La machine de René Belletto

La machine de René Belletto

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Gilles Arnaud, le 1 juillet 2008 (Saint Rémy de Provence, Inscrit le 25 juin 2008, 50 ans)
La note : 8 étoiles
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Du fantastique français angoissant au possible !

Âmes sensibles, tenez-vous loin de ces mornes pages. La folie y devient un lieu commun et s’en va entacher tout ce qui vous est proche, tout ce qui vous est cher.

La conception de la machine était complexe, mais le but qu’elle devait atteindre avait tous les atours de la simplicité. Un principe : deux corps différents sont dans le même temps régis et habités par deux esprits distincts. Des flux dans des boîtes.

Marc Lacroix est un psychiatre dont l’ambition est de comprendre de l’intérieur les perturbations de la psyché humaine. La machine était à l’origine un instrument de recherche ; rien de plus. Durant un bref échange entre les esprits du patient et du thérapeute, ce dernier devait percevoir les traumatismes les plus enfouis à travers un prisme mental aspiré par la démence, puis chacun redeviendrait lui-même, pleinement. Michel Zyto retournerait à sa camisole chimique, tandis que son médecin chercherait à la soigner autrement, à la lumière d’une folie passagère.

Mais la machine fonctionna mal, sur le mode du tout ou rien, selon une opposition stricte entre le corps et l’esprit. Ou alors…, ou alors l’esprit est une entité refusant de se mélanger – comme une âme jalouse de son identité propre. Le résultat était là :

“Il résista à la panique, le temps de dire à Michel Zyto, d’une voix qui le surprit, qui lui fit froid dans le dos, la voix de Zyto :
- Vite, appuyez sur le troisième bouton, appuyez à fond. Doucement mais à fond. Vous comprenez ce qui s’est passé … Vite, appuyez !
Son “collaborateur” avait fort bien compris ce qui s’était passé, lorsqu’il avait vu son propre corps sur l’autre fauteuil. Il avait été stupéfait, mais pas horrifié.
Bien au contraire.
Le ciel venait d’exaucer son vœu le plus cher.
L’idée s’imposa à lui avec l’évidence et la force d’une nécessité vitale, d’une exaltante fatalité.
Et sa décision fut immédiate.
Il allait profiter de la situation pour réaliser son rêve le plus fou, aussi fou, aussi diffus, mais aussi constant et fort qu’un désir d’immortalité, un rêve qui par miracle était à sa portée : devenir le docteur Marc Lacroix.”

Du fantastique français remarquablement efficace. Dur de lâcher le livre des mains : pas pratique le matin avec les tartines beurrées pleines de confiture et le bol de café fumant. On le dit souvent et pour trop d’ouvrages, mais le rythme est haletant, à la limite du soutenable selon les passages, tant l’angoisse est prégnante. Non, c’est pas des blagues (blague = hoax ou fake ; pour les accros).

C’est pas des blagues ! Et en plus René Belletto n’est pas non plus un illustre inconnu :

* Prix Jean Ray 1974 de littérature fantastique pour Le Temps mort.

* Sur la terre comme au ciel, Grand Prix de littérature policière en 1983. Roman adapté au cinéma sous le titre Péril en la demeure, avec Nicole Garcia dans le rôle principal.

* En 1986, il obtient le prix femina, le prix du Livre Inter et le Gutenberg du meilleur suspense pour L’enfer.

…et j’en passe…

La machine a également été portée à l’écran. Un film franco-allemand de françois Dupeyron (1994) : il y a Môsieur Depardieu.

À votre avis, il fait lequel des 2 psys ?
Le psychiatre ou le psychopathe ?

Si je ne vous ai pas convaincu, tant pis.
De belles heures de lecture sont en train de vous échapper.
Allez…laissez-vous tenter.

Gilles ARNAUD

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