Feint

avatar 14/12/2014 @ 16:11:53
Il n'y a jamais rien eu de digne à désirer sa propre mort : c'est l'indignité par excellence, puisque l'on reconnaît qu'on est même plus capable d'assumer sa vie.
Il faut être bien jeune pour écrire des choses pareilles.

Sissi

avatar 14/12/2014 @ 16:36:24
Un dernier conseil , avant une hospitalisation , pensez a designer une personne de confiance .En cas de problème c est elle qui sera contactée par les médecins.


Absolument, mais normalement c'est à l'hôpital de demander qui seront: la personne à informer, et la personne de confiance (ce n'est pas forcément la même).
Parfois ils le font, parfois non...alors qu'ils sont tenus de le faire.

Pieronnelle

avatar 14/12/2014 @ 16:38:00
Sans compter que je veux rester digne...


Il n'y a jamais rien eu de digne à désirer sa propre mort : c'est l'indignité par excellence, puisque l'on reconnaît qu'on est même plus capable d'assumer sa vie. Compréhensible, oui ; digne, certainement pas. Mourir dans la dignité c'est du bagou pour nous faire gober le marron, évidemment, c'est dans la même veine que "mort accompagnée" pour désigner ce meurtre, "laisser partir en paix", etc.
Mais c'est sûr qu'au point on en est à tuer des embryons par pelletées, nous n'avons pas à nous inquiéter, nous avons perdu notre dignité depuis bien longtemps, et mourir dans les règles ne nous la rendra pas, désolé.
Je quitte ce forum parce que je crois qu'il est inutile de continuer de débattre, je vous laisse dans vos nouvelles et délicates interrogations sur le droit à disposer de sa vie, moi j'ai fait mon choix de vie et de mort, ce qui limitera j'espère mes problèmes de conscience...

Ah bon tu as choisi ta mort ? Moi pas, car elle est par essence imprévisible...il me semble que c'est le suicidaire qui la choisit..
Ce que tu refuses ce sont les choix sur les conditions d'une mort qui sera de toutes façons inévitable. Ce que tu refuses c'est un soulagement des fins de vie. Ce que tu revendiques c'est le droit à la souffrance, le «tu enfanteras dans la douleur». Pour le dernier point ça ne t'arrivera jamais (quoique avec toutes ces manipulations n'est-ce pas ?) mais pour le premier j'espère de tout coeur que tu y échapperas et que tu pourras mourir paisiblement dans ton lit...ainsi que tous tes proches.
C'est là où le dogme prend le dessus sur l'humanité...Ce sera toujours une énigme pour moi. Mais bien entendu ça te regarde, vas en paix avec ta conscience. De toutes façons il n'a jamais été question d'imposer quoi que ce soit.

Sissi

avatar 14/12/2014 @ 16:38:20
Il n'y a jamais rien eu de digne à désirer sa propre mort : c'est l'indignité par excellence, puisque l'on reconnaît qu'on est même plus capable d'assumer sa vie.
Il faut être bien jeune pour écrire des choses pareilles.


Et un peu (beaucoup) intolérant, aussi...
Martin pousse un ouf de soulagement quand on respecte le droit du patient à agoniser, mais le droit du patient à ne pas faire d'héroïsme absolument inutile, il n'en est pas question.
Bref, j'ai du mal, là...

Sissi

avatar 14/12/2014 @ 16:39:27

«tu enfanteras dans la douleur».


Qu'il accouche une fois, et on en reparle! :-)

Pieronnelle

avatar 14/12/2014 @ 16:41:29
Il n'y a jamais rien eu de digne à désirer sa propre mort : c'est l'indignité par excellence, puisque l'on reconnaît qu'on est même plus capable d'assumer sa vie.
Il faut être bien jeune pour écrire des choses pareilles.

Oui j'en frisonne...

Feint

avatar 14/12/2014 @ 17:11:18
Les idées se transmettent vite. La vie, il faut un peu de temps pour en faire l'expérience. Je ne jette pas la pierre à Martin, je suis sûr qu'il a dû m'arriver à son âge d'émettre avec aplomb des idées qui me hérisseraient aujourd'hui.

Radetsky 14/12/2014 @ 19:29:50
@ Martin

Il n'y a jamais rien eu de digne à désirer sa propre mort : c'est l'indignité par excellence, puisque l'on reconnaît qu'on est même plus capable d'assumer sa vie.

Comme le remarquait Feint : tu es bien jeune. Tu brandis des belles formules comme les héros romantiques. Tu ignores encore beaucoup de choses de la vie...Pose-toi la question de savoir comment nos grands-pères auraient pu "assumer" quoi que ce soit dans leurs tranchées, en 1914-1918 ; combien ont souhaiter mourir plutôt que de vivre encore et encore l'enfer sur terre. Léon Werth rapporte la lettre d'un homme jeune écrivant à sa mère qu'il ne voulait pas revenir en ligne et qu'il préférait la mort volontaire, plutôt que la mort subie comme moins qu'un chien...assumer ?
Parmi les types en pyjama rayé qui faisaient du tourisme en Pologne grâce aux Allemands entre 1939 et 1945, se sont trouvés d'aucuns qui préfèrèrent se jeter sur les barbelés électrifiés, ou qui frappaient un SS, ou qui cessaient de manger, plutôt que de mourir comme moins qu'un rat.
"Assumer" ? Je voudrais t'y voir.

Radetsky 14/12/2014 @ 19:31:12
"ont souhaité"...

Joanna80

avatar 14/12/2014 @ 20:42:09
Assumer sa vie c'est assumer sa mort aussi. Si on sait qu'on va mourir en souffrant, s'il n'y a plus d'espoir de guérir, quand on voit ses proches qui souffrent presque autant que le malade, je pense qu'on a le droit d'arrêter la vie.
Pourquoi en France ça reste un gros problème?? Je suis Néerlandaise, mon oncle qui avait un cancer, qui souffrait énormément, a choisi de mourir à la maison entouré de ses proches. Il a passé la journée avec ses enfants,ses petits-enfants, sa femme, ils se sont tout dit, ont même rigolé, bref, ont (si possible dans les circonstances) passé une belle journée. Le soir, il a pris les médicaments que le médecin avait donné (et qui était là) et il est parti tranquillement.
Depuis des dizaines d'années on peut partir "dignement" là-bas, et dans beaucoup d'autres pays aussi. Il faut du courage, presque autant que de rester "vivant" jusqu'à la mort vienne quand même.
Moi je dis bravo à tous les médecins qui veulent bien assister les grands malades à les accompagner à "assumer" leur décès.

Saint Jean-Baptiste 15/12/2014 @ 11:52:54



Il n'y a jamais rien eu de digne à désirer sa propre mort

Désolé, mais Martin a tout à fait raison : Il n'y a rien de « digne » à désirer sa propre mort.
Il peut y avoir une résignation, une acceptation, une résolution désespérée, mais il n'y a aucune « dignité ».
De même qu'on ne meure pas « dans la dignité » quand on accélère sa fin de vie ; on ferait mieux de parler de résignation, par exemple.

Sur un site littéraire, c'est le jeune Martin qui nous rappelle l'importance des mots...

Saint Jean-Baptiste 15/12/2014 @ 11:55:54
Le cas le pire a été en Belgique où une femme (très proche de la famille par alliance de ma fille) préférait agoniser plutôt que de quitter la vie et voulait rester auprès de ses enfants le plus longtemps possible. Vous décrire l'état est impossible, une vraie déchirure pour les proches. C'était avant la loi légalisant l'euthanasie. Une petite infirmière courageuse a pris une décision finale en prenant toute la responsabilité sur son dos....



Là ce n'est plus de l'euthanasie mais un meurtre.

Tout à fait d'accord avec toi, Le Rat, dois-je m'inquiéter... ?

Saint Jean-Baptiste 15/12/2014 @ 12:04:07
Dans la clinique, qui a été ma seconde résidence pendant un certain temps, on soulage la douleur à coup de morphine, en sachant que l’excès de morphine peut entraîner la mort... « sans intention de la donner ».
Une solution du bon sens, me semble-t-il, qui ne heurte pas les convictions des uns et des autres.

Feint

avatar 15/12/2014 @ 12:41:52



Il n'y a jamais rien eu de digne à désirer sa propre mort


Désolé, mais Martin a tout à fait raison : Il n'y a rien de « digne » à désirer sa propre mort.
Il peut y avoir une résignation, une acceptation, une résolution désespérée, mais il n'y a aucune « dignité ».
De même qu'on ne meure pas « dans la dignité » quand on accélère sa fin de vie ; on ferait mieux de parler de résignation, par exemple.

Sur un site littéraire, c'est le jeune Martin qui nous rappelle l'importance des mots...
Il n'y a aucune raison là-dedans, il y a juste une conviction chrétienne qui n'est pas nécessairement partagée. Il y a des gens qui considèrent que leur vie et leur mort leur appartiennent.

Pieronnelle

avatar 15/12/2014 @ 13:15:05


Sur un site littéraire, c'est le jeune Martin qui nous rappelle l'importance des mots...

Certainement pas. La déchéance physique nous prive de cette dignité . Vos dogmes religieux vous incitent peut-être à la résignation, ce qui n'est pas inconciliable avec la dignité. Quand on veut mourir dans la dignité on est résigné à mourir mais pas n'importe comment.
Les mots auraient-ils un sens différent selon qu'on soit religieux ou non ?

Antinea
avatar 15/12/2014 @ 13:36:25
Je pense que personne n'a le droit de vous obliger à vivre alors que vous souffrez et que vous vous savez incurable. Le droit de ne plus souffrir, quand on sait que la médecine ne pourra plus rien pour vous, me semble tout à fait légitime. Personne n'a le droit de vous obliger à supporter la souffrance, ce n'est pas éthique et encore moins chrétien ! (quoiqu'en disent ces idoles-auto-proclamées que sont le pape et ses collègues du vatican).

Une sédation profonde me semble le meilleur compromis, mais voilà... cela coûte cher et en France, il y a des cas où on laisse les gens partir dans la souffrance parce que les cliniques et les hôpitaux n'ont pas assez d'argent... ce n'est pas normal.

Radetsky 15/12/2014 @ 13:53:48
Antinea a très bien résumé la position de nombre d'entre nous. Un universalisme au-delà des dogmes. Humain, très humain.
Puisqu'on est à nouveau aux franges du débat religieux / non religieux, je citerai l'exemple du judaïsme, placé devant une naissance difficile, très difficile pour la mère et l'enfant, au point que seul l'un d'entre eux survivra. Nous sommes sonc ici au début du cycle vital et non à sa fin, mais les enjeux se rejoignent.
Les juifs choisissent de sauver la mère plutôt que l'enfant : la mère est gage d'avenir encore possible, donc d'autres maternités peut-être heureuses ; alors qu'un enfant sans mère est de toute manière un désastre supplémentaire infligé à la tragédie de la naissance.
A chacun d'en tirer les conclusions qu'il voudra.

Saule

avatar 15/12/2014 @ 14:13:51
Pourquoi revient-on chaque fois aux franges du débat religieux / non religieux ? En réalité légiférer sur un tel sujet est très complexe, une grosse bêtise serait d'en faire une question laïcité contre religion. Les vrais enjeux et dangers de la législation sont autre part. Pratiquement la question financière est bien plus pertinente par exemple (le risque de subordonner la vie humaine à des contingences financières).

Par ailleurs, puisqu'on accuse le pape, je prends sa défense : le pape n'encourage pas à supporter la souffrance je crois, les moyens qui diminuent la souffrance au risque d'accélérer la mort ne posent pas problème. Et bien sur le pape ni les catholiques n'interdisent à quiconque de s'euthanasier : tout simplement parce qu'il n'en a pas le pouvoir, malgré un certain fantasme de la laïcité militante.

Pieronnelle

avatar 15/12/2014 @ 14:27:34
Le cas le pire a été en Belgique où une femme (très proche de la famille par alliance de ma fille) préférait agoniser plutôt que de quitter la vie et voulait rester auprès de ses enfants le plus longtemps possible. Vous décrire l'état est impossible, une vraie déchirure pour les proches. C'était avant la loi légalisant l'euthanasie. Une petite infirmière courageuse a pris une décision finale en prenant toute la responsabilité sur son dos....



Là ce n'est plus de l'euthanasie mais un meurtre.


Tout à fait d'accord avec toi, Le Rat, dois-je m'inquiéter... ?

C'est pourtant ce qui se passe en l'absence de législation ; mais il est tellement confortable de ne pas savoir! Avec un protocole bien encadré il ne devrait plus y avoir de dérive de ce genre. Et cette infirmière n'aurait pas eu à assumer cet acte en voyant la détresse des enfants, car c'étaient les enfants de cette femme qui la voyaient agoniser alors qu'elle n'était plus consciente. Une mort est toujours horrible surtout quand elle survient tôt dans sa vie, mais là je n'ai jamais assisté à une agonie pareille. Pitié que mes enfants n'aient jamais à connaître ça! Cette femme n'avait pas eu le temps de donner des consignes, ni même l'idée, ce cancer lui est tombé dessus avant qu'elle ait pu connaître ses petits enfants. Elle a duré avec l'énergie du désespoir pour assister au mariage de son fils, mon gendre qui ne s'en remettra jamais...J'en pleure encore en l'écrivant :-(
Alors ça me met vraiment, mais vraiment dans une colère noire cette absence d'humanité au bénéfice d'un dogme! !!!

Saule

avatar 15/12/2014 @ 14:50:48
Ton histoire est tout sauf claire. Et il est tellement confortable de tout mettre sur le dos d'un dogme !!!

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