En Italie, il n'y a que des vrais hommes : Un roman graphique sur le confinement des homosexuels à l'époque du fascisme de Claudia Migliaccio (Traduction), Luca De Santis (Scénario), Sara Colaone (Dessin)

En Italie, il n'y a que des vrais hommes : Un roman graphique sur le confinement des homosexuels à l'époque du fascisme de Claudia Migliaccio (Traduction), Luca De Santis (Scénario), Sara Colaone (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers

Critiqué par Aliénor, le 7 mai 2010 (Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 995ème position).
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A découvrir

Une fois n’est pas coutume, je me suis plongée dans la lecture d’un roman graphique dont le sujet m’avait interpellée, à savoir la persécution des homosexuels sous l’Italie fasciste de Mussolini.
Bien sûr je n’étais pas sans connaître le sort que leur avait réservé l’Allemagne nazie, à savoir la déportation dans des camps où ils étaient contraints de porter un triangle rose.
Mais j’ignorais totalement le sort que leur avait réservé le Duce, qui ordonna leur confinement sur une île de l’archipel des Tremiti. Le titre choisi par les auteurs fait d’ailleurs référence à une phrase prononcée par Mussolini, révélatrice d’un déni pur et simple de l’homosexualité.
Sara Colaone et Luca de Santis se sont intéressés à la question après avoir lu l’interview d’un homme qui avait vécu cet exil, interview reprise à la fin de l’ouvrage.

Cet homme a directement inspiré le personnage principal de ce roman graphique. Ce personnage a pour nom Antonio Angelicola, ses copains l’appellent Ninella, et il est âgé de 75 ans au début de l’histoire. Deux journalistes viennent à sa rencontre afin de recueillir son témoignage. Mais il ne lui est pas facile de revenir sur cette époque douloureuse de sa vie, d’autant qu’il s’interroge sur les motivations réelles de ces deux jeunes hommes à lui faire ressusciter un passé qu’il préfèrerait oublier. Un passé paradoxalement douloureux et heureux à la fois, sur cette île qui devint un refuge en même temps qu’elle était une prison.

Le choix de la construction de l’album sous forme de navigation constante entre les deux époques, par le biais de nombreux retours en arrière, permet au lecteur d’apprendre ce que fut la vie de ces hommes bannis de manière totalement injuste et humiliante. Et de mettre en parallèle les deux périodes durant lesquelles se déroule l’action. Le tout dans un graphisme fin et élégant, et des tons sépias qui sont là aussi un choix heureux.

Pour une première j’ai donc été conquise, mais sans doute est-ce dû aussi au fait que je suis particulièrement sensible au sujet. C’est pour moi un album à lire et à faire lire, pour découvrir et faire connaître une part bien sombre et méconnue de l’histoire de l’Italie.

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Les éditions

  • En Italie, il n'y a que des vrais hommes [Texte imprimé] Luca De Santis illustrations de Sara Colaone
    de Colaone, Sara (Illustrateur) De Santis, Luca (Scénariste)
    Dargaud
    ISBN : 9782505007975 ; 45,33 € ; 21/01/2010 ; 168 p. ; Album
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Les livres liés

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Du traitement de l’homosexualité sous Mussolini

7 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 10 mars 2014

Chacun sait que dans l’Allemagne nazie, les homosexuels étaient déportés. En Italie, ce n’est pas parce qu’on en parle pas – ou si peu - que la question a pour autant été éludée par Mussolini. Si celui-ci s’est opposé à l’introduction d’une législation homophobe, c’est paradoxalement parce que selon lui, « les Italiens étaient trop virils pour être homosexuels » ! Alors ceux qui se laissaient aller à leur penchant honteux, il a préféré les mettre à l’écart, discrètement, loin des tribunaux, sur une île au sud du pays, croyant circoncire le mal comme on cache la poussière sous le tapis… Ils n’étaient pas spécialement maltraités par leurs gardiens, mais les conditions de vie étaient rudimentaires, ils manquaient de tout et connaissaient souvent la faim…

Malgré toute la sincérité de la démarche des auteurs (faire témoigner un des derniers survivants ayant séjourné dans ces centres), je ne peux pas dire que j’ai été réellement touché par l’histoire. Si je reconnais que ces personnages peuvent être attachants et que l’histoire d’amour entre Ninella et Mimi est magnifiée par un romanesque que n’aurait pas renié Jean Genet, je n’ai pas été ému outre-mesure, du moins pas autant que je l’aurais voulu. Est-ce dû à la retenue manifestée par les auteurs dans leur souci de ne pas trahir les propos du vieil homme et vis-à-vis de la responsabilité qui était la leur ? Est-ce dû au dessin un peu froid et aux visages peu expressifs ? Du côté de la narration, rien à redire, cela se lit plutôt bien...

Reste l’intérêt historique d’un tel témoignage, grâce auquel on se rend compte que les gays italiens de cette époque avaient déjà une conscience claire de leur identité dans un contexte particulièrement hostile, où tout semblait se liguer contre eux, qu’il s’agisse du machisme ambiant, du catholicisme étouffant ou du fascisme réprimant…

Généreux mais artificiel

7 étoiles

Critique de Le rat des champs (, Inscrit le 12 juillet 2005, 73 ans) - 9 mai 2010

J'ai lu ce livre il y a quelques semaines, et je suis resté un peu perplexe. L'idée est généreuse, et rendre un hommage aux victimes homosexuelles du fascisme est une noble entreprise. Toutefois, ce livre est, me semble-t-il un peu caricatural, les protagonistes sont souvent montrés comme de grandes folles, et le dessin est un peu sommaire.

Ce livre, comme le relève la critique principale oscille entre le passé et le présent, ce qui peut être un atout quand le scénario est bien maîtrisé comme dans le "Maus" de Spîegelman, mais entretient une certaine confusion ici. Dommage, le sujet méritait mieux.

Néanmoins, je le répète, je suis très sensible à la générosité du livre.

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