Les fondements historiques du national-socialisme de Ernst Nolte

Les fondements historiques du national-socialisme de Ernst Nolte
( I presupposti storici del nazionalsocialismo)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Dirlandaise, le 22 juillet 2009 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Les origines du parti national-socialiste

Ernst Nolte est l’un des plus grands historiens contemporains (dixit la quatrième de couverture car moi je ne le connaissais pas avant d’avoir lu ou plutôt épluché ce livre). Il est l’auteur de livres désormais célèbres sur les guerres mondiales, civiles et idéologiques du XXième siècle.

Comme le titre l’indique fort à propos, ce livre retrace la genèse historique du parti national-socialiste qui a conduit Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933. Dans le premier chapitre intitulé « Les racines du conservatisme révolutionnaire », Nolte débute son exposé avec la Révolution Française et l’ère des Lumières dont il nous dit qu’elle est l’une des formes de gauche la plus ancienne car elle s’est attaqué à l’une des plus puissantes composantes des pouvoirs établis soit l’Église. Pourtant, Hitler et le national-socialisme étaient en parfaite opposition avec l’idéologie de cette révolution puisque de droite radical. Nous faisons aussi connaissance avec « Les Illuminés », un groupe radical dont le chef était Adam Weishaupt dit « Spartacus », la ligue des « Noirs » et les « Turner », Arthur de Gobineau, Heinrich Heine le grand poète, Adolf Stocker prédicateur à la cour et fondateur du mouvement chrétien-social en 1879 et Wilhelm Marr. Ernst Nolte nous présente aussi trois personnalités issues des couches intellectuelles dominantes ayant des affinités avec l’antisémitisme avant 1890 soit Heinrich von Treitschke qui a dit cette sinistre phrase : « Le Juifs sont notre malheur », Paul de Lagarde un théologien orientaliste tenant de l’idée d’une germanité pure et voyant dans le judaïsme une incarnation du culte des biens matériels et finalement Nietzsche qui tenait en grande considération la spiritualité juive et trouvait les Juifs plus intéressants que les Allemands mais voyait aussi en eux le peuple le plus néfaste de l’Histoire universelle et qui a apporté au monde la fausseté.

Le deuxième chapitre traite de la radicalisation progressive des différentes puissances européennes à droite et à gauche en commençant par l’arrivée sur le trône du jeune prince Guillaume II et de l’association étrange de l’Empire tsariste et de la République française. L’Allemagne se rattrape et devient une grande puissance industrielle poursuivant une politique de puissance mondiale revendicatrice donc de gauche. Elle possède une flotte navale impressionnante et une armée puissante. On assiste à un rapprochement entre la Russie et l’Angleterre et entre l’Angleterre et la France. L’Allemagne subit donc une sorte d’encerclement. C’est la course impérialiste aux colonies des grandes puissances capitalistes que l’Allemagne ne prône pas. Elle s’allie à l’Empire austro-hongrois conservateur alors que la Russie tsariste s’allie à la République française. On assiste à cette époque à la montée du socialisme. Guillaume II a de fortes tendances conservatrices internationales et fustige le « péril jaune ». Sa solidarité entre monarchies le pousse à donner carte blanche au souverain autrichien afin qu’il exerce sa vengeance à l’égard de la Serbie suite à l’assassinat de François-Ferdinand et de son épouse à Sarajevo en 1914, événement déclencheur de la Première Guerre mondiale. Dans ce chapitre, M. Nolte analyse également trois courants de la droite radicale allemande : le pangermanisme, le social-darwinisme et l'antisémitisme. Il nous entretient ensuite de trois penseurs représentatifs de chacun de ces trois courants : Houston Stewart Chamberlain pour le pangermanisme, Alexander Tille pour le social-darwinisme et Eugen Dühring un socialiste antisémite. M. Nolte se demande si ces trois tendances n'auraient pas pu se fondre en un mélange hautement explosif. Mais il manquait le grand catalyseur soit la guerre.

Bon dans les chapitres suivants, nous voyons quels sont les principaux catalyseurs de la montée du national-socialisme soit la Première Guerre mondiale et la Révolution bolchévique.

Dans la deuxième partie du livre, Ernst Nolte traite des conflits idéologiques au XXième siècle soit les guerres de religions et les guerres idéologiques. On y apprend que le moteur décisif de l’entreprise de Hitler fut sa haine du marxisme et que désigner les Juifs comme les principaux ennemis à la place des capitalistes fut un artifice politique génial. La troisième partie consiste en un court débat.

C’est un livre extrêmement bien documenté et d’une densité telle qu’il doit être lu avec une grande attention. J’en ai fait une première lecture superficielle et une deuxième plus approfondie. J’ai pris une foule de notes entre autres tous les livres que M. Nolte nous conseille de lire sur le sujet et il y en a une quantité impressionnante. Ce livre a-t-il répondu à mon questionnement à savoir comment Hitler a-t-il pu accéder au pouvoir ? En partie mais M. Nolte ratisse tellement large qu’on se perd parfois et qu’il est très difficile d’en revenir au personnage de Hitler tellement nous sommes plongés dans l’Histoire et dans ses différents conflits entre grandes puissances. Mais c’est du solide et la réputation de l’auteur n’est pas surfaite car son livre témoigne de sa grande érudition et de sa connaissance approfondie du sujet dont il traite. Cependant, le ton est un rien pompeux et le texte un rien trop riche et dense. Il aurait mérité une aération et une simplification dans les phrases pour le rendre plus accessible mais bon, ce n’est quand même pas insurmontable comme difficulté.

« Il faut exiger des « concitoyens israélites » qu’ils deviennent des Allemands, qu’ils se sentent tout simplement des Allemands — sans préjudice de leur foi et de leurs anciens souvenirs sacrés qui sont respectables pour nous tous ; car nous ne voulons pas qu’à des millénaires de mœurs germaniques succède une ère de civilisation mixte germano-juive ». Heinrich Heine

"Quand on enquête sur les fondements du national-socialisme, on découvre de nombreux personnages plutôt anormaux..." Ernst Nolte

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Les éditions

  • Les fondements historiques du national-socialisme [Texte imprimé] Ernst Nolte trad. de l'allemand par Jean-Marie Argelès présentation et débat... trad. de l'italien par Philippe Baillet
    de Nolte, Ernst Argelès, Jean-Marie (Traducteur) Baillet, Philippe (Traducteur)
    Éd. du Rocher / Démocratie ou totalitarisme
    ISBN : 9782268043579 ; 11,98 € ; 09/10/2002 ; 160 p. ; Broché
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