L'adieu au roi de Pierre Schoendoerffer

L'adieu au roi de Pierre Schoendoerffer

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Karl glogauer, le 19 mai 2004 (Inscrit le 17 mai 2004, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 481ème position).
Visites : 5 746  (depuis Novembre 2007)

un grand livre; prix interallié 1969

laissons de côté la polémique avec KIPLING.
avec en toile de fond l'infiltration d'une tribu indigène de Bornéo durant la seconde guerre mondiale, l'adieu au roi traite avant tout de liberté, d’humanité, et d'honneur.
un livre fort et direct, qui vous possède comme un témoignage, émaillé de perles telle "la vie est un cimetière de rêves"......
il me semble cependant plus directement destiné à une audience masculine

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Chef d'oeuvre

10 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 41 ans) - 24 juin 2021

Les romans qui, dès la première lecture, vous marquent, vous embarquent ailleurs, que vous ne parvenez pas à lâcher avant qu'ils ne soient finis (et peu importe s'ils font 1000 pages, même si, ici, c'est nettement plus court), et dont vous savez très bien que des lectures de ce livre, il y en aura plein d'autres, ce genre de romans, c'est peu fréquent.
Je peux en citer 10 (en fait, je pourrais personnellement en citer plus que 10, mais je me restreins à ce chiffre) : "A Rebours" de Huysmans, "L'Orange mécanique" de Burgess, "Le roi des Aulnes" de Tournier, "1984" d'Orwell, "Le jardin des supplices" de Mirbeau, "Lettres de mon moulin" de Daudet, "Le Seigneur des Anneaux" de Tolkien, "Ubik" de K. Dick, "L'oeuvre au noir" de Yourcenar et, donc, cet "Adieu au Roi" de Schoendoerffer, paru en 1969, et dont il est dit, au verso de la réédition Grasset de 1978 que je possède, "un roman inoubliable comme il n'en existe qu'un par décennie" (je suis totalement d'accord).
Certes, ça ressemble à s'y méprendre à du Kipling ("L'homme qui voulut être roi") teinté de Conrad ("Au coeur des ténèbres"), mais vu le sujet, ces deux références étaient inévitables, et Schoendoerffer réussit un roman passionnant. L'adaptation cinéma par (réalisation et scénario adapté) ce grand défenseur de la paix (ironie) qu'est John Milius est très bien, même si ça fait longtemps que je ne l'ai pas revue (passe rarement à la TV).
Le roman, lui, est sensationnel. Le meilleur de l'auteur.

Un royaume dans la jungle de Bornéo

6 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 46 ans) - 20 mai 2019

Fin 1944, lors de la reconquête du Pacifique Nord par McArthur, le flanc gauche de l’attaque doit être sécurisé, et ce flanc gauche est en partie tenu par l’immense île de Bornéo. Le narrateur de ce roman est largué en territoire murut au Nord de l’ile afin de soulever les populations locales et contraindre les mouvements japonais.
Là, il tombe sous la férule de Learoyd, un sergent anglais naufragé qui est parvenu à s’attacher la confiance des tribus locales et fonder un royaume. Naturellement, les deux hommes font alliance pour combattre l’occupant nippon responsable de représailles envers les Muruts. Actions de guérilla, harcèlement des positions japonaises dans le secteur, piégeage d’itinéraire, les opérations sont un succès et bientôt les Australiens débarquent pour chasser définitivement l’occupant. Commence alors une traque sans pitié des derniers groupes de combat fidèles à l’Empereur. Dès lors, la bataille est gagnée et se pose la question de la pérennité du royaume de Learoyd. Fergusson, le patron des Forces Spéciales de la région exige qu’il se rende : un élément de cette trempe va sûrement à l’encontre de l’ordre établi, il doit disparaître !
J’ai été un peu déçu par ce roman de Schoendoerffer… bien entendu, l’auteur du Crabe-tambour, magnifique cinéaste, garde sa puissance d’évocation, la fin du roman notamment, en révélant les conditions de la retraite des bribes de troupes japonaises au travers la jungle de Bornéo est particulièrement édifiante. Pourtant, le récit m’a semblé déjà lu. Sans doute que le film « apocalypse now » de Coppola fait naître ce sentiment de déjà-lu/déjà-vu… Par ailleurs, la fin est très peu morale : le narrateur, qui s’est servi de Learoyd afin de chasser les Japonais du Nord-Bornéo, l’abandonne sans aucun état d’âme ou presque... real politik qui parcourt les Etats occidentaux au cours de l’ensemble du XXe siècle : Anglais avec les Muruts, Français avec les Harkis, Américains et leur alliés montagnards vietnamiens : toujours, les hommes de cœur sont trahis par ceux qu’ils servent, ce livre se conclut ainsi et laisse un goût amer en bouche.

Le royaume de Learoyd

9 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 13 juin 2013

Remarquable roman relatant l’extraordinaire aventure d’un officier de l’armée américaine d’origine irlandaise qui, au cours de la Seconde Guerre mondiale, est parachuté sur l’île de Bornéo et choisit de déserter et de s’enfoncer seul dans la jungle touffue afin d’y fonder son propre royaume, régnant ainsi sur une armée de Muruts baptisée « Les Comanches » par leur chef. L’homme relativement jeune car âgé de vingt-six ans, se choisit une épouse parmi les indigènes qui lui donne un fils. Le narrateur, officier de l'armée britannique et botaniste de profession, est lui aussi parachuté sur l’île quelques années plus tard afin d’aider les alliés à repousser les Japonais et les expulser de Bornéo. Il doit pour cela gagner la confiance de Learoyd et obtenir sa coopération ainsi que celle de ses « Comanches ». Mais qu’adviendra-t-il du royaume de Learoyd lorsque la guerre sera terminée et que l’Angleterre n’aura plus besoin de ses services ?

Ce roman nous transporte au cœur de la jungle et le style de l’auteur privilégie les descriptions détaillées des conditions de vie inhumaines que doivent affronter les combattants japonais et leurs ennemis. Le personnage de Learoyd est fascinant. Il ne va pas sans rappeler l’officier fou rencontré dans l’excellent film de Francis Ford Coppola "Apocalypse Now". Les deux histoires comportent des similitudes étonnantes. L’écriture de Pierre Schoendoerffer est dense, émaillée de considérations philosophiques et les descriptions de morts et de blessures sont parfois si atroces qu’elles soulèvent le cœur.

Ce livre doit-il être considéré comme un chef-d’œuvre du genre ? Je le crois sincèrement car je suis impressionnée devant tant de talent et de puissance d’évocation. La narration est un souffle brûlant qui laisse la gorge sèche et bouleverse l’âme. La condition humaine est étalée dans toute sa vulnérabilité et son atroce réalité. Les horreurs vécues réveillent chez les hommes l’instinct animal enfoui au plus profond d’eux-mêmes. Ils sont réduits à l’état de bêtes uniquement préoccupées par leur survie. Puissant !

« La vie originelle qui engendre la mort, l’ovulation, la fécondation, l’éclosion, la fermentation perpétuelles. Un fouillis de lianes juteuses, de sève, de feuilles baveuses, d’écorces gluantes, de tentacules caoutchouteuses hérissées d’épines. Un air chaud et fiévreux, verdâtre, saturé d’odeurs qui soulèvent le cœur, croupissant comme une eau morte sous la chape des grands arbres pétrifiés. La vie et la mort enlacées dans une copulation furieuse, répugnante. La vie et la mort et la vie et la… Un embrassement tragique. La Vie ! Comment ne pas être épouvanté ?... »

Audience féminine aussi

9 étoiles

Critique de Aline&& (, Inscrite le 8 juin 2007, 35 ans) - 12 juin 2007

Bien que faisant partie de l'audience "féminine" j'ai adoré ce livre qui reste sans aucun doute l'un des plus beaux que j'ai lu.
Enfin je disais pas ça pas pur féminisme non non non!^^ mais pour que des femmes lisant la critique principale ne passent pas à côté de ce magnifique livre.

la liberté ! pour quoi faire ?

9 étoiles

Critique de Julius (, Inscrit le 24 novembre 2004, 50 ans) - 13 avril 2005

"Au début, bien sûr, je voulais lui voler son royaume. Ha ! Ha ! Ha ! Voler quoi ? Je vous le demande ? Il n'y avait rien . Du vent et de la pluie ... Rien à voler n'est-ce pas ? Et pourtant c'était un beau royaume ..."

Une phrase suffit

9 étoiles

Critique de Bertrand (, Inscrit le 22 mai 2004, 50 ans) - 22 mai 2004

"A quoi sert d'être brave face à la mort si l'on a été lâche face à la vie ?"

les préférences des lectrices...

8 étoiles

Critique de Folfaerie (, Inscrite le 4 novembre 2002, 55 ans) - 19 mai 2004

...pourraient fournir matière à discussion. Je tiens en tout cas à dissiper cette impression qui donne une "étiquette" masculine à l'adieu au roi. Je n'ai pas encore lu ce bouquin, mais j'avais grandement apprécié le film qui en avait été tiré en 88 par john Millius, avec l'excellent Nick Nolte. A la lecture du résumé sur Amazon, il ne me semble pas que le film ait trahi le roman, je peux donc m'appuyer sur lui pour juger du livre. Tout comme je suis une grande fan de Kipling qui, lui aussi hélas, est souvent "adjugé" aux lecteurs masculins. Il n'y a donc pas de raison que les femmes boudent cet "Adieu au roi".

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