mélange de réalisme et onirisme qui forcément à un moment donné entraîne une incohérence mais crée une sensation mystérieuse qui relativise la réalité ; je ne parle pas de ces procédés qui consistent à créer des personnages imaginaires mais simplement du fait de faire intervenir un élément qui d'un seul coup déstabilise le lecteur.

Sissi

avatar 30/04/2015 @ 11:19:16
connait-on les intentions réelles de l'auteur à chaque fois?


Je ne sais pas, mais il me semble qu'on devrait, nous lecteurs, les comprendre une fois le livre terminé.
En tout cas c'est une question que je me pose, ce qu'a cherché à faire l'auteur, ce qu'il a voulu susciter, quel est l'enjeu du texte etc.

Quand je lis, dans la postface de "L'ombre des forêts" de Jean-Pierre Martinet:
« J’ai essayé de peindre dans ce livre, dit Martinet, des êtres au bout du rouleau, des infirmes du sentiment prisonniers de leur enfer intime, et quitte faute de pouvoir échanger des caresses en sont réduits à s’échanger des coups. » et que c'est ex-ac-te-ment ce que j'ai ressenti, que j'ai perçu le livre de cette manière d'une part, d'autre part que c'est terriblement réussi, je me dis que son projet, il l'a vraiment mené à bien (et aussi que j'ai été une bonne lectrice sur ce livre-là, mais ça on s'en fout ;-)

S'il avait écrit "j'ai essayé de faire rire", je me serais alors dit qu'il s'était planté...(ou alors qu'on n'a vraiment pas le même sens de l'humour)

Pieronnelle

avatar 30/04/2015 @ 14:57:59
Ah oui mais là Sissi tu as des éléments par l'auteur! Le fait de deviner ce qu'a voulu faire l' auteur est três subjectif, suivant le ressenti justement ; et les confrontations des critiques sur CL sont vraiment interessantes pour ça. Mais sauf intention manifestement affirmée par l'auteur je ne pense qu'un lecteur puisse être jamais sûr de prétendre connaître le projet d'une oeuvre ; et dans tous les arts.
Si ton ressenti avait été différent de celui de ton auteur Martinet, tu en aurais conclu quoi? Qu'il a raté son livre. ou que tu as mal lu? Peut-être certaines choses échappent à l'auteur, que son projet initial n'est pas forcément respecté et son livre pas râté pour autant.
Je voudrais comprendre pourquoi Hugo ne serait pas un "grand" romancier? Qu'est-ce qui caractériserait un bon ou un mauvais romancier? Et tout simplement un roman, sans jugement de valeur sur le sujet lui-même?
Si on est pas dans un roman on est dans quoi quand on raconte une histoire?

Sissi

avatar 30/04/2015 @ 16:20:08
Mais sauf intention manifestement affirmée par l'auteur je ne pense qu'un lecteur puisse être jamais sûr de prétendre connaître le projet d'une oeuvre


Sans preuve, pas de certitude, certes.
Mais je serais moins péremptoire que toi quand même: quand plusieurs lecteurs avertis, sans ce concerter, ont à peu près la même lecture, des ressentis assez similaires et font une analyse assez proche d'une oeuvre, on peut quand même en déduire qu'il y a du "vrai" dans tout ça, selon moi.

Si ton ressenti avait été différent de celui de ton auteur Martinet, tu en aurais conclu quoi?


Pas grand chose, je trouve ce livre grandiose et rien n'y changera rien.
J'aurais juste constaté le décalage entre l'intention et ma perception.

Qu'il a raté son livre. ou que tu as mal lu?


Ni l'un ni l'autre.
Sauf qu'en l'occurrence, ça ne s'est pas produit, parce que le projet me semblait vraiment évident, et j'ai tendance à penser qu'il l'est parce qu'il a été mené à bien.

Peut-être certaines choses échappent à l'auteur, que son projet initial n'est pas forcément respecté et son livre pas râté pour autant.


Il faudrait poser la question à ceux qui écrivent.

"Les âmes mortes", de Gogol, étaient censées faire rire, justement, le projet c'était la farce, le comique, et l'oeuvre a été perçue comme une satyre sociale, ce qui a profondément affecté son auteur.
Je pense que c'est frustrant de ne pas avoir été entendu comme on aurait souhaité l'être.
Ça ne fait pas de l'oeuvre quelque chose de forcément raté pour autant, là je suis d'accord.

Je voudrais comprendre pourquoi Hugo ne serait pas un "grand" romancier? Qu'est-ce qui caractériserait un bon ou un mauvais romancier? Et tout simplement un roman, sans jugement de valeur sur le sujet lui-même?


Ah oui c'est vrai, c'était quand même le sujet de base, j'ai dévié désolée.
Pour Hugo, je préfère largement le poète au romancier, expliquer pourquoi m'est difficile mais c'est ainsi.
Disons qu'il faut tenir la route, pour écrire un roman, je pense qu'il est difficile d'exceller sur le long terme, mon (piètre) souvenir des Misérables me fait dire que c'est décousu, que ça manque de liant, d'envergure, de souffle. Aucun souvenir des incohérences par contre.

Si on est pas dans un roman on est dans quoi quand on raconte une histoire?


Mais on peut raconter tout un tas de choses sans écrire de roman!

Pieronnelle

avatar 30/04/2015 @ 18:19:10
Es-tu sûre que tu parles des Misérables Sissi? :-) Manque d'envergure! Comme tu y vas! Et de souffle ! Moi aussi je préfère la poésie de Hugo et il n'y a pas, pour moi, cassure entre le poète et le romancier.Forcément le souffle du poète intervient dans son écriture même si on peut très bien admettre qu'il soit moins à l'aise dans le roman.

Oui on peut raconter un tas de choses qui ne soit pas un roman ; j'ai très mal posé la question ; je veux dire qu'on voit sur de nombreux livres "roman" où l'on raconte effectivement un peu de tout... C'est pourquoi je me pose la question sur ce qui caractériserait un roman comme une histoire par exemple ; et l'absence d'histoire pourrait-elle être un argument pour dire qu'un roman n'est pas bon? Comme le manque de "liant", des invraissemblances, une rédaction non linéaire, ; peu de ressors dramatique, reproche que je lis souvent dans certaines critiques sur des romans.

Sissi

avatar 30/04/2015 @ 18:28:07
Es-tu sûre que tu parles des Misérables Sissi? :-) Manque d'envergure! Comme tu y vas! Et de souffle !


Oui oui, je parle bien des Misérables, mais j'ai reconnu que mon souvenir était "piètre", car très ancien.

Sinon, par roman j'entends récit, chronologique, assez long, avec pas mal de personnages, mais peut-être bien que je me fourre le doigt dans l'oeil?
;-)
Il est certain qu'on accole ce nom sur tout et n'importe quoi, par contre.

Feint

avatar 30/04/2015 @ 18:54:50
Comme souvent Pieronnelle tu soulèves des questions vraiment intéressantes mais tellement à la fois qu'il faudrait écrire tout un livre pour te répondre.
Pour les Misérables, le reproche de l'invraisemblance tient essentiellement à l'intrigue : Thénardier qui est à la fois l'esclavagiste de Cosette, le prétendu sauveur du père de Marius qui comme par hasard va rencontrer par hasard Cosette et tomber amoureux d'elle, le père d'Eponine qui tombe amoureuse de Marius parce que les Thénardier sont justement voisins de Marius au moment où comme par hasard ils attirent Jean Valjean dans un guet-apens sans reconnaître en lui l'ancien sauveur de Cosette ; c'est aussi le père de Gavroche qui servira de go-between entre Marius et Cosette. Il y a le même genre d'accumulation de coïncidences extraordinaires concernant Javert et d'autres personnages. Tout cela est parfaitement rocambolesque et serait d'ailleurs assez jubilatoire (parce qu'au fond c'est drôle) sans l'ambition assumée d'Hugo de rendre compte de la vie d'une classe sociale et d'une époque. On est, à mes yeux (pas seulement à mes yeux, d'ailleurs ; c'est un avis très répandu), dans une sorte de mélange des genres qui ne tient pas la route - et pourtant Dieu sait si je suis par ailleurs favorable au mélange des genres. En outre je trouve le personnage de Marius vraiment mièvre et la fin franchement mélodramatique. Ce qui n'empêche pas qu'il y ait de très beaux passages, notamment vers le début. La langue de Hugo est magnifique. Pour ce qui est de l’œuvre dans son ensemble, ça me paraît quand même cent coudées en dessous des Contemplations.

Pieronnelle

avatar 01/05/2015 @ 00:39:29
Ah merci Feint, je t'attendais avec impatience! :-)
Je suis complètement d'accord avec toi sur les coïncidences.Pour moi elles s'inscrivaient dans le romanesque sorte de mélange entre l'imagination et le réalisme. Et je n'y voyais pas de contradiction avec la peinture sociale. Peut-être même que ça pouvait, pour moi, la faire passer plus facilement cette peinture ; car on marche quand même dans cette histoire, dans le roman comme dans le film.
Je comprends mieux ta remarque au niveau littéraire; pour moi la fresque supporte ces exagerations ou invraisemblances sinon on peut tomber dans le reportage ou témoignage par uniquement trop de réalisme et on ne serait plus dans le roman.
Et d'accord pour les contemplations...

Et pour ce que serait un roman! :-)

Feint

avatar 01/05/2015 @ 03:25:38
la fresque supporte ces exagerations ou invraisemblances sinon on peut tomber dans le reportage ou témoignage par uniquement trop de réalisme et on ne serait plus dans le roman.
Je ne pense pas qu'on puisse reprocher à Balzac, Stendhal ou Flaubert de ne plus être dans le roman parce qu'ils n'y introduisent pas d'invraisemblances.

Radetsky 01/05/2015 @ 06:22:34
Les Misérables, c'est la première moitié du XIXe siècle en France, toutes composantes sociales confondues, aux prises avec l'Histoire comme avec leurs sentiments.
Hugo le dit bien au début : c'est une fresque sociale qu'il peint et personne ne doit manquer à l'appel. Prises une à une, les existences des protagonistes saisies dans la réalité n'auraient que peu de probabilités d'être ainsi mises en présence par une succession de coups de théâtre. C'est du théâtre en prose, d'une certaine manière, une monstrueuse pièce qui veut rassembler un monde, un peuple et ses ressorts, à une certaine époque. Il ne faut pas oublier que lorsque Hugo écrivait Les Misérables, ses lecteurs avaient pratiquement tous vécu ou vu les évènements qu'il relate, et que ses personnages n'avaient rien de Martiens illisibles pour eux. Une façon de dire : "regardez le monde dont vous êtes les acteurs".
De nos jours, on appellerait peut-être ça un "docu-fiction" ; et ne pas négliger que l'auteur a toujours eu le désir de faire passer la littérature en politique, ou de plier la politique aux canons de la (sa) littérature.

D'ailleurs, mis à part quelques asperges javellisées à la Musset faisant la queue (enfin...) chez George Sand, tous les "grands" de ce siècle-là se sont mouillés d'une manière ou d'une autre en politique, en diplomatie, sous l'uniforme, de Châteaubriand à Zola.
Lire Les Misérables n'était pas une simple distraction, c'était une grenade qu'on vous mettait sous les fesses afin que vous vous bougiez la conscience et le reste...
Quant à la vraisemblance dans la littérature contemporaine, disons qu'elle brille parfois pas son absence.

Page 1 de 3 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier