Feint

avatar 30/12/2014 @ 16:26:35
"Le post-exotisme n'est donc pas une "coquille vide" mais un courant littéraire imaginaire."

!!

En littérature, c'est souvent ce qui est imaginaire qui existe vraiment. Vérification par l'absurde :
Par exemple, le Nouveau Roman est un courant littéraire qui a regroupé des écrivains qui ont vraiment existé, et pourtant c'est un courant littéraire qui n'existait pas.


Oui mais ça rassemblait une "communauté" d'écrivains ...
De manière complètement artificielle, ils n'avaient rien de commun entre eux (sauf l'éditeur). Les écrivains en revanche post-exotiques sont une "vraie" communauté.

Feint

avatar 30/12/2014 @ 16:31:12
@Feint
Donner à voir ce que le lecteur avait pressenti avant qu'on lui mette les mots dessus, et ce moment où on a l'impression que ça touche juste.
Ce que tu nommes si justement le "pressenti", a été mien jusqu'à ce que je me dise (disons après l'arrivée de Kronauer au kolkhose, portant Samiya Schmidt sur son dos) : ce n'est plus Gogol, Victor Serge, Chalamov, Soljenitsine réunis, au besoin avec une pincée de Sylvain Tesson pour la lumière et les bestioles, un soupçon de "1984", le tout enveloppé avec un bolduc couleur gore et un compteur Geiger en "cadeau fidélité", mais quoi ? Où Volodine nous mène-t-il...? Et qu'est-ce que ce couple de psychopathes (Oudgoul et Solovieï) ajoute à la démonstration puisque, nolens volens Volodine ou tartempion démontrent bel et bien un certain état ou non-état dans l'espace-temps ? A la page 99, tout est dit, mis à part les numéros oratoires ou pseudo-chorégraphiques des deux clowns sadiques, qui vont tenir la vedette jusqu'à la fin (617 pages tout de même). Si au moins pointaient de temps à autre, que sais-je, une pique à la Cioran, pessimiste soit, mais encore....?
A la minute présente, 617-99 = 518 pages le long desquelles Volodine m'a gonflé la rate à la bouillie de particules, plus le fond sonore en basse continue d'un néo-nihilisme dont l'époque semble devenue friande, hélas, ce fut trop. Je "pressens", mais je refuse. La macération opiacée en micro-ondes ou lave-vaisselle avec pour musique l'opus 87916 en sol miné de Solovieï... Niet ! èta niè dlia menja, panimaietjé-li vwi (ce n'est pas pour moi, comprenez-vous) ?

Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que Radetsky a une approche sociologique de la littérature. Evidemment je vois les choses très différemment.
Sociologique, politique, esthétique, historique, polémique, furieuse, joyeuse, triste, lumineuse, combattante ou assoupie, mais avec un regard humain qui nous scrute (l'écrivain) et nous secoue des torpeurs mortifères, avec du mordant et le sentiment qu'il y a, de chaque côté du livre, auteur/lecteur, deux frères complices quoique différents.
Désolé, à 71 ans je ne vais pas coucher tous les soirs dans ma tombe, histoire de m'habituer, surtout sans duvet (et les mulots qui viennent vous renifler m'agacent).
Tu as encore employé le mot "démonstration". Je comprends très bien que Volodine ne soit pas pour toi.

Radetsky 30/12/2014 @ 16:48:27

Tu as encore employé le mot "démonstration". Je comprends très bien que Volodine ne soit pas pour toi.
Eh, oui ! La littérature, c'est la vie, la vie concrète, hic et nunc et si elle doit nous emporter vers un ailleurs, qu'il soit à la mesure de nos espérances et de nos luttes, présentes ou anciennes.

Radetsky 30/12/2014 @ 16:53:41
D'Aristophane à Camus, depuis Homère jusqu'à Kundera, cite-moi un écrivain qui n'ait rien, absolument rien voulu "démontrer", sinon montrer des beautés ou des bassesses humaines ???

Stavroguine 30/12/2014 @ 17:16:19
Il n'empêche que je continue à aimer ses résistants de la dernière chance, ses oiseaux, chamans et chamanes.
Justement, où sont les résistants... ? Inconnus au bataillon.


Kronauer et peut-être encore plus Soloviei, ce ne sont pas des résistants ? Dans la lecture que j'ai faite du livre, lecture qui justifie sa longueur dans le sens ou je ne pense pas qu'on puisse voir ce que j'y ai vu en 99 pages, Soloviei est le dernier écrivain. C'est lui qui raconte toute cette histoire, lui qui s'invente des filles et des ennemis pour se distraire dans une éternité de solitude. Cette idée est distillée au fil des pages, sur toute la longueur. Soloviei, ce n'est pas un psychopathe ; c'est le résistant ultime, celui qui continue à faire survivre la littérature qui sans lui aurait depuis longtemps disparu. Y a-t-il plus belle résistance dans un livre ? C'est pour ça que j'ai aimé ce livre, même si comme Donatien, par certains aspects, je l'ai trouvé en-dessous de certains autres.

Feint

avatar 30/12/2014 @ 17:23:17
D'Aristophane à Camus, depuis Homère jusqu'à Kundera, cite-moi un écrivain qui n'ait rien, absolument rien voulu "démontrer", sinon montrer des beautés ou des bassesses humaines ???
Parmi ces quatre-là il n'y a que Homère que j'admire sans réserves (et Aristophane mais c'est du théâtre - encore autre chose). Je pense qu'on a plus de chances de s'entendre en parlant politique que littérature.

Saule

avatar 30/12/2014 @ 17:38:34
La vraie littérature doit être engagée, ai-je cru comprendre de Radetsky. Il y a quand même aussi de la lecture de divertissement, un peu comme de la musique dans les grand magasins. Mais cela ne mérite pas le nom de littérature, au contraire ça ne fait que renforcer une culture de la médiocrité.

Je suis persuadé que Volodine fait de la littérature, mais ce n'est pas évident de savoir pourquoi (je ne l'ai pas lu).

C'est très intéressant en tout cas vos deux points de vues.

Radetsky 30/12/2014 @ 18:01:35
La vraie littérature doit être engagée, ai-je cru comprendre de Radetsky. Il y a quand même aussi de la lecture de divertissement, un peu comme de la musique dans les grand magasins. Mais cela ne mérite pas le nom de littérature, au contraire ça ne fait que renforcer une culture de la médiocrité.
Je suis persuadé que Volodine fait de la littérature, mais ce n'est pas évident de savoir pourquoi (je ne l'ai pas lu).
C'est très intéressant en tout cas vos deux points de vues.
Il y a mille manières de s'engager, y compris en n'en faisant rien...J'ai lancé ce débat car je voulais savoir comment d'autres avaient perçu ce livre (j'avais déjà Stavro comme "grand témoin"), en me disant qu'un tel écart entre Stavro et ma perception devait forcément être rempli d'un monde de nuances : ce qui s'est produit.
Stavro, la fin de ton dernier message ne m'a convaincu qu'à moitié (Solovieï n'est ni Eluard, ni Vercors, ni Desnos, ni Aragon...ni Isaac Babel) : j'ai la comprenette endurcie, je sais.

Ce fut donc "globalement positif" comme disait quelqu'un...:-)

Myrco

avatar 30/12/2014 @ 18:13:53
Pour ceux que cela intéresse...sur et par Volodine :
http://remue.net/spip.php?article6383

Pieronnelle

avatar 30/12/2014 @ 19:35:57
Tu as encore employé le mot "démonstration". Je comprends très bien que Volodine ne soit pas pour toi.

Il existerait donc des livres qui sont pour certains et pas pour d'autres? Qui déciderait donc de cela ? N'y a-t-il donc pas un "catalogage" au départ pour affirmer ça? Ne penses-tu pas Feint qu'il est un peu facile de se retrancher derrière ce mot "littérature"? Et donc de classer tous ceux qui n'adhèrent pas comme étant non perméables à cette fameuse littérature...Il me semble que chaque écrivain a sa propre conception de la littérature, comme chaque lecteur...L'un n'existant pas sans l'autre (je ne croirai jamais qu'un écrivain n'écrit que pour lui) .

Feint

avatar 30/12/2014 @ 19:39:37
C'est Radetsky qui a dit que ce n'était pas pour lui : "Niet ! èta niè dlia menja, panimaietjé-li vwi (ce n'est pas pour moi, comprenez-vous) ?" Moi j'ai juste dit que je le comprenais. En même temps c'est bien évident que tout le monde ne peut pas aimer les mêmes livres, non ?

Feint

avatar 30/12/2014 @ 21:10:22
Pour ceux que cela intéresse...sur et par Volodine :
http://remue.net/spip.php?article6383
Remue.net est vraiment une mine, on ne le dira jamais assez.

Sissi

avatar 30/12/2014 @ 21:12:36
Pour ceux que cela intéresse...sur et par Volodine :
http://remue.net/spip.php?article6383

Remue.net est vraiment une mine, on ne le dira jamais assez.


Comme c'est vrai, je le redis aussi.

Radetsky 31/12/2014 @ 11:36:50
C'est Radetsky qui a dit que ce n'était pas pour lui : "Niet ! èta niè dlia menja, panimaietjé-li vwi (ce n'est pas pour moi, comprenez-vous) ?" Moi j'ai juste dit que je le comprenais. En même temps c'est bien évident que tout le monde ne peut pas aimer les mêmes livres, non ?
J'aurais dû l'écrire en cyrillique... ;-) Et j'approuve ta dernière phrase : si tout le monde aimait la même femme, qu'est-ce qu'on s'emm....ait - je me demande d'ailleurs si, via les ravages mediatico-publicitaires, on n'est pas en train de fabriquer les "monotypes" les plus susceptibles de provoquer les réflexes a but mercantile, et une sexualité de robot - mais ceci est un autre débat.

Feint

avatar 31/12/2014 @ 13:00:31
J'aurais dû l'écrire en cyrillique... ;-) Et j'approuve ta dernière phrase : si tout le monde aimait la même femme, qu'est-ce qu'on s'emm....ait - je me demande d'ailleurs si, via les ravages mediatico-publicitaires, on n'est pas en train de fabriquer les "monotypes" les plus susceptibles de provoquer les réflexes a but mercantile, et une sexualité de robot - mais ceci est un autre débat.
C'est très sain. Ce qui est important, c'est d'être d'accord pour ne pas être d'accord ; mais je crois que là-dessus on est d'accord.

Radetsky 31/12/2014 @ 13:46:16

C'est très sain. Ce qui est important, c'est d'être d'accord pour ne pas être d'accord ; mais je crois que là-dessus on est d'accord.
;-))

P.S. D'ailleurs, grâce à vous tous j'ai vu qu'une dimension m'avait échappé, d'où l'adjonction d'un bref codicille à ma critique.

Début Précédente Page 2 de 2
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier