Ndeprez
avatar 13/05/2014 @ 16:18:02
Je lis moins vite que vous , je suis au chapitre 13.J'ai rarement lu un texte avec autant de personnages si fouillés , la maitrise est totale . Dans la préface il est évoqué qu' Irène Nemirovsky noircissait des cahiers évoquant ses personnages , on ne peut croire que vraie cette anecdote à la lecture d'une "suite Française".
Effectivement Pieronnelle l'auteure est assez cynique avec le monde de la bourgeoisie (le personnage de Gabriel est à lui seul une caricature) mais contrairement à toi j'éprouve de l'empathie pour ce couple travaillant dans une banque et se retrouvant sans voitures à cause de la maitresse de leur employeur.
Cette image de la France "en déroute et sur les routes" est saisissante et comme écrit plus haut le fait de savoir que ce texte fut écrit "à chaud" rajoute une certaine intensité.

Nathafi
avatar 13/05/2014 @ 19:21:12
Je n'avance pas vite non plus, hélas, j'entame le chapitre 11.

Je m'interroge sur le personnage de Mme Péricand, qui prend conscience petit à petit de la réalité des choses.

Sissi

avatar 13/05/2014 @ 21:43:38
Ben moi je trouve que vous allez super vite!!!!

Ndeprez
avatar 13/05/2014 @ 22:01:37
Ben moi je trouve que vous allez super vite!!!!


tu "accroches" au texte Sissi ?

Sissi

avatar 13/05/2014 @ 22:08:31
Ben moi je trouve que vous allez super vite!!!!



tu "accroches" au texte Sissi ?


Oui oui je l'ai dit, j'ai tout de suite perçu une très grande maîtrise textuelle, je pressens quelque chose de très riche, et je me réjouis de reprendre ma lecture.
Y'a juste que j'ai une tonne de choses à faire, que je vais je viens en permanence ces deux derniers jours, donc j'ai lu peu de manière très fractionnée etc.
J'aurais plus de temps demain et je compte bien vous rattraper un peu ;-)

Sissi

avatar 13/05/2014 @ 22:09:58
"J'ai peu lu, et de manière fractionnée (quand je ne suis plus capable d'aligner deux phrases, en général je ne suis plus capable de lire "bien").

Ndeprez
avatar 13/05/2014 @ 22:16:47
c'est assez étrange pour moi qui suis plutôt habitué aux polars...je le consomme comme un véritable "page-turner".

Pourtant j'ai l'impression que cela va devenir de plus en plus sombre.

Pieronnelle

avatar 13/05/2014 @ 22:56:34
Oui mais ce côté caricatural ne me gêne pas tant que ça. ; quand on sait , à la lecture des annexes ( hé hé j'ai pas résisté:-) le soin qu''elle apportait à ses personnages ça ne peut être que volontaire.
Ce qui me surprend c'est l'absence totale d'empathie dans presque tous ces personnages surtout pour cette période si bouleversée . Mais bon c'était son ressenti, ses déceptions ; il ne faut pas à mon avis chercher à savoir si c'est la réalité mais essayer de comprendre sa réalité.
Là j'ai dû interrompre la lecture pour cause de déplacement mais je reprend ce soir.
A bientôt.

Sissi

avatar 14/05/2014 @ 08:23:44
.
Ce qui me surprend c'est l'absence totale d'empathie dans presque tous ces personnages surtout pour cette période si bouleversée



Je pense que c'est volontaire. Je pense que son projet, c'était de "dresser un tableau", c'est pour ça qu'à part à de rares moments (enfin pour l'instant, chapitre 13 pour moi) le récit se fait d'un point de vue (ou focalisation) externe (la narrateur agit comme une caméra, il montre ce qu'il voit, décrit, relate, mais reste un témoin assez neutre).
C'est vrai que ça donne quelque chose d'assez froid, en même temps c'est plus réaliste.
Je trouve que c'est un bon choix.

Sissi

avatar 14/05/2014 @ 08:31:32
Je n'avance pas vite non plus, hélas, j'entame le chapitre 11.

Je m'interroge sur le personnage de Mme Péricand, qui prend conscience petit à petit de la réalité des choses.


Moi aussi.
Ce passage************* passage du chapitre 11 ne pas lire si vous êtes avant*********** m'a beaucoup troublée:

"La charité chrétienne, la mansuétude des siècles de civilisation tombaient d'elle comme de vains ornements révélant son âme aride et nue. Ils étaient seuls dans un monde hostile, ses enfants et elle. Il lui fallait nourrir et abriter ses petits. Le reste ne comptait plus."

Quand le vernis social craque, quand il s'agit tout simplement de manger, on redevient un vrai petit animal.
La loin de la jungle s'installe, on ne parle plus d'enfants mais de "petits".
Jusqu'où serait-je capable d'aller pour assurer la protection et la survie de mes "petits"? Je me le demande souvent. Mais très loin je pense...

Sissi

avatar 14/05/2014 @ 08:38:53
"serais"-je pour ce matin, "j'aurai plus de temps" pour hier soir.

Saule

avatar 14/05/2014 @ 08:57:24
C'est terriblement bien dit à propos de Mme Péricand. Aucune classe sociale n'est épargnée, je pense au passage ou les "prolo" détroussent l'écrivain et sa compagne de leur victuaille, qui est assez grandiose.
Parfois il y a un peu d'empathie, par exemple envers le fils de Péricand qui veut se battre, ou son frère prêtre face à ses orphelins.

La post-face est magnifique, on apprend en effet beaucoup sur la manière dont elle construisait son roman, de manière très réfléchie.

Je trouve ce roman exceptionnel, j'en ai autant de plaisir que la première fois.

Nathafi
avatar 14/05/2014 @ 09:18:14
Chapitre 21

Je suis très touchée par Hubert Péricand, justement, ce jeune homme, encore enfant, complètement déboussolé, se sentant inutile et qui part vers l'inconnu pour sauver la patrie. C'est très beau, cette foi en la jeunesse qu'Irène Némirovsky semble montrer.

Nathafi
avatar 14/05/2014 @ 09:41:30
Oh c'est cynique, je sais, mais j'adore la chute du chapitre 21 :-)

Pieronnelle

avatar 14/05/2014 @ 09:43:24
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Ce qui me surprend c'est l'absence totale d'empathie dans presque tous ces personnages surtout pour cette période si bouleversée




Je pense que c'est volontaire. Je pense que son projet, c'était de "dresser un tableau", c'est pour ça qu'à part à de rares moments (enfin pour l'instant, chapitre 13 pour moi) le récit se fait d'un point de vue (ou focalisation) externe (la narrateur agit comme une caméra, il montre ce qu'il voit, décrit, relate, mais reste un témoin assez neutre).
C'est vrai que ça donne quelque chose d'assez froid, en même temps c'est plus réaliste.
Je trouve que c'est un bon choix.

Oui.mais dans ce cas ça se veut reportage et non roman et il faut relativiser. Moi je ne pense pas qu'elle ait vu tout ça mais qu'elle en a imaginé en romancière d'où des stéréotypes. Ce n'est pas pour moi un document et je ne pense pas qu'elle l'aurait voulu ainsi. D'où cette distance avec les personnages et aussi cette ambiguité liée aux évènements.

Pieronnelle

avatar 14/05/2014 @ 09:49:58
Je ne regrette pas d'avoir lu "Dolce" avant. Ça me fait beaucoup mieux comprendre le projet qu'elle voulait entreprendre. Je trouve moi aussi les annexes et correspondances extraordinaires. Quelle femme ètrange et complexe et quel écrivain!

LesieG

avatar 14/05/2014 @ 10:49:49
J'en suis au chapitre 28. Je suis toujours dans le même état d'esprit en lisant ce livre bien que certains personnages de la bourgeoisie commencent à me taper sérieusement sur les nerfs de par leur comportement.
Je veux bien comprendre qu'on défende jusqu'au bout ses propres enfants, mais ces gens là n'en n'ont que pour leur petite personne et leur confort.

"Je m'interroge sur le personnage de Mme Péricand, qui prend conscience petit à petit de la réalité des choses."

Nathafi, je ne vois pas en quoi Madame Péricand prend conscience des choses, ou alors j'ai raté quelque chose. Je la trouve très orgueilleuse, se servant des situations à son avantage. Par contre il est vrai que j'ai un très gros penchant pour son fils Hubert, lui est vraiment lucide.

Comme Ndeprez j'aime aussi beaucoup la famille Michaud qui subit comme il peu les évènements.

C'est vrai que ce roman est extraordinaire est difficile à lâcher. Je pense que j'attaquerai "Dolce" directement après.

Nathafi
avatar 14/05/2014 @ 11:10:17
Je suis d'accord avec toi LesieG, j'évoquais le passage où elle s'aperçoit que malgré l'argent qu'elle possède, Mme Péricand devait s'adapter aussi aux réalités, le fait qu'il n'y avait plus rien dans les magasins à s'offrir, chose qu'elle ignorait totalement en quittant son domicile. Au début elle donnait l'impression de faire un voyage de plus dans sa petite vie extraordinaire !

Sissi

avatar 14/05/2014 @ 11:14:24
.
Ce qui me surprend c'est l'absence totale d'empathie dans presque tous ces personnages surtout pour cette période si bouleversée

Je pense que c'est volontaire. Je pense que son projet, c'était de "dresser un tableau", c'est pour ça qu'à part à de rares moments (enfin pour l'instant, chapitre 13 pour moi) le récit se fait d'un point de vue (ou focalisation) externe (la narrateur agit comme une caméra, il montre ce qu'il voit, décrit, relate, mais reste un témoin assez neutre).
C'est vrai que ça donne quelque chose d'assez froid, en même temps c'est plus réaliste.
Je trouve que c'est un bon choix.

Oui.mais dans ce cas ça se veut reportage et non roman et il faut relativiser. Moi je ne pense pas qu'elle ait vu tout ça mais qu'elle en a imaginé en romancière d'où des stéréotypes. Ce n'est pas pour moi un document et je ne pense pas qu'elle l'aurait voulu ainsi. D'où cette distance avec les personnages et aussi cette ambiguité liée aux évènements.


Pour moi non plus ce n'est pas un document. Pour autant les textes où le narrateur s'efface et choisit la neutralité, il y en a plein.
Et ce ne sont pas forcément des textes documentaires, le point de vue externe est un choix narratif comme un autre. Tout dépend de ce qu'on veut faire/cherche à faire.
Je sais pas ce qu'il en est pour toi, mais lorsque j'écris un texte, une fois que j'ai un peu de matière (une idée, une envie), la première question que je me pose, parce que la trouve quand même essentielle, c'est de savoir de quel point de vue je vais écrire (je? tu? troisième personne? Entrée ou non dans l'intériorité d'un ou des personnages? Alternance?).
Ca c'est de la forme, et ça va servir le fond, c'est d'ailleurs là où se situe l'immense réussite de "Lolita", SJB avait mis le doigt dessus et je m'étais dit "bon sang mais c'est bien sûr!": l'unique point de vue, et ce très fortement prononcé, d'Humbert, du coup Lolita est un personnage finalement très évanescent. C'est grâce à ce procédé que Nabokov réussit magistralement son projet, celui de "raconter l'irracontable".

Je suis très fan de la focalisation zéro (omnisciente), quand le narrateur sait tout sur tout et qu'on a accès à ce que tous les personnages pensent, parce que j'aime la psychologie et l'introspection.
Mais là, en l'occurrence, et pour en revenir au texte qui nous occupe, je pense que Nemirovsky a voulu "montrer", et ce de manière très concrète, quasiment heure après heure, ce qui s'est passé en juin 40 pour beaucoup de gens (même si les personnages sont fictifs), d'où le souci du détail, de la précision (quand ils font leurs bagages par exemple), elle a voulu "expliquer" que des gens, en quelques heures, ont vu leur vie basculer, qu'il a fallu partir, et elle "relate" tout ça, de manière plutôt factuelle, certes, mais je trouve que c'est judicieux de laisser un peu le lecteur se dépatouiller avec tout ça. Je trouve qu'elle n'a pas besoin de chercher à créer de l'empathie chez le lecteur (j'avais écrit le facteur, y'a-t-il un psy dans la salle?), ça se fait très naturellement vu sa grande capacité à décrire la situation.
Mais ce n'est qu'une question...de point de vue! ;-)

Allez, au lieu de papoter sans fin, je ferais mieux d'avancer un peu!

Sissi

avatar 14/05/2014 @ 11:21:31
Je vous trouve un peu "dures", Natafi et Leslie...
Oui Madame Péricand tombe de haut, oui au départ elle ne se sent pas très inquiète parce qu'elle a de l'argent, mais (et chez moi l'empathie fonctionne),il faut bien voir que tout s'est fait très vite et que ça a dû être un véritable cataclysme émotionnel!
Mettez vous quand même à sa place, il y a des bombardements, il faut partir, on fait les bagages, on arrive à la gare c'est la cohue, tu as pris des provisions et tu te dis que tu t'achèteras à manger en chemin, et là tu découvres que les magasins sont vides, et que bientôt tes gosses n'auront plus rien à manger. (Bon moi j'en suis là, hein pas "revu" madame Péricand depuis :-)

Je crois qu'on aurait été nombreux à tomber de très très haut si on avait vécu la même chose...que dans les première heures on ne mesure pas l'ampleur du désastre, qu'on met du temps à réaliser...non?

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