Béatrice
avatar 29/11/2010 @ 20:14:56
Sur le fil « Le lecteur a toujours raison » il était question d’interprétation et de 2e degré.

Comment interprétez-vous American Psycho ?

Quelques hypothèses :
- 2e degré
- Exploration des limites, exercice de style
- Métaphore d’un monde pourri
- Pas d’interprétation à chercher, l’auteur souhaitait provoquer, faire parler de lui pour vendre
- Autre – laquelle ?

Nance
avatar 29/11/2010 @ 20:43:01
Moi la façon que j'ai vu ça c'est soit il est un salaud tueur en série et vit dans un environnement déshumanisé ou soit tous les meurtres se passent seulement dans sa tête de malade. Bien que les Mots de Dieu (c'est-à-dire l'auteur) dit que les meurtres sont réellement arrivés, mais moi je préfère penser ce que je veux. Le site Tropes en parle:
http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/…

Nance
avatar 29/11/2010 @ 20:52:19
Je déteste quand les auteurs gâchent l'ambiguïté de leur livre en disant à ses lecteurs quoi penser.

Blue Boy
avatar 29/11/2010 @ 21:47:30
Je suis d'accord avec Nance, l'auteur nous laisse dans le doute volontairement. Patrick Bateman est névrosé, schyzophrène, et peu importe qu'il s'invente une double vie ou qu'il la vive réellement, BEE veut surtout nous montrer comment une société mercantile et déshumanisée fabrique des monstres en puissance, à l'image d'elle-même, et qui ont déjà fait parler d'eux dans les faits divers. Il veut nous dire qu'autour de nous, parmi tous les gens que nous croisons chaque jour, il y a de petits "Patrick Bateman" "bien sous tous rapports", avec une situation des plus confortables, et qui rêvent secrètement de séquestrer et torturer des êtres humains... un jour, une infime minorité d'entre eux passera peut-être à l'acte...

Chacune des trois hypothèses est donc vraie, mais pour moi pas de pure provocation, même si l'auteur a pu vouloir faire délibérément dans le sensationnel... mais je pense que sa dénonciation d'un système cynique reste sincère

Laventuriere 30/11/2010 @ 03:30:52
Je suis d'accord avec Nance, l'auteur nous laisse dans le doute volontairement. Patrick Bateman est névrosé, schyzophrène, et peu importe qu'il s'invente une double vie ou qu'il la vive réellement, BEE veut surtout nous montrer comment une société mercantile et déshumanisée fabrique des monstres en puissance, à l'image d'elle-même, et qui ont déjà fait parler d'eux dans les faits divers. Il veut nous dire qu'autour de nous, parmi tous les gens que nous croisons chaque jour, il y a de petits "Patrick Bateman" "bien sous tous rapports", avec une situation des plus confortables, et qui rêvent secrètement de séquestrer et torturer des êtres humains... un jour, une infime minorité d'entre eux passera peut-être à l'acte...

Chacune des trois hypothèses est donc vraie, mais pour moi pas de pure provocation, même si l'auteur a pu vouloir faire délibérément dans le sensationnel... mais je pense que sa dénonciation d'un système cynique reste sincère


J'ai lu ce livre à sa sortie et me suis toujours posé la question de cette sincérité" dont tu parles..???
Toutefois,j'avoue en avoir "reçu plein la tête"(pour rester correcte!) avec ce livre...Ce fut comme une "bombe" qui m'explosait en pleine tête,un réveil brutal après les années "peace-flowers-dream-no limit" des 15 années précédentes..

Avada

avatar 30/11/2010 @ 07:29:53
Je suis d'accord avec Nance, l'auteur nous laisse dans le doute volontairement. Patrick Bateman est névrosé, schyzophrène, et peu importe qu'il s'invente une double vie ou qu'il la vive réellement, BEE veut surtout nous montrer comment une société mercantile et déshumanisée fabrique des monstres en puissance, à l'image d'elle-même, et qui ont déjà fait parler d'eux dans les faits divers. Il veut nous dire qu'autour de nous, parmi tous les gens que nous croisons chaque jour, il y a de petits "Patrick Bateman" "bien sous tous rapports", avec une situation des plus confortables, et qui rêvent secrètement de séquestrer et torturer des êtres humains... un jour, une infime minorité d'entre eux passera peut-être à l'acte...

Chacune des trois hypothèses est donc vraie, mais pour moi pas de pure provocation, même si l'auteur a pu vouloir faire délibérément dans le sensationnel... mais je pense que sa dénonciation d'un système cynique reste sincère

Assez d'accord.
Mais je dirais plutôt que c'est une façon de dénoncer , dans une société mercantile, la violence des rapports sociaux. Le comportement du super héros Bateman n'est qu'une métaphore du fonctionnement de la société américaine telle que la voit BEE (et libérale, de façon plus générale). Néanmoins même avec cette lecture, certains passages sont difficiles à lire.

Avada

avatar 30/11/2010 @ 07:31:03
En fait, je ne suis plus tellement d'accord avec ma propre critique ;-)...

Virgile

avatar 30/11/2010 @ 09:54:45
Il me semble que dans le bouquin il n'y avait pas vraiment d'ambiguité concernant les meurtres et autres excès, je les ai pris comme évènement réels et pas imaginé par Bateman.

J'ai compris ce bouquin comme étant une variation sur le thème de l'absurdité de la vie dans une société axée sur la "réussite sociale".
Bateman fait tout ce que la société demande mais ça n'assure pas son bonheur alors il le cherche ailleurs, mais il ne le trouve de toute façon pas parce qu'il a perdu son humanité, il a perdu tout sentiments, c'est juste un psychopathe.

Jules
30/11/2010 @ 12:07:57
Zola a décrit un monde tel qu'il le voyait et cela allait de l'apreté des paysans pouvant aller jusqu'au meurtre "La terre", les horreurs du capitalisme et de son cynisme "Germinal", le monde de l'alcoolisme et l'absence de protection sociale "L'assommoir" et bien d'autres.

Pour moi, en caricaturant Bateman BEE en a fait de même avec les traders de son époque et les malades du paraître et du monde artificiel des "people". C'était l'époque de l'argent facile et elle a sévit une seconde fois. Le sens des valeurs n'existe plus pour ces gens.

Devait-il aller jusqu'à une telle violence, une telle cruauté ? Il en existe, et de plus en plus, mais cela n'empêche qu'il s'est lâché...

Nymphette

avatar 30/11/2010 @ 12:40:47
Le monde "réel" ne démontre t-il pas tous les jours qu'il est bien plus violent encore que ces événements décrits dans "American Psycho"?

Il n'a fait que donner un nom au monstre social. Les descriptions sanguinolentes sont des artifices stylistiques. Que ce soit "réel" ou non importe peu.

C'est le seul roman de cet auteur que j'ai vraiment apprécié. Je n'ai pas terminé "Glamorama" et "Moins que zéro" m'avait semblé vain.

Soup34
avatar 03/12/2010 @ 22:33:16
Personnellement j'y vois plusieurs choses, évidemment le monde capitaliste, la superficialité de ce monde et le rejet que Bateman en fait bien qu'il en soit partie intégrante. Et la seule façon qu'il a de rejeter ce monde d'apparence et de beauté c'est de se prouver qu'il est capable du pire.
L'autre idée importante d'après moi c'est le fait que dans cette société d'apparence le fait d'être toujours impeccable le place au-dessus de tout soupçon.
En tout cas ce livre m'a bouleversé et je pense qu'en le relisant dans quelques années j'y verrais peut-être encore autre chose.

Nance
avatar 03/12/2010 @ 23:10:33
Il me semble que dans le bouquin il n'y avait pas vraiment d'ambiguité concernant les meurtres et autres excès

Ça fait trop longtemps pour me rappeler des détails malheureusement, mais je me rappele qu'après la lecture j'avais eu le sentiment que les meurtres/excès pouvaient être considérés comme fantasmés ou qu'il soit fou et qu'il croit réellement les avoir fait....

Exemple, je crois qu'à un moment, il tue un collègue qui est après considéré comme disparu et quelqu'un dit (l'enquêteur?) qu'on l'a vu quelque part et l'affaire est close?

Le fait que le personnage principal soit le narrateur, donne la possibilité de croire que ce qui est écrit n'est pas "nécessairement" vrai.

Nance
avatar 03/12/2010 @ 23:12:21
Le fait que le personnage principal soit le narrateur, donne la possibilité de croire que ce qui est écrit n'est pas "nécessairement" vrai.

Plus le personnage n'est pas le type le plus sain d'esprit de tous les temps.

Nance
avatar 03/12/2010 @ 23:16:51
La page couverture du livre (l'édition qui apparaît sur la fiche CL), avec l'auteur qui est dédoublé, me fait penser à Dr. Jekyll et Mr. Hyde.

Avada

avatar 04/12/2010 @ 08:31:44
L'autre idée importante d'après moi c'est le fait que dans cette société d'apparence le fait d'être toujours impeccable le place au-dessus de tout soupçon.

C'est vrai c'est un aspect intéressant du livre.
Je trouve que Bateman ressemble beaucoup à Don Draper de la série Mad Men (bien qu'il ne soit pas du tout un psychopathe).

DE GOUGE
avatar 24/09/2014 @ 22:41:14
L'envoi de Provisette sur ce livre, écrit que je partage à fond, me fait me réinterroger sur cet ouvrage : à part un style littéraire éblouissant dans son mélange cruauté- réalisme,quel est l'intérêt de relater une violence incommensurable et non
expliquée d'un trader ?
Ce livre porte-t-il un message ? (Provis, c'est bon ?)
Où est dans la vie du personnage, la faille pouvant expliquer son comportement ? POURQUOI ce comportement ?
Dans mon souvenir, ce ne sont que kyrielles de descriptions glauques et qui deviennent au fil du temps, insupportables et tellement gratuites qu'on arrive à la nausée !
J'ai tenté un autre livre du même auteur (j'ai oublié le titre, ce qui n'est pas anodin) ou une bande de mômes s’ explose dans un cruauté et une manque de connaissance de soi et de l'autre, stupéfiants : las, pas plus d'innovation dans l' approche uniquement destructrice.
Je ne comprends rien à cet auteur qui ne me parait à aucun moment -je ne parle pas de l'intention - gérer la notion de violence autrement que dans le descriptif, ce qui est pauvre, pour moi.
Nombre de cliens ont adoré ! Peuvent' ils m'expliquer ?
Merci à eux !

Provisette1 25/09/2014 @ 07:14:59
Merci DE GOUGE de cet avis qui me conforte ds le mie.

L'autre livre que tu evoques est bien pire et, pourtant, je l'ai ingurgite- il n'y a pas d'autre qualificatif a employer- jusq'au bout: c'est "Less than zero" -"Moins que zero" qui a fait connaitre Ellis en France.

Toutefois, la periode- les annees 80- se pretait fort bien a "l'ambiance"...glauque des livres d'Ellis.

Provisette1 25/09/2014 @ 07:15:20
(mieN)

Virgile

avatar 25/09/2014 @ 11:23:41
Pour te répondre De Gouge je remet ce que j'avais écrit plus haut: "J'ai compris ce bouquin comme étant une variation sur le thème de l'absurdité de la vie dans une société axée sur la "réussite sociale".
Bateman fait tout ce que la société demande mais ça n'assure pas son bonheur alors il le cherche ailleurs, mais il ne le trouve de toute façon pas parce qu'il a perdu son humanité, il a perdu tout sentiments, c'est juste un psychopathe. " ;-)

J'ai l'impression que c'est pareil dans son premier bouquin "Moins que zéro" mais en plus court et moins trash.

Je prends ces livres comme des constats cliniques sur la déshumanisation des sociétés néo-libérales. Ca se rapproche de Houellebecq je trouve.

Septularisen

avatar 25/09/2014 @ 13:48:28
Merci DE GOUGE de cet avis qui me conforte ds le mie.

L'autre livre que tu evoques est bien pire et, pourtant, je l'ai ingurgite- il n'y a pas d'autre qualificatif a employer- jusq'au bout: c'est "Less than zero" -"Moins que zero" qui a fait connaitre Ellis en France.

Toutefois, la periode- les annees 80- se pretait fort bien a "l'ambiance"...glauque des livres d'Ellis.


Marrant ça, ce sont exactement les deux mêmes que j'ai lu de BEE... et sans aucun doute les deux derniers!...

Page 1 de 2 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier