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Arthurbouline 20/11/2005 @ 22:22:38
Bonjour,

Je suis nouveau ici. Ca à l'air sympa et finement modéré ;)

Je vous propose un texte. Vos conseils avisés me seront précieux. J'écris, humblement, au "vous" , le "vous" des livres dont vous êtes le héros, mais sans les monstres.

Je m'interroge sur le rythme, la différenciation des personnages, le mélange heureux ou malheureux des genres etc.

Merci de vos commentaires sur ce texte qui est la suite d'autres (donc avec des personnages récurrents qui ne sont pas décrits ici)


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DAREM – Episode 1- Arthur-bouline.com


C1.L

Douce musique. La taverne aux voûtes basses est pleine à s'en déchirer. Toutes les silhouettes sont tournées vers le ménestrel habillé de vert et son compagnon au violon. Il chantonne sans forcer une mélopée lancinante. Elle raconte la trêve entre les divers peuples des monts du Syral. Elle raconte comment les chefs de guerre ont salué leurs morts dans les crépuscules des bûchers funéraires, comment dans l'horreur des chaires broyées, ils y trouvèrent la bravoure, l'honneur et la fierté. A votre droite un homme buriné semble perdre son regard dans le vague d'un champ de bataille. A votre gauche un autre homme se perd dans le fond de sa bière sans mousse. La mélodie est belle, fine. Vous repensez à votre première rencontre avec Arthur, quand Eva vous a demandé d'aller l'inviter au buffet de la sépulture de Wilhem. Jamais vous n'auriez osé lui parler, jamais le désir et la curiosité ne vous avait rendue aussi maladroite. Vous le revoyez partir de Darem et votre cœur frémi. "Louise ?". Il ne s'est pas retourné. Il est parti, un baiser et voilà, il est parti. "Louise ?". Vous avez fait de votre mieux pour ne pas pleurer devant votre père, vos sœurs, et Maître Frant. Surtout ne pas pleurer. Vous regardez fixement devant vous et sa silhouette a déjà disparu. C'est Tamos qui est assis devant vous. Vous sursautez, confuse. Il hoche doucement la tête en pinçant les lèvres.
- Je... euh... Depuis combien de temps êtes-vous là ?! Lui demandez-vous les pommettes certainement écarlates.
- Disons le temps d'un de ces épiques couplets. Le temps d'un souvenir...
- Je suis désolé, Tamos, je...
- Vous n'avez pas à vous excuser, Louise. Je rêve éveillé aussi, parfois. Votre songe avait l'air particulièrement... comment dire... prégnant ?
- Oui, je...
- Non non non, Louise, je ne voulais pas être indiscret. Cela dit, j'avoue que les facéties de notre très cher Arthur me manquent aussi.
- Savons-nous s'il est bien arrivé à Franchepluy ?
- Oui. Sans aucun problème, rassurez-vous. Que disent les nouvelles ? Vous demande-t-il en désignant le ménestrel un petit mouvement de tête.
- Ah ... Les clans se sont entendus pour une trêve de deux années.
- Voilà qui a dû réjouir votre sœur et va soulager votre père. Les routes vont pouvoir s'ouvrir et l'organisation du mariage va pouvoir commencer !
- Où peut-il être à cet instant présent ? Demandez-vous malgré vous.
- Louise, vous devriez modérer votre âme et l'empêcher de s'éloigner dans des songes trop flatteurs...
- Je sais Tamos, je sais. Mais ... Voilà trois semaines qu'il est parti et...
- Cela passera. Avec le temps, tout passe. Même les plus solides des roches ne résistent pas aux reflux des vagues. Et les passions s'étiolent.
- Oui mais l'Amour ?!
- Justement! Le temps va lessiver votre ardente passion ! Chaque seconde est pour lui autant d'aiguilles, de fines épées effilées! Lassitude, rage, attente, fatigue, tout y passera et dans le tourbillon de vos sentiments ainsi dénoué apparaîtra enfin votre amour comme un rubis flamboyant et immuable, insensible aux secondes comme aux jours ou même aux siècles!
- Ou rien du tout si ce n'était qu'un désir de jeune fille... Ajoutez-vous amèrement.
- Ou rien du tout effectivement. Mais les femmes aussi ont le droit de désirer au-delà du raisonnable...

Vous penchez la tête vers votre verre, étrangement vide. Vous ne vous rappelez pas l'avoir fini. La force des songes éveillés est effrayante. Combien de temps avez-vous rêvassé ainsi?

- Je vous propose de vous raccompagner. Faisons comme si les rues de Darem n'étaient pas sures et que je sois en mesure de vous protéger, voulez-vous ? Dit Tamos en se levant.

Vous suivez son sourire et le chemin qu'il ouvre dans la foule de la taverne.

- Vous croyiez qu'il pense à nous ?
- Evidement, Louise, qu'il pense à vous. Nous le reverrons bientôt, il a accepté d'être le témoin de Messire Clay. Patience.


C1.A

Le petit village de Riok est dévasté. Il ne reste de la tempête qu'un ciel gris et uniforme. Vous embrassez le désastre d'un regard fasciné. Brindilles, branches, troncs, ardoises, planches, vêtements, tout est éparpillé partout comme saupoudré du ciel. Vous souriez en observant que vous avez parfaitement dormi. Ni les troncs qui se tordent sous les rafales, ni les cris hystériques de vos voisins de chambres n'ont troublé votre sommeil. Pas même la culpabilité d'avoir fait pleurer le gamin des fermiers ! Rien ! Vous êtes physiquement et moralement indemne, parfaitement opérationnel. Vous inspirez profondément une grande bouffée de cet air particulier, mélange de toutes les sèves, et refermez délicatement la fenêtre. Derrière vous, certainement effleurée par le léger mouvement d'air frais de la fenêtre, Violette s'étire dans le lit. Vous êtes nu et la fraîcheur de l'aube n'a pas atteint votre vigueur matinale qui pointe les cieux. Elle repousse les couvertures et s'offre à vous, brune, velue, rose, moite et ouverte. Elle vous fait un peu penser à Eva Dafot.

Le temps raisonnable de l'intimité s'écoule doucement et vous quittez la chambre de Violette pour rejoindre la vôtre, non sans lui avoir adressé un tendre baiser. Il y a peu de chambres à cet étage. Même les cris des pensionnaires ont du mal à résonner jusqu'ici. Votre chambre est à quelques pas, juste en face de celle de Julia, la fraîche Julia. Vous trottinez, bottes à la main, jusqu'à votre porte dans le silence de l'asile.

Allongé sur votre lit, les mains derrière la tête, vous préparez votre journée. Vous avez ramené Ernest à l'asile comme Dame Efidie vous l'avait demandé. Franchepluy est à quatre journées de voyage, peut-être plus suivant les dégâts de la tempête. Vous devez être à Darem dans 5 semaines pour le mariage de la fille Dafot. Il faut deux semaines de marche entre Franchepluy et Darem, dix jours à cheval. Reste Julia. Il ne faudrait pas qu'elle s'amourache de vous. Quoique, si c'est le temps du retour à Franchepluy, cela ne pourra rendre les choses que plus agréables. Vous décidez donc de rester quelques jours ici, à l'asile de Riok, pour profiter de la compagnie de Violette.

C'est une matinée de bûcheronnages variés. Tous les pensionnaires les moins atteints sont dans le jardin de l'asile. Une femme, en robe de nuit bleue pastel, ramasse des feuilles une par une et les classes par tailles et types, voire rejette celles qui ne lui conviennent pas. A part elle, tous les autres semblent répondre à la tache sans extravagances. La garde est doublée au portail. La bâtisse et les alentours sont vite remis à net. Maître Rudolphe accepte alors de prêter quelques pensionnaires au maire de la ville pour aider au nettoyage. Vous vous joignez au groupe pour le reste de la journée.

Ce sont les mains entaillées et le dos courbaturé que vous rentrez vous laver à l'asile. Vu l'étendue des dégâts, il faudra à Riok un bon mois pour retrouver sa forme originale.

Julia est assise dans son lit quand vous entrez lui rendre visite. Elle a repris toutes ses couleurs et sourit délicatement en vous voyant.

- Messire Bouline, mon sauveur !
- Je constate avec plaisir que vous avez récupéré votre enthousiasme.
- Oui !!! Je suis prête !
- A quoi donc ?
- A vous suivre
- A me suivre ?! Et comment pensez-vous ...
- Je vous paierai. Je vous engage pour m'escorter. J'ai de quoi payer.
- Et jusqu'où devrais-je vous escorter ?
- Jusqu'où vous voudrez, jusqu'à ce que je ne puisse plus payer !
- Allons. Vous plaisantez j'en suis sûr.
- Disons que c'était plaisant à croire... Dit-elle en abaissant la voix.
- Je vous escorterai jusqu'à Franchepluy dans quelques jours si vous le voulez. Et vous me paierez si cela vous tient à cœur, mais ce ne sera pas une nécessité.
- Vraiment ?
- Vraiment
- Et quand comptez-vous partir ?
- Je ne sais pas encore. Je vous invite à participer aux activités du pensionnat en attendant, serait-ce pour les défrayer de leur bonne volonté, non ?
- Vous avez tout à fait raison.
- J'en parlerai à Maître Rudolphe, je dois dîner avec lui ce soir. Pour le moment, je vous laisse. Je vais aider les gardes à finir leur cabane devant le portail. Reposez-vous et profitez-en.

Le dîner n'a rien de copieux. C'est le même repas qui est distribué aux patients. Vous vous attendiez à une différence de traitement entre les pensionnaires et le personnel, mais il n'en est rien. Bouillon grumeleux accompagné de sa tartine de pain blanc au menu. Le bureau de maître Rudolphe est un capharnaüm de livres et de parchemins qui côtoient des alambics et des fioles. Il vous regarde souvent droit dans les yeux sous ses sourcils noirs et touffus.

- Je pensais rester encore deux ou trois nuits pour vous aider aux diverses réparations. Lancez-vous
- C'est fort louable de votre part, Messire Bouline, d'autant que la route de Franchepluy ne doit pas être praticable. Cela tombe bien.
- Oui. Et la jeune Julia voudrait aussi participer aux tâches du pensionnat.
- Très bien. Je dirai à Violette de s'occuper d'elle. Sait-elle faire des choses en particulier ?
- Elle est dégourdie. C'est tout ce que je sais.
- Tout ce que vous savez ?
- Oui, et aussi qu'elle a 19 ans et qu'elle a une soeur qu'elle a abandonnée pour vivre sa vie.
- Abandonné ?
- Elles étaient toutes les deux aux mains des esclavagistes quand je les ai sauvées avec Boosh. Mais sur le retour, leurs points de vue ont divergé et Julia a pris l'initiative de nous suivre plutôt que de rester avec sa soeur.
- Où la soeur est-elle restée ? Je ne connais pas de village à moins d'une semaine de voyage.
- Chez des fermiers qui étaient sur notre chemin.
- Intéressant. Quel était le sujet de leurs divergences ?
- Je ne sais pas.
- Elle ne vous en a pas parlé durant le reste du trajet ?
- Si, peut-être, brièvement.
- Et ?
- Et je crois que vous méritez votre place à la tête de ce pensionnat. Pour répondre à votre question, il me semble que Julia est la jeune soeur débrouillarde, exaltée, qui a du succès avec les garçons et que Cristale, la grande, est prude, raisonnée, la mère inquiète.
- Et le garçon en l'occurrence, c'était vous ? Demande Maître Rudolphe en souriant.
- Peut-être. Mais je ne crois pas que tout tourne autour de moi. Pas tout le temps en tout cas !
- De quoi s'agissait-il alors ?
- Vous êtes tenace ! Ernest s'est retrouvé esclave non pas parce qu'il s'est fait capturé mais parce qu'il a été vendu, vendu par le fermier. Aussi, à notre retour, nous avons tenu à avoir des compléments d'informations auprès dudit fermier.
- Nous ?
- Boosh et moi-même. Le fermier, Harold de son prénom, a manifesté une certaine agressivité à laquelle j'ai dû répondre vigoureusement. Hélas, cela a troublé l'esprit délicat de Cristale qui a pris le parti du fermier. Le point de divergence vient de là.
- Mais pourquoi a-t-elle suivi le fermier plutôt que vous si c'était un vendeur d'esclave ?!
- Le fermier nous a expliqué qu'il avait dépensé l'argent de la vente pour prendre un percepteur pour son enfant. Une vague de compassion a fait tourner les têtes, celle de Cristale surtout.
- Et vous non ?
- D'une part il mentait, et, d'autre part, il n'aurait pas hésité à nous empoisonner pendant la nuit.
- Vous l'avez tué ?!
- Non. Juste incapacité. Souriez-vous calmement.
- Vous répondez toujours par la violence ?
- Cela fait longtemps que vous n'avez pas voyagé ?
- Hmmm... Vous avez raison. Je vous avoue que je vous aurais bien accompagné chercher Ernest. J'avais un oncle qui parcourait les routes. Il me racontait ces aventures fantastiques dans des pays lointains. De quoi faire rêver l'enfant que j'étais. Mais j'ai fait d'autres choix, je m'attache aux gens et aux lieux. L'ivresse de la liberté n'est pas pour moi, la sobriété des sédentaires me sied plus, voyez-vous ?
- Je vois, je vois. Je ne pourrais pas vivre votre vie, sauf votre respect, où le seul danger est la contagion mélancolique.
- Vous vous trompez ! Suivez-moi. Triomphe maître Rudolphe en s'essuyant.

Maître Rudolphe traverse le couloir d'un pas énergique, comme un enfant fier de pouvoir montrer sa collection de papillons. Il ouvre une porte en rien différente des autres si ce n'est qu'elle donne sur un escalier de pierre qui descend. "Attention ça glisse" Vous adresse maître Rudolphe qui semble concentré sur ces pieds. Trop tard. Votre talon dérape. Rudolphe a tout juste le temps de se retourner pour vous retenir. Hélas, en se retournant, il glisse à son tour et s'affale sur vous dans une position délicate. Vous souriez tous les deux et vous relevez en vous essuyant.

- Il s'en est fallu de peu ! s'exlame-t-il
- Oui. Quelques centimètres de plus et votre genou broyait une de mes couilles.
- C'est Violette qui aurait été déçu ! Vous répond-il en vous tapotant l'épaule.
- ...
- Ca va ? Gueule une voix d'en bas.

Maître Rudolphe acquiesce et descend les dernières marches. C'est un couloir de cellules. Le sol est parfaitement propre et lisse. Pas un gravillon. Un garde est assis à une petite table au seuil de l'escalier. Il y a une dizaine de lanternes solidement fixées aux murs. Vous remarquez aussi quatre petits briquets à silex sur la table du garde. Maître Rudolphe suit votre regard.

- Ces sous-sols sont particulièrement humides. C'est une catastrophe. Je pense qu'une source souterraine s'est déviée il y a quelques années et humidifie les alentours. Les lanternes n'arrêtent pas de s'éteindre. Les pierres, les bois et les fers s'érodent rapidement.
- Et les pensionnaires de cet étage ne sont pas malades ?
- Non. Finalement les dégâts ne sont que matériels. Nous avons eu peur que cela dégénère en champignons et autres mycoses, mais rien. L'air est bien renouvelé et reste sec. C'est une chance. Je ne vois pas où nous aurions pu les mettre sinon.
- Qui gardez-vous ici ? Des meurtriers sanguinaires ?
- Oh non, heureusement. Simplement des cas particuliers. Des cas qui ne peuvent vivre avec les autres, ni même avec personne d'ailleurs... Mais laissez-moi vous présenter.

Maître Rudolphe vous amène près de la première porte et l'ouvre. Une femme aux traits voluptueux est assise sur un lit tout ce qu'il y a de plus correcte. Vous comprenez que vous n'êtes pas dans des cellules de prison mais de fous. La femme ouvre grand les yeux en vous voyant dans le chambranle, puis rabaisse les paupières d'une charmante façon.

- Laissez-moi vous présenter Sophie. Sophie, je te présente Arthur.
- Enchanté. Répondez-vous en hochant de la tête.
- Tout le plaisir est pour moi ... Répond-elle en se levant et en ondoyant vers vous la main tendue pour un baiser. Puis elle laisse tomber un mouchoir, porte les mains à sa bouche "Oh suis-je maladroite ! Pardonnez-moi" Puis se baisse doucement pour le ramasser sans plier les jambes. Sa robe remonte mécaniquement, genoux, cuisse, basse des fesses, jusqu'à vous laisser voir le spectacle saisissant de son cul potelé. Vous écarquillez les yeux alors qu'un ronronnement bestial gronde au fond de votre esprit. Sophie se redresse tout aussi doucement puis s'approche de vous pour que vous embrassiez sa main.

- Tout le doux... et chaud... plaisir est pour moi... reprend-elle langoureusement.
- Sophie est, entre autres, nymphomane. Relance Maître Rudolphe en se raclant la gorge.
- Je vois... Souriez-vous alors que Sophie commence à se caresser un sein.
- Nous l'avons laissé deux jours avec les autres à son arrivée. Résultats : une catastrophe. Panique et engueulade chez les gardes, hystérie chez les patients. Bref, je vous laisse imaginer. Un vrai danger collectif.
- Ne tombe-t-elle pas enceinte à répétition ?
- Elle est stérile. Elle a tout pour sa maladie et...
- Vous ne trouvez pas qu'il fait chaud ? J'ai terriblement chaud. Je suis en nage, tout humide et moite. Interromps Sophie en se tortillant sur place.
- Uh Rhmm... Oui je disais donc que nous l'avons placé ici, pour le bien du pensionnat et pour son bien à elle pour qu'elle soit loin de toutes sollicitations.
- Et c'est pour mon traitement, Docteur, que vous m'amenez un beau mâle qui, ma foi, m'a l'air terriblement bien membré et vigoureux ?.. Dit-elle en vous regardant entre les jambes.
- Bien, continuons. Réponds Maître Rudolphe en se retournant.
- Attendez ! Crie Sophie.

Elle plonge à vos genoux et vous attrape d'une main à la ceinture. En deux secondes elle l'a déjà dégrafée et s'attaque aux premiers boutons de votre vieux pantalon de cuir, la bouche ouverte et prête à gober ce qui va bondir. Maître Rudolphe lui attrape les épaules pour essayer de vous dégager alors que vous faites de votre mieux pour reculer votre bassin. À votre grand étonnement, vos boutons craquent tous simultanément alors que Sophie donnait un dernier effort pour approcher sa tête. Elle engloutit littéralement votre sexe en seul mouvement. Elle l'aspire goulûment. Sa bouche est particulièrement chaude et ses lèvres humides. Vous avez le souffle coupé. Maître Rudolphe crie "Sophie ça suffit ! Cesse immédiatement de sucer son sexe !" et l'expulse en lui tirant les cheveux et elle se décroche dans un bruit de succion ventousé. Vous tombez en arrière éberlué, le sexe tendu vers le plafond. Maître Rudolphe referme la porte et tourne rapidement le loquet. Vous êtes assis dans le couloir, le pantalon sur les cuisses. Le garde accourt vers vous, un rictus aux lèvres; Maître Rudolphe vous surplombe à la fois gêné et au bord de l'éclat de rire. Il vous tend la main pour vous aider à vous relever.

- Le danger est partout, Messire Bouline... Vous lance-t-il alors que vous remontez votre cuir.
- Effectivement, merci de m'avoir sauvé la ... enfin merci de m'avoir aidé.

Vous éclatez tous les deux de rire, un rire nerveux, un rire aux larmes. Le garde, voyant que tout va bien, retourne à sa chaise, la tête basse et les épaules qui gigotent dans un gloussement mal étouffé.

- Dois-je me préparer à la même chose pour le suivant ?
- Non. Mais vous devez être sur vos gardes. Dit-il en ouvrant une autre porte. Je vous présente Guis. Guis, voici Arthur.

C'est un homme au regard étrange qui s'approche de vous pour vous serrer la main. Il a l'air normal, son sourire est sympathique, mais votre instinct vous appelle à la méfiance. Vous le saluez, et, en un éclair, son autre main part vers votre visage pour vous assener une gifle que vous avez à peine le temps d'éviter. L'homme s'attrape alors la main gauche avec la main droite, comme pour la maîtriser, et recule, confus. Maître Rudolphe referme la porte.

- Surprenant, n'est-ce pas ?
- Indubitablement. Qu'est-ce qu'il a ?
- Il a ce qui s'appelle "une main étrangère". Il ne contrôle pas sa main gauche. Elle est autonome !
- Vous plaisantez ?
- Pas le moins du monde. En fait, sa main gauche est en retard. S'il fait une action avec sa main droite comme par exemple ouvrir une porte, alors, sa main gauche se dit " Si je suis là, ça doit être pour faire quelque chose. Voilà une porte, ça doit être pour la fermer puisqu'elle est ouverte". Ainsi, Guis peut se retrouver coincé à une porte entre sa main droite qui essaye de l'ouvrir et sa main gauche qui essaye de la fermer. C'est fascinant.
- Mais pourquoi me frapper ?
- Sa main gauche a dû conclure que comme elle n'était pas là pour vous saluer, puisque c'était déjà fait, elle était là pour vous gifler. Probablement.
- Vous en avez beaucoup des comme ça ?
- Encore un. Un corsé.

Maître Rudolphe s'avance vers une porte qui n'a pas de judas mais une petite planche clouée à la place. Il déverrouille quatre serrures.

- Il est dangereux ?
- Non. L'humidité est très forte ici, les serrures finissent par tomber. C'est la trentième au moins que nous changeons en un an.
- Maître Rudolphe ! Titre prétentieux devant un élu des cieux ! Quelle tempête vous amène ? La mienne peut-être ! Elle vous a plu j'espère ! Un pur jus de ma colère. Noire, grise, vagues blanchâtres tourmentées, un peu de tonnerre servit sur une bise pour les âtres compassés. Lance une jeune voix à l'intérieure.

Maître Rudolphe vous jette un regard amusé et se concentre sur la dernière serrure.

- Mais qu'entends-je ? De la compagnie ! Maître Rudolphe aurait un ami ! Qui est donc cet étranger ? Je ne suis pas un de vos trophées Rudolphe ! Vous êtes mon serviteur ! Vous êtes tous mes serviteurs ! Continue la voix.
- Ne vous inquiétez pas, il n'est pas méchant. - Vous dit Rudolphe en tournant la poignée qui se décroche et lui reste dans les mains.
- Et voilà ! Patatra ! - Rie la voix.

Maître Rudolphe se retourne vers vous, la poignée dans la main. Il vous fait signe de l'attendre et part vers le garde.

- Qui es-tu étranger ? Es-tu à genoux ou debout ?
- Arthur Bouline.
- Arthur Bouline ? T'a vu Sophie ? T'as vu ses pis quand sa bouche opine ?
- Et toi. Qui es-tu, jeune voix de garçonnet ?
- Henri de Plotaire ! Roi et maître de la terre ! Dantal émérite, Seigneur de la matière, Prince des destins !
- Ca ne rime pas.
- Quoi ?
- Je dis, ça ne rime pas.
- Qui te parle de rimer quand il s'agit de décrire la réalité ! Mets-toi toi à genoux et prie mon courroux !
- C'est ça , c'est ça... Et c'est quoi un Dantal ? Un garçon sans poils au menton ?
- Nabot sans cervelle ! Ignorant ! Tu ne mérites pas de savoir, pas même de me voir, va coudre tes boutons, remonte sur ta selle, et va-t'en.

Maître Rudolphe revient vers vous. Une lanterne crépite à côté de vous et soudain, Henri hurle à la mort. Vous sursautez et vous écartez de la porte d'un bond.

- Je suis désolé, Messire Bouline. Nous avons épuisé notre stock de poignées. J'aurais bien voulu vous le montrer, mais ce sera pour une autre fois.
- Ne vous inquiétez pas. C'est assez. De toute évidence, ma vie dangereuse l'est moins que la vôtre. - Souriez-vous en tenant votre pantalon.
- Disons que je ne vois pas de beaux paysages...
- Qu'est-ce qu'il a ce Henri ? - Demandez-vous en remontant l'escalier doucement.
- Hmmm... Je ne sais pas. C'est un jeune homme de 16 ou 17 ans. Fou, de toute évidence. Un beau complexe de supériorité, c'est certain. Un talent original pour la prose, et un intellect particulièrement performant.
- Un grand frustré quoi.
- Il y a de ça oui, probablement.
- Et pourquoi se met-il à hurler comme ça ?
- Une lanterne a crépité ?
- oui.
- Et bien à chaque fois qu'une lanterne crépite, il hurle, entre autres. Pourtant, nous les remplissons avec une huile spécialement fluide et des mèches finement tressées, pour ne pas qu'elles s'éteignent avec l'humidité, mais elles crépitent de temps en temps. Dès qu'il l'entend, il hurle en se bouchant les oreilles.
- Je vois.


C2.L

Les rues de Darem sont vides. L'air qui a chauffé toute la journée sur les pentes arides des monts du Syral s'est rafraîchi avec la nuit. La brise remonte à présent les odeurs des plaines, en contrebas, mélange de toutes les plantes printanières. Tamos est un ami, presque un confident. Il vous tient le bras avec une délicatesse qui lui est propre, celle des nobles attentionnés, celle du savoir-vivre comme art de vie. Vos talons de bottine claquent sur les pavés au même rythme que celle de Tamos. Il y a aussi les frottements des plis de votre robe épaisse. A part ça, aucun bruit, la nuit est claire et parfaitement limpide.

Une petite silhouette arrive en face de vous d'un pas tout aussi tranquille que le votre. Vous sentez une subtile contraction anxieuse dans le bras de Tamos. Tamos s'arrête alors que l'homme, petit mais musculeux, bruns aux yeux vifs et vêtus de velours colorés, s'approche sans modifier son allure. Il sourit paisiblement. L'homme a le visage rond, un petit chapeau de velours violet et une canne finement ouvragée sur la poignée de laquelle se reflètent les lanternes de la rue.

- Tamos ! Mon ami. Quelle heureuse surprise ! - Lance l'homme en baissant la tête pour saluer.
- Bien le Bonsoir, Messire Louis Legrand... Réponds Tamos.
- Et qui est cette charmante demoiselle qui t'accompagne ?
- Louise, Louise Dafot. Dites-vous en opérant une rapide révérence.
- Une fille Dafot ! Et bien mon cher Tamos, je vois que tu sais toujours aussi bien t'entourer. Mes hommages mademoiselle.
- Que me vaut l'honneur de cette rencontre, Louis ? Demande Tamos cordialement.
- Tout de suite le prénom ! Allons Tamos ! Je pensais que tu n'abandonnerais pas aussi vite le minimum de respect ! Je m'étonne aussi que tu ne devine pas la raison de ma visite...
- Reste dans ton étonnement car je ne comprends toujours pas pourquoi.
- Ah ces jeunes ! Il faut tout leur expliquer ! Vous adresse-t-il avant de se retourner vers Tamos et de poursuivre - Je suis venu te demander de l'aide, poliment, dans les règles de la bienséance.
- Et en quoi puis-je t'aider ?
- Vraiment ? Tu ne sais pas ? Allons...
- Ce jeu a assez duré. Je n'ai rien a te dire, et suis encore moins en mesure de faire quelque chose pour toi. Adieu. Réponds Tamos agacé.

Il vous tire par le bras et reprend une marche rapide. L'homme ne bouge pas. Il regarde ses ongles en souriant. Vous le contournez en le saluant par réflexe de politesse et suivez Tamos. La tension se sent dans son bras et dans sa démarche. "Trois jours ! Je te laisse trois jours !" Crie alors le petit homme dans votre dos. Tamos ne se retourne pas. Il regarde droit devant lui. Vous sentez qu'il est inutile de poser des questions même si vous en brûlez d'envie.

- Qui est-ce ? Demandez-vous finalement.
- Personne d'important.
- Il avait l'air de bien vous connaître pourtant ?
- Ecoutez, Louise... non, pardon. Vos questions sont légitimes, mais respectez que je ne désire pas vous en parler. - Finit-il plus doux mais sans appel.
- C'est moi qui vous demande pardon. Je n'aurai pas dû. N'en parlons plus.

Vous avez pendant quelques secondes honte de votre indiscrétion, mais, finalement, ce n'était que de l'inquiétude.

Vous reprenez votre marche et soudain Tamos trébuche sur un pavé déchaussé. Son bras vous échappe et il tombe un genou à terre, les mains en avant. Son visage se froisse de douleur. Il a les poignets râpés d'avoir amorti sa chute. Tout le monde est déjà tombé de la sorte et vous avez mal pour lui. Vous pouvez presque sentir cette douleur aiguë sur ses mains, obligatoirement succédée par la désagréable nécessité d'essuyer les gravillons incrustés et douloureux. Il se redresse en boitant et vous sourit comme si de rien n'était. Derrière vous, l'homme a disparu. Il ne reste que la ruelle, vide. Tamos aussi regarde en arrière. Il a le regard fixe et pensif. Le cumul des deux événements ne doit pas être agréable. Difficile de savoir lequel empire l'autre. Tamos semble particulièrement contrarié et vous ne cherchez pas à reprendre son bras, qu'il ne vous présente pas d'ailleurs.

Vous retournez jusqu'à la bâtisse des Dafot dans un silence de gêne. Tamos n'essaye même pas de lancer une discussion sur un sujet superficiel. Vous le saluez dans le couloir et, pendant un instant, vous sentez qu'il hésite à vous dire quelque chose. De toute évidence il aimerait que vous ne parliez de cette rencontre à personne, mais en vous le disant ce serait prendre le risque de montrer qu'il doute de vous. Vous souriez pour le rassurer.

Curiosité mêlée d'inquiétude. Vous connaissez Tamos depuis votre plus tendre enfance et il a toujours été un homme discret, polis et attentionné. Vous l'avez déjà vu contrarier, à l'occasion de disputes avec Maître Frant, mais jamais inquiet, ou plutôt jamais anxieux. Trois jours. Que va-t-il se passer dans trois jours ? Que pourrait bien faire ce Louis Legrand qui fasse peur à Tamos ? Toutes ces questions excitent vos pensées. Certes, cela ne vous regarde pas. Certes, cela pourrait même vexer Tamos que vous cherchiez à en savoir plus. Certes, cela pourrait même trahir la confiance qu'il a en vous. Certes, cela pourrait vous attirer beaucoup d'ennuis. Mais ce n'est pas de la curiosité malsaine, c'est une enquête, une enquête préventive. D'un côté vous voudriez qu'Arthur soit là, il aurait certainement su quoi faire; mais d'un autre côté cela vous donne la possibilité de montrer qu'une femme aussi peut enquêter, résoudre, deviner. Vous faites donc le récapitulatif de la situation, heureuse d'avoir une occasion de pimenter votre quotidien d'apprenti herboriste pour le compte de maître Frant. Messire Louis Legrand réclame quelque chose à Tamos sans quoi il lui fera quelque chose. Cela fait deux points à éclaircir. Puisqu'ils se connaissent, le plus simple est certainement de savoir depuis quand et à quelle occasion. Heureusement qu'il a donné son nom, cela facilitera les recherches. Tamos a soit un objet, soit un savoir ou une compétence que l'autre n'a pas. Il va falloir définir ce que c'est. Louis Legrand, quel nom ironique pour un homme si petit ! Ces habits sont de trop bonne facture et trop bien ajustés pour que ce soit un misérable maître chanteur. C'est certainement quelqu'un d'important, même si vous ne vous souvenez pas avoir remarqué une armoirie sur ces vêtements. Or, les personnes importantes et bien éduquées se présentent toujours au maire de la ville pour rendre hommage. C'est une bonne piste. Vous finissez de brosser vos longs cheveux roux, rangez vos vêtements qui sentent la bière et la fumée dans le bac à linge, et vous couchez sans plus tarder.

L'aube est fraîche. Vous vous présentez au laboratoire de maître Frant comme tous les matins, les idées pleines de plans pour mener votre enquête. Maître Frant est là, hyperactif passant d'un plan de travail à l'autre une fiole à la main.

- Louise ! Bien dormis ? Vous adresse-t-il sur son ton toujours enjoué.
- Très bien, et vous ?
- Parfaitement. Bien, ne perdons pas de temps, voici la liste pour ce matin. Ne tardez pas, et commencez par les echinops, ils sont plus jolis quand ils sont cueillis au premier soleil.
- A quoi servent-t-ils ?
- A rien, ceux-là c'est juste pour de la déco. Ta soeur Eva veut voir si ça irait pour le mariage.
- Mais, on ne pourra plus en trouver à l'époque du mariage !
- Effectivement, je vois que tu progresses ! Mais, en l'occurrence, il est question de les faire sécher. Rassure-toi, toutes les autres plantes de la liste servent à des choses moins artistiques ! Au passage, j'ai oublié de le noter, pour les foeniculum, je n'ai besoin que des semences.

Il vous sourit et se remet à sa tâche, signe qu'il est temps pour vous de partir. Vous feuilletez une fois de plus le petit livret que Maître Frant vous a prêté. Vous connaissez à présent par cœur toutes les herbes qu'il vous a demandées de ramener. Il y a pour chaque plante de magnifiques croquis, une description précise des couleurs, et même, pour certaines, des indications sur les odeurs. Le seul problème est que Frant fait référence à d'autres plantes pour décrire les effluves et votre connaissance en herboristerie est encore trop théorique. Par contre, il n'y a pas une ligne sur leur utilisation ou vertu. Vous ouvrez le plan que Frant a ajouté au livret. C'est une carte très fidèle des alentours de Darem, agrémentée des zones où vous pourrez trouver les différentes plantes requises. Maître Frant cherche à vous transmettre petit à petit son savoir. Il a toujours porté une grande attention à votre éducation, peut-être même plus qu'à vos sœurs. Un jour que vous perdiez confiance en vous, vous le revoyez vous dire "Ma petite Louise, tu as quelque chose que tes sœurs n'auront jamais: la possibilité d'être proche de la terre, loin des protocoles!" Phrase à laquelle vous aviez répondu vexer : "Comme les gueux et les vers de terre !"

Le soleil se lève à peine lorsque vous partez à cheval vers la zone de cueillette. Vous connaissez bien les alentours après une semaine de crapahutages quotidiens. Vous arrivez près d'une très jolie petite prairie, coincée entre une falaise escarpée et la bordure d'un sous-bois. La configuration est telle qu'elle reçoit pleinement le soleil frais du matin. Votre cheval a soudain un mouvement de nervosité. Quelque chose bouge dans le sous-bois. Quelque chose s'approche. Deux silhouettes. Vous portez la main à votre garde, prête à la fois à esquiver une attaque et à lancer votre monture au galop. "Qui va là ? "Criez-vous bien moins fort que vous l'aviez prévu.

"Ce n'est que nous, mademoiselle Louise ! Christobald et Derreck !"

Les deux hommes en armes légères sortent du bois en souriant.

- Que faites-vous ici ? Leur demandez-vous en abaissant votre garde.
- On chasse mademoiselle, on chasse. Réponds le jeune Derreck en bombant subrepticement le torse.
- Mais ? Vous n'êtes pas avec les autres ?
- Si si, mademoiselle Louise, justement ! Nous avons été choisis pour rabattre le gibier. C'est une tâche qui n'est demandée qu'aux plus rapides et agiles d'entre-nous vous savez. Surenchérit Derreck toujours aussi fier.
- Euh... Oui... mais chante pas si vite, petit. Coupe Christobald.
- Et quel genre de gibier chassez-vous messieurs ?
- Nous avons repéré un cerf, certainement un très beau mâle, ces traces sont profondes. Relance Derreck.
- Je vois. Mais vous me pardonnerez, même pour un superbe cerf, je trouve ce loisir cruel.
- Ce n'est pas un loisir, mademoiselle Louise, c'est notre travail. Et puis, d'où croyez-vous que ...
- Ne soit pas insolent Derreck, vient, il ne faut pas qu'il nous échappe.

Les deux hommes vous saluent. Le jeune Derreck à l'air contrarié, l'autre n'a montré aucun signe particulier. Leurs silhouettes disparaissent vite dans le bois, aussi vite qu'elles étaient apparues. Vous attachez votre cheval près de la falaise. Le bois ne vous inspire pas confiance, d'autant moins qu'avec la clarté de la petite prairie et de la falaise jaunie par le soleil du matin, ce coin apparaît particulièrement sombre. Vous ouvrez le petit livret de maître Frant et laissez votre regard rebondir d'une plante à l'autre. Machinalement, votre dos refuse de s'offrir à la lisière du bois. Vous vous trouvez ridicule car vous savez que le danger, s'il y en a, pourrait tout aussi bien venir de la falaise, ou même d'une pierre plate au milieu de la prairie.

La matinée passe rapidement quand on est occupé. Le soleil est déjà haut dans le ciel, vos mains sont terreuses et odorantes. Vous n'avez de cesse de vous repasser la scène de la veille. Vous essayez de vous rappeler tous les détails, un froncement de sourcils, une chevalière, vous scrutez les images que votre mémoire veut bien vous restituer. Rien.

Maître Frant ne fait pas attention à vous lorsque vous poser votre besace sur une des tables de son atelier. C'est à la fois vexant et gratifiant. Gratifiant car il vous fait confiance, il ne vérifie pas. Vexant parce qu'il pourrait au moins dire merci ce vieux bouc. Vous le regardez concentré sur un parchemin. Il ne vous voit même pas. Quelques secondes passe sans que vous osiez vous racler la gorge. Ce serait risquer de ce faire sortir de l'atelier manu militari.

- Vous avez vu Tamos ce matin ? Lancez-vous finalement d'une voix presque naturelle.
- Hmmm... non. Répond-il sans décrocher de sa lecture.

Lui dire ou ne pas lui dire ? Vous évaluez les solutions et les risques rapidement. Le mieux est de ne rien dire.

- Nous avons rencontré Louis Legrand hier en rentrant tardivement, quel charmant Messire ! Vous le connaissez ? Craquez-vous finalement.

Maître Frant relève la tête sans se retourner vers vous.

- Je crois que Tamos espérait que vous n'en parleriez à personne, pas même à moi...

Devenez-vous écarlate ou blanchâtre ? Le fait est que vous vous figez sur place, des sueurs froides ou chaudes vous envahissent, cela a un nom: la honte. Maître Frant se tourne vers vous en posant son parchemin.

- Connaissez-vous le mécanisme du secret, Louise ?
- ...
- Quand quelqu'un vous fait part d'un secret, il place sa confiance en vous. Il fait le pari que vous ne révélerez rien. D'accord ?
- (Vous acquiescez maladroitement)
- Bien. En partageant un secret avec vous, il se libère d'un fardeau trop lourd pour lui et vous montre combien votre avis, ou tout du moins votre écoute, est importante pour lui. oui ?
- Oui
- Donc, vous, en recevant un secret, vous êtes flatté. La personne se met en position de faiblesse par rapport à vous. Faiblesse car du coup vous êtes en mesure de trahir, de trahir le secret, de trahir la confiance.
- ...
- Bien.

Quelques secondes passent. Vous baissez la tête et vous apprêtez à répondre.

- Tut tut tut. Je n'ai pas fini, Louise.
- ...
- Que se passe-t-il donc quand une personne manque de confiance en elle, et, a besoin de montrer aux gens qui comptent pour elle qu'ils sont effectivement importants pour elle ?
- ...
- Imaginons que vous, Louise, vous ayez parfois un manque de confiance en vous, que vous ayez besoin de prouver aux autres que vous êtes proche d’eux. Grâce au secret vous pouvez renouveler cette confiance mutuelle, cette proximité, cette amitié. Le secret est une monnaie. Vous partagez un secret pour montrer que vous faites confiance, pour montrer que vous êtes attaché à la personne.
- Mais Tamos ne m’a pas confié de secret !
- Ah bon ?! Alors je peux aller le voir et lui dire « Salut Tamos ! Alors, t’as rencontré Louis Legrand hier ? » . Cela ne vous ferait rien ?!
- Vous ne feriez jamais ça !
- Ah oui ? Et pourquoi donc ?
- Ce n’est pas votre genre.
- Vous voulez dire : Ce n’est pas mon genre de répéter partout les choses que l’on me confie ? Comme, un secret par exemple ?..
- J’ai confiance en moi, je n’en manque pas.
- Si vous le dites.
- La rencontre était étrange et Tamos semblait mal à l’aise. Cela m’inquiète et …
- Et vous n’avez pas à vous justifier. Tamos est grand, il viendra me parler s’il a besoin d’aide.
- C’est déjà fait, de toute évidence ! Et cela donne raison à mes inquiétudes !

Maître Frant marque un temps d’arrêt, net. Vous bombez un peu le torse, fière de lui avoir cloué le bec.

- Vous marquez presque un point, Louise, car personne ne vous a demandé d’intervenir ou d’enquêter.
- N’est-il pas normal de s’inquiéter pour ces amis ?
- Bien. Vous marquez effectivement un point. Mais j’ai raison sur la notion de secret.
- J’y réfléchirai. (Puis plus doucement) Est-ce que vous vous inquiétez aussi ?
- Hmmm… Non. Mais comme cela ne va pas vous convaincre, je vous invite à en parler directement avec Tamos.
- Très bien.

Vous le saluez et Maître Frant vous regarde partir avec sa flamme habituelle au fond des yeux.

Vous passez l’après-midi à chercher Tamos. Vous parcourez la ville de long en large, cherchant dans tous les lieux qu’il a l’habitude de visiter. En vain. La soirée est faite de vos obligations : Discuter, broder, étudier avec vos sœurs au palais. La chasse a été bonne paraît-il.

Vous vous endormez l'esprit plein d'hypothèses en vous demandant ce que ferait Arthur à votre place.


C2.A

Le bas de votre ventre claque sur les fesses rebondies de Violette. Une main sur ses hanches et l'autre près de son visage, elle vous mordille, suce et lèche l'index en haletant. Sa croupe est ferme. Sa toison touffue est noire. Vos reins sont en feux, vous ne tiendrez plus longtemps. Elle se cambre et imprime un rythme d'un coup plus violent et plus sec à votre danse. Chaque coup devient brutal. Ca frotte, ça claque, ça souffle et s’essouffle. Le lit tremble et craque. Tout votre corps se crispe, se contracte, une vague de spasmes vous envahit alors que vous déchargez sans retenue possible, une libération. Vous êtes en nage, à bout de souffle, et vous vous laissez tomber mollement sur le côté, faisant attention à ne pas vous coincer une couille dans la manœuvre.

Violette se blottie contre vous, tendrement. Vous regardez le plafond, vague.

- C’est vrai ce qu’on dit sur votre visite des caves ? Vous demande doucement Violette au creux de votre épaule.
- Hmmmm… Et que dit-on ?
- Que Sophie vous a…
- M’a ?
- Sucé.
- Sucé ?
- Sucé.
- Et que m’aurait-elle sucé dans ces « on dit » ?
- Vous vous moquez de moi, Arthur ! Est-ce vrai ?
- Oui. Sophie m’a sucé. Elle m’a sucé l’index gauche plus exactement pour m’échauffer et me faire rester dans sa geôle. Mais j’ai refusé. Je suppose que les « on dit » ont un peu enjolivé les choses à la mode paillarde, n’est-ce pas ?
- … oui.

Violette reste muette. Vous savez très bien qu’elle réfléchit ardemment à si vous lui mentez ou non. Mais cela importe peu. Le tout est de ne pas la vexer, au cas où vous repasseriez par Riok. Quoique, avoir quelque chose à se faire pardonner est parfois sympathique. Vous notez aussi qu’entendre Violette, jolie jeune femme à l’esprit prude et carré, employer à haute voix le verbe « sucer » a quelque chose d’excitant.

La journée se passe en travaux manuels dans la ville. Julia aide les cuisinières à préparer les repas. Elle a retrouvé toutes ses forces. Il y a de l’agitation quand vous rentrez en fin d’après-midi. Un vieil édenté gueule dans le couloir « Alerte ! Le bateau coule ! Tous les canots à la mer ! ». Tous les pensionnaires sont inquiets. Vous apprenez rapidement que les caves sont inondées. Vous croisez Rudolphe dans un couloir qui immédiatement vient vers vous et vous demande de le suivre dans son bureau tout en avertissant au passage le vieil édenté que s’il ne se taisait pas il serait le dernier à monter dans le canot de sauvetage, et qu’il ne restera peut-être pas assez de place.

- Asseyez-vous je vous en prie.
- Combien de temps avant que la bâtisse se brise au fond de l’océan ? Dédramatisez-vous .
- Combien prenez-vous pour une mission d’escorte Messire Bouline ? Demande-t-il d’un sourire forcé.
- Ca dépend du nombre de personnes, de la route, et du temps nécessaire.
- 3 personnes pour Sambéry, un village aux abords de Franchepluy.
- Hmmm… Etant donné que c’est sur mon chemin, qu’il faut habituellement 5 jours et que vous m’êtes sympathique, je dirais 30 pièces, 10 par personne.
- Bien. Il faudrait que vous meniez Sophie, Guis et Henri jusqu’au pensionnat de Sambéry. Je ne peux pas les garder ici. Il y a 30 centimètres d’eau dans les caves…
- Les trois fous ?!
- Ils ne sont pas fous. Ils sont juste incapables de vivre en communauté, c’est très différent. Vous n’avez pas besoin d’escorte particulière et, de toute façon, je n’ai personne pour vous accompagner. A Sambéry vous aurez l’occasion de voir des vrais déments, vous comprendrez. Vous acceptez ?
- … Quand devons-nous partir ?
- Au plus tôt. Demain matin serait bien.
- Soit.
- Vous donnerez ceci au Docte Bessan. Il vous paiera en retour.
- Cela ne vous fait rien de vous en séparer ?
- Ce n’est que temporaire. Dès que le problème des inondations sera réglé, je les ferais revenir. Et puis vous vous trompez, l’attachement est un danger dans mon activité. Vous répond-il un peu sèchement.
- Je n’en doute pas.

Rudolphe vous congédie assez rapidement étant donné l’urgence de la situation. Vous passez en cuisine après le dîner. Julia est affairée à la plonge. Elle se retourne vers vous et s’essuie le front du dos de la main.

- Tout se passe-t-il bien ? Lui demandez-vous.
- Très ! Je me sens utile pour la première fois de ma vie !
- Bonne expérience ! J’ai discuté avec Maître Rudolphe. Il m’a confié une mission qui m’oblige à partir dès demain matin.

Le visage de Julia s’assombrit, comme si un couperet venait de décapiter son entrain.

- Je vous laisse réfléchir, nous en discuterons tout à l’heure.

Vous tournez les talons en souriant aux autres cuisinières. Ce n’est pas le lieu pour avoir une discussion.

Quand Julia entre dans votre chambre, vos affaires sont prêtes pour le départ. Elle ne sourit pas. Vous remarquez combien elle s’est faite belle et combien elle l’est. Elle sent bon, elle sent doux. Sa robe légère flotte gracieusement à chacun de ses mouvements. Elle s’assied à côté de vous, sur le lit. Vous pensez immédiatement au fait que si vous l’honorez maintenant, vous n’aurez peut-être plus assez d’énergie pour faire vos adieux à Violette plus tard dans la nuit. Ce dilemme vous laisse perplexe et marque votre visage d’un pincement de lèvre.

- Je ne peux décidément rien vous cacher - Dit Julia en voyant votre expression – Vous avez deviné. J’ai cassé deux assiettes en réfléchissant, mais ma décision est prise : Je vais rester. C’est mieux pour moi. Je me faisais une joie de vous accompagner dans vos aventures mais… même si je vois bien que cela vous déçoit… Je me sens à ma place ici. J’ai discuté avec Maître Rudolphe. Il me propose le gîte, le couvert et un petit salaire si je le souhaite. Alors… Je ne viendrai pas avec vous demain…

Vous laissez quelques secondes de silence, le temps de réfléchir. Maître Rudolphe a certainement été vexé que vous preniez Violette chaque soir. Il est fort probable, ou tout du moins possible, qu’il tisse des liens avec Julia à l’avenir. Mais si vous honorez Julia, vous lui coupez l’herbe sous le pied, une fois de plus. D’autant plus que les deux filles vont certainement sympathiser et discuter de votre cas. Que se passera-t-il quand elles s’apercevront que vous les avez honorés toutes les deux ? La même nuit ? « Qui s’en soucis ? » Concluez-vous finalement.

- Je comprends votre décision. Elle est sage. J’ai été heureux de faire un bout de chemin avec vous et, peut-être, d’avoir humblement participé à la naissance de votre nouvelle vie. Peut-être nos chemins se croiseront-ils de nouveaux. Relancez-vous un peu flamboyant.
- Arthur… Dit-elle doucement en s’approchant de vous. Tu m’as sauvé et je ne t’ai pas encore remercié…

Vous la laissez vous embrasser. Elle y met toute la douceur dont elle est capable, vous vous enivrez de la finesse de ses lèvres. La minute suivante vous êtes allongé nu. Elle vous chevauche dans un long va et vient, allant de la garde au calot dans une danse suave et douce. Puis, d’un mouvement souple, elle ramène ses jambes et s’accroupie sans vous retirer. Le rythme s’emballe mais garde la même amplitude, seul le choque gagne en nervosité.

Vous ne reverrez plus Julia. Demain peut-être, rapidement avant le départ. La douce petite Julia. Elle est retournée dans sa chambre, une larme à l’œil après vous avoir mille fois répété ses mercis. A peine a-t-elle quitté votre chambre que vous étiez au-dessus de la bassine à vous nettoyer le sexe. Vous pensez à la journée de demain et l’état de fatigue dans lequel vous serez. Le plafond est moins blanc ici. Vous vous relevez sur le bord de votre lit, soupirez, et vous levez en souriant.

La porte de la chambre de Violette est au fond du couloir. Le plancher craque. Vous y allez pieds nus. Un léger grattement sur la porte. Un « Entrer » calfeutré traverse le bois. La pièce est chaude, éclairée d’une seule bougie. Violette est nue sur son lit, ouverte, lascive. La bougie ondoie en refermant la porte. Vous vous placez au bout du lit, en face d’elle. Elle ne bouge pas. Vous vous déshabillez. Vous avez plus d’énergie que prévu. Elle remonte un peu les pieds alors que vous avancez sur le lit.

L'aube est fraîche. Le ciel lavé par la tempête est particulièrement limpide, il donne une impression de netteté parfaite à l'horizon. Vous avez le temps. Le départ n'est prévu que pour le début de matinée. La carriole est prête dans l'écurie. Un garde est en train d'y placer les provisions quand vous arrivez. A peine vous a-t-il vu qu'un rictus éclaire son visage. Il vous salue en essayant maladroitement de le camoufler.

- Bien le bonjour Messire.
- Bien le bonjour. Qu'est-ce qui vous fait sourire ainsi ?
- Ah ? Euh. Rien Messire, je suis toujours d'humeur joyeuse le matin. J'étais perdu dans mes pensées...
- Ben voyons.

Le garde poursuit sa tache sans ajouter quoi que ce soit. Vous n'insistez pas et entrez dans le boxe de votre cheval.

Maître Rudolphe est accompagné de ses trois pensionnaires, votre cargaison, quand il entre une heure plus tard dans l'écurie.

Rudolphe arbore une expression de jubilation. Vous reconnaissez Sophie. Elle porte une robe de toile tombante qui ferait fuir le plus excité des adolescents mués. Sa longue chevelure brune est attachée dans un chignon plus que banal. Vous comprenez immédiatement que c'est l'œuvre de Rudolphe pour amoindrir au maximum l'attrait naturel que Sophie peut provoquer. Pourtant, vous comprenez aussi d'un coup que le physique n'est rien, à peine un plus, comparé au charisme, à l'attitude, à ce "je-ne-sais-quoi" qui fait que, même affublée du plus laid des accoutrements, Sophie garde un pouvoir d'envoûtement intact. Vous n'aviez pas eu le temps, à votre première rencontre, de remarquer la corpulence bedonnante de Guis, ni sa calvitie naissante au milieu de ses fins cheveux blonds, plats et courts. Sa main gauche est enfoncée dans la poche de son pantalon et cette dernière est serrée par un petit lacet de cuir. Reste celui que vous n'aviez pas vu: Henri de Plotaire. C'est un jeune garçon aux cheveux bruns et trop longs à votre goût. Il a le visage très blanc, presque livide, qui contraste avec son côté joufflu. Il est vêtu d'un manteau sombre et épais, adéquat à la particule de son nom. Il porte dans le regard le mépris que vous aviez deviné, mais vous y décelez aussi rapidement une naïveté qui colle plus à son âge.

- Je vous présente Messire Arthur Bouline qui vous guidera jusqu'au pensionnat de Sambéry. Lance Rudolphe en tendant la main vers vous. Je vous laisse le soin de charger vos affaires dans la carriole.

Les trois s'exécutent. Maître Rudolphe vous emmène à part.

- Vous pouvez encore refuser.
- Vous plaisantez ?
- Non.
- Je me demandais juste quelle sera la meilleure attitude s'il y en a un qui veut s'enfuir.
- Ils ne le feront pas.
- Imaginons.
- Ils n'iront pas bien loin. Vous n'aurez pas de mal à les rattraper, beaucoup moins qu'avec Ernest.
- Bien. Des recommandations de dernière minute ?
- Sophie ne doit pas être satisfaite, ni par vous, ni par un de ces compagnons. Guis doit garder sa main dans sa poche autant que possible. Henri ... hmmm ... évitez de le vexer, prenez sur vous, sinon il risque de vous faire une crise.
- Une crise de quoi ?
- Une crise de nerf.
- J'essaierai. Prenez soin de Julia.
- Je n'y manquerai pas.

Les préparatifs touchent à leur fin. La carriole est menée par deux chevaux. Elle est couverte et semble confortable, mais vous savez que vous aurez les reins broyés à la fin de cette première journée. Le départ se passe sans effusions émouvantes, presque austère. Pourtant, tous se sont dits "A bientôt" ce qui vous laisse penser que la charge émotive de cette séparation est énorme et qu'ils préfèrent tous rester sur le registre de l'extrême dignité ; point de larmes donc, mais des gorges serrées. Il n'y a pas non plus Violette ou Julia pour vous souhaiter un bon voyage. C'est triste mais certainement mieux ainsi.

Vous saluez Maître Rudolphe silencieusement et fouettez les rennes d'un petit coup sec. La carriole s'ébranle péniblement. C'est Henri qui est assis à côté de vous. Guis reste seul avec Sophie à l'arrière. Vous saisissez combien il va être difficile de surveiller ceux qui sont à l'arrière. Les deux pourraient commencer une orgie que vous n'en sauriez rien. Vous passez le portail en saluant les gardes, traversez rapidement Riok et voilà l'aventure, une route maltraitée par la tempête, boueuse.

- Ca va ? Tout le monde est bien installé ? Lancez-vous assez fort.

Vous tournez la tête pour voir à l'intérieur. Guis regarde vers le plafond toilé de la carriole. Il a les traits du visage marqués, les yeux humides et entre ses jambes, la tête de Sophie qui monte et descend. Vous retournez immédiatement la tête pour regarder la route. Cela fait à peine cinq minutes que vous êtes sorti de la ville que déjà elle lui taille une pipe. Vos épaules s'affaissent dans un soupir de fatalité. Que faire ? Arrêter la carriole et les séparer ? Non, tant pis, autant les laissez faire. Henri n'a rien remarqué, il reste le regard droit vers l'horizon, presque majestueux.

- Et vous Henri ? Vous êtes bien installé ? Lui demandez-vous pour penser à autre chose.
- Messire de Plotaire, je vous prie.
- Ah, pardon. Et vous Messire de Plotaire, êtes-vous à votre aise ?
- J'ai connu plus confortable, Cocher, mais je suis mieux ici. Et même si le destin m'accable, j'apprécie les promesses de cette éclaircie.
- Je comprends.
- Non, Cocher, tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre. Ta gueuse cervelle ne le peut pas. C'est à peine si tu peux m'entendre.
- Premier avertissement. Un: Tu me vouvoies. Deux, tu m'appelles Messire Bouline. Trois, tu me respectes. Il n'y aura pas de deuxième avertissement.
- Hahaha. Continue Cocher, tu m'amuses énormément avec ta rébellion, qui crois-tu que...

Le coup est difficile à placer, mais il est parfait. Votre poing droit remonte directement sur sa pommette. Sa tête tourne immédiatement sous le choc, et il se rattrape de justesse pour ne pas tomber. Vous n'avez pas appuyé votre coup. Vous regardez droit devant quand Henri se redresse.

- J'ai fermé le poing car je te considère comme un homme, sinon ma main serait restée ouverte et tu aurais pris la taloche que l'on donne aux enfants capricieux. Prend-le comme une marque de respect.

Henri ne bronche pas, il est pétrifié. Il se tient la joue et reste silencieux, avant de reprendre:

- COMMENT OSES-TU LEVER LA MAIN SUR TON MAITRE COCHER ?

Vous tirez brutalement le frein. La carriole s'arrête net. Henri manque de basculer en avant et s'accroche des deux mains comme vous vous y attendiez. Votre poing part de nouveau directement sur son nez, alors que vous l'agrippez de l'autre main pour éviter qu'il bascule en arrière. Vos coups sont secs et sans puissance, il ne s'agit pas de l'assommer. A chaque fois, sa tête ballote. "Que sa majesté daigne me signifier quand elle en aura assez" lui dites-vous. Un coup, deux coups, trois coups, quatre... Vous ne lui laissez pas le temps de parler avant le sixième. "Alors ?". Henri a le nez en sang. Il est KO. Si vous le lâchez, il tombe. Quelqu'un tousse et s'étrangle à l'intérieur de la carriole. Vous jetez rapidement un coup d'oeil. Sophie est en train de perdre son souffle dans une toux sèche. "Et merde" Lâchez-vous. Vous posez Henri contre le siège et sautez à l'intérieur. Guis est allongé, les yeux dans le vague, le sexe à l'air libre, un sourire détendu au creux des lèvres. Sophie est au bord de l'asphyxie, elle est en train de s'étrangler. Vous attrapez une gourde qu'elle empoigne et vide à grandes gorgées entre deux raclements de gorge. Les toussotements s'espacent, mais elle garde des yeux rouges et larmoyants. Une fois calmée, elle vous rend la gourde. Vous regardez le goulot d'un air perplexe puis là lui rendez.

- Que s'est-t-il passé ? Lui demandez-vous.
- Ben... euh... Prévenez avant de freiner aussi brutalement ... J'ai failli mourir ! Vous répond-elle d'une voix enrouée.

Vous faites signe que vous ne voulez pas en savoir plus et remonter à l'avant. Vous avez à présent la certitude d'être le quatrième fou, celui qui a accepté de conduire les trois autres.

Henri se tient le visage. Il renifle. Vous lui tendez une serviette propre et une gourde, une autre gourde. "Tient essuie-toi." Il ne répond pas. "Essuie-toi, ça va couler sur ton manteau". Il baisse un peu la tête et accepte de prendre la serviette.

- Sophie, venez nous aider s'il vous plaît. Dites-vous vers l'intérieur en voyant qu'il ne s'en sortira pas.
- Que voulez-vous que je ... Oh mon Dieu ! Que lui est-il arrivé !
- Il s'est cogné quand j'ai freiné. Aidez-le à s'essuyez s'il vous plaît.
- Ohlala mon pauvre bichon ... Qu'a tu fais à ton joli petit visage ?!! Dit-elle en s'asseyant entre vous deux.
- Ne m'appelez pas bichon. Ergote Henri la tête en arrière pour éviter que le sang coule.
- Qu'est-ce que tu dis Henri ? Lancez-vous en avertissement.
- Rien rien.
- Oh mais laissez-le Messire Bouline, c'est normal à son âge. Hein mon biquet ? Viens voir là. Là. Voilà. Ca va piquer un peu, mais t'es un homme, t'es courageux, hein ? Oh mais ce n'est rien, tu ne saignes déjà plus. Tu vas juste avoir quelques bleus qui passeront très vite. Voooilà. Comme ça. Et oh ?... C'est quoi cette cicatrice ? Comment tu t'es fais ça ?
- Ca ne vous regarde pas. Gémit Henri.

Vous vous penchez en avant pour voir le visage d'Henri. Vous constatez que Sophie a déchiré sa robe pour laisser apparaître un décolleté profond. Vous observez aussi qu'elle se presse contre Henri pour le soigner, que ces gros seins sont pressés contre sa poitrine. Vous finissez par distinguer une cicatrice en forme d'arc de cercle à la racine de ces cheveux.

- Hmmm... On a tous nos vieilles cicatrices, Sophie. Relancez-vous pour éviter qu'elle insiste et regagner du même temps un peu de crédit auprès de Henri.
- Oui, et la mienne ne s'est jamais refermée ! Glousse-t-elle en ponctuant d'un clin d'oeil.

Vous restez stupéfait de sa réponse et échappez un nouveau soupir de fatalité.

- Vous êtes pathétique ... Murmure Henri.
- De qui tu parles ? Demandez-vous.
- D'elle. De tous les deux. De tous les trois. Qu'ai-je fait au ciel ? Qu'ai-je fait aux Dieux pour endurer ainsi chacun de mes pas ?
- Aux Dieux je ne sais pas, mais à nous simplement manqué de respect.
- Qu'est-ce que cela veut dire être "tétique" ? Demande Sophie.
- Henri voulait dire "Pathétique" en un seul mot. Ca veut dire que nous lui inspirons de la pitié.
- Ooooh comme c'est gentil d'avoir pitié de nous mon bichon ! Dit-elle sincèrement touchée. Et puis tu n'as pas à avoir honte de ta cicatrice, moi aussi j'en ai une, une vraie, et je n'en ai pas honte. Regarde.

Sophie dégrafe le haut de sa robe et en sort son gros sein droit. Il est d'une blancheur et d'une fermeté parfaite à ce que vous pouvez en voir sans tomber de la carriole. Il a un téton pourpre auréolé d'un grand rond rose. Elle le soulève devant le visage de Henri qui ouvre grand la bouche de stupéfaction. Puis elle montre de l'index une petite cicatrice. "Là, j'étais petite, je suis tombée sur une branche". Henri ne bouge pas. Il a les yeux écarquillés.

- C'est bon, Sophie, c'est bon. Il a vu. Rhabillez-vous, vous allez prendre froid.
- Et vous ? Vous avez vu ?
- Oui oui oui. J'ai vu.
- Vous vous rendez compte, la branche est rentrée de 2 bons centimètres ! J'étais éraflée de là à là. Continue-t-elle en ballotant son sein de droite à gauche.
- Oui oui oui, nous avons compris.
- Oulala , c'est vrai qu'il fait froid ! Regardez.

Sophie se tourne vers vous en tenant son sein pointé vers votre visage, son téton est dressé vers le ciel. Elle sourit, heureuse de son effet, et se tourne vers Henri pour lui montrer. Puis, elle se rhabille et retourne à l'intérieur en prenant bien soin de se cambrer. Henri n'a toujours pas bougé. Il vous regarde muet, le nez et les joues rouges, comme si Sophie était encore là. Vous souriez d'un rictus d'homme, puis sortez une petite gourde de votre poche. Vous avalez une gorgée, frissonnez de la brûlure qui descend, et tendez la gourde à Henri. Vous détestez faire ça. Vous ne le faites d'ailleurs jamais. Mais la circonstance implique de saisir toutes les occasions pour créer un lien avec Henri. Il prend la gourde, la renifle et écarte immédiatement le visage du goulot. Puis il y revient, porte ses lèvres et avale sec une petite gorgée. Il camoufle un toussotement et détourne la tête. De votre côté, la liqueur préparée par Maître Frant vous a grillé les poils du nez, les larmes vous viennent aux yeux. Finalement, Henri se retourne brièvement vers vous et s'arrête quand il voit que ça vous fait le même effet qu'à lui. Vous souriez, puis éclatez de rire, nerveusement. Henri sourit aussi, puis, il rit avec vous.

Lincoln 20/11/2005 @ 22:40:01
Qu'est-ce donc à dire que cela?
En français dans le texte, qu'est-ce que c'est qu'ce cirque?
Je retrouve le même texte que tu as déjà publié, que nous avons commenté, mais cette fois-ci sans les commentaires!
Qui a donc le pouvoir d'effacer ainsi les traces de ce qui fait finalement la vie de ce site?

Arthurbouline 20/11/2005 @ 22:55:12
Le bon et sage Dieu informatique et ses agents les webmasters qui, lorsqu'on les prient bien à propos, exhaussent certaines prières pour éviter que ne s'incarne dans cette réalité virtuelle des abérrations (comme par exemple un sujet qui part en couille par des interventions hors sujet). Hélas parfois au sacrifice des commentaires intéressants. Je t'invite à refaire ton commentaire et à continuer comme si ce n'était qu'une impression de déjà vu :)

Arthurbouline 20/11/2005 @ 22:56:11
bref, t'en penses quoi de ce texte ?

Mentor 20/11/2005 @ 22:57:11
Ne te tracasse pas Lincoln, monsieur Arthur a voulu se refaire une virginité en créant un nouveau fuseau car il trouvait le premier déjà trop pollué. C'est tout. Mais tu peux remettre ton commentaire ici,il était bien.

Sibylline 20/11/2005 @ 22:59:57
bref, t'en penses quoi de ce texte ?

Tu n'as plus qu'à essayer de t'en souvenir
;-)))
On n'est pas de pions, tout de même

Sibylline 20/11/2005 @ 23:02:16
Tu nous expliques, Mentor? Ou Arthur? (sans les périphrases)

Arthurbouline 20/11/2005 @ 23:04:40
décidément, je suis maudit, j'arriverai pas à avoir des critiques libres sur ce texte ! :))))

Mentor 20/11/2005 @ 23:06:11
P.... en plus c'est vrai, le premier fuseau a disparu!? Trop fort! Alors comme ça, quelqu'un de très influent ou très doué en informatique peut effacer (ou faire effacrer) des commentaires qui ne lui conviennent pas?! Ou plutôt l'entrée en matière avec la révélation de l'abus d'utilisation des adresses mails des membres CL était-elle trop risquée pour monsieur Arthur?
C'est bien trouble tout ça et j'aimerais vraiment en avoir le coeur net avant que ce 2ème fuseau ne disparaisse à son tour.
:-(((

Mentor 20/11/2005 @ 23:09:10
Tu nous expliques, Mentor? Ou Arthur? (sans les périphrases)
Sib, je crois qu'il vaut mieux demander à Arthur de s'expliquer. Et si jamais il y a la moindre contre-vérité, je reviens. Je répète que le captage puis l'utilisation abusive d'adresses internet est certainement répréhensible, et je ne lâcherai pas.

Arthurbouline 20/11/2005 @ 23:14:21
Bon aller voici l'historique :

1- je met online mon texte sur mon site
2- je fais le tour des blogs pour contacter des critiques littéraire et leur demander leur avis, un par un
3- je fini mon tour ici, où je viens pour la première fois, pour poster mon texte
4- 2 blogueurs , mentor et shakti sont aussi membre de ce site et concluent que je spam à tout va, alors que c'est une coincidence malheureuse
5- le sujet dégénère
6- Je demande au webmaster d'annuler le sujet que j'ai initié. C'est une demande légitime et fondée.
7- Le webmaster réagit effectivement, comme il se doit.
8- je reposte mon texte pour obtenir des critiques, chose pour laquelle je suis humblement venu

Conclusion:

Cumul de malentendus, comme cela arrive souvent dans un forum.
Le reste n'est que paranoia.

Prière:

Critiquez mon texte et aidez moi à avancer

Sibylline 20/11/2005 @ 23:14:37
décidément, je suis maudit, j'arriverai pas à avoir des critiques libres sur ce texte ! :))))

Tu sais, moi j'ai vu le début, c'est à dire jusqu'aux premiers commentaires, qui m'ont semblés normaux. Je pars 2-3 h, je reviens, tout est effacé et tu nous dit que tout est normal et qu'il n'y a qu'à redonner des avis. Tu as l'air au courant de ce qui s'est passé, mais ne pas juger utile qu'on le soit, nous. Maintenant, tu sembles agacé qu'on discute un peu.
Bon. C'est ton avis. Perso, ce n'est pas le mien. Tu as peut-être de bonnes raisons, mais comme tu ne m'en laisses pas juge... je vais dire que non, comme ça. Au hasard. ;-)) Et pourquoi pas? Tu dis oui, je dis non. Personne ne prouve rien. C'est un jeu.

Sibylline 20/11/2005 @ 23:18:07
Bon aller voici l'historique :

1- je met online mon texte sur mon site
2- je fais le tour des blogs pour contacter des critiques littéraire et leur demander leur avis, un par un
3- je fini mon tour ici, où je viens pour la première fois, pour poster mon texte
4- 2 blogueurs , mentor et shakti sont aussi membre de ce site et concluent que je spam à tout va, alors que c'est une coincidence malheureuse
5- le sujet dégénère
6- Je demande au webmaster d'annuler le sujet que j'ai initié. C'est une demande légitime et fondée.
7- Le webmaster réagit effectivement, comme il se doit.
8- je reposte mon texte pour obtenir des critiques, chose pour laquelle je suis humblement venu

Conclusion:

Cumul de malentendus, comme cela arrive souvent dans un forum.
Le reste n'est que paranoia.

Prière:

Critiquez mon texte et aidez moi à avancer

Ah! Comme ça, je comprends. ;-)))
Tu vois, quand tu veux. Tu arrives à t'expliquer calmement.
Eh bien j'espère que tu auras des avis
hihihi, je ne savais pas que Mentor avait un blog, ni Sahkti, . Ils ont bien raison d'ailleurs. C'est une activité sympa

Mentor 20/11/2005 @ 23:22:47
"Blogueur", c'est nouveau ça, j'étais un blogueur et je ne le savais pas!
Alors je précise que Sahkti et moi, qui ne nous sommes pas inscrits sur le site de ce monsieur, avons reçu à très court intervalle deux messages identiques sur nos adresses mails théoriquement non connues. Message "publicitaire" non souhaité que j'ai appelé spam. Personnellement j'avais cliqué sur le lien indiqué par Arthur mais sans m'inscrire sur son site, Sahkti n'a cliqué sur rien du tout.
J'ai répondu par mail à Arthur, mail que Arthur a qualifié d'insultant, après quoi j'ai copié-collé ma réponse pour montrer ce qu'il appelait insulte.
Voilà, c'est de l'enfantillage, sauf que cette histoire de captation d'adresse mail persos et son utilisation à des fins publicitaires me met hors de moi. Point.

Sibylline 20/11/2005 @ 23:24:14
P.... en plus c'est vrai, le premier fuseau a disparu!? Trop fort! Alors comme ça, quelqu'un de très influent ou très doué en informatique peut effacer (ou faire effacer) des commentaires qui ne lui conviennent pas?!:-(((

C'est vrai que c'est drôlement rapide. J'ai vu des posts autrement grossiers, insultants etc. rester bien + longtemps, malgré des demandes de suppression. Il y a quelque chose qui m'échappe sans doute, là ou du moins, qui m'étonne beaucoup.

Mentor 20/11/2005 @ 23:24:32
hihihi, je ne savais pas que Mentor avait un blog, ni Sahkti, . Ils ont bien raison d'ailleurs. C'est une activité sympa
Sib, je ne sais pas si Sahkti a un blog, mais moi pas! Décidément ce Arthur n'en rate pas une. Voilà comment démarrent les rumeurs, bravo.

Mentor 20/11/2005 @ 23:27:45
8- je reposte mon texte pour obtenir des critiques, chose pour laquelle je suis humblement venu
j'adore le "humblement"!!! Comment on peut raconter l'histoire tout de même.

Sibylline 20/11/2005 @ 23:27:51
Bon, Mentor, c'est une rumeur qui n'a rien d'insultant, mais c'est vrai que cela fait déjà une contre-vérité

Arthurbouline 20/11/2005 @ 23:28:51
Je suis en train de regarder les mails que j'ai envoyé et il y a effectivement un bleme. Car vous ne faites effectivement pas parti des bloggueurs que j'ai contacté. Autant pour moi. Du coup, le problème est que j'ai quand meme vos mails dans les log de téléchargements (mentor et shakti) et que ce n'est pas moi qui les ait mis, je ne vois d'ailleur pas où j'aurais pu les prendre. Reste que ces mails ne sont pas arrivés tout seul par magie !

Mentor 20/11/2005 @ 23:31:02
Je suis en train de regarder les mails que j'ai envoyé et il y a effectivement un bleme. Car vous ne faites effectivement pas parti des bloggueurs que j'ai contacté. Autant pour moi. Du coup, le problème est que j'ai quand meme vos mails dans les log de téléchargements (mentor et shakti) et que ce n'est pas moi qui les ait mis, je ne vois d'ailleur pas où j'aurais pu les prendre. Reste que ces mails ne sont pas arrivés tout seul par magie !
je cherche justement à savoir QUI TIENT LA BAGUETTE MAGIQUE, sans plus. Si ce n'est pas Arthur, qui???

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