Christine Clercq par L'équipe de CritiquesLibres.com, le 15 février 2001

Christine Clerc est journaliste politique et auteur de plusieurs ouvrages dont " le Journal intime de Jacques Chirac ". Elle collabore également au Figaro, à RTL, au Midi Libre et au Télégramme de Brest.

Quand vous avez écrit votre premier livre, qu'est ce qui a poussé à l'écrire ?
J'ai toujours aimé écrire, raconter des histoires. Déjà petite j’avais des bonnes notes en dissertation.

J'ai écrit mon premier livre qui s’intitule " Place aux femmes ". Le titre est assez clair, c'était un livre pour montrer ce que font les femmes, de quoi elles sont capables.

Ensuite, j’ai écrit " le Bonheur d’être Français ", c'est un récit d’un tour de France, c'était une époque où c'était la mode de dire que tout allait mal, qu'on était très malheureux. Moi j'avais plutôt envie de donner des raisons d’espérer, je trouvais que partout où l’on allait, on trouvait des gens formidables, et puis ça me plaisait beaucoup de faire ce tour de France, de rencontrer des gens extrêmement divers, de tous milieux sociaux, de toutes régions, de toutes professions. Au fond, c’est ce qui m'a attirée vers le métier de journaliste – et puis d'écrivain &, et c’est vraiment un rêve d'enfant. C'est un peu comme si on soulevait le toit des maisons et puis qu'on pénétrait dans l'intimité et qu’on franchissait les lignes, les classes sociales, les partis, les frontières géographiques, et ça, ça m’a toujours passionnée.

Pourquoi De Gaulle ?
«a fait très longtemps que je m'intéresse au général De Gaulle parce qu'à mes débuts de journaliste, on m'avait demandé une étude, et à l'époque le Général de Gaulle était encore en vie, mais pour moi c’était un vieux monsieur, je n’avais pas d’intérêt particulier excepté bien sûr ce qu'on m’avait raconté. On aspirait à autre chose. D’ailleurs les Français, par un grand mouvement d’ingratitude, le lui ont fait savoir.
On m'avait demandé des recherches sur ses discours et ses grands thèmes, et en lisant ses écrits, j’ai trouvé ça passionnant. D’abord, j'ai trouvé que c'était un grand écrivain, ce que je ne savais pas, et j’ai découvert à la fois une vision, une sensibilité.

Donc c’était resté un sujet d'intérêt mais en arrière plan, car entre temps j'ai fait une carrière de journaliste, j’ai fait beaucoup de choses, je me suis intéressée à la médecine, à la culture, aux femmes… et puis à la politique française. J'ai écrit " le Journal intime de Jacques Chirac ", un livre sur l’hôpital (car j'ai connu une expérience hospitalière à la suite un accident) et deux romans, donc des choses assez diverses.
Et pourquoi de Gaulle en fin de compte, pourquoi je le retrouve, si je puis dire ? Parce qu'il y a un an, son petit-fils aîné qui s'appelle Charles comme lui – c'est une tradition dans la famille – a rallié Le Penn pour la campagne européenne. Alors, à ce moment-là, tous les cousins et frères de la même génération ont lancé un appel public en disant qu’il n'avait pas le droit de salir le nom du général. Et je me suis aperçue que tous ces gens étaient totalement inconnus et qu’ils s’imposaient un devoir de réserve extrêmement rigoureux qui existait déjà du temps du général qui n’entendait pas que quiconque puissent se prévaloir de lui et émettre un jugement en son nom.

À cette occasion, ses cousins, ses neveux ont accepté de m’ouvrir leur porte car ils étaient scandalisés que cette seule image de la famille soit une image donnée par Charles (le petit) et voulait montrer que la famille de Gaulle, c’était autre chose.
J’ai fait une grosse enquête qui m'a passionnée, parce qu’il y avait beaucoup de très beaux personnages ; je pense notamment aux personnages de femmes.

Y a-t-il un homme (femme) politique où autre sur lequel ou laquelle vous aimeriez écrire.
Je n’en ai pas trouvé encore. J'ai écrit sur Jaques Chirac et sur François Mitterrand. Et, écrire, c’est passer deux ans avec quelqu’un. Il y a quelquefois des personnages dont l’itinéraire est passionnant, et puis quand on commence à creuser, on se dit qu’on n'a pas envie de passer deux ans avec lui. Je cherche parce que j'aime beaucoup ce métier de biographe qui consiste à épouser un personnage, à essayer de comprendre ses réactions, sa sensibilité, et puis dans un deuxième temps, on prend du recul pour écrire car on ne fait pas " Saint de Gaulle " ou " Sainte famille de Gaulle ".

Si vous pouviez passer une soirée avec une personnalité quelle serait-elle ?
Une soirée c'est différent. Moi c’est plutôt des artistes ou des écrivains que les hommes politiques. Et la plupart des gens avec qui j’aurais voulu passer une soirée, je les ai rencontrés. La chance de mon métier c’est que quand on a envie de rencontrer quelqu’un, on décroche son téléphone. Mais j’aurais quand même aimé rencontrer de Gaulle…

Quel est votre écrivain préféré ?
Il y en a beaucoup parce que je lis beaucoup et plusieurs livres en même temps. Par exemple " les Mémoires d’outre-tombe " de Chateaubriand que j'adore lire par petits morceaux parce que je le trouve merveilleux, et en ce moment j’aime beaucoup Amélie Nothomb.

Je trouve la littérature asiatique très fine et pointilliste, avec plein de détails qui paraissent très insignifiants, et puis tout d'un coup, on s'aperçoit que tout avait un sens, que rien n'était gratuit. En même temps, c'est d'une sobriété et d'une construction impeccable. Des auteurs comme Yasuchi, Kawabata…

J’aime aussi beaucoup les écrivains d’Amérique latine que je trouve extrêmement généreux et charnels.

Et puis il y a aussi des ouvrages historiques et biographiques quand c’est bien écrit et que l’auteur se met bien dans la peau du personnage…

La magie de l’écriture fait qu'on peut se trouver proche de quelqu'un de l'Antiquité, de la Renaissance, alors qu’on n'avait rien de commun… C'est la merveille de l'écriture ; tout à coup, on a l’impression d'être frère et sÏur, d'être proche de gens qui sont si lointains dans le temps, dans l'espace ; c’est vraiment magnifique quand on réussit ça !

Quand vous lisez, y a-t-il un moment (vacances, soir, week-end…) et un lieu (bain, fauteuil, tapis, plage.) que vous favorisiez particulièrement ?
Je lis partout, plusieurs livres en même temps. Le matin, le soir et beaucoup dans les moyens de transport : dans le bus, le métro, mais surtout dans le train.
C’est d’ailleurs pour ça que j'aime prendre le train.

Quel est le dernier livre que vous avez lu ? Qu'en avez-vous pensé ?
" Dans ces bras-là " que j’ai beaucoup aimé.

Quels sont les ingrédients indispensables selon vous pour qu’un livre vous séduise ?
‚a dépend, mais si c'est trop mal écrit, ça me gêne. Je suis quand même sensible à une certaine fluidité de l’écriture ; on n’a pas à obliger le lecteur à un effort de compréhension. Par exemple, je n'ai pas pu lire " Baise moi ". J'ai essayé, mais honnêtement, ça m'est tombé des mains, c’est peut-être ringard… Mais tant pis.

Les ingrédients, ça relève vraiment de la magie. C’est très mystérieux les livres. On peut tomber à un moment ou ça intéresse les gens, ou au contraire pas du tout. Parfois c’est à une semaine près. Tout est une question de moment, si on est en correspondance avec leurs émotions, leurs attentes, leurs intérêts. Et ce n’est pas forcément votre meilleur livre qui se vend le mieux, c'est quelquefois le moins bon. Et puis il y a des livres que vous lisez une première fois et qui ne vous touchent pas, et puis 10 ans après ils vous touchent.


Donnez le titre d’un livre qu’on pourrait critiquer sur le site ?
Il y a des livres que vous ne pouvez pas ne pas avoir
J'espère que vous avez & ou aurez – La montagne de Kawabata, Georges Amado, les Virginia Woolf, les Collette… c'est infini.


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