La guerre des Sambre, tome 3 - Hugo & Iris: Hiver 1831, La lune qui regarde de Bernard Yslaire (Scénario), Jean Bastide (Dessin), Vincent Mézil (Dessin)

La guerre des Sambre, tome 3 - Hugo & Iris: Hiver 1831, La lune qui regarde de Bernard Yslaire (Scénario), Jean Bastide (Dessin), Vincent Mézil (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers

Critiqué par Stavroguine, le 5 décembre 2009 (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 104ème position).
Visites : 5 128 

La guerre des yeux

Dernier album du cycle consacré à Hugo et Iris, ce troisième album de La Guerre des Sambre nous ramène, durant l'hiver 1831, à la Bastide, où est retourné Hugo, de retour de Paris après le départ de la capitale d’Iris, l’actrice aux yeux rouges dont il s’est passionnément épris. A ses côtés, sa jeune fille Sarah grandit un peu et pleure beaucoup, surtout quand Blanche, sa mère, revient dans le domaine, désormais habituée à être délaissée par son mari et affichant presque au plein jour sa liaison avec amant ridicule. Dans ce cadre dont les parents morts sont absents, Hugo poursuit ses recherches pour son ouvrage consacré à la guerre des yeux et nous ramène jusqu’à la préhistoire où aurait eu lieu la première bataille d’une guerre qui se poursuit aujourd’hui à travers la passion dans laquelle s’affrontent Hugo et ses yeux noirs, et les yeux écarlates d’Iris, pour lesquels il continue de se ruiner.
L’hiver 1831 s’inscrit donc comme il se doit dans la continuité des événements de l’automne 1830 et l’on suit avec un intérêt jamais démenti la sulfureuse relation d’Hugo et Iris qui n’en finissent pas de s’unir et de se fuir, séparés par l’intrigante et mystérieuse silhouette du baron de Morbleu. Autour, on revient à travers les recherches d’Hugo sur l’histoire de la famille Sambre et notamment du versant né des premières noces du père d’Hugo, presque entièrement disparu au cours de la révolution.
Comme dans les précédents tomes, ce troisième volet est une véritable œuvre romanesque transposée en bande dessinée et l’on se trouve plongé dans une saga familiale et amoureuse du 19ème siècle avec son lot d’intrigues et de passions. Même La Guerre des Yeux, le livre par lequel Hugo entend bien révolutionner l’humanité, nous apparaît comme un de ces ouvrages-somme du grand siècle, faisant le point sur l’ensemble des connaissances scientifiques de l’époque et reposant sur certaines thèses à la mode, mêlant maladroitement scientisme et religion pour revenir sur les origines de l’homme et son évolution.
Le texte d’Yslaire est toujours juste et la dose de mystère entourant l’énigmatique baron de Morbleu, principal rival d’Hugo, apporte une dimension supplémentaire à cette histoire d’yeux et d’amour centrée autour du personnage d’Iris bien plus subtil et riche que ce qu’elle laissait entrevoir dans le tome précédent. Si Hugo reste égal à lui-même – un homme froid pris d’une soudaine passion pour cette actrice au regard de feu – Iris, elle, transcende l’œuvre comme certains de ces acteurs qui, crevant l’écran, suffisent à transformer un bon film en chef-d’œuvre.
Ce troisième tome de La Guerre des Sambre en est bien un et l’on ne sait même plus qui sert l’autre de cette histoire riche et complexe ou des magnifiques dessins de Bastide et Mezil. Simplement, chacun est à la hauteur de l’autre des premiers mots et du portrait de Sarah enfant au final éblouissant de sobriété qui ponctue l’œuvre. Comme pour les deux précédents tomes, on est devant une grande BD, aussi agréable à lire qu’à contempler, qui nous pousse à poursuivre l’étude de l’histoire des Sambre à travers la série éponyme avant de remonter aux origines de la guerre des yeux dans les prochaines parutions.

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Une belle et respectueuse préquelle

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans) - 1 mars 2012

Grâce à cette préquelle, qui ouvre la porte sur l’histoire du père de Bernard Sambre, la saga principale se voit renforcée et complétée. Déjà, la guerre des yeux étend son territoire, semant passions et perditions sur son passage.

Nous sommes à l’heure de la révolution belge. Hugo Sambre, seul fils parmi les cinq enfants de Constance et Maxime-Augustin Sambre, est happé dans un mariage de convenance avec la belle Blanche Dessang. Héritant d’une mine belge en guise de dot, Hugo quitte la résidence familiale du Sud français, s’éloigne très vite de la femme peu aimée, du père débauché, des sœurs et d’une mère intransigeante. Peu aguerri au monde ouvrier et au métier de gestionnaire, Hugo s’intéresse difficilement à ses affaires, jusqu’à ce qu’un accident dans la mine mette au jour des restes archéologiques hors du commun, dont un crâne au regard rouge qui éveillera sa passion pour la science et la mythologie religieuse.

Accompagné de son contremaître, l’énigmatique vicaire Horace Saintange, Hugo entame une enquête sur les origines d’une race persécutée, une race aux yeux rouges qui serait parvenue à traverser les âges pour accomplir sa vengeance. Au cours de ses recherches, son chemin croise celui d’Iris, actrice et courtisane, au regard incandescent. Rouge. Il voit en elle la réincarnation d’une déesse ancestrale qui serait la clef de ses plus folles théories. Bousculé entre son sens du devoir filial, conjugal, le mystère autour du premier mariage de son père et le besoin absolu de mener son étude jusqu’au bout, Hugo commencera très vite à subir les conséquences de cette incroyable guerre des yeux qui a débuté bien avant sa naissance…

Confiant le dessin à Bastide et la mise en couleur à Mezil, Yslaire donne au graphisme de La Guerre des Sambre une tournure plus classique que son propre trait, tout en gardant l’originalité de tons rouges et bruns qui créent cette atmosphère si particulière aux livres de Sambre. L’histoire de ces trois tomes se lit avec beaucoup de plaisir, offrant un scenario bien ficelé et apportant un nouveau regard sur l’intrigue première autour de Bernard et Julie (notamment sur le fameux vicaire). Pas de faute de goût, juste un ensemble plus convenu que la saga d’origine. De très belles mises en page, d’intenses lumières, qui portent ce récit où se nichent en permanence la tragédie, l’équilibre fragile des consciences, les secrets de famille, la peur, la culpabilité et les tiraillements amoureux.

Un beau cycle.

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