Le Chant des Stryges, saison 1, tome 1 : Ombres de Eric Corbeyran (Scénario), Richard Guérineau (Dessin)

Le Chant des Stryges, saison 1, tome 1 : Ombres de Eric Corbeyran (Scénario), Richard Guérineau (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Sci-fi & fantastique

Critiqué par Shelton, le 10 septembre 2005 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 5 891  (depuis Novembre 2007)

Un ange passe... mais il est noir !

Bienvenus dans le monde étonnant des Stryges de Guérineau et Corbeyran… Je le dis d’autant plus que votre arrivée risque de ne pas passer inaperçue, les stryges possédant des sens hors normes…
Mais qu’est-ce qu’un stryge ? Ne vous inquiétez pas, moi non plus je ne savais pas ce que c’était avant de rencontrer mon premier. Le dictionnaire nous aide dans notre quête en précisant qu’il s’agit là d’un esprit nocturne et malfaisant qui peut-être la métamorphose d’un être humain, vivant ou mort, dans les légendes orientales. D’ailleurs il suffit de laisser la parole au docteur Mélinda Chapman lors de son autopsie d’un véritable stryge… car des médecins qui en ont autopsié, il n’y en a pas des milliers :
« La taille du sujet dépasse largement la moyenne. De son vivant, nous estimons qu’elle avoisinait les 3 mètres… Outre sa taille, d’autres anomalies ont été constatées : deux excroissances dorsales de type osseux et une dentition anormalement fournie… Il s’agit d’une créature humanoïde de type non humain. » Voilà qui règle l’aspect physique. S’il avait été vivant lors de l’examen clinique, on aurait pu décrire ses ailes… mais il était dans un tel état lors de l’autopsie… D’ailleurs, il nous faut retourner à notre histoire pour que vous puissiez comprendre comment on en est arrivé à cette situation délicate pour ce stryge… mais aussi pour Mélinda.
Tout commence en 1997, dans l’état du Nouveau Mexique, lorsqu’une tentative d’assassinat contre le président des Etats-Unis vient surprendre le responsable de la sécurité présidentielle dans ses certitudes et le retrouve au chômage avec la honte du travail mal fait, ce qui dans ce domaine est d’une gravité totale… Mais Nivek ne veut pas en rester là, il veut comprendre ce qui s’est passé, qui est en train de bouleverser sa vie, qui est l’instigateur de cette tentative avortée…
Vous vous dites que nous sommes bien loin de nos stryges mais dans cette série, ne vous attendez pas à voir des créatures diaboliques, mystérieuses et fantastiques à toutes les pages. Eric Corbeyran et Richard Guérineau cherchent avant toute chose à raconter une histoire qui tienne le route. Un attentat, une grosse machination, plusieurs clans dont certains sont très obscurs et utilisent des personnes pour le moins atypiques, voir plus encore…
Et question mystère, ils ne vont pas se gêner… Un être étrange est retrouvé mort sur place d’où cette autopsie dont nous avons déjà parlé… Un médecin qui disparaît avec le cadavre de façon imprévue, le Pentagone et la Maison Blanche qui cherche à verrouiller toute l’affaire en faisant disparaître le dossier… et tous ceux qui l’ont approché…
Ce premier album d’une série qui en comptera au total 18 quand elle sera achevée, permet aux auteurs de mettre en place un grand nombre des personnages que l’on va retrouver au fur et à mesure : Kévin Nivek, ancien responsable de la sécurité du président qui est amoureux du docteur Mélinda Chapman et qui sera toujours ballotté entre deux combats, celui pour son honneur et le triomphe bien, celui pour le retour de sa bien aimée à la raison et dans ses bras… Mélinda Chapman, médecin légiste du Pentagone qui a connu l’expérience dramatique de la rencontre avec un stryge et qui en paye le prix fort… L’Ombre, la mystérieuse femme qui est sur place au départ de l’histoire, qui semble sauver la vie du président, mais qui, en fait, est certainement une véritable tueuse, une professionnelle… et pourtant elle semble dans le camp des gentils, des bons, des honnêtes…
Au niveau graphique, au plus exactement de la narration graphique, cet album commence de façon assez classique. Un trait qui transmet une bonne sensation de réalité avec des bonnes expressions de visages dans les combats, les rencontres… Mais très rapidement, on sent que Richard Guérineau a le talent des huis clos. Je trouve qu’il est bien meilleur quand Mélinda et Kevin se retrouve au restaurant que lorsque l’Ombre et Nivek s’échappe de la base en hélicoptère et cette tendance va se confirmer de page en page, les plus belles séquences sont en intérieur… Voilà pourquoi j’ai aime plus particulièrement le dialogue entre Nivek et Joshua, dans une maison où j’aimerais aller vivre dès maintenant, le retour de Mélinda à la morgue, et ce moment spécialement réussi de la première rencontre entre l’Ombre et Kévin…
Mais un message final vient nous mettre en haleine pour la suite de la série : « Le chant des stryges est une menace, ne l’écoutez pas ! » et pourtant je vous conseille d’aller le lire, de succomber au charme d’Eric Corbeyran, un très grand raconteur d’histoires…

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