La Littérature à l'estomac de Julien Gracq

La Littérature à l'estomac de Julien Gracq

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Js75, le 5 juillet 2010 (Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 932ème position).
Visites : 5 450 

3,5 étoiles pour La Littérature à l'estomac

La Littérature à l'estomac est une oeuvre pamphlétaire écrite par Julien Gracq en 1950. Dans ce livre,l'auteur fait un constat pessimiste de la littérature française d'après-guerre, il stigmatise certains écrivains français en dénonçant leurs absences de prises de risques et leurs paresses (contrairement aux écrivains américains qui se réinventent à chaque livre). Cette oeuvre est de nos jours encore d'actualité. Une critique mordante du système. Je conseille donc vivement ce livre didactique de qualité à tous.

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Splendide pamphlet !

10 étoiles

Critique de Poil2plume (Strasbourg, Inscrite le 5 février 2010, 61 ans) - 10 juillet 2010

Publié en 1950 par José Corti (auquel Gracq est resté fidèle toute sa vie), cette Littérature à l'estomac est régulièrement rééditée depuis sa sortie. L'après-guerre, une pépinière à bons auteurs, voit pourtant (déjà!) se craqueler le vernis de l'excellence littéraire made in France. Pour Julien Gracq, "On ne sait s'il y a une crise de la littérature, mais il crève les yeux qu'il existe une crise du jugement littéraire." L'auteur du somptueux Balcon en forêt sonne le tocsin des lecteurs avertis, dont les fans de Mallarmé, "cinquante lecteurs qui se seraient fait tuer pour lui."
Ce constat gracquien serait-il visionnaire ? On pourrait le croire car au mitan du XXe siècle, Gracq imputait déjà la responsabilité de la déliquescence du bon goût littéraire aux médias d'alors : "Car l'écrivain français se donne à lui-même l'impression d'exister bien moins dans la mesure où on le lit que dans la mesure où on en parle."
A lire ce brûlot tout à fait réjouissant, tout frémissant d'une colère bien maîtrisée, on se croirait en post-modernité où l'on vante indifféremment un détergent et un best-seller.
Selon Julien Gracq, le grand public de 1950 ouvre le bal de l'insipide : "Il exige de nos jours comme une preuve cette transmutation bizarre du qualitatif en quantitatif, qui fait que l'écrivain aujourd'hui se doit de présenter, comme on dit, une surface, avant même parfois d'avoir un talent."
La vogue des gros tirages, des auteurs "peopolisés" démarre sur les chapeaux de roues alors que les canons du conflit mondial n'ont pas fini de fumer. Et, ajoute un Gracq au top de sa verve : "La demande harcelante de grands écrivains fait que presque chaque nouveau venu a l'air de sortir d'une forcerie : il se dope, il se travaille; il se fouaille les côtes : il veut être à la hauteur de ce qu'on attend de lui; à la hauteur de son époque."
A lire ce pamphlet cousu main, on hallucine. On le croit destiné tout droit à notre génération bling-bling, tant il recèle de "prophéties" devenues, hélas, une triste réalité dans notre paysage littéraire.

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