Yann Apperry par L'équipe de CritiquesLibres.com, le 5 février 2001

Yann Apperry est né en 1972 à Paris. Il a été pensionnaire de la Villa Médicis et lauréat des Fondations Hachette et Beaumarchais. En 1997, il publie son premier roman " Qui vive ", aux .ditions de Minuit.



La musique occupe une place de choix dans votre roman. Vous écrivez également des livrets d'opéra. Pensez-vous que la musique ajoute une dimension à l’expression des sentiments ?

Ah, complètement. Et ce qui est terrible, c'est que la littérature et les mots sont toujours à la traîne. Pas toujours, mais pour parvenir à exprimer en littérature ce qui est exprimé dans une musique, il faut être un sorcier de l’ambiguïté. Il faut être capable de décrire par exemple une scène ou une situation qui soit tellement ambivalente qu’elle touche à la liberté émotionnelle que procure la musique. Puisqu'un passage musical, une musique vraiment très, très forte, elle te donne ça. Elle absorbe aussi bien ta gaieté que ta tristesse. Elle est extraordinairement ambigu‘. Mais c’est son mouvement naturel. Elle accepte beaucoup plus, elle est beaucoup plus ouverte. Les mots ont beaucoup plus tendance à refermer qu'à ouvrir. Donc, l'apprentissage, l’écoute ou la fréquentation de la musique, c’est la grande école de l'ambiguïté. Dans ce sens-là, cela ajoute une dimension supplémentaire à l’écriture. Si l'écriture recherche cette ouverture-là.

Aimeriez-vous composer une sorte de " livre musical ", accompagné d'une bande-son ?
Mon rêve, mon rêve… D'ailleurs, un des rêves associés à l'écriture de ce roman-là c'était que l'on sorte un disque avec. Mais c'était irréalisable. De toute façon, de la façon dont on l'envisageait, il fallait un budget colossal. Le problème avec Massimo, c'est que souvent il veut des projets colossaux pour faire ses trucs. Mais bon,. c’est en neuf chapitres. Je pensais à neuf thèmes. À chaque chapitre aurait correspondu un thème. Cela aurait été extraordinaire ! J'aimerais bien à l'avenir réussir à faire ça. Une forme hybride : livre-disque.

Quels sont vos rapports avec la littérature ?
C’est vague comme question. Passons-la.

Quels sont vos écrivains préférés ?
Je peux en donner quelques-uns en vrac. Ils n'ont pas grand rapport les uns avec les autres. Pessoa, c’est un poète que j'adore. De même que Nabokov, Thomas Bernhard ou Peggy, qui en est très proche. Ou Melville.

Votre roman est intemporel. Il est loin des romans qu'on lit actuellement et qui décrivent la vie telle qu’elle est. Quel genre de littérature préférez-vous ?
Je n’en ai pas. Du tout. De toutes les manières, je pense que parler de genre de littérature c’est une contradiction dans les termes. Cela n’existe pas. Il n'y a pas de genre de littérature, il y a de grands auteurs qui font de grands livres et qui sont inclassables. Et puis d'autres productions qui sont plus classables. Et par le fait qu’elles deviennent classables, elles ne sont plus intéressantes.

Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ?
Un rapport un peu spécial que je sentais avec les mots et que très naturellement j'ai voulu approfondir ou creuser. Mais un peu comme on se rend compte qu'on est bon en tennis et qu’on se dit " Tiens, je vais continuer ". la prise de conscience d'un rapport un peu magique avec les mots.

Le séjour que vous avez effectué à la Villa Médicis a-t-il influencé ce rapport ?
Non, mais il lui a permis de se creuser et de s’approfondir puisque je n'ai jamais été plus libre et plus tranquille, plus libre de mon temps que là-bas. J’ai sûrement gagné beaucoup de temps puisque je n'avais aucune autre préoccupation que celle de l'écriture. Enfin, tu n'as aucune préoccupation.

.crivez-vous en écoutant de la musique ?
Pas systématiquement. Et de moins en moins, à vrai dire. ‚a dépend.

Y a-t-il un livre que vous aimeriez voir critiquer Critiqueslibres.com ?
Oui, mais il faut que vous le trouviez, c’est un livre de Caroline Girard qui s’appelle " La mort arc-en-ciel ", publié chez Laure Mauguin. C’est un premier roman de toute splendeur.

Quels sont vos projets ? ?
Je suis un petit peu en attente de ce que va me raconter Massimo. On est en train d'essayer de réunir " All Stars Band ", un orchestre magnifique, en avril. On va faire une espèce de concert-spectacle. Et puis, on a d'autres projets musicaux, pour la radio notamment.


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