Patsy80

avatar 07/04/2010 @ 10:12:59
La lecture des Arcanes du Chaos m'a donné envie de connaître la position des lecteurs sur ce sujet : sommes-nous plus heureux dans l'ignorance ou dans la connaissance ?

Loin de la réalité, on est comme tous les autres moutons, un peu agacés de payer, de consommer, d'être mal gouvernés mais une fois dans son pavillon, dans sa petite auto ou en vacances tranquille en même temps que des milliers d'autres semblables, tout ça, c'est oublié.
Par contre, quand on commence à se poser des questions, à refuser ce que nous impose la société (et donc ceux qui la dirigent), on est toujours mécontents, paranos, ulcérés et on n'est même plus capable d'apprécier le bien être du cocon familial.
Alors savoir, c'est super, on se sent au dessus de la masse mais finalement, vaut-il mieux cultiver un micro bonheur accessible ou espérer un macro bonheur impossible ?

Stavroguine 07/04/2010 @ 11:07:34
Pour répondre très rapidement (parce que, là, j'ai pas le temps de faire plus long, mais j'y reviendrai peut-être), je suis persuadé que Nord-Coréen moyen est beaucoup plus heureux que le Français moyen.
Ceci dit, je suis bien content de ne pas être Nord-Coréen.
Pour ce qui est des petits plaisirs/bonheur, je les trouve gerbant (cf. ma critique de La Première Gorgée de Bière). Maintenant, chercher un "macro-bonheur" ? Mouais, j'ai de la sympathie pour les gens qui y croient (encore que ça dépende de leur idée du "macro-bonheur" en question), mais je ne suis pas de leur nombre. Plutôt résigné, égoïste et cynique.

Aaro-Benjamin G.
avatar 07/04/2010 @ 15:17:12
C’est une question que je me pose parfois. C’est aussi le sujet du livre « Comment je suis devenu stupide » de Martin Page.

Sommes-nous plus heureux quand on est con et détaché? Je vais vous surprendre car je vais dire OUI.

Lier le bonheur à l’intelligence ou au niveau d’accumulation de connaissances est une erreur selon moi. Certaines tribus africaines vivant de presque rien sont très heureuses.

En fait, tous les problèmes psychologiques ou sociaux (dépression, suicide, crime, etc.) prédominent dans les pays occidentaux riches et éduqués ou dans les cultures infiltrées par l’impérialisme des pays industriels.

Ceci étant dit, il ne faut pas se faire lobotomiser quand on se pense brillant. Il suffit de prendre du recul par rapport à son environnement, de ne pas croire toutes les conneries prédigérées que l’on nous balance dans les médias et l’on se porte aussitôt beaucoup mieux.

De toute façon, le bonheur ça n’existe pas. Il n’y a que des moments de joie.

Jlc 07/04/2010 @ 16:19:50
Tout d'abord rappel d'un vieux précepte: "l'ignorance protège". Je n'en prendrai qu'un seul exemple: l'égalité. Quand on ne mesure pas l'inégalité qui existe socialement entre les individus on est en quelque sorte protégé puisqu'on ne sait pas que ça existe. Mais en rester là serait bien réducteur et c'est comme ça que les royautés (je parle de celles qui avaient un pouvoir dit de droit divin et non pas des royautés de magazine qui sont censées incarner la nation sans en avoir les moyens) maintenaient leur emprise sur leurs "sujets" (c'est tout dire!). Il faut déborder la question de la connaissance et du bonheur en rapportant la connaissance à ce qu'on en fait. Savoir c'est avoir droit à contester quelque chose, à imaginer autre chose. Ainsi d'un régime politique. Le royalisme, pour revenir à lui, interdit de par son fondement idéologique de contester la personne du roi en ce qu'il représente. Mais c'est la dispute idéologique et notamment la déclaration des droits de l'homme suite concrète du travail des Encyclopédistes et du siècle des lumières (mot admirablement choisi qui éclaire face à l'obscurantisme de "l'ignardise") qui justement la remet en cause. Ceci ne nous a peut-être pas rendu plus heureux mais plus dignes. C'est en cela que la transmission du savoir est une des plus nobles missions (précisons que je ne suis pas enseignant).
A l'inverse et anecdotiquement je trouve stupide la publicité du journal Le Monde pour sa nouvelle formule: "On ne sait rien si on ne sait pas tout". Stupide car tout savoir est impossible et ensuite ça conduit au perfectionnisme dont chacun sait bien qu'il est l'ennemi du bien.
En conclusion, il vaut mieux savoir et se battre pour sa dignité qu'ignorer et vivre égoïstement heureux (ou croyant l'être) avant tôt ou tard qu'on a été leurré.

Palorel

avatar 07/04/2010 @ 16:39:54
Pas plus de cons que ça pour témoigner ?

Aaro-Benjamin G.
avatar 07/04/2010 @ 16:45:31
Pas plus de cons que ça pour témoigner ?


Hi hi! Où sont les imbéciles heureux? Allez levez-vous!

Feint

avatar 07/04/2010 @ 18:11:40
Pour répondre très rapidement (parce que, là, j'ai pas le temps de faire plus long, mais j'y reviendrai peut-être), je suis persuadé que Nord-Coréen moyen est beaucoup plus heureux que le Français moyen.
Ceci dit, je suis bien content de ne pas être Nord-Coréen.
Pour ce qui est des petits plaisirs/bonheur, je les trouve gerbant (cf. ma critique de La Première Gorgée de Bière). Maintenant, chercher un "macro-bonheur" ? Mouais, j'ai de la sympathie pour les gens qui y croient (encore que ça dépende de leur idée du "macro-bonheur" en question), mais je ne suis pas de leur nombre. Plutôt résigné, égoïste et cynique.

Je dévie un peu mais j'ai envie de te répondre sur Delerm. La Première Gorgée de Bière me semble un mauvais exemple pour parler du bonheur : il y a dans ce livre un fond tragique, une impossibilité présupposée du bonheur qui le rend quand même touchant à mes yeux - même si le livre n'est pas très bon. Il n'est pas très bon certainement pour les raisons mêmes qui ont fait son succès et qui fondent aussi ton rejet : la recherche à toute force de la connivence du lecteur. Auteur et lecteur sont supposés se rejoindre sur des motifs supposés universels, et auxquels tu n'adhères pas sans doute parce que tu sens à quel point ce ne sont que des clichés bobos. Ce qui me déplait le plus, personnellement, c'est la traduction linguistique de cette recherche de connivence (notamment dénoncée par Pierre Jourde) dans l'utilisation de l'indéfini "on" à tout bout de champ, manière de faire du coude au lecteur l'air de dire "hein comme c'est vrai ! hein comme c'est bien dit !"

Saule

avatar 07/04/2010 @ 19:11:13
Belle critique Stavro. Je n'ai pas lu ce livre, pour la raison que je savais à l'avance que je partagerai ton avis.

J'avais eu la même déception que toi en lisant un livre de E.E. Schmitt, "Ma vie avec Mozart", qui ne m'avait pas du tout parlé car quand j'aimais un même morceau que lui c'était toujours pour une autre raison.

Dans le genre je préfère mille fois un Alan de Botton (l'art de voyager, la consolation des philosophes, comment Proust peut changer votre vie, etc..).

Feint

avatar 07/04/2010 @ 19:17:44
Jamais lu E.E. Schmitt. Toujours craint le pire (même si l'homme a l'air très sympathique).

Saule

avatar 07/04/2010 @ 22:06:17
Oui, je me méfie aussi, plein de bons sentiments mais ça ne fait pas de la grande littérature.

Feint

avatar 07/04/2010 @ 22:26:03
C'est vrai que des livres pleins de bons sentiments qui soient aussi des grands livres, je n'en vois pas beaucoup (ça doit pourtant être possible...).

Aria
avatar 07/04/2010 @ 22:37:58
Pas plus de cons que ça pour témoigner ?

C'était ton témoignage, Palo ?

Moi, je suis moyennement ignare, mais ça ne me rend pas heureuse. Que faire ?

Pour être sérieux, il est évident que moins on se pose de questions existentielles, plus on est zen.
Celui qui se satisfait du tiercé au bar du coin en sirotant un pastis le dimanche et qui attend juste Sports Dimanche ou Dieu sait quelle émission sur TOUT le sport pour une après-midi heureuse, m'est avis qu'il a le secret du bonheur, mais j'aime mieux être comme je suis. ;)

Aria
avatar 07/04/2010 @ 22:44:00
Pour répondre très rapidement (parce que, là, j'ai pas le temps de faire plus long, mais j'y reviendrai peut-être), je suis persuadé que Nord-Coréen moyen est beaucoup plus heureux que le Français moyen.
Ceci dit, je suis bien content de ne pas être Nord-Coréen.
Pour ce qui est des petits plaisirs/bonheur, je les trouve gerbant (cf. ma critique de La Première Gorgée de Bière). Maintenant, chercher un "macro-bonheur" ? Mouais, j'ai de la sympathie pour les gens qui y croient (encore que ça dépende de leur idée du "macro-bonheur" en question), mais je ne suis pas de leur nombre. Plutôt résigné, égoïste et cynique.

Stavro, tu aimes faire dans la provoc', on le sait tous.
Mais comment peux-tu dire qu'un Nord-Coréen moyen est beaucoup plus heureux que le Français moyen.
On envoie Sarko prendre des leçons de dictature en Corée du Nord chez Kim je ne sais plus son nom. Et on te met Prime Minister !

Ouuuhhh ! je m'enfuis à toutes jambes !
L'est fou, le Stavro ! Mais tu ne me feras pas lire un Delerm pour autant.

Le macro-bonheur est-ce comme le macroburger ? Avec un huge sachet de frites.

Math_h

avatar 07/04/2010 @ 23:07:01
J'ai eu plus ou moins cette discution avec des amis, ça c'est plus ou moins fini par un grandiloquent: "de toute façon la déprime c'est un truc de bourgeois, le paysan qui bosse 10 heures par jours, mange et dors du sommeil du juste parce qu'il est trop claqué pour faire mieux, il a pas le temps de déprimer."

Ce qui dans le fond n'est pas feaux, euh, faux, étant moi-même paysan, après une grosse journée de labeur, j'ai pas de problème avec mes états d'ames.

Je passe pas mes WE au PMU, ni à regarder le sport à la Télé mais je considère que le bonheur est un état d'esprit et que même si j'ai tendance à intellectualiser certaines choses, pour moi le vrai art de vivre c'est d'arriver à ce sentir heureux sans remuer des montagnes.

L'imbécile heureux est il du coup vraiment l'imbécile, pas sûr.

Stavroguine 07/04/2010 @ 23:28:22
Pour répondre très rapidement (parce que, là, j'ai pas le temps de faire plus long, mais j'y reviendrai peut-être), je suis persuadé que Nord-Coréen moyen est beaucoup plus heureux que le Français moyen.
Ceci dit, je suis bien content de ne pas être Nord-Coréen.
Pour ce qui est des petits plaisirs/bonheur, je les trouve gerbant (cf. ma critique de La Première Gorgée de Bière). Maintenant, chercher un "macro-bonheur" ? Mouais, j'ai de la sympathie pour les gens qui y croient (encore que ça dépende de leur idée du "macro-bonheur" en question), mais je ne suis pas de leur nombre. Plutôt résigné, égoïste et cynique.

Stavro, tu aimes faire dans la provoc', on le sait tous.
Mais comment peux-tu dire qu'un Nord-Coréen moyen est beaucoup plus heureux que le Français moyen.
On envoie Sarko prendre des leçons de dictature en Corée du Nord chez Kim je ne sais plus son nom. Et on te met Prime Minister !

Ouuuhhh ! je m'enfuis à toutes jambes !
L'est fou, le Stavro ! Mais tu ne me feras pas lire un Delerm pour autant.

Le macro-bonheur est-ce comme le macroburger ? Avec un huge sachet de frites.


Je faisais pas dans la provoc du tout, c'est juste un pays tellement fermé que très peu savent ce qu'il y a en-dehors de leur pays (tout comme on sait finalement très peu comment eux vivent). Du coup, il n'y a pas de référent pour qu'ils puissent comparer leur mode de vie avec ce qui se fait ailleurs.
A côté de ça, ils sont nourris dès le berceau à la propagande qui leur dit que leur leader est le sauveur de l'humanité et que le jour de son anniversaire est férié dans le monde entier, on exacerbe leur sentiment nationaliste, on les convainc qu'ils sont une nation qui mène le monde... Si tu n'as aucun moyen de savoir que tout ça est un tissu de mensonges, y a carrément de quoi être heureux malgré les petits tracas quotidiens - qui ne sont rien par rapport à ce qui se passe ailleurs comme le leur disent tous les organes du parti.

Saule

avatar 07/04/2010 @ 23:33:23
Le bonheur, c'est de s'oublier soi-même. Une bonne étape du tour de France, ça peut aider !

Garance62
avatar 08/04/2010 @ 07:43:24
je considère que le bonheur est un état d'esprit et que même si j'ai tendance à intellectualiser certaines choses, pour moi le vrai art de vivre c'est d'arriver à ce sentir heureux sans remuer des montagnes.

L'imbécile heureux est il du coup vraiment l'imbécile, pas sûr.

D'autant plus que les montagnes se laissent rarement faire facilement.
Donc, tant qu'à faire, autant les laisser en place. Sauf à ce qu'elles fassent trop d'ombres sur les champs. Mais déplace t-on l'ombre ?
Et le raisin, là-dedans, il dit quoi le raisin ?
L'imbécile,pas imbécile heureux, doit être proche du bonheur, je le crois aussi.

Saint Jean-Baptiste 08/04/2010 @ 16:40:02
Pour être heureux, vivons con… nement ! C’est un credo de l’hédonisme. ;-))

À mon avis, ça peut marcher, tant qu’on gagne de temps en temps au PMU, tant qu’on peut prendre le pastis au bar du coin sans souffrir du foie, tant qu’un Belge gagne l’étape du Tour de France, tant que la TV ne tombe pas en panne le jour de la star’ac et tant que le Standard sera champion…
;-))

Don_Quichotte
avatar 08/04/2010 @ 17:25:14
Stravo, je ne sais pas si tu connais bien les conditions de vie en Corée du Nord, mais il y a beaucoup de gens qui meurent de faim, et beaucoup d'autres qui se font tuer en essayant de fuir leur pays.
Je comprends ce que tu voulais dire, mais tu as pris un mauvais exemple, je crois.

Débézed

avatar 09/04/2010 @ 01:17:56
C'est vrai que des livres pleins de bons sentiments qui soient aussi des grands livres, je n'en vois pas beaucoup (ça doit pourtant être possible...).


... mais rare !

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