Hastings : 14 octobre 1066 de Pierre Bouet

Hastings : 14 octobre 1066 de Pierre Bouet

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Bolcho, le 11 janvier 2011 (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans)
La note : 8 étoiles
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Répétez après moi : 1066

Si l’on demande à un Français non intéressé par l’histoire quelles dates de bataille il connaît, il va citer Marignan (parce que la date est facile à retenir), peut-être Poitiers (alors que le lieu, la date et l’existence même de la bataille sont toujours en discussion) et à la rigueur Hastings. De là à en tirer la conclusion qu’en matière d’histoire l’école sert surtout à bourrer le mou aux élèves en leur présentant de belles victoires dont le souvenir est de nature à renforcer leur juvénile patriotisme…
Et pourtant, Hastings n’est pas une victoire française, mais une victoire normande à une époque où le roi de France et le duché de Normandie n’étaient pas les meilleurs copains du monde.

Je passerai sous silence le passage où l’auteur nous décrit par le menu les liens de parenté, à savoir le fait que Guillaume le (futur) Conquérant était le neveu du fils de la mère de la tante par alliance d’un parfait inconnu (comme tout le monde) et que Harold avait lui aussi moult ancêtres fort bien cotés sur la place. Je n’y ai pas compris grand-chose, dois-je l’avouer (mais je suis déjà obligé de réfléchir quand on me demande qui est le père de mon fils…).
Tout ce qui concerne la préparation matérielle de l’expédition est passionnant : le fait que la Normandie d’alors était plutôt riche et peuplée (et les raisons de cette bonne santé économique : collier d’épaule, charrue, etc), la difficulté malgré tout de réunir des forces suffisantes (c’est que Guillaume dut promettre monts et merveilles à ceux qui l’accompagnèrent et qui n’étaient pas tous Normands), celle de construire une flotte (il a fallu abattre 7000 grands arbres pour construire 700 navires), de fournir des fers aux chevaux (18 tonnes de fer rien que pour eux !), de la nourriture et des boissons aux troupes (« La seule production de céréales nécessita la mise en culture d’une surface de 25 000 ha de terre et le travail de 15 000 paysans »). Autre notation surprenante : comme ce regroupement d’hommes faisait planer les risques de dysenterie, il y avait des règles strictes d’hygiène ; on sonnait du cor pour les repas, ce qui impliquait l’obligation de se laver les mains (à méditer dans les familles, le cor).
L’attente de l’armée normande dura plusieurs mois avant que la traversée de la Manche soit tentée. Le pauvre Harold dut entre-temps repousser une attaque norvégienne dans le nord de l’île. La description de l’embarquement et du débarquement des chevaux est intéressante elle aussi : ces pauvres bêtes n’ont pas le pied marin et il faut parfaitement immobiliser les navires avant d’y faire monter les montures.
Ensuite, promis, vous avez droit à la description de la bataille, mais je n’en dirai pas plus pour garder le suspense…

Et c’est bien d’une bataille qu’il s’agit, au sens où George Duby parle de la bataille de Bouvines : l’affrontement de deux rois (ou prétendants) avec Dieu par là-dessus qui choisit son vainqueur.
A signaler que la source principale est Guillaume de Poitiers qui fut le biographe de Guillaume le Conquérant, ce qui ne lui confère pas des qualités d’objectivité. Mais peu importe d’une certaine manière, on est autant dans la légende que dans l’histoire. Une légère surprise tout de même quand Guillaume de Poitiers parle des saxons ainsi : « si certains combattaient par affection pour Harold, tous, par amour de leur patrie, voulaient la défendre contre les envahisseurs étrangers ». On pouvait sans doute évoquer le sentiment patriotique à l’époque, ne serait-ce que pour entretenir l’illusion qu’il existait, mais de là à le ressentir…

Les conséquences de la bataille sont décrites, même si c’est un peu rapidement : confiscation des terres saxonnes et exil d’une partie de la noblesse saxonne, puissance politique du vassal du roi de France, intégration plus grande de l’Angleterre à l’Europe continentale (avec, là aussi, les conséquences que l’on sait), persistance pendant plusieurs siècles de deux langues en Angleterre, etc.
Au total, un livre assez court et qui n’a forcément pas l’ambition du « Bouvines » de Duby déjà cité : la réalité socio-économique de l’époque est un peu laissée de côté au profit d’une description des Princes.

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Les éditions

  • Hastings [Texte imprimé], 14 octobre 1066 Pierre Bouet
    de Bouet, Pierre
    Tallandier / L'Histoire en batailles
    ISBN : 9782847346275 ; 16,90 € ; 18/11/2010 ; 185 p. ; Broché
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Changement de civilisation en Angleterre.

8 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 46 ans) - 27 mai 2013

Ce petit livre sans prétention expose dans les grandes lignes et au travers d'un plan somme toute classique le déroulement de la bataille d'Hastings (1066): Causes de la guerre anglo-normande, campagne, déroulement de la bataille proprement dite, conséquences.

En un peu moins de 200 pages, quelques croquis et cartes et des photographies de la célèbre tapisserie de Bayeux, l'auteur nous fait découvrir cet affrontement majeur pour l'histoire d'Angleterre.

Bien entendu, on ne rentre jamais dans les détails, le format de la collection développée par Tallandier ne le permet pas, mais ce petit ouvrage parvient à son but: faire découvrir à l'amateur d'histoire militaire les caractéristiques de cette bataille importante en son temps, et, plus intéressant pour le lecteur exigeant, permettre de comprendre les débat historiographiques qui entourent cet événement: quel était la véritable intention de Guillaume, partager l'Angleterre avec le Norvégien Harald? A-t-il au contraire attendu que ce dernier éloigne Harold de la côte sud de l'Angleterre? etc...

On comprend surtout que Guillaume, en plus d'être un excellent diplomate se double d'un expert de l'art de la guerre, notamment dans le domaine de la logistique.

Je regrette également, le faible développement de la partie sur les conséquences de la bataille, notamment les implications culturelles et politiques de la domination normande sur la société saxonne. Mais tel n'est pas le propos d'un livre qui s'inscrit dans une collection qui se nomme "l'histoire en bataille". A réserver donc aux amateurs de l'histoire de l'art de la guerre.

une histoire dans l'Histoire

8 étoiles

Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 61 ans) - 7 mars 2012

Certes, on ne verra pas la société du Moyen Age dans ces pages, juste l'évocation d'un moment d'Histoire au travers de deux personnes, Guillaume et Harold... mais ce petit livre a une saveur bien plaisante, se lit avec aisance et nous montre que ce Moyen Age si décrié, si mal perçu n'a de moyen que le nom... l'ampleur même des préparatifs révèle une société bien plus élaborée et structurée que l'image persistante du fait de perceptions erronées...

On regrettera que l'impact de cette bataille n'a été qu'effleuré... on aurait aimé un petit développement sur cet aspect... mais bon, ne boudons pas notre plaisir...

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  Patriote ? 4 Oburoni 12 janvier 2011 @ 11:27

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