Annie Sullivan & Helen Keller de Joseph Lambert

Annie Sullivan & Helen Keller de Joseph Lambert
(Annie Sullivan and the trials of Helen Keller )

Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers

Critiqué par Blue Boy, le 27 novembre 2013 (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 577ème position).
Visites : 4 049 

Une histoire d’amitié bouleversante

Née en 1880 dans l’Alabama, la petite Helen Keller devient aveugle et sourde à l’âge de dix-neuf mois suite à une maladie. Elle se trouve alors dans l’incapacité de communiquer avec son entourage, si ce n’est avec quelques gestes maladroits. Sa vie va être bouleversée l’année de ses six ans, quand ses parents engagent Annie Sullivan comme préceptrice. Elle-même malvoyante, celle-ci a appris à enseigner la langue des signes à l’Institut Perkins pour les aveugles. Elle va prendre en charge l’éducation d’Helen Keller et, au fil des mois, réussir non seulement à établir un contact avec l’enfant, mais aussi lui apprendre la langue des signes, puis l’écriture. Les deux femmes resteront amies à vie…

Il faut savoir que si Helen Keller est quasiment inconnue hors des Etats-Unis, elle fait partie intégrante du panthéon US, célébrée tous les 27 mai lors du « Helen Keller’s Day », le cinéaste Arthur Penn lui ayant même consacré un film en 1962, « Miracle en Alabama ». La BD s’ouvre sur un sauvetage, celui d’une petite fille brillante en train de se noyer dans un océan d’obscurité et de silence, extirpée des profondeurs par une femme rageuse et sans concessions, Annie Sullivan.

Sans esbroufe, Joseph Lambert parvient à faire passer une belle émotion en s’effaçant derrière un minimalisme pudique et respectueux. L’approche graphique du non-visible (incluant l’apprentissage de la langue des signes) est très originale, permettant de nous faire ressentir, nous les voyants, ce que cela signifie que d’être aveugle et sourd à la fois, comme si l’un des deux ne suffisait pas… On pourra reprocher quelques toutes petites incohérences narratives et des couleurs un peu trop basiques, mais l’histoire de ces deux personnages est si prenante que cela passe au second plan.

L’amitié entre Helen Keller et Annie Sullivan, ces deux êtres dont la révolte chevillée au cœur et au corps face aux cruautés de la vie s’est transformée en force, est particulièrement poignante, et il faudrait être handicapé des sentiments pour ne pas verser sa petite larme au moins une fois à la lecture du livre. De plus, leurs souffrances ne s’arrêtent malheureusement pas à leur champ de vision, mais sont provoquées aussi par la vanité et la bêtise des soi-disant voyants : les professeurs de l’institut Perkins firent subir à la jeune Helen un interrogatoire de deux heures à cause d’une stupide histoire de plagiat. C’est ainsi que l’on se dit que les aveugles (ou les sourds) ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Une belle œuvre tirée d’une belle histoire, à découvrir. Un de mes coups de cœur de l’année.

[Eisner Award 2013, catégorie Reality-based work]
[sélection officielle 2014 au Festival d'Angoulême]

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L’entraide à son mieux

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 17 juillet 2016

Je ne connaissais pas ces deux personnages exceptionnels. Il m’a fallu un certain temps avant de comprendre ce qui se passait entre eux. Lorsque j’ai allumé ce fut un choc. J’ai été immédiatement ému et charmé, notamment par l’inventivité des dessins qui évoquaient la cécité d’Helen. Malheureusement, après ce choc initial, le reste m’est apparu répétitif et fade.

COUP DE CŒUR pour une BD pleine d’émotions !

10 étoiles

Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 25 février 2016

Cette bande dessinée fait partie des finalistes du Prix Critiques Libres 2016 et je dois dire qu’elle mérite largement sa place dans cette sélection finale !
Joseph Lambert a fait dans avec ce livre un travail incroyable. L’auteur s’est aidé de documents et de faits réels de l’époque pour rester au plus près de la réalité : il s'est par exemple inspiré des lettres qu’Annie Sullivan a réellement écrites au responsable de l’institut Perkins, du langage des signes, ou encore de l’histoire du puits de la propriété des Keller, endroit où Helen aurait fait ses premiers vrais progrès.
Ensuite, tout ce qui n’est pas forcément plaisant pour l’histoire n’a pas été omis. Les relations difficiles au début entre Helen Keller et Annie Sullivan ont été soigneusement respectées. En effet, on assiste aux disputes et bagarres qui ont lieu au début de leurs relations difficiles. La vie compliquée d'Annie Sullivan avant de rencontrer Helen est aussi expliquée, son passage à l'hospice de Tewksbury et la perte de son frère. Tous ces moments sont rarement expliqués dans les livres relatant la vie d'Helen Keller et je suis ravie d'avoir ici une vue plus globale et pouvoir mieux comprendre ce qu'il s'est passé.
Cette histoire est l’histoire vraie de ses personnages avec leurs vie d’avant, leurs erreurs, leurs espoirs, leurs doutes, mais aussi leur revanche sur la vie. On ne nous relate pas cette rencontre comme une histoire merveilleuse mais comme une histoire qui se mérite, une histoire authentique !
Il émane de cette Bande dessinée beaucoup d’émotions, de force et de respect. Elle rend très bien le travail incroyable qu’a dû fournir Annie Sullivan et la force incroyable de caractère d'Helen Keller pour sortir de son mutisme. En lisant certains passages comme la mort de Jimmie Sullivan ou le moment où enfin, Annie communique avec Helen pour la première fois vraiment (page 37), j’ai eu la chair de poule et rares sont les bandes dessinées qui me font cet effet.
Le trait un peu gauche de Joseph Lambert est surprenant peut être au début mais il m’a tout de suite plu : les personnages ne sont pas forcément beaux … effectivement, mais je les trouve vrais ! Et c’est cela le plus important.
Un gros coup de cœur pour cette BD pour apprendre sans s’en rendre compte la vraie histoire d’Annie Sullivan et d’Helen Keller.

BD biographique réussie

9 étoiles

Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 40 ans) - 22 janvier 2016

Helen Keller perd la vue et l’ouïe suite à une congestion cérébrale alors qu’elle a à peine un an et demi. Dès lors, il est très difficile pour elle de communiquer avec le monde extérieur. Les premières approches avec Annie Sullivan sont difficiles, Helen a du caractère et sait ce qu’elle veut. Sauf qu’en face, c’est la même chose et Annie ne se décourage pas.
J’avais déjà lu il y a très longtemps Sourde, muette et aveugle et j’avais été captivée par cette jeune fille et sa détermination pour arriver à communiquer. Cette BD axée sur la vie d’Helen Keller et, en croisée ; à celle de son professeur particulier, Annie Sullivan m’a particulièrement touchée. J’ai aimé cette construction alternant l’enfance d’Annie et celle d’Helen, on comprend la personnalité de celles qui deviendront meilleures amies. J’ai trouvé particulièrement touchant, le fameux épisode du puits, comme une porte qui s’ouvre sur un monde. Côté dessins, j’ai eu un peu de mal avec les visages des personnages, je n’arrivais pas à déterminer si untel(le) était jeune ou vieux avant de situer le contexte. Par contre, les dessins montrant comment Helen se représentait la réalité dans son noir continuel sont assez puissants.
Très émouvant quand on sait qu’Helen Keller est devenue une grande figure américaine du début du XXe siècle. A découvrir.

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