La rue au Moyen Age de Jean-Pierre Leguay

La rue au Moyen Age de Jean-Pierre Leguay

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Catinus, le 14 novembre 2010 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 898ème position).
Visites : 2 849 

Oyé, oyé, braves gens !

Ah ! Mystérieux Moyen-Age ! Et terrifiant à plus d’un titre, il faut le souligner ! Un excellent ouvrage qui étudie, de très près, ce qui se passait dans les rues de jadis. Les dispositifs de la voirie, la pollution, l’urbanisme naissant, l’identification des rues, les petits métiers , le domaine de la marginalité, le pouvoir de la rue, ses fêtes, ses plaisirs, …
J’y ai trouvé en tout cas ce que je cherchais : ce qui est glauque, peu fréquentable, voyou, interdit, et n’ayons pas peur des mots, monstrueux.

Quelques extraits parmi tant d’autres :

- Une habitude rurale, bien ancrée dans les mœurs, consiste à élever des animaux en ville, à les laisser divaguer devant sa porte. Humains et animaux se côtoient dans un espace limité et là se situe le danger. Les volailles sont encore tolérables si elles ne sont pas trop nombreuses ou trop bruyantes. Que dire alors des porcs omniprésents.

- On fait savoir qu’il est désormais prohibé de jeter des ordures sur la chaussée, (…) d’expédier les eaux usées par les fenêtres …, du moins de jour, ou sans avoir suffisamment averti les passants en criant trois fois « Gare à l’eau ! Gare ! Gare ! « ( Paris, Reims ).

- On dit que le Paris de Villon comptait 3000 « belles filles « , plus celles des faubourgs ; quelques unes doivent d’ailleurs leur notoriété au poète : La Grosse Margot, Marion l’Idole, la Touchaille au dur téton, la Chancelière aux Talons courts, la Grande Gilette, la Grande Hallebardière, la Grande Jeanne de Bretagne, la Lingière du Palais, la Vieille aux cheveux blonds.

- Il faut tenir compte de l’instabilité des humains, confrontés au cours de leur brève existence, avec toutes sortes de malheurs, de dangers, des effets d’une mauvaise alimentation, de l’incapacité pour beaucoup de refréner leurs passions, d’une sexualité exacerbée par des contraintes familiales ou collectives, du mépris des puissants pour les humbles, de l’homme pour la femme… Ajoutons que les armes, les outils pointus ou coupants sont à la portée de toutes les mains.

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J'ai aussi beaucoup aimé errer dans cette rue...

9 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans) - 17 novembre 2010

Quelle surprise de voir cet ouvrage critiqué aujourd’hui (ou presque) après ces longues années de silence ! Je dis de silence car cette étude remarquable est sortie en 1984 dans un anonymat presque total.

Pourtant Jean-Pierre Leguay, agrégé d’histoire, professeur à l’université de Savoie, ne manque pas de talent. Son ouvrage est sérieux, documenté et précis, tout en étant agréable à lire. Que du bonheur pour le lecteur !

Si la rue est bien décrite et abordée comme un lieu de vie et d’échanges, pour le lecteur c’est surtout l’occasion de voir, d’entendre et sentir la rue comme si nous y étions ! C’est peut-être là la force de cette monographie : rendre la rue du Moyen-Age vivante, concrète, proche, abordable…

Pour moi qui travaille avec les professionnels de la publicité, je rappellerais bien que pour promouvoir les tavernes urbaines, il y avait des crieurs privés qui attiraient les clients avec « une petite dégustation en puisant dans un broc ou dans un tonnelet qu’ils transportent accroché à leur cou ». Si la pratique est bien connue dans les supermarchés, je trouve qu’il n’y a pas assez de cette « réclame » sur nos places de villes où nous devrions pouvoir tester les bières des uns et des autres avant de pouvoir entrer nous installer…

Par ailleurs, l’ouvrage est très bien illustré et mérite d’accompagner les étudiants en histoire et tous les passionnés du passé. La rue a été le premier lieu de socialisation et on l’oublie trop aujourd’hui avec nos réseaux sociaux. Redescendons immédiatement dans la rue pour causer le bout de gras avec nos voisins ! Et plongeons allègrement dans cet ouvrage étonnant !

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