Feint

avatar 28/10/2014 @ 23:45:14
C'est une remarque de Libris Québécis dans le fil sur Fleur Pellerin qui me donne l'idée d'ouvrir ce fil.
C'est clair : on ne peut pas tout lire. On fait des choix. Alors on va lire ceci, et on ne lira pas cela. Bien sûr, si on est un professionnel du livre, les choix sont souvent contraints. Si on est juste un lecteur amateur, on a plus de liberté.
Pour une fois je ne vais laisser passer mon tour pour donner mon avis à la fin comme je le fais souvent. Pourtant répondre à ça n'est pas si facile. Ce que je sais, ce sont les éventuelles raisons de lire qui ne sont pas les miennes.
Je ne lis jamais un livre parce qu'il appartient à tel ou tel genre.
Je ne lis jamais un livre parce qu'il traite de tel ou tel sujet.
Le pays d'origine de l'auteur m'est complètement indifférent.
Je ne lis jamais un livre parce qu'il a reçu telle ou telle récompense.
Je ne lis jamais un livre pour me faire mon opinion dessus.

Lobe
avatar 29/10/2014 @ 01:48:25
Je lis souvent des livres parce que d'autres gens les ont lus. Je lis en espérant voir avec plus d'acuité. Je lis parce qu'en grandissant quand même j'ai perdu de ma capacité à rêver.

Donatien
avatar 29/10/2014 @ 08:41:22
C'est en effet une question difficile parce qu'il faut tenter d'analyser nos penchants, nos habitudes, nos pulsions d'achat ,notre pouvoir de résistance aux offres multiples
et variées.

Il faudrait au fond pouvoir résumer toute notre vie de lecteur
et ce depuis l'enfance, pour découvrir les influences, les découvertes dues au hasard des lectures ou des rencontres.

L'expérience m'apprend que certaines lectures sont liées à certaines phases de la vie ou déterminées par certains mécanismes comme en amour.
Commercer par la découverte, continuer par l'exploration,
déterminer les domaines qui nous émeuvent, parfois à l'aide de certains guides-écrivains, donc de rencontres, approfondir et cultiver ceux qui "augmentent" nos vies, être fidèles à certains,
enfin les relire plus tard afin d'en savourer les richesses...

Mais être toujours prêt à de nouvelles rencontres, être douloureusement insatiables!!!

Nathafi
avatar 29/10/2014 @ 10:11:37
A l'heure où tu as envoyé ton post, Feint, je rangeais ma bibliothèque et comptais les livres qui m'attendent. Ce qui minquiète, c'est que chaque fois que je franchis la porte d'une librairie, je suis appelée par tel ou tel livre, parfois parce que je l'ai vu passer sur CL et qu'il m'intéresse, ou parce qu'il m'appelle pour des raisons encore indéterminées. Donc il vient rejoindre les autres sur les étagères, et attend son tour patiemment...

Je suis aussi pressée par ce temps qui me manque cruellement, alors j'essaie de découvrir un maximum de choses, plus ou moins bonnes, qui m'amènent à certaines déconvenues comme je l'ai déjà dit, mais aussi à d'incroyables découvertes.

Si je lis un livre, c'est qu'il peut m'apporter quelque chose. Une part de rêve très certainement pour certains, de la magie, beaucoup de sensibilité pour d'autres. Mais les livres plus terre à terre me ramènent aussi à la réalité. C'est un ensemble, je crois que nos lectures évoluent au cours des années, à une période je ne lisais que des polars et des biographies d'artistes qui suscitaient mon intérêt. Aujourd'hui j'ai besoin de ressentir une émotion à la lecture d'un livre, comme on peut être ému par un film ou une chanson, en tout cas c'est ce que je recherche actuellement, donc ça brasse plusieurs genres et rien n'est déterminé.

Sissi

avatar 29/10/2014 @ 10:39:49
Je crois (je crois!) que je lis ce que je lis:

-Par envie (ce livre m'attire, il me fait envie, il provoque un désir chez moi, je le choisis, je l'achète, je rentre, et je me jette dessus)
- Par curiosité (parce qu'il s'agit d'un livre dont on dit qu'il est original, novateur, très déroutant, oui bien parce qu'il a beaucoup divisé et provoqué des débats- ça c'est plus rare quand même-,ou bien parce que DBZ me le recommande, ou voudrait avoir mon avis)
- Par nécessité (j'aime lire mais j'aime la littérature- dans le sens "discipline"- aussi, il y a donc certains incontournables qu'on ne peut...et bien contourner, justement, et je tiens à les lire pour parfaire mes connaissances.
- Par amour (De Dostoïevski, de Louis-Combet et de Moravia, je lirai toute l'oeuvre -si je le peux)
- Par obligation (un cadeau qu'on m'offre, un livre qu'on me prête alors que je n'ai rien demandé, le Prix CL. J'aime bien le grand saut vers l'inconnu que représente le prix CL. Alors, le prix à payer c'est de lire parfois des livres qu'on trouve décevants, (ce sont à l'inverse parfois de divines surprises), mais l'obligation de lire procède d'un envie (de participer), alors elle est finalement douce.

Sissi

avatar 29/10/2014 @ 10:40:47
"d'une" envie

Shelton
avatar 29/10/2014 @ 12:16:19
Feint a le talent de poser des questions diablement existentielles et complexes...

Pourquoi on lit un ouvrage ?

- Le coup de cœur dans une librairie, certes inexplicable mais pourtant bien réel, alchimie délicate entre le nom d'un auteur, le titre, l'objet, sa couverture, son thème, une phrase lue au hasard...

- Les conseils d'un ami ou d'un CLien (ou les deux à la fois bien sûr), parfois il suffit d'un mot, d'une idée, d'un ton pour que l'envie naisse chez moi sans que ce soit très rationnel...

- Une obligation professionnelle, un article à écrire, une interview à réaliser, une fiche de lecture à faire faire... Là encore, pas toujours très rationnel et pourtant de si belles surprises à la clef !

- Une rencontre avec un auteur, dans un salon, dans un médias, dans un colloque... Pourquoi ? Difficile à dire avec précision, il faut de la conviction de sa part, une curiosité aux aguets de la mienne...

- Lecture d'une critique dans un média, mais finalement c'est assez rare que cela se termine par une lecture...

- Les romanciers que j'attends, les suites d'un roman apprécié par le passé, les livres que j'ai croisés dans d'autres livres...

Bref, les occasions sont très nombreuses et les motivations infinies ou presque !

Feint

avatar 29/10/2014 @ 12:34:29
Je suis à la recherche de mon plaisir et j'essaie de suivre mes envies. Mais le temps fait que souvent je choisis de ne pas lire tel ou tel livre qui avait de bonnes chances de me plaire, tout simplement parce qu'il y en a trop et que je n'ai déjà pas beaucoup de temps. C'est souvent les plus gros qui font les frais. C'est particulièrement flagrant à la rentrée littéraire, saison de frustration s'il en est. Et puis parfois il y a aussi des livres que je suis plus ou moins obligé de lire.

Sissi

avatar 29/10/2014 @ 12:51:01
Je suis à la recherche de mon plaisir


J'ai souvent remarqué effectivement que tu t'amusais beaucoup en lisant.
"C'est drôle" ou "c'est amusant" revient souvent dans ton discours.
Je dois être plus ambivalente (ou tout simplement masochiste), parce qu'à y regarder de plus près, les livres qui m'ont le plus plu m'ont finalement fait un peu mal.

Débézed

avatar 29/10/2014 @ 13:03:16
Je parlerais plus facilement des livres que je ne lis pas ou que je n'aurais pas été privé de ne pas lire. J'explique : je suis un grand curieux et ma formation historienne (pas du tout historique) n'a fait que renforcer cette disposition à la recherche de ce que les autres voient mal. Et par ailleurs, je n'aime pas lire ce que tout le monde lit, ma façon de trainer dans les bordures de la société. Donc, j'évite pratiquement tout ce qui est en général vendu dans les grandes surfaces : les auteurs à succès trop facile, les livres à quatre sous qui tournent souvent autour du nombril de l'auteur, les romans policiers élevés en batterie comme des poulets, les livres de "fantasy", il n'y a même pas un terme pour les définir en français, et d'autres encore... par exemple je regrette de ne pas lire plus de poésie, je l'oublie trop souvent, et d'avoir dû abandonner la BD qui m'use trop les yeux.

J'ai toujours lu mais longtemps n'importe quoi, c'est seulement la quarantaine venue que j'ai pris la décision de lire sérieusement car les livres commençaient à me lasser. J'ai alors pris la décision de découvrir tous les auteurs importants de tous les pays. Le curieux, l'historien, le géographe se sont alors fondu en un chercheur de livres, j'ai fait de longues listes, j'ai fait de belles découvertes et d'autres un peu moins enthousiasmantes mais j'ai eu assez peu de vraies déceptions. J'ai aussi laissé une place pour les classiques qu'on étudie en général et que j'avais soigneusement évités.

Depuis, j'ai ouvert d'autres portes : la littérature contemporaine grâce à certains rencontrés ici, le surréalisme, les aphorismes et autres jeux de mots avec mes amis belges,... et je n'ai pas fermé celles qui appartiennent à mon passé : l'histoire, certains livres témoignage, des documentaires... Je dépasse un peu la littérature mais je reste dans le champ de la lecture.

Débézed

avatar 29/10/2014 @ 13:07:58
Ce qui me plait le plus, qui m'incite à toujours fouiller partout où on parle de livres, c'est l'infini plaisir de la découverte et de la surprise : un livre dont on ne sait rien écrit par un auteur inconnu qui transporte de bonheur de lire !
!

Aaro-Benjamin G.
avatar 29/10/2014 @ 14:09:56
J’adore voyager, alors je choisis essentiellement des livres pour être dépaysé, me déplacer mentalement dans un autre pays et y apprendre sa culture de l’intérieur.

Autrement, mes choix se portent sur des livres potentiellement originaux. Du jamais lu avant. Ce qui est de plus en plus rare car les écrivains modernes optent pour la facilité et répètent de vieilles histoires ou se concentrent sur leur nombril.

Feint

avatar 29/10/2014 @ 14:21:45
Je suis à la recherche de mon plaisir



J'ai souvent remarqué effectivement que tu t'amusais beaucoup en lisant.
"C'est drôle" ou "c'est amusant" revient souvent dans ton discours.
Je dois être plus ambivalente (ou tout simplement masochiste), parce qu'à y regarder de plus près, les livres qui m'ont le plus plu m'ont finalement fait un peu mal.
Ah mais ce qui me fait un peu mal me fait souvent rire aussi - à moins que ce ne soit l'inverse. Il n'y a pas beaucoup de bons livres que je ne trouve pas drôles (il y en a quelques-uns, mais peu).
les écrivains modernes optent pour la facilité et répètent de vieilles histoires ou se concentrent sur leur nombril.
Là évidemment je ne suis pas d'accord. (Bon, je suis d'accord que Beigbeder opte pour la facilité et qu'Angot se concentre sur son nombril mais je ne crois pas du tout qu'ils aient la légitimité de représenter les auteurs contemporains.) (D'ailleurs non, je ne crois pas que Beigbeder opte pour la facilité ; je crois qu'il fait ce qu'il peut et qu'il n'en revient pas que ça puisse avoir du succès.)

Sissi

avatar 29/10/2014 @ 15:39:56
J Il n'y a pas beaucoup de bons livres que je ne trouve pas drôles (il y en a quelques-uns, mais peu).


Oui, voilà. C'est ça que je voulais dire (même si, comme tu le soulignes, on peut rire très très jaune parfois et en rire plutôt que d'en pleurer).
Pour autant, peux-tu en conclure que ce que tu recherches en premier lieu lorsque tu lis, c'est le divertissement ou bien est-ce trop réducteur?
Pour ma part, je pense que c'est l'émotion que je recherche le plus, l'émotion la plus forte possible, celle qui ébranle; d'où le fait que le drame me convient très bien (mais j'aime bien aussi me poiler, hein, le tragi-comique j'aime beaucoup aussi).

Sissi

avatar 29/10/2014 @ 15:40:37

(D'ailleurs non, je ne crois pas que Beigbeder opte pour la facilité ; je crois qu'il fait ce qu'il peut et qu'il n'en revient pas que ça puisse avoir du succès.)


:-))
Moi non plus (je n'en reviens pas).

Stavroguine 29/10/2014 @ 16:04:23
Le plaisir, c'est pas nécessairement le divertissement, Sissi, et moins encore la légèreté. D'ailleurs, c'est peut-être là l'origine de notre divergence sur cette histoire de ne lire que les livre que l'on veut lire. On peut trouver du plaisir dans la gravité, un drame, un plaisir pas nécessairement drôle (en tout cas, en ce qui me concerne, faire marcher mes méninges est aussi un plaisir) ; d'ailleurs, le plaisir, c'est aussi une émotion.

Moi, je dirais aussi que je lis les livres que je lis par plaisir et curiosité. Mais disant cela, j'ai l'impression de ne rien dire. A part quelques uns que je lis sur la base de conseils avisés, je ne saurais dire comment je tombe dessus, ce qui m'attire en eux.

Feint

avatar 29/10/2014 @ 16:31:57
J Il n'y a pas beaucoup de bons livres que je ne trouve pas drôles (il y en a quelques-uns, mais peu).



Oui, voilà. C'est ça que je voulais dire (même si, comme tu le soulignes, on peut rire très très jaune parfois et en rire plutôt que d'en pleurer).
Pour autant, peux-tu en conclure que ce que tu recherches en premier lieu lorsque tu lis, c'est le divertissement ou bien est-ce trop réducteur?
Pour ma part, je pense que c'est l'émotion que je recherche le plus, l'émotion la plus forte possible, celle qui ébranle; d'où le fait que le drame me convient très bien (mais j'aime bien aussi me poiler, hein, le tragi-comique j'aime beaucoup aussi).
Non, pas du divertissement, mais bien du plaisir. Rire, c'est sûrement une réaction de plaisir chez moi. Je ris quand je lis Shakespeare ou Dostoïevski, Stendhal ou Flaubert, Proust ou Kafka. Mais je ne les lis pas pour me divertir, je les lis pour mon plaisir. D'ailleurs il n'y a pas loin du rire aux larmes.

Saule

avatar 29/10/2014 @ 16:52:10
Comme vous, je lis pour mon plaisir, bien sur, sauf quand c'est pour le boulot ou certains essais qui sont censés m'édifier.

Je choisis souvent mes livres en fonction de ce que j'aime, par exemple je lis George Elliot car j'ai pris un plaisir énorme avec "Middelmarch" et qu'une belle critique sur un de ses livres a attiré mon attention. La littérature anglo-saxonne du siècle passé, je sais que j'aime quasi toujours, et je trouve mon bonheur en suivant les critiques de Franblan, Malic, etc.

Donc je ne suis pas très aventureux, mais bon, j'aime parfois prendre des risques quand même, et lire des choses que je n'aurais pas eu l'idée sans une incitation (prix CL, une tournante, une connaissance,..). Je finis (quasi toujours) un livre, et parfois je le relis en tout ou en partie à peine fini (surtout si je suis passé à côté).

Sissi

avatar 29/10/2014 @ 17:48:39
Le plaisir, c'est pas nécessairement le divertissement, Sissi, et moins encore la légèreté. D'ailleurs, c'est peut-être là l'origine de notre divergence sur cette histoire de ne lire que les livre que l'on veut lire.


Non, je ne crois pas (je demandais à Feint s'il recherchait le rire, hors le rire n'est qu'une conséquence du plaisir qu'il prend à sa lecture). Rien à voir avec notre divergence. Toi tu penses qu'il ne faudrait lire que les livres qu'on a envie de lire (mais encore une fois, c'est finalement complexe à définir, l'envie, tout comme la non-envie d'ailleurs), moi je ne fonctionne pas qu'à l'envie (mais c'est également complexe parce que par exemple dans la curiosité il y a aussi de l'envie, mais ce n'est pas la même que l'envie irrépressible ou l'irrésistible attirance-qui ne s'expliquent pas elles-non plus, etc.etc. etc.!).
Bref, je trouve ça beaucoup plus complexe et moins manichéen que toi tu ne le penses.
Et, au vu de cette discussion qui rejoint un peu la précédente, je n'ai pas l'impression que ce soit un débat si "faux" que ça...

Sissi

avatar 29/10/2014 @ 17:53:11
Je cogite, je cogite, et j'ai bien l'impression que je ne recherche pas (en tout cas systématiquement) le plaisir quand je lis, moi...un bon nombre de lectures m'ont rendue finalement assez malheureuse.
Quand je lis Les feux, de Ooka, ça me rend malade et je ressens de la souffrance, pas du plaisir (sauf si je suis maso. Et je ne pense pas l'être!)

Je vais continuer à me torturer l'esprit, ça j'aime bien :-))

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