Saint Jean-Baptiste 23/12/2021 @ 17:13:35
J’ai aussi essayé de retrouver le tracé des expéditions et ça m’a beaucoup amusé.
Je pense que la première expédition est allée jusqu’au lac Tanganika et la seconde à traversé le lac et, si ils ont marché une dizaine de jours ils ont dû faire plus ou moins 150 Km pour trouver la ville de Chatu qui pourrait être du côté des lacs Kivu et Victoria.

Ces régions au delà du lac Tanganika étaient restées pratiquement inconnues des Européens à l’époque du récit de notre livre.
J’ai repris pour la circonstance la biographie de Stanley et le récit de ses expéditions y est résumé à partir de ses récits intitulés : My Travelsand and Aventures in Africa.

Livingstone, le fameux missionnaire explorateur anglais, a été le premier explorateur européen dans ces régions. La rencontre entre Livingstone et Stanley date de octobre 1872. Stanley était parti de la côte est à hauteur de Zanzibar et avait parcouru environs 1500 km pour arriver au lac Tanganika en passant par Tabora. il avait retrouvé Livingstone dans une localité nommée Ujiji sur le bord est du lac et, selon le récit de Stanley, cette cité était déjà remplie d’Arabes mais Livingstone était bien le seul Européen.

Les ressemblances entre l’expédition de Stanley et celle du livre sont stupéfiantes : la composition de la caravane, le comportement de l’interprète et du guide, les disputes entre caravaniers, les rencontres en cours de route et l’organisation des étapes sont vraiment comparables. Surtout à partir de Tabora, qui est à mi-chemin entre la côte et le lac. Il y a même dans la caravane un jeune noir qui est donné par un chef arabe à Stanley et qui lui sert de serviteur et de talisman. Curieusement, au cours de l’expédition, le comportement de Stanley est très semblable à celui de Aziz dans le livre.

A sa seconde expédition, Stanley est allé à la recherche des sources du Nil et en a fait aussi le récit, ce qui me fait penser que le territoire de Chatu pourrait se trouver du côté du lac Victoria.

SpaceCadet
avatar 26/12/2021 @ 12:44:55
J’ai aussi essayé de retrouver le tracé des expéditions et ça m’a beaucoup amusé.
Je pense que la première expédition est allée jusqu’au lac Tanganika et la seconde à traversé le lac et, si ils ont marché une dizaine de jours ils ont dû faire plus ou moins 150 Km pour trouver la ville de Chatu qui pourrait être du côté des lacs Kivu et Victoria.


Cette hypothèse est plausible mais elle ne correspond pas tout à fait avec ce qui est décrit dans le roman, à savoir qu'ils se dirigeaient vers le pays des Manyema. Cela étant, si aujourd'hui ce peuple est installé dans le Kigoma, il n'est pas impossible qu'il fussent implanté ailleurs, plus au nord, à l'époque où se déroule le roman.

Cela dit, suivant ce qu'en dit Wikipedia, le Kigoma de même que la région des lacs Kivu et Victoria, sont tous deux considérés comme étant situés au NORD OUEST du pays. Or, le récit parle bien du SUD OUEST. Du coup....

Au-delà d'un possible décalage dû au passage du temps ou d'un possible décalage culturel, j'ai bien l'impression, comme l'écrivait Myrco un peu plus haut dans ce fil, que notre guide nous balade un peu



Ces régions au delà du lac Tanganika étaient restées pratiquement inconnues des Européens à l’époque du récit de notre livre.
J’ai repris pour la circonstance la biographie de Stanley et le récit de ses expéditions y est résumé à partir de ses récits intitulés : My Travelsand and Aventures in Africa.

Livingstone, le fameux missionnaire explorateur anglais, a été le premier explorateur européen dans ces régions. La rencontre entre Livingstone et Stanley date de octobre 1872. Stanley était parti de la côte est à hauteur de Zanzibar et avait parcouru environs 1500 km pour arriver au lac Tanganika en passant par Tabora. il avait retrouvé Livingstone dans une localité nommée Ujiji sur le bord est du lac et, selon le récit de Stanley, cette cité était déjà remplie d’Arabes mais Livingstone était bien le seul Européen.

Les ressemblances entre l’expédition de Stanley et celle du livre sont stupéfiantes : la composition de la caravane, le comportement de l’interprète et du guide, les disputes entre caravaniers, les rencontres en cours de route et l’organisation des étapes sont vraiment comparables. Surtout à partir de Tabora, qui est à mi-chemin entre la côte et le lac. Il y a même dans la caravane un jeune noir qui est donné par un chef arabe à Stanley et qui lui sert de serviteur et de talisman. Curieusement, au cours de l’expédition, le comportement de Stanley est très semblable à celui de Aziz dans le livre.

A sa seconde expédition, Stanley est allé à la recherche des sources du Nil et en a fait aussi le récit, ce qui me fait penser que le territoire de Chatu pourrait se trouver du côté du lac Victoria.



C'est clair que l'auteur a dû s'inspirer de quelques sources (orales ou écrites) pour composer cet épisode.

Pieronnelle

avatar 26/12/2021 @ 13:54:36
Je viens de terminer le livre , je vais faire le commentaire pour les 2 derniers chapitres car ils sont à mon avis complètement liés. Il me faut bien me concentrer sur l'interprétation de cette fin, qui ne m'a pas vraiment surprise après la venue des soldats , mais beaucoup décontenancée , j'y ai vu en premier une côté trés symbolique dès la description du visage du commandant à la tête de cadavre ...Mais faut creuser...

Minoritaire

avatar 26/12/2021 @ 15:21:36
J'ai suivi de loin vos conversations. Sk bien que le nom d'Abdulrazak Gurnah m'a accroché l'œil à la caisse de la librairie où j'avais acheté les bouquins pour mes petits-enfants. J'attendrai quand même qu'il soit disponible en bibliothèques ou en seconde main.
Bonne fin de discussion et d'année.

Pieronnelle

avatar 26/12/2021 @ 17:35:23
IL y a une vraie rupture je trouve dès ces deux derniers chapitres. L'aventure est terminée, Yusuf l'a subie plus que vécue ; c'est ce qu'on veut faire croire , en fait on peut penser qu'elle lui a permis de se "réveiller" ; car cette prise de conscience est néanmoins un peu surprenante tellement on ignorait tout dans les autres parties...Là on rentre dans la vie de Yusuf et du petit monde qui l'entoure.
Donc on retrouve le jardin clos du début qui enchantait Yusuf, je me suis demandée au début s'il n'était pas le Paradis évoquée par le titre, mais son expression "comme les portes du paradis" lorsqu'il évoque les murailles de feu est un peu énigmatique. Sans doute a-t-il peut-être vu dans l'expérience de cette aventure un exemple de liberté représentée par des vies si différentes de la sienne... Personnellement j'aurais donné le titre "L'Eveil" à ce "Bosquet du désir" situé dans ce jardin. Yusuf ose braver l'interdiction du lieu de la Maîtresse, il s'oppose à Khalil, apparemment la révolte monte en lui, ainsi que le sens de la justice et de l'exploitation dont il a fait l'objet. Va se poser la question de la prise de sa liberté par rapport à Aziz et les discussions avec Khalil sont très intéressantes. Où se situe vraiment le choix ? Quand on a été vendu comme un esclave sans être esclave. C'est là que Aziz devient très ambigu, il ne maltraite pas mais il rend dépendant, le fait qu'on puisse accepter de vendre un enfant et de l'accepter en échange du remboursement d'une dette n'est-il pas pire que d'acheter un esclave ? Esclavage qui a été interdit mais contourné d'une façon pernicieuse.
Il y a de belles scènes dans les rencontres avec la Maîtresse et ensuite Amina, assez impressionnantes et avec un certain sens du suspens. Amina attire Yusuf au point de prendre un énorme risque avec la Maîtresse. Son courage dérange Khalil qui n'a jamais pu aller jusque là ; Khalil est conscient de son sort mais a trop peur de la liberté qu'il ne pourrait assumer ; il sent avec dépit que Yusuf sera peut-être capable d'y parvenir et il perdrait et un ami et une "soeur" qui n'en n'est pas une et qu'il aime sans doute également. L'histoire de Khalil est pathétique.
La fin est très étrange , comme un peu surréaliste. Aziz offre à Yusuf une fonction dans son entreprise, ses parents ayant disparu, l'offre parait généreuse afin qu'il ne se retrouve abandonné à son sort puisque la dette n'existe plus. Et pourtant Yusuf sent qu'il n'a jamais admis sa vente à Aziz, il a conscience des chaînes qu'on lui a imposées ,du faux choix que cela implique. Il a vu peut-être une amorce de paradis en s'enfuyant avec Amina mais il semble le seul a réellement vouloir la liberté.
La scène avec les soldats est terrible et impressionnante avec l'officier au visage de "cadavre" et les habitants qui se terrent. Yusuf observe tout, il voit les hommes volés et emmenés comme prisonniers ; il sait qu'il serait un lâche s'il restait chez Aziz car "c'était la naissance de sa première terreur lorsqu'il avait été abandonné"...Et pourtant il va s'enfuir pour aller "à la poursuite de la colonne" des soldats ... mais là c'est lui qui va choisir, il ne sera pas vendu, sans doute il devra se battre et advienne que pourra , du moment que ce sera loin de sa prison mais pas...seul !

Curieux livre mais passionnant !

Maintenant je vais lire vos commentaires des 2 derniers chapîtres... Je suis curieuse de connaître vos interprétations de cette fin.


Pieronnelle

avatar 26/12/2021 @ 18:20:11
J'ai moi aussi la note qui fait référence au Yusuf de la XIIè sourate du Coran et où "sa chemise a été déchirée par-derrière par Zulekha, l'épouse de l'intendant du pharaon (cf.Génèse ch.39 ), exactement comme pour le Yusuf du livre quand la maîtresse lui déchire sa chemise pour le retenir...
Mais dès le début certains font référence au Yusuf du Coran et donc je n'ai pas été surprise. Par contre je ne suis pas allée aussi loin que Myrco et c'est vraiment intéressant car cela approfondit la comparaison et la question de la liberté.

Pieronnelle

avatar 26/12/2021 @ 19:14:15
Par contre concernant la fin je ne pense pas comme Myrco "comment on n'échappe pas à sa servitude". Même si c'est totalement déconcertant pour des gens comme nous si éloignés de ce type de culture, voire civilisation, on peut comprendre que faute de véritable choix et avec néanmoins un désir de liberté au demeurant pas clairement défini et pour cause, Yusuf choisit de rejoindre la colonne pour avant tout ne pas partir seul car il n'y est pas encore préparé. Pour moi, dès lors qu'il le fait de son propre gré (ce qui fait preuve d'un vrai courage vu les risques encourus) et qu'il n'a pas été enlevé, il s'offre une possibilité vers une liberté ,certes avec un grand point d'interrogation , mais qu'il sait ouverte vers un ailleurs . Ce dont il est conscient c'est de sa première déchirure lorsqu'il a été abandonné par ses parents, ce qui m'avait frappée dès le début ; on peut avoir des vies difficiles mais apparemment l'abandon est une blessure non cicatrisable. .Et cela se retrouve dans tous les temps !

L'auteur, par l'histoire de Yusuf,et de par son aura symbolique, a voulu, à mon avis l'inscrire dans l'histoire de son pays si étrange au niveau des mélanges de cultures et marqué par la question des grands échanges marchands. Comment s'y reconnaître, où se situer et savoir où se trouve vraiment sa place ? Yusuf fait-il partie du monde arabe ? Il y a des abandons, de personnes, de cultures, des sacrifices de langues et de traditions. Est-ce que Yusuf en partant rejoindre ces allemands , certes cruels, ne veut pas essayer de rejoindre une autre possibilité de ce qu'il croit être une autre civilisation afin de partir de ce monde en décrépitude ? Sans certitude...
L'auteur a sans doute voulu montrer cette sorte d'impasse et de dilemme dans lequel s'est trouvé ce pays, qui aurait pu rester un paradis si....

Myrco

avatar 26/12/2021 @ 19:38:42
Il serait en effet intéressant de revenir sur cette notion de paradis que nous avons peu évoquée bien qu'elle apparaisse suffisamment importante pour donner son titre au livre;
La comparaison que fait Yusuf entre les portes de flammes et les portes du Paradis demeure pour moi assez ambigüe à moins qu'elle ne traduise encore à ce stade que la naïveté du personnage.
Au final je crois que ce titre est à prendre avec ironie au second degré. Au début lorsque Yusuf enfant n'a pas encore conscience de sa servitude, le jardin clos (tout est dans cet emmurement) est pour lui le jardin de tous les délices, un jardin d'Eden dans lequel il est heureux. Plus tard il prendra conscience de ce qu'il est vraiment, un faux Paradis qui est sous les apparences tout le contraire, ce qu'exprimera clairement Amina lorsqu'elle dira: " S'il y a un Enfer sur Terre, alors c'est ici..."

Le choix de ce titre laisserait à penser que ce thème de la servitude est dans l'intention de l'auteur le thème central du livre alors que ce n'est pas ce que l'on perçoit dans le traitement qui met plus l'accent sur la fin d'une époque, le récit d'aventures.... C'est pour moi le côté un peu bancal du livre.

Myrco

avatar 26/12/2021 @ 19:47:06
Je viens de lire ton dernier commentaire Piero.
Je ne suis évidemment pas du tout d'accord avec le fait que la notion de Paradis se référerait à une situation avant la colonisation; Le mythe du bon sauvage très peu pour moi...

Ce que j'aimerais savoir c'est comment vous expliquez la référence finale à l'avilissement des chiens qui mangent les excréments.

Pieronnelle

avatar 26/12/2021 @ 20:44:36
Je viens de lire ton dernier commentaire Piero.
Je ne suis évidemment pas du tout d'accord avec le fait que la notion de Paradis se référerait à une situation avant la colonisation; Le mythe du bon sauvage très peu pour moi...

Ce que j'aimerais savoir c'est comment vous expliquez la référence finale à l'avilissement des chiens qui mangent les excréments.

Je ne crois pas qu'il s'agisse du mythe du bon sauvage, mais du pays lui-même et de la beauté de la Nature,,,sauvage ;-) et de ses mystères. De l'idée que derrière ces montagnes qui se colorent de rouge (pour moi les rayons de soleil au couchant) il pourrait exister un paradis. Ce qui n'est pas le cas , mais ce qui est certain c'est que les marchands n'apportent pas la civilisation, mais ils en donnent un aperçu pas très convaincants du fait de certains ne respectant pas la parole.
Je pense que ce pays a été abîmé par ce côté économique qui l'a sillonné, chacun cherchant y trouver son compte financièrement. Seuls des religieux ont cherché à instruire, mais si ce n'est pas à partir de la Bible c'est à partir du Coran...

Comme toi j'ai du mal avec cette histoire des chiens, je me triture la tête.

SpaceCadet
avatar 27/12/2021 @ 14:02:06
Au sujet des chiens:

La peur des chiens qu'exhibe Yusuf ainsi que les cauchemars qui semblent s'y rattacher m'ont incité à faire une recherche sur le sujet. J'ai trouvé que chez les musulmans, le chien est considéré comme un animal impur. On ne doit pas s'en approcher ou toucher ces bêtes-là. Les chiens ne font pas partie de la maisonnée non plus, sauf s'ils ont une fonction; par exemple les chiens de chasse. Cela dit il semble y avoir plusieurs références au chien dans le Coran, mais je n'ai pas fouillé de ce côté-là.

Concernant la scène décrite au dernier chapitre, on constate déjà que Yusuf ne semble plus avoir peur des chiens (du reste, les cauchemars ne semblent plus l'accabler non plus) et qu'inversement, ce sont eux qui l'observent de loin avec méfiance. Il ne sera désormais plus une 'proie' mais plutôt un 'maître'.

Cette scène me semble démontrer que d'une part Yusuf a 'grandit' et d'autre part, qu'il voit en ces animaux l'image de l'errance, l'absence de 'fonction' et donc de toit, etc., avec pour conséquence que ces chiens doivent vivre au 'dehors' (ce qui est le cas lorsque Yusuf vit chez Aziz, il dort dehors, il n'a pas de toit, etc.), et subsistent au gré de ce qu'ils trouvent, ici, des 'restes', des 'déchets', etc.

Ainsi je pense que cette scène sert à illustrer le sort qui attend Yusuf s'il ne se prend pas en main, s'il ne devient pas son propre maître. C'est pourquoi, l'instant d'après, il se retourne et choisit d'aller vers un 'autre destin'.

*
Au sujet du titre: je ne sais pas vraiment comment l'interpréter. Ca n'est pas clair pour moi.


Saint Jean-Baptiste 27/12/2021 @ 17:56:32
J’ai dû faire une lecture trop rapide des deux derniers chapitres, parce qu’ils m’ont carrément déçu. Maintenant que j’ai lu vos commentaires, je devrais sans doute les relire pour trouver autre chose qu’une fin ratée.

Les personnages m’ont laissé assez indifférent parce que je ne m’y étais pas attaché. Il me semble qu’ils sont dans l’histoire pour que l’histoire soit racontée à la manière d’un conte typiquement africain : c’est l’histoire qui compte.

Ysuf est particulièrement décevant : on aurait pu croire que son aventure l’avait émancipé, qu’il aurait pris conscience de ses capacités et qu’il allait devenir « quelqu’un » dans la vie : un marchand, un guide de caravane, un meneur expérimenté… Mais rien de tout ça !
Je n’ai pas compris ce qu’il allait faire dans ce jardin, je n’ai pas vu ce que venait faire cette amulette, et ses soirées chez la Maîtresse ont un côté que j’ai trouvé stupide. Il perd son temps ! L’intérêt qu’il porte à la jeune fille en fait un benêt : cette jeune fille se moque de lui.

Quant à Uziz on insinue qu’il se refera dans un commerce illicite… Rien de très brillant dans tout ça, à l’image du personnage. C’est comme si leur fabuleuse expédition ne leur avait rien appris. Pour moi c’est une fin ratée. Mais je vais relire les deux derniers chapitres, j’y verrais peut-être autre chose. Quant au titre « Paradis », ça reste pour moi une énigme.

Mais j’avais prévu que cette histoire finirait mal. On devait s’y attendre. Après les magnifiques récits des expéditions on est revenu au niveau du conte. Et un conte finit souvent en eau de boudin.
Mais parfois, il finit bien, même trop bien. Alors moi j’aurais voulu qu’il finisse trop bien. J’aurais voulu que Ysuf retourne chez Chatu sur le dos d’un djinn et qu’il revienne avec la belle fille qui lui soufflait dans le cou. Et alors, comme dans les contes « il était une fois... », la fin aurait été : ils se marièrent, ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants.
;-))

Pieronnelle

avatar 28/12/2021 @ 01:02:53
Cette scène me semble démontrer que d'une part Yusuf a 'grandit' et d'autre part, qu'il voit en ces animaux l'image de l'errance, l'absence de 'fonction' et donc de toit, etc., avec pour conséquence que ces chiens doivent vivre au 'dehors' (ce qui est le cas lorsque Yusuf vit chez Aziz, il dort dehors, il n'a pas de toit, etc.), et subsistent au gré de ce qu'ils trouvent, ici, des 'restes', des 'déchets', etc.


Merci pour cette interprétation, que je ne parvenais pas à articuler. En fait Yusuf a compris qu'il serait toujours considéré comme un chien s'il restait chez Aziz ,même s'il était mieux traité de par une nouvelle fonction. Parce qu'il n'aurait jamais accès à la maison...

Donc en partant ,effectivement, il pense aller vers quelque chose de mieux même si ce choix est plus que risqué et surtout incertain, mais ce sera ailleurs ,hors de cette servitude que l'abandon par ses parents lui avait imposé.
Moi j'y vois quand même un espoir.

SpaceCadet
avatar 28/12/2021 @ 11:11:47
Cette scène me semble démontrer que d'une part Yusuf a 'grandit' et d'autre part, qu'il voit en ces animaux l'image de l'errance, l'absence de 'fonction' et donc de toit, etc., avec pour conséquence que ces chiens doivent vivre au 'dehors' (ce qui est le cas lorsque Yusuf vit chez Aziz, il dort dehors, il n'a pas de toit, etc.), et subsistent au gré de ce qu'ils trouvent, ici, des 'restes', des 'déchets', etc.

Je cite Pieronnelle:

Merci pour cette interprétation, que je ne parvenais pas à articuler. En fait Yusuf a compris qu'il serait toujours considéré comme un chien s'il restait chez Aziz ,même s'il était mieux traité de par une nouvelle fonction. Parce qu'il n'aurait jamais accès à la maison...


Oui. S'il reste chez Aziz, il sera toujours au service de cet homme et par conséquent, il ne sera jamais son propre maître. Au demeurant, c'est un statut qui lui a été imposé. De la même manière que Mzee s'est fait imposer un statut d'esclave.



Donc en partant ,effectivement, il pense aller vers quelque chose de mieux même si ce choix est plus que risqué et surtout incertain, mais ce sera ailleurs ,hors de cette servitude que l'abandon par ses parents lui avait imposé.
Moi j'y vois quand même un espoir.


C'est bien ainsi que je le vois; lorsqu'il décide de partir (ou s'il avait décidé de rester), c'est de son propre chef qu'il le fait. Ainsi il prend possession de sa destinée, même si au bout du compte, il se retrouvera peut-être sous la commande d'un autre 'maître'.

Cela étant, tout en poursuivant ma réflexion sur le roman, je me faisais la remarque qu'en fait, on ne sait pas vraiment si Yusuf va se joindre à l'armée Allemande. On l'assume, mais ça n'est pas clairement exprimé dans le roman.

Cela dit, il n'est pas impossible que Yusuf ait compris/entrevu la fin imminente d'une époque, celle où les Arabes et leurs descendants ont dominé une grande partie de l'activité commerciale et que dans ce choix qu'il exerce (partir), il exprime son désir de se tourner vers l'avenir plutôt que s'accrocher au passé.

SpaceCadet
avatar 28/12/2021 @ 11:15:54
J'ai suivi de loin vos conversations. Sk bien que le nom d'Abdulrazak Gurnah m'a accroché l'œil à la caisse de la librairie où j'avais acheté les bouquins pour mes petits-enfants. J'attendrai quand même qu'il soit disponible en bibliothèques ou en seconde main.
Bonne fin de discussion et d'année.


C'est gentil d'être venu nous saluer.
Et si le coeur t'en dis, n'hésite pas à nous envoyer une petite carte postale ;-)

Saint Jean-Baptiste 28/12/2021 @ 15:31:50
A votre avis, ce livre vaut-il un prix Nobel ?
Attendons encore les commentaires de Cyclo, Saule, Koudoux, Shelton, peut-être Leslie et Patman, et surtout Septularisen, l’espion envoyé par CL dans les coulisses du Nobel, pour en décider.
:-))

Myrco

avatar 28/12/2021 @ 16:39:45
SJB,
Le Nobel ne couronne pas un livre mais une oeuvre dans son ensemble.
Personnellement je n'ai pas été totalement convaincue par ce livre.
J'ai pu lire qu'outre le colonialisme, cette oeuvre traite beaucoup des migrants, de la souffrance des déracinés,etc...thèmes sensibles et dans l'air du temps. A mon avis ceci explique en partie ce coup de projecteur sur cette oeuvre (sans nier les qualités de celle-ci).

SpaceCadet
avatar 28/12/2021 @ 18:24:04
Chers amis lecteurs, maintenant que notre voyage arrive à son terme, avant que nous ne nous quittions pour rentrer chacun chez soi, je souhaitais faire un bref retour sur les moments qui ont marqué chacune des étapes de notre voyage en Paradis. Alors voici :

LE JARDIN CLOS
Où sommes-nous ? En Afrique?

LA VILLE SUR LA MONTAGNE
Est-ce ici le paradis?

LE VOYAGE A L’INTERIEUR DU PAYS
Franchement, à 17 ans, il est grand temps que ce garçon soit initié aux choses de la vie!

LES PORTES DE FLAMMES
Quelqu’un a-t-il pensé apporter une boussole?

LE BOSQUET DU DESIR
Ah, si seulement cette amulette pouvait parler!

UN CAILLOT DE SANG
Mmmmouais…. Il s’en va où comme ça, le petit Yusuf?


Et pour conclure, voici un proverbe Tanzanien :

Je t’ai montré les étoiles, et tu n’as vu que le bout de mon doigt.

Koudoux

avatar 29/12/2021 @ 08:15:16
Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié ce livre ainsi que la lecture commune qui m'a apporté énormément via toutes ces analyses collectives.
Je pense que l'auteur mérite le prix Nobel, il faudrait bien entendu lire d'autres livres pour confirmer mon sentiment.
Je vous remercie tous et toutes pour cet agréable moment de lecture.

Myrco

avatar 29/12/2021 @ 09:59:59
pour conclure, voici un proverbe Tanzanien :

Je t’ai montré les étoiles, et tu n’as vu que le bout de mon doigt.



Peut-être Gurnah nous a-t-il montré les étoiles...et n'avons-nous pas toujours été capables de les voir;-)

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