Pseudo: Laurier-sauce
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Intérêts: ?
Vision de l'écrit: Dieu-la science-les preuves
Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, Édition Trédaniel
Que dire de plus sur ce pavé de près de 600 pages qui entend apporter la
preuve scientifique de l'existence Dieu ?
Formidable intention qui méritait une lecture d'autant plus attentive que je
sortais d'une réflexion personnelle sur les écrits du christianisme primitif qui se
réclamait déjà de la même évidence scientifique (Éditions999) : pour Irénée de
Lyon, Tertullien et tant d'autres, citer la Bible ou s'en réclamer était en effet,
par une ancienneté comparative qui la cautionnait, prouver cette existence
tout en légitimant la chrétienté et son Église qui la représentait.
C'est pour l'essentiel, avec une étonnante et flatteuse digression sur un
peuple juif presque plus chrétien que les chrétiens, ce que reprennent MichelYves Bolloré et Olivier Bonnassies dans la seconde partie de leur pensum. Pour
eux comme pour l'élite chrétienne des premiers siècles dont ils sont peut-être
les successeurs, affirmer et répéter revient à prouver une vérité qui ne se
discute toujours pas.
Rien de bien neuf en somme à 2000 ans de distance. Rien surtout - et c'est le
plus navrant - de très palpitant qui aurait pu éclairer un débat dont on pouvait
espérer mieux : une simple lueur dans le déroulement d'un raisonnement ; une
petite brise pour entrouvrir une porte trop fermée par la froide raison ou de
banales habitudes... Après tout, c'est bien ce que Jean-Paul II avait tenté en
abordant la notion du "dessein intelligent", marginalement lié à la science que
la foi, bien entendu, dépassait. Mais au moins, dans cette approche qui lui était
largement personnelle, n'y avait-il pas inversion des domaines de
compétences. Chacun se combattait mais chacun restait prudemment à sa
place sans rejeter l'autre.
Dans une première partie plus intéressante, en cherchant à lier la réalité
divine aux découvertes de l'astrophysique et des mathématiques qui pour eux
la confirmaient, nos deux auteurs vont beaucoup plus loin avec cet argument
majeur : si, comme il est démontré par les chercheurs dans le cadre
d'hypothèses qui évoluent, la part de l'Univers qui nous est aujourd'hui
accessible est en expansion, c'est qu'il a eu un début avant lequel rien, nulle
part, n'existait. Ce rien est le doigt de Dieu, c'est-à-dire la preuve annoncée. En
nier la pertinence revient d'ailleurs moins à nier Dieu que nier la science
précisément évoquée. La vraie science bien sûr ; c'est toute l'astuce. Pas celle,
marginale pour nos auteurs, des incroyants, des incohérences et des puérilités
comme celle d'un avant Big Bang sur lequel quelques incompétents font
circuler les hypothèses les plus farfelues. L'avant Big Bang, ou autres bêtises du
genre multivers ou Grand Rebond que rien ne confirme, n'existent pas et
n'existeront jamais. Dieu était là, qui attendait le moment propice pour
déclencher l'explosion qui devait aboutir à une humanité construite à son
image.
De ce fait, plus besoin de chercher vers Mars ou les étoiles pour trouver la
vie ou le Père dont le vide primordial prouve bien la présence... Que de temps
et d'argent perdus à vouloir ouvrir d'autres portes, derrière lesquelles se
cacheront toujours d'autres portes qui resteront tout aussi muettes ! Que de
souffrances aussi, inutilement imposées à une humanité forcément manipulée
par des chercheurs de mauvaise foi qui se refusent encore à l'éclatante et
merveilleuse vérité chrétienne !
Pour en revenir à plus de sérieux, ce dont ce livre fait état, c'est d'une forme
d'impatience qui ne supporte pas l'attente exigée par la vraie science qui ne
fonctionne que lentement, par petits bons, dans le cadre d'hypothèses le plus
souvent ouvertes au doute.
Comme de vrais théologiens, nos deux auteurs veulent des certitudes qu'ils
recherchent dans une science à laquelle, pour les besoins de leur cause
devenue plus franchement contemporaine et technique, ils font dire au plus
vite - et bien pauvrement - ce qui leur est nécessaire avant de tout refermer
pour n'être pas soumis à la contradiction. C'est l'usage et la logique religieuse.
Mais en la circonstance, c'est aussi son paradoxe car, bien involontairement,
M.-Y. Bolloré et O. Bonnassies rendent un hommage appuyé au principe de la
science dans ses pratiques les plus rigoureuses, habituellement rejetées dans le
camp des errements et des hérésies. Ils reconnaissent ainsi un surprenant lien
de subordination qui met à mal le simple et respectable état de croyance qui
était auparavant le leur.
Par d'autres voies mal comprises mais comme souvent chargées d'espoir,
M.-Y. Bolloré et O. Bonnassies chercheraient-ils à effacer les doutes qui
semblent beaucoup les perturber
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