La Seconde guerre mondiale de Antony Beevor

La Seconde guerre mondiale de Antony Beevor
(The Second world war)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 11 août 2014 (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 898ème position).
Visites : 4 170 

Plus jamais ça ?

C'est un livre monumental et long à lire (1004 pages en petits caractères) mais toujours extraordinairement intéressant. Il raconte tout ce qui s'est passé durant la seconde guerre mondiale. On a parfois pu lire le récit détaillé d'une bataille, par exemple : le siège de Stalingrad ou le débarquement de Normandie... mais ici, ce sont tous les événements de la guerre qui sont racontés par le menu et d'une manière chronologique.

On se rend compte à quel point c'est le monde entier qui est entré en ébullition durant ces quelques années. Nous avons souvent l'impression que la guerre s'est passée en Europe et en Russie. Mais une guerre fabuleusement féroce sévissait, en même temps, dans le Pacifique, contre le Japon, qui s'était mis en tête de conquérir toute l'Asie, y compris la Chine.

Le livre détaille plusieurs épisodes moins connus, tels que la destruction de la Pologne, la guerre en Birmanie, le débarquement catastrophique en Sicile et en Italie, les destructions rageuses de tant de villes, comme Budapest et Varsovie, qui furent entièrement rasées après une résistance désespérée des habitants. Ou encore la terrible bataille d'Aix-la-Chapelle en décembre 44 ; cette ville était considérée par Hitler comme la ville sacrée du Reich parce que berceau de Charlemagne ; tous les habitants avaient reçu l'ordre, de Hitler en personne, de se suicider après avoir tué au moins un Américain... et ils l'ont fait ! Six mois avant la fin de la guerre, que les Allemands savaient perdue pour eux ! Quarante mille soldats américains y ont trouvé la mort !
Et puis on apprend les projets de Staline, d’hégémonie sur toute l'Europe, avec, semble-t-il, l'accord tacite de Roosevelt ; ça donne le frisson, quand on réalise à quel point on a frôlé la catastrophe ! Ce n'est que le prétendu assassinat de Roosevelt, juste à la fin de la guerre qui, selon l'auteur, aurait convaincu Staline de renoncer à ses prétentions...

Parfois, et même souvent, l'auteur ne fait pas de commentaire sur ce qu'il raconte mais il nous lit la lettre d'un soldat ; et alors, l'atrocité de la guerre devient palpable et vous met les larmes aux yeux.
Je ne voudrais pas énumérer ici les choses abominables que l'auteur rapporte dans son livre, comme les nombreux cas de cannibalisme ; mais la palme du raffinement dans la cruauté revient certainement aux Japonais. Ce que ces hommes, qui se croyaient d'une race supérieure, ont pu infliger à d'autres hommes est tout simplement inimaginable.

Il y eut soixante millions de mort dans cette guerre ! Mais quand on lit les erreurs des chefs de guerre, leur imbécillité à répétition, leur entêtement à se croire infaillibles, leur vanité, leurs rivalités... on se demande comment il n'y en eut pas le double !
L'auteur fait toujours un bref portrait psychologique des généraux et officiers et beaucoup en prennent pour leur grade – c'est le cas de le dire ! Même les Mac Arthur et autres Patton, qui sont des gloires nationales aux États Unis, et même des personnages que nous avons placés sur un piédestal, comme Churchill et Roosevelt sont souvent présentés, comme de véritables psychopathes aux décisions imprévisibles et souvent catastrophiques.
Le pire de tous, à en croire l'auteur qui pourtant est anglais, est Montgomery : ce que ce général a commis d'erreurs, et même de fautes, par pur orgueil... des fautes qui ont envoyé à la mort des milliers et des milliers de soldats, est tout simplement révoltant.

Et puis, le rôle des conditions atmosphériques dans cette guerre est incroyable. C'est à se demander si les éléments naturels : tempêtes, brouillards épais, pluies diluviennes, se déchaînaient toujours contre nous, et seulement contre nous. Comme si le ciel avait juré la perte du monde civilisé !

Car, c'était bien la guerre du monde civilisé contre le monde barbare. Et parfois, on se demande de quel côté était le monde civilisé, quand on pense aux bombardements des villes allemandes, par les aviations anglo-américaines – en réplique, il faut le dire, aux bombardements de Londres par les Allemands.
...Et avec, pour point d'orgue, la bombe atomique, point de départ d'une ère nouvelle, avec encore combien d'autres exterminations en perspective !

Vraiment, on n'est plus le même après la lecture d'un tel livre ; mais je crois qu'un premier devoir de l’honnête homme – enfin, de celui qui voudrait le devenir – est de s'ouvrir les yeux et d'essayer de tout savoir et de tout comprendre, sur tout ce qui s'est passé dans le monde, sans se cacher le pire.
...Sans jamais perdre l'espoir d'un monde meilleur, et sans jamais cesser de croire en l'Homme. Mais ça, après la lecture d'un livre pareil, ce sera difficile !

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Trop à dire, trop long et forcément incomplet

7 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 28 juin 2016

Cette brique de 1200 pages est très détaillée et va oser chercher jusque dans le conflit sino-japonais qui a débuté bien avant l'invasion de la Pologne, les causes et les conséquences de la probable défaite allemande.

L'ouvrage est plein de détails intéressants pour les férus d’histoire, mais il manque parfois d'analyse ; il est quelque part trop ambitieux.

L'auteur a commis des livres se limitant à des épisodes phares de la seconde guerre mondiale ; cela rend forcément la lecture plus aisée qu'un tel monstre.




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