Visas pour 6000 vies de Sugihara Yukiko

Visas pour 6000 vies de Sugihara Yukiko
( Roku sen nin no inochi no visa)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Septularisen, le 20 décembre 2007 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 4 015 

UNE LECON D’HUMILITE!

Il est des livres qui vous laissent différents après leur lecture, de ces livres qu’une fois lus, on se dit que rien ne sera plus comme avant… et bien en voilà un!..

«Visas pour 6000 vies» n’est pas un livre qui se distingue par son style unique, bien au contraire, il se lit vite et très facilement. Il ne se distingue pas non plus par l’histoire qu’il nous raconte… non il se distingue simplement par ce qu’il raconte, une leçon de vie, de modestie, d’humilité, d’humanité…

Cette biographie de Chinue SUGIHARA (1900-1986) par sa veuve Yukiko SUGIHARA est tout simplement un livre exceptionnel, elle nous racconte la vie de celui qu’on appelle «l’Oskar SCHINDLER nippon», une personne et une personnalité tout simplement exceptionnelles.

Chinue SUGIHARA est un haut fonctionnaire nippon, après avoir occupé des fonctions diplomatiques en Chine et en Finlande, il est nommé, en 1939, ambassadeur en Lituanie à Kaunas (alors capitale de cet état balte).

Il est rattrapé par l’histoire le 27 juillet 1940. Ce jour-là des milliers de juifs se pressent au portes de la légation japonaise. Ils fuient la Pologne et les autres pays d’Europe orientale sous occupation nazie. Leur revendication : un visa de transit afin de pour pouvoir quitter la Lituanie (alors occupée par les Soviétiques) et refaire leur vie dans un autre pays.

Chinue SUGIHARA réalise très vite que leur seule chance de survie est de traverser la Sibérie et, via le Japon de rejoindre un pays ami. Il demande alors l’autorisation au ministère des affaires étrangères l’autorisation de leur délivrer des visas. Malgré le refus formel de ses supérieurs et l’interdiction explicite de délivrer des visas, il commence à écrire un par un à la main, des visas familiaux pour les réfugiés juifs. Il passe ses journées et même ses nuits à écrire de sa propre main les précieux laisser-passer. Il en arrive même à avoir la crampe de l’écrivain et à ne plus pouvoir écrire. (On estime ajourd’hui qu’il a écrit plus de deux mille visas familiaux soit avoir sauvéla vie à plus de six mille personnes).

Ses supérieurs hiérachiques ayant eu vent de ses agissements, et malgré un deuxième rappel à l’ordre, Chinue SUGIHARA continuera envers et contre tout à donner des visas. Il reçoit alors l’ordre d’évacuer le consulat nippon, la Lituanie étant devenue une république Soviétique et de fait n’existant plus en tant que pays indépendant.

Le 1er septembre 1940 il prend donc le train pour se rendre à Berlin, il continuera à écrire des visas jusque dans le train et à les distrubuer à travers la vitre.

De retour au Japon après la guerre en 1946, il est révoqué du ministère des Affaires étrangères et rayé de la liste des cadres en 1947, pour avoir désobéi aux ordres directs qui lui avaient été donnés. Il doit donc définitivement abandonner la carrière diplomatique.

Chinue SUGIHARA ne reparlera plus jamais de sa vie des évenements de Lituanie et des milliers de personnes à qui il avait sauvé la vie, estimant avoir fait ce qu’il fallait faire et ce que sa conscience lui dictait comme étant juste.

Il se reconvertit dans le privé, notamment comme traducteur (il parle le Français, l’Allemand, et le Russe), et travaille notamment à Moscou en URSS, (il prendra sa retraite en 1975!).
En août 1968, une des personnes qu’il avait sauvées, employée à l’ambassade d’Isräel à Tokyo, parvient enfin à le retrouver et lui montre un papier en lambeaux… il s’agissait là d’un des visas délivrés 28 ans avant….

S’en suivront pour lui une grande série d’honneur les plus divers, dont Chinue SUGIHARA ne se vantera jamais, ni auprès de ses collègues, ni auprès de ses amis. Il dira tout simplement «Il n’y a pas lieu de faire tout ce tapage dans la presse, ni à la télévision… C’était bien ainsi, voilà tout.».
Le 18 janvier 1985 il devient le premier japonais et le seul asiatique à obtenir le titre de «Juste des nations» (Prix Yad Vashem) du gouvernement israélien.

Il meurt le 31 juillet 1986, avec la reconnaissance mondiale pour ses actes de bravoure, mais ce n’est qu’après sa mort, en 1991 qu’il sera enfin définitvement réhabilité au Japon!
Il répetera toute sa vie: «Peut-être ai-je commis une faute en tant que diplomate. Mais je ne pouvais laisser mourir des milliers de personnes qui comptaient sur moi. C’était une action juste… c’est l’histoire qui jugera mon action…».

Un livre à lire, une leçon d’humilité à prendre…

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