Justine Levy par Sirocco, le 13 avril 2004

Justine Lévy a 29 ans. Elle est la fille de Bernard-Henri Lévy et publie un deuxième roman après le Rendez-vous (Plon, 1995).

Votre livre est il autobiographique ?

Bien sûr, il est tout a fait autobiographique. Je parle de choses que je connais et je fais plus partie des gens qui écrivent sur des choses intimes que de ceux qui font des choses purement imaginaires. Ce n’est pas une autobiographie même déguisée, ce n’est pas une confession. J’ai fait tout un effort de re-création, de roman.

Votre vie privée a-t-elle été médiatisée avant ou après la parution de votre livre?

Quand j’ai commencé à écrire et que je me suis rendu compte ou j’allais, je me suis dis que les gens de mon quartier allaient sans doute ricaner en me voyant passer dans la rue, mais je n’ai vraiment pas pensé que tout ça sortirait de ce cercle et que ce serait public. C’est une certaine presse qui a mis des noms sur les personnages du roman et ça a fait beaucoup d’histoires.

Quelles ont été les réactions de votre entourage ?

Tout c’est bien passé avec mon ex-mari qui trouvait le livre bien écrit, violent, mais qui s’attendait à pire. On s’est expliqué. Ensuite les journaux ont repris l’histoire et mis des projecteurs sur certaines choses et tout a pris des proportions bizarres mais bon rien de grave…

Toute cette médiatisation qui n’était donc pas désirée, vous sert-elle pour la vente de votre livre ou au contraire vous dé-crédiblilise-t-elle en tant qu’écrivain ?

Ca me sert très certainement pour les ventes du livre mais ça me dessert humainement. De plus, si les gens achètent le livre en espérant voir de l’ info croustillante sur Carla Bruni, ils vont être déçus car il n’y en a pas. Par exemple, quand je parle de chirurgie esthétique, c’est parce que ça m’intéresse, cette possibilité de choisir son visage sur un ordinateur, c’est quelque chose qui me fascine romanesquement.

On sent dans quelques passages du livre, certains règlements de compte !

Bien sûr qu’il y en a, mais ça sert aussi à ça la littérature en général. J’aimerai juste qu’on prenne un peu de distance avec les personnages réels car ils sont quand même très fantasmés dans le roman. Ce sont des règlements de compte avec les autres, avec moi, avec ma faiblesse, avec plein de choses de moi que je déteste et que je mets en avant dans le livre. Je n’ai pas pris de poses avantageuses pour moi. Et puis ce qui m’intéresse, ce ne sont pas les bons sentiments, je n’aurais pas pu écrire deux lignes sur les bons sentiments. J’aime bien les grimaces, les plaies, les failles, les vices, les mensonges, là ou ça gratte… En revanche, ce qui me fait de la peine c’est d’en faire aux autres de manière détournée. De pas être responsable réellement de ce que j’envoie aux visages des gens et j’aime bien être à l’origine des choses.

Ce livre a t-il eu pour vous l’effet d’une thérapie ?

Je n'avais pas envie d’écrire pour écrire et de publier un roman de plus pour la rentrée littéraire, j’avais également beaucoup de réserve. Mais sûrement que ce livre m’a aidé a ne pas avoir vécu tout ça pour rien, à faire quelque chose de tout ça, et à le transformer. C’était sans doute une manière de donner une cohérence à quelque chose qui me dépassait. Parce que la vie de tous les jours, elle vous file entre les doigts, vous ne la comprenez pas. Alors que dans les romans, on maîtrise chaque virgule, on a l’illusion d’être tout puissant. C’est comme une régénération de ce que j’ai vécu, prendre du recul et en faire autre chose.

Votre premier roman est paru il y a 9 ans; était t-il aussi autobiographique que \'Rien de grave\', et pourquoi avoir attendu si longtemps pour vous remettre à écrire?

" Le Rendez-vous " était aussi auto biographique que celui ci. Je n‘ai pas écrit pendant ce laps de temps car j’ai été lectrice dans des maisons d’édition et ça éponge un peu l’envie d’écrire lorsqu'on lit toute la journée; c’est comme un déplacement. J’avais envie d’écrire mais je trompais ma faim en lisant. Mais après un moment l’appétit se creuse quand même et il faut s’y remettre. Et puis, le fait d’être la fille de BHL, (beaucoup de gens, parce qu’ils ont un nom, se sentent obligés d’écrire) et comme j’étais dans l’édition, je voyais bien qu’il y avait 700 romans en septembre, 700 en Janvier, c’est énorme ! Je n’avais pas envie de rajouter ma pierre à ce processus. Je n’avais pas envie d’écrire un livre qui ne m’était pas nécessaire et voulu.

L’écriture restera-t-elle chez vous quelque chose de ponctuel ou peut-être avez-vous déjà des projets de roman ?

Je vais essayer d’aller plus vite car j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à écrire. Il y a des scènes qui sont purement imaginaires et je me suis rendu compte que j’étais capable d’imagination.

Quels sont vos écrivains favoris

J’adore Aurélien d’Aragon, Mikhaïl Boulgakov, Francis Scott Fitzgerald… c’est difficile à dire comme ça…

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