Mais c'est à toi que je pense de Gary A. Braunbeck

Mais c'est à toi que je pense de Gary A. Braunbeck
(Prodigal blues)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 10 janvier 2013 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 895ème position).
Visites : 4 033 

Le mal a l’état pur

Lors d’un arrêt dans une halte routière de camion au Missouri, Mark Sieber subit le choc de sa vie quand il reconnaît le visage d'une petite fille qu’il avait aperçu sur une affiche d’enfant disparu quelques minutes auparavant. Alors que la police et les médias convergent vers l’endroit, l’homme est pris en otage par les mêmes personnes qui ont libéré la petite fille. Mais, ses ravisseurs ne sont guère plus que des enfants eux-mêmes.

Âgés de 12 à 19, les ravisseurs de Mark ont échappé à un pédophile sadique connu d'eux seulement comme "Grendel". Un ogre qui pratique la torture et la mutilation, particulièrement la mutilation du visage. Avec ce groupe d’éclopés, l’homme est emporté sur les routes des USA et au cœur des ténèbres.

Il s’agit d’un premier roman non-supernaturel pour cet écrivain notoire du monde l’horreur. Pour cette raison, la description des sévices faits aux enfants est d’autant plus bouleversante. L’auteur ne lésine pas dans les détails ; squelettes, amputations etc. En même temps, le roman démontre la capacité de l'humanité à maintenir une certaine dignité, la compassion et un sens de l'humour, même dans les circonstances les plus difficiles.

Par sa forme – « road novel » - le lecteur est interpellé et aspiré dans l’histoire, contre son gré, placé au sein de cette famille reconstituée sortie tout droit des pires cauchemars. Évidemment, ce n’est pas le genre de livres qui s’adresse aux âmes sensibles.

Braunbeck tente de créer un attachement avec ses petits personnages victimisés. Mais, la peur d’un revirement toujours palpable et les atrocités qu’ont subies les victimes les ont transformés en monstres hideux. Ainsi, cette connexion devient ardue pour le lecteur. L’intérêt est alors simplement basé sur une fascination morbide.

(Prix Graham Masterton étranger)

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La galerie des horreurs en goguette...

9 étoiles

Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 48 ans) - 29 septembre 2015

Mark a changé depuis son accident de voiture, au point d'avoir cassé la figure d'un adolescent du lycée dans lequel il travaille comme agent d'entretien, malgré des études qui lui aurait permis d'enseigner. Sa femme en a ras-la-casquette de ce nouveau mari, et le supplie de raconter ce qu'il s'est passé quelques semaines auparavant.
Mark était parti en voiture pour signer les papiers consécutifs au décès de sa mère. Cette voiture, vendue "comme neuve" par son beau-frère, n'était qu'un vieux tacot incapable de tenir la distance. Le voilà donc dans un routier en train de casser la dalle pendant que sa voiture remorquée est en réparation. Quelle n'est pas sa surprise de voir débarquer sur la banquette en face de lui une gamine mal coiffée dont la tête lui dit quelque chose. Se rapprochant de l'entrée du bar-hôtel routier, ses doutes se transforment en certitude : cette gamine n'est autre que la version plus âgée de la photo placardée partout depuis plusieurs mois d'une enfant disparue. Il alerte les forces de l'ordre, les journalistes débarquent avant tout le monde, et pour éviter le bain de foule, il se rend dans sa chambre... où il est accueilli par un coup de taser !
Quand il se réveille, il est dans une camionnette, entouré de gamins. Tous sont des enfants enlevés qui ont vécu, enfin, plutôt, survécu, à plusieurs années de tortures, de viols et de violence sous la domination d'un certain Grendel. Et ils se sont échappés. Ils veulent rentrer chez eux. Mais ils ont peur d'avoir été oubliés, de ne plus avoir leur place au sein de leur ancienne famille. Alors, ils souhaitent que Mark les aide. De gré ou de force ?


Surprenant, ce thriller de Gary A. Braunbeck, connu et reconnu pour ses nouvelles et livres d'horreur ! D'ailleurs, les petits rescapés qui veulent regagner leurs pénates semblent tout droit sorti d'une galerie de l'horreur, origine Enfers.
Il vaut mieux avoir le cœur bien accroché pour lire Mais c'est à toi que je pense ; les sévices évoqués par les enfants ont de quoi retourner l'estomac, et bien que non crédibles, on n'a aucun mal à les imaginer (ou à en imaginer le résultat !). Là où Braunbeck est très fort, c'est que, dans cette atmosphère glauque et malsaine, il fait pousser des petites graines : l'espoir, l'amitié, la confiance, le respect, l'entraide... L'humour également n'est jamais très loin, y compris l'auto-dérision des gamins, qui fait autant sourire que grimacer. Une autre invitée à cette surprenante promenade est la folie, qui semble prête à entraîner Christopher, le plus âgé des enfants, dans sa folle sarabande, et dont on se demande comment elle n'est pas l'invitée principale !
Ce qui est original également, dans ce "thriller", c'est le parti pris de l'histoire : les enfants ont été enlevés et torturés, mais ils se sont libérés ; il n'y a pas de super flic méga expert dans la recherche d'enfants ou dans l'analyse des taches de gas-oil datant de plus de 6 mois, pas de suspects à interroger, ou de fausses pistes où se fourvoyer. L'intrigue, le fil conducteur de l'histoire, est très simple, et l'origine du suspense, de la tension, est inattendue (en tout cas, pour moi). Tous les personnages évoqués dans ce livre (en-dehors de Grendel, bien entendu) sont fort sympathiques ; le lecteur se sent rapidement en empathie avec eux, qu'il s'agisse des enfants ou de Mark. L'ensemble fait qu'il est extrêmement difficile de lâcher son livre pour, au choix, changer de rame de métro, récupérer les fillettes à l'école ou prendre l'avion !
En-dehors de l'histoire originale, des personnages sympatoches, du suspense qui va crescendo, de l'écriture très agréable et pimentée d'humour (un peu noir) de Braunbeck, ce qui m'a le plus plu, dans cette lecture, c'est que je me suis sentie comme ramenée des années en arrière. A cette époque-là, quand nous regardions un film qui faisait "peur", ma sœur et moi nous enfoncions bien profondément dans le canapé, serrées l'une contre l'autre, les genoux sous le menton, les mains devant les yeux, pour ne pas assister au "spectacle" ; et bien entendu, nos doigts étaient toujours écartés, pour que nous n'en perdions pas une seconde ! Et bien, j'ai lu Mais c'est à toi que je pense un peu dans cet état d'esprit : beurk, c'est dégueulasse mais... qu'est-ce qu'il se passe ensuite ?!?

Une très chouette découverte.

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