Fd
avatar 03/05/2019 @ 17:05:48
Comme Pieronnelle et d'autres aussi, ces lignes "C'est mon père qui a pris cette terre et il a fallu qu'il tue les indiens" (page 41 Gallimard) m'ont aussi frappé. Steinbeck a-t-il voulu parler d'un juste retour des choses ? Ce roman a été publié en 1947, donc écrit avant; à cette époque la conscience collective du droit des autochtones et des minorités n'était pas encore éveillée. Cela a commencé, sans doute en Europe, puis plus tard aux USA. Dans ce contexte il est normal que Steinbeck n'attache pas d'importance particulière à la mort des indiens, mais nous oui.

Tistou 03/05/2019 @ 18:17:19
Comme Pieronnelle et d'autres aussi, ces lignes "C'est mon père qui a pris cette terre et il a fallu qu'il tue les indiens" (page 41 Gallimard) m'ont aussi frappé. Steinbeck a-t-il voulu parler d'un juste retour des choses ? Ce roman a été publié en 1947, donc écrit avant; à cette époque la conscience collective du droit des autochtones et des minorités n'était pas encore éveillée. Cela a commencé, sans doute en Europe, puis plus tard aux USA. Dans ce contexte il est normal que Steinbeck n'attache pas d'importance particulière à la mort des indiens, mais nous oui.

C'est mon sentiment, en effet ...

Saule

avatar 03/05/2019 @ 19:58:45
Je suis arrivé à la fin du chapitre 10.

J'aime bien mais je trouve que c'est un peu long, c'est très descriptif et ça manque un peu de souffle à mon goût. Je retrouve les même sensations que lors de ma première lecture. Il y a des passages vraiment savoureux, le chapitre avec la préparation au départ surtout. Le portrait des deux enfants est très vivant et amusant, on commence on s'attacher aux personnages.

Ludmilla
avatar 03/05/2019 @ 20:42:55
J'en suis aussi à la fin du chapitre 10

p110 "Tommy, ne t'avise pas de leur résister tout seul. [...] Il parait qu'il y en a cent mille qu'on a chassés comme nous. Si on était tous aussi montés contre eux, Tommy... Ils n'oseraient pas nous pourchasser"

p129 Tom :"un type qui venait de Californie [...] disait que les gens qui cueillent les fruits vivent dans des campements très sales et qu'ils ont à peine de quoi manger. Il disait que les salaires sont bas quand on a la chance d'en toucher"
Sa mère: "Ton père a reçu un prospectus sur papier jaune , où ça disait qu'on avait besoin de gens pour travailler. [...] Pourquoi qu'ils mentiraient, et qu'ils dépenseraient de l'argent pour mentir."

Un des buts de ces prospectus serait-il d'empêcher les métayers de rester et de se regrouper? (ou est-ce que je vois des complots là où il n'y en avait pas??)


Je n'ai pas compris le passage (p152) où Man brûle sa boîte de souvenirs, y compris les bijoux (qui auraient pu leur rapporter un peu d'argent). Qu'en pensez-vous?

Pieronnelle

avatar 04/05/2019 @ 00:23:07
Il ne faut pas oublier que ces paysans sont l'équivalent de metayers, en fait ils ne sont pas propriétaires des terres qu'ils exploitent. Cette façon de distribuer des terres qui en fait n'appartenaient à personne (les indiens respectaient effectivement la terre, l'honoraient même mais ne se l'octroyaient pas), cette façon est trés spéciale à l'Amerique du nord à cause des immigrants, d'où les sentiments de spoliations chez ceux qui y ont travaillé durement lorsqu'ils sont contraints de partir.
La description de ce départ dans le livre est fantastique, l'Ancien qui ne veut pas partir et que les enfants doivent "droguer" par l'alcool, tout laisser , même s'il y a si peu, pour tout recommencer ailleurs avec ce vieux camion où les corps s'étagent en fonction des âges. Cette écriture me bouleverse car sans pathos et tellement imagée. Et cette fierté que l'on sent dans la pauvreté parce qu'on ne peut accepter de se laisser abattre. Et cette dernière vision trés symbolique de ces champs désertés par les hommes et uniquement traversés de long en large par des tracteurs...

Marvic

avatar 04/05/2019 @ 09:56:25
Présence et lecture très aléatoires en ce mois de mai pour moi. Dommage…

L’écriture des dialogues m’a gênée dans les premiers chapitres (ainsi que la taille des caractères dans l’édition de poche pour cause de lunettes inadaptées :-)
J’en suis au chapitre 8 et avance lentement.
Incroyablement intemporel dans ses réflexions, effectivement sur la propriété, sur le profit, une sorte d’esclavage des temps modernes, mais aussi sur la religion, la foi.
Personnellement, j’ai aussi été impressionnée par les paroles de Tom sur son séjour en prison. (79-80 folio)
"Mais quand une bande de types vous prennent et vous coffrent pendant quatre ans, ça devrait avoir un sens. Un homme c’est censé penser."
Moi qui aime "garder" les "belles" phrases, je pourrais passer mon temps à copier.

Myrco

avatar 04/05/2019 @ 10:05:58
Terminé également le chapitre X.

J'ai beaucoup aimé le chapitre VI par lequel s'introduit vraiment l'émotion pour moi. Sous son apparence fruste, il y a beaucoup de sensibilité chez cet homme qui libère un peu de sa souffrance en libérant sa parole et ne peut s'empêcher de faire le choix un peu fou de vivre comme un vagabond traqué plutôt que de plier devant l'autorité. C'est un passage très poignant, l'incarnation d'une résistance obstinée, farouche, jusqu'au-boutiste devant la force et la violence.
Par ailleurs, Steinbeck met bien l'accent sur le fait que ces métayers n'ont pas l'habitude de se laisser faire (l'anecdote drôle du poulet) et pourtant devant cette impossibilité d'identifier les vrais responsables du système qui les oppresse, ils sont réduits à l'impuissance.
Plus tard, comme le souligne Ludmilla, on retrouve cette allusion à la possibilité d'une résistance positive, à condition qu'elle soit collective, dans les propos de la mère et plus encore dans le chapitre IX (ch général) avec cet espoir au bout du chemin (p 124): " Et un jour, toutes les armées des cœurs amers marcheront toutes dans le même sens. Et elles iront toutes ensemble et répandront une terreur mortelle ".

A ce stade, c'est peut-être ce que j'apprécie le plus, ce souffle qui traverse parfois ces fameux chapitres ( l'ordre semble désormais figé dans l'alternance comme s'en souvenait bien Cyclo) ou l'on passe du particulier (la famille Joad) au collectif. Je trouve comme SJB que ce sont ces chapitres là qui font toute la force et la beauté du livre et lui confèrent sa singularité. Cette prise de hauteur permet à Steinbeck de donner toute sa force à sa dénonciation engagée de ce capitalisme sauvage et de cette course éhontée à l'argent au mépris de toute dimension humaine et morale ( remarquable mise en lumière de tous ces charognards qui arrivent de partout).

Néanmoins, toujours de beaux portraits (on sent que Steinbeck aime ses personnages) pour cerner la personnalité de chacun présentés dans une progression parfaitement maîtrisée. Finalement, celle que je cerne le moins est la personnalité de Tom, sans doute parce qu'il est celui qui laisse le moins filtrer ses émotions (l'expérience de la neutralité en prison probablement). Il a quand même le cuir dur ( n'est pas plus effondré que cela quand il découvre la maison). Mais plus tard, lorsqu'il retrouve sa mère, Steinbeck nous fait sentir son émotion contenue ( la morsure de sa lèvre). A ce stade, je m'interroge sur le fait qu'il semble avoir pris le parti de transgresser les contraintes liées à sa libération conditionnelle ( curieux que les autres ne lui en reparlent pas ).

A la fin du chapitre X, ils partent pour ce qui ressemble à une expédition vers la Terre Promise; certains éléments nous laissent à penser que l'espoir sera déçu mais ils veulent y croire.

@Ludmilla,
Concernant ces prospectus distribués, je pense que les gros exploitants de Californie voyaient là tout simplement une manne de main d'œuvre inespérée et docile à exploiter sans vergogne comme les autres charognards.
Comme toi, j'ai été interpelée par la scène de la boite et je n'ai pas compris non plus.

Myrco

avatar 04/05/2019 @ 10:15:58
@Marvic
Oui, j'ai aussi tilté sur cette phrase concernant des peines de prison qui ne servent pas à grand chose. Visiblement Steinbeck a exprimé dans ce roman pas mal d'opinions personnelles sur pas mal de sujets notamment sur la religion au travers du personnage de Casy. Je pense qu'on y reviendra dans la suite.

Eh oui, c'est écrit bien petit même avec des lunettes, c'est un peu fatigant...heureusement que le livre vaut la peine!-)

LesieG

avatar 04/05/2019 @ 11:00:54
J'en suis aussi à la fin du chapitre 10


Je n'ai pas compris le passage (p152) où Man brûle sa boîte de souvenirs, y compris les bijoux (qui auraient pu leur rapporter un peu d'argent). Qu'en pensez-vous?


Je viens juste de terminer ce passage, pas encore tout à fait le chapitre donc j'y reviendrai après.

En fait, elle brûle cette boite juste après un échange qu'elle a entendu sur la fatigue des femmes entre son fils et le pasteur. Là elle se redresse et va chercher la boite avant de faire une espèce de "rituel", je ne sais pas comment le dire je cite :
"Et finalement elle prit une résolution. Elle prit la bague, la breloque, les boucles d'oreilles, fouilla dans le fond de la boite et trouva un bouton de manchette en or. Elle sortit une des lettres de son enveloppe -- on ne nous dis pas ce qu'elle en fait -- et mit les bijoux dans l'enveloppe. Elle plia l'enveloppe et la glissa dans la boite et en aplanit le couvercle soigneusement avec ses doigts…."

Une offrande contre une prière !!! Une façon de se donner de la force !!! Très difficile à dire et je ne sais pas si on aura la réponse.

Cyclo
avatar 04/05/2019 @ 11:15:03
J'ai atteint le chapitre 15 et je conclus que les quinze derniers sont plus longs puisqu'il reste encore plus de 400 pages contre 225 déjà lues.
Petite précision : le livre a été écrit dans les années 30 et publié en 1939 aux USA, traduit en France en 1947.

Ce qui me frappe maintenant, c'est la proximité avec notre époque et, curieusement, avec le mouivement des gilets jaunes

Quand je lis (p. 177) : "Tout est en mouvement aujourd’hui. Les gens se déplacent. Nous savons pourquoi et nous savons comment. Ils se déplacent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. C’est pour ça que les gens se déplacent toujours. Ils se déplacent parce qu’ils veulent quelque chose de meilleur que ce qu’ils ont. Et c’est le seul moyen de l’avoir", il me suffit de remplacer le verbe se déplacer par le verbe manifester, et ça donne :
"Tout est en mouvement aujourd’hui. Les gens manifestent. Nous savons pourquoi et nous savons comment. Ils manifestent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. C’est pour ça que les gens manifestent toujours. Ils se manifestent parce qu’ils veulent quelque chose de meilleur que ce qu’ils ont. Et c’est le seul moyen de l’avoir".

Quand je lis (p. 197) lors de la rencontre des Joad avec les Wilson, eux aussi en exode (et j'utilise dessein le terme d'exode, car il s'agit bien d'aller vers la Terre promise, au sens biblique du terme) vers la Californie, Mme Wilson leur dit : "Ne vous faites pas de tracas. Nous sommes trop contents de vous aider. Y a longtemps que je m’étais pas sentie aussi… aussi… en sécurité. Les gens ont besoin de ça… de se rendre service", je crois entendre les gilets jaunes croisés dans des manifs (tout dernièrement celle du 1er mai à Bordeaux) qui me disaient : "On ne sent plus seuls, on a redécouvert la solidarité, l'entraide et ça nous donne une certaine sécurité qu'on n'avait pas avant, chacun isolé dans son coin".

Quand je lis (p. 212) : "le fait de posséder vous congèle pour toujours en « Je » et nous sépare toujours du « Nous »", je crois voir la description en une phrase de nos classes dirigeantes !

Voilà, et excusez moi d'avoir un peu avancé jusqu'au chapitre 15 ! Du chapitre 11 au chapitre 15, seul le 13 fait directement partie du roman des Joad, Les chapitres 11 / 12 et 14 / 14 sont des chapitres documentaires ou de reportage.

Je signale la parution chez Seghers de : Jours de travail, Journaux des "Raisins de la colère" (1938-1941) / John Steinbeck ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) et préfacé par Pierre Guglielmina, sans doute à lire après avoir fini le roman.

Pieronnelle

avatar 04/05/2019 @ 14:41:56
Oh combien tu as raison Cyclo !

Pieronnelle

avatar 04/05/2019 @ 14:53:22
J'ai atteint le chapitre 15 et je conclus que les quinze derniers sont plus longs puisqu'il reste encore plus de 400 pages contre 225 déjà lues.
Petite précision : le livre a été écrit dans les années 30 et publié en 1939 aux USA, traduit en France en 1947.

Ce qui me frappe maintenant, c'est la proximité avec notre époque et, curieusement, avec le mouivement des gilets jaunes

Quand je lis (p. 177) : "Tout est en mouvement aujourd’hui. Les gens se déplacent. Nous savons pourquoi et nous savons comment. Ils se déplacent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. C’est pour ça que les gens se déplacent toujours. Ils se déplacent parce qu’ils veulent quelque chose de meilleur que ce qu’ils ont. Et c’est le seul moyen de l’avoir", il me suffit de remplacer le verbe se déplacer par le verbe manifester, et ça donne :
"Tout est en mouvement aujourd’hui. Les gens manifestent. Nous savons pourquoi et nous savons comment. Ils manifestent parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. C’est pour ça que les gens manifestent toujours. Ils se manifestent parce qu’ils veulent quelque chose de meilleur que ce qu’ils ont. Et c’est le seul moyen de l’avoir".

Quand je lis (p. 197) lors de la rencontre des Joad avec les Wilson, eux aussi en exode (et j'utilise dessein le terme d'exode, car il s'agit bien d'aller vers la Terre promise, au sens biblique du terme) vers la Californie, Mme Wilson leur dit : "Ne vous faites pas de tracas. Nous sommes trop contents de vous aider. Y a longtemps que je m’étais pas sentie aussi… aussi… en sécurité. Les gens ont besoin de ça… de se rendre service", je crois entendre les gilets jaunes croisés dans des manifs (tout dernièrement celle du 1er mai à Bordeaux) qui me disaient : "On ne sent plus seuls, on a redécouvert la solidarité, l'entraide et ça nous donne une certaine sécurité qu'on n'avait pas avant, chacun isolé dans son coin".

Quand je lis (p. 212) : "le fait de posséder vous congèle pour toujours en « Je » et nous sépare toujours du « Nous »", je crois voir la description en une phrase de nos classes dirigeantes !

Voilà, et excusez moi d'avoir un peu avancé jusqu'au chapitre 15 ! Du chapitre 11 au chapitre 15, seul le 13 fait directement partie du roman des Joad, Les chapitres 11 / 12 et 14 / 14 sont des chapitres documentaires ou de reportage.

Je signale la parution chez Seghers de : Jours de travail, Journaux des "Raisins de la colère" (1938-1941) / John Steinbeck ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) et préfacé par Pierre Guglielmina, sans doute à lire après avoir fini le roman.





Merci pour ce lien "Jours de travail..." Cyclo, que je viens d'acquerir sur mon kindle (pas d'autres moyens...) vu que je ne peux pas suivre en détail la lecture des Raisins... ne disposant pas du livre où je suis, et que je viens de lire il y a seulement quelques semaines.

Pieronnelle

avatar 04/05/2019 @ 15:02:31
Concernant ces prospectus distribués, je pense que les gros exploitants de Californie voyaient là tout simplement une manne de main d'œuvre inespérée et docile à exploiter sans vergogne comme les autres charognards.

Tout à fait ! Ces prospectus procurent des espoirs fous ...c'est comme une sorte d'étoile qui les guide ; mais oui les charognards sont bien là, tout au long du chemin...

Fd
avatar 04/05/2019 @ 18:12:24
ch. 6 Les tracteurs... les conducteurs... J'admire tout ce vocabulaire employé pour nous faire sentir la cruauté de cette situation. En parallèle l'incapacité des paysans à réagir autrement qu'en quittant tout. Evidemment pas de téléphone, encore moins internet pour communiquer, se regrouper. Terrible !

ch. 8 p. 87 Gallimard. Personnalité de Man : "nulle mollesse... fermeté et bonté...avoir gravit la peine et la souffrance... régions élevées du calme et de la compréhension... si elle vacillait, si elle défaillait ou désespérait toute la famille s'écroulerait". Une telle description fait de Man le personnage central de ce roman. Magnifique !

Il me semble que Steinbeck nous fait passer d'un extrême à l'autre.

Myrco

avatar 05/05/2019 @ 09:36:26
Pour revenir sur la scène de la boite (chapitre X pages 152-53), Lesie a donné une interprétation mais j'aurais bien aimé savoir ce qu'en pensent les autres...

Marvic

avatar 05/05/2019 @ 10:13:34
@Marvic
Oui, j'ai aussi tilté sur cette phrase concernant des peines de prison qui ne servent pas à grand chose. Visiblement Steinbeck a exprimé dans ce roman pas mal d'opinions personnelles sur pas mal de sujets notamment sur la religion au travers du personnage de Casy. Je pense qu'on y reviendra dans la suite.

Eh oui, c'est écrit bien petit même avec des lunettes, c'est un peu fatigant...heureusement que le livre vaut la peine!-)

:-)
Entièrement d'accord !

Terminé le chapitre 10
Quelle intensité, quelle émotion dans ce roman ! De l’humour aussi, avec le personnage du grand-père ou les mots du pasteur bénissant le repas.
Et ce déchirement du départ, quand il faut tout abandonner, ce courage de regarder devant soi.

ch. 8 p. 87 Gallimard. Personnalité de Man : "nulle mollesse... fermeté et bonté...avoir gravit la peine et la souffrance... régions élevées du calme et de la compréhension... si elle vacillait, si elle défaillait ou désespérait toute la famille s'écroulerait". Une telle description fait de Man le personnage central de ce roman. Magnifique !

Il me semble que Steinbeck nous fait passer d'un extrême à l'autre.

Man est effectivement magnifique. Ce courage de regarder devant quand le camion démarre.



Pour revenir sur la scène de la boite (chapitre X pages 152-53), Lesie a donné une interprétation mais j'aurais bien aimé savoir ce qu'en pensent les autres...

J'ai moi aussi relu plusieurs fois le passage. J'ai cru lire qu'elle avait mis au feu les quelques bijoux en or qu'elle possédait mais j'ai beaucoup de mal à le comprendre. Alors que la famille a tant besoin d'argent...


Une offrande contre une prière !!! Une façon de se donner de la force !!! Très difficile à dire et je ne sais pas si on aura la réponse.

J'avoue que j'ai du mal à saisir sa motivation.

Myrco

avatar 05/05/2019 @ 10:24:04
LU JUSQU'AU CHAP. XV INCLUS.

Chap.13
Première journée du périple riche en évènements et en émotions: la mort du chien, la rencontre avec les Wilson et la mort du grand-père.
Cette dernière souligne le fait que pour certains presqu'arrivés au terme de leur vie, les arracher à leur environnement est l'ultime violence qui signe leur arrêt de mort. Par ailleurs, l'auteur alimente encore une fois son discours de rébellion (qui me ravit) en légitimant la nécessité de contrevenir à la loi dans certaines circonstances.

La solidarité qui se met en place avec les Wilson qui se conclut par la décision finale de mettre en commun leurs moyens de transport (et plus) me paraît marquer un cap très important qui illustre un discours auquel Steinbeck semble très attaché: la nécessité pour les humbles d'unir leurs forces pour atteindre l'objectif.

Je retiens également la scène du pompiste qui resitue la migration des paysans chassés dans un contexte beaucoup plus large réunissant tous les "petits" victimes des "gros".

Enfin, cette première journée nous dévoile un peu plus me semble-il la personnalité de Tom: fier, franc, déterminé et réfléchi.

Les autres chapitres.
Ils s'inscrivent en effet dans ces chapitres qui nous ramènent à la dimension collective. Je suis gênée par le terme "documentaire" auquel semble tenir Cyclo pour les qualifier. Cela pourrait vouloir s'opposer au terme de "fiction", pourtant ils mettent aussi en scène des personnages de fiction. La différence est que ces personnages là ne sont que des archétypes, des figures interchangeables par exemple "Minnie, Suzy ou Mae" (chap.XV) . Je trouve ce terme de "documentaire" injustement très réducteur alors qu'au contraire ces chapitres là donnent à l'œuvre une dimension beaucoup plus ample qui s'élève au-dessus des destins individuels de la famille Load, les englobe dans un phénomène et une réflexion beaucoup plus vastes.

Chap XI
Encore de très belles descriptions qui nous parlent entre autres de la disparition programmée des maisons abandonnées. A ce sujet se confirme l'intérêt particulier de Steinbeck pour tout le petit monde animal (on avait déjà vu avec la tortue). Un aspect que j'apprécie beaucoup personnellement, peut-être en lien avec sa formation de biologiste (je crois - à vérifier).
Chap XII
Très bon rendu de l'angoisse au ventre.
Relevé une phrase forte, tellement vraie: " ta liberté dépend du fric que t'as pour la payer ".
Et toujours peut-être pour équilibrer cette plongée dans la misère et la gravité, des blagues et des anecdotes savoureuses et aussi une petite histoire finale qui ravive la foi en l'homme.
Chap.XIV
Un chapitre qui semble faire l'apologie (?) de la marche en avant et prend des allures prophétiques (bien loin du ton documentaire): " Craignez le temps où l'Humanité refusera de souffrir, de mourir pour une idée ".
J'ai quand même un peu tiqué sur cette histoire de bombes page 210.
En même temps, Steinbeck revient sur cette nécessité d'union, de mutualisation qui substitue le "nous" au "je". Rien de plus dangereux pour ceux qui tiennent le manche. Leur réponse: séparer pour mieux régner " faites-les se haïr, se craindre, se soupçonner"
Chap.XV
Il semble vouloir opposer (?) une classe populaire honnête et généreuse à une couche moyenne peu reluisante. Mais je n'ai pas trop compris les manigances d'Al avec la machine à sous.

Myrco

avatar 05/05/2019 @ 10:32:38

Pour revenir sur la scène de la boite (chapitre X pages 152-53), Lesie a donné une interprétation mais j'aurais bien aimé savoir ce qu'en pensent les autres...


J'ai moi aussi relu plusieurs fois le passage. J'ai cru lire qu'elle avait mis au feu les quelques bijoux en or qu'elle possédait mais j'ai beaucoup de mal à le comprendre. Alors que la famille a tant besoin d'argent...


Une offrande contre une prière !!! Une façon de se donner de la force !!! Très difficile à dire et je ne sais pas si on aura la réponse.


J'avoue que j'ai du mal à saisir sa motivation.


Moi aussi je reste dubitative.

Myrco

avatar 05/05/2019 @ 10:35:52
J'espère ne pas vous ennuyer avec la prolificité de mes bavardages mais j'avoue que je ne vois pas trop l'intérêt d'une lecture commune si les échanges s'avèrent trop restreints.
A ce propos, Bluewitch où es-tu donc passée ?;-)

Saule

avatar 05/05/2019 @ 10:36:46
Pour revenir sur la scène de la boite (chapitre X pages 152-53), Lesie a donné une interprétation mais j'aurais bien aimé savoir ce qu'en pensent les autres...

C'est une erreur de traduction. Dans la version originale, elle prend les "bibelots" (pendantifs, chaine de montre en or, etc.), les met dans une enveloppe, glisse l'enveloppe dans une poche de son tablier. Ensuite elle referme la boite, et après réflexion elle brûle la boite. Donc elle brûle les lettres de Tom en prison, je suppose qu'elle fait table rase du passé. Mais avant elle en a retiré les objets de valeur.

Je regarderai dans ma traduction tout à l'heure si c'est aussi mal traduit (je dois partir). Je vous donnerai le texte original aussi.

NB: j'avais déjà remarqué que l'extrait donné par Fd ("Soleil torride... vent augmenta, accéléra, hurla, creusa sournoisement... poussière s'éleva, s'étendit, retomba... ") ne correspondait pas au texte original. Mais peut-être il y a-t-il plusieurs versions du texte ? A vérifier.

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