Le Jourde & Naulleau : Précis de littérature du XXIe siècle de Pierre Jourde, Éric Naulleau

Le Jourde & Naulleau : Précis de littérature du XXIe siècle de Pierre Jourde, Éric Naulleau

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Sahkti, le 12 août 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 104ème position).
Visites : 6 270  (depuis Novembre 2007)

Que celui qui n'a jamais péché...

Pierre Jourde et Eric Naulleau revisitent et corrigent le Lagarde & Michard, dans un pastiche qui dresse un portrait caustique sans être vraiment méchant de onze écrivains médiatisés : Madeleine Chapsal, Guillaume Dustan, Marie Darrieussecq, Emmanuelle Bernheim, Alexandre Jardin, Camille Laurens, Bernard-Henri Lévy, Philippe Labro, Christine Angot, Philippe Sollers et Dominique de Villepin.

Jourde et Naulleau sont deux amis qui fustigent le monde littéraire actuel et ont déjà publié "La Littérature sans estomac" et "Petit déjeuner chez Tyrannie" (un régal!).
Une constatation à la lecture de ces trois ouvrages: ils sont amusants, d'une parfaite mauvaise foi et n'y vont pas par quatre chemins pour dire ce qu'ils pensent. Le procédé se discute un peu, on sent parfois la complaisance ou l'attaque volontairement gratuite mais ça fait du bien aux zygomates et c'est un joli coup de pied là où il faut.

Jourde et Naulleau se répètent un peu au fil de leurs bouquins, mais il n’empêche qu’ils ont l’art de taper dans le mille et de mettre le doigt non pas là où ça fait mal mais là où ça sonne vrai. Car, qu’on aime ou non les auteurs qu’ils dénigrent, force est de reconnaître que leurs petits défauts épinglés ne sont que juste vérité.
Pour avoir lu tout Bernheim, je n’ai pu qu’acquiescer et sourire, leur pastiche est succulent et à peu de choses près, on s’y croirait. Sur Dustan je ne m’étendrai même pas, j’ai ri autant en les lisant que ce que je peux bailler en le lisant lui.
Je concède volontiers à Jourde et Naulleau le talent de dénoncer des faits ou de brocarder leurs pairs. Et je ne suis pas dupe sur la marchandise, ils le font avec l’accord tacite des victimes, même si ces écrivains outrés se répandent en "How shocking!" dans la presse toute heureuse d’avoir un mini-scandale à se mettre sous la dent. Car c’est beaucoup de bruit pour pas grand chose, du côté des auteurs comme du côté des croqués. C’est comme les Guignols, quand on voit sa marionnette on trouve ça nul mais au fond de soi on est vachement fier de la reconnaissance inhérente à l’artifice.
Quant à ceux qui les fustigent violemment (la plupart du temps les auteurs incriminés, surtout Sollers, ou alors l'infâme critique littéraire Savigneau), la meilleure réponse à la bêtise devrait dans ce cas être l’indifférence, l’humilité n’a jamais tué personne. Avoir la certitude d’être intelligent, aimé, respecté, suffisamment savant pour se permettre de porter des jugements ou donner des conseils ordonnés, c’est faire preuve d’un égocentrisme qui justifie amplement les attaques dont ils sont victimes, toutes lourdes ou répétitives fussent-elles.

A part ça, il est évident que Naulleau et Jourde ont trouvé le bon filon mais pourquoi se gâcheraient-ils le plaisir de s’amuser et d’être lus alors que tant d’autres le font bien plus médiocrement encore. Quand il m’arrive par erreur de regarder Campus, je me dis qu’on a vendu la littérature à des Fogiel-Ardisson et que ça devient du cinéma plus qu’autre chose. Un petit chatouillis de temps en temps n’a jamais tué personne et ne peut avoir, pour les personnes concernées, que le mérite de les remettre un peu à leur place. Sinon, en cas d’indigestion ou de prise de méninges à répétition, une seule recette, passer son chemin.

Certains ont reproché à Naulleau et Jourde leur copinage.
A force de lire ci et là qu’untel et unetelle font ceci et cela, je me dis qu’il serait bien plus constructif de mettre en avant les véritables indépendants, ceux qui ne copinent avec personne, plutôt que dénoncer ceux qui fricotent avec les autres. Mais ça doit devenir denrée rare, n’est-il pas ? Donc on se rabat sur ce qui existe et si je considère le bouquin de Naulleau et Jourde avec un certain recul, je me dis, tout de même, que le contenu ressemble beaucoup au milieu actuel de copinage littéraire et éditorial.
Des mariages arrangés et bidons que Jourde et Naulleau dénoncent depuis leur premier ouvrage, mais il faut croire que leur précédent message n’était pas bien passé au vu des mariages et alliances diverses entre auteurs et éditeurs. De quoi leur donner, peut-être, l’envie de recommencer.

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Les éditions

  • Le Jourde & Naulleau [Texte imprimé], précis de littérature du XXIe siècle Pierre Jourde, Éric Naulleau
    de Jourde, Pierre Naulleau, Éric
    Mots et Cie / Mots & Cie.
    ISBN : 9782913588547 ; 13,50 € ; 19/02/2004 ; 120 p. ; Broché
  • Le Jourde & Naulleau [Texte imprimé], précis de littérature du XXIe siècle Pierre Jourde & Éric Naulleau
    de Jourde, Pierre Naulleau, Éric
    Points / Points (Paris)
    ISBN : 9782757856444 ; EUR 7,80 ; 13/10/2016 ; 408 p. ; Poche
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HILARANT !

10 étoiles

Critique de Blue Cat (, Inscrite le 4 septembre 2018, 59 ans) - 23 décembre 2018

Cette suite de critiques littéraires, sur l'air du vieux 'Lagarde & Michard', est tout simplement hilarant. Il m'est arrivé très rarement de rire aux éclats en lisant, mais là, j'étais en larmes de rire.

Nos deux auteurs, affreux, sales et méchants, massacrent avec grand talent et application les auteurs en vue. Mais attention, le dénominateur commun de leurs 'victimes' est de se prendre vraiment très, très au sérieux.

A l'heure où la parole est fortement muselée dans les médias classiques, ce livre fait un bien fou. Comment résister au déboulonnage en règle de Sollers, de BHL, de Labro et autre Angot.

Pour Churchill, l'absence d'auto-dérision était le crime suprême. Nos deux auteurs sont Churchilliens en diable. J'adore !

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