Libris québécis
avatar 17/10/2012 @ 03:51:10
Bravo pour ce commentaire ! Il est magnifique. Pucksimberg est un connaisseur. Mouawab décrit bien l'état d'âme de ceux qui ont été victimes de la violence. Dans Visage retrouvé, il s'était livré au même exercice. Je ne manquerai pas de souligner que cet auteur est un Québécois d'origine libanaise. Chez nous, il est fort apprécié sauf lorsqu'il a voulu nous faire applaudir Bertrand Cantat en le présentant dans l'un de ses spectacles. Mouawab est aussi un homme de théâtre. S'il unit deux arts, et bellement pour chacun d'eux, c'est qu'il est un homme à l'écoute d'autrui pour ceux qui le connaissent. Et la connaissance de l'autre permet le chef-d'oeuvre comme artiste.

Pucksimberg
avatar 17/10/2012 @ 12:45:25
Merci Libris québécis, l'écriture de cet auteur est remarquable. Ce roman est une oeuvre d'art et comme toute oeuvre d'art moderne elle peut choquer.
Combien je regrette amèrement de ne pas avoir assisté à l'une de ses pièces de théâtre au festival d'Avignon ! Je ne le connaissais pas encore ! J'ai vraiment envie de découvrir son oeuvre et les critiques enregistrées sur le site m'y invitent.

Pucksimberg
avatar 17/10/2012 @ 14:05:26
"envie de découvrir plus précisément son oeuvre"

Libris québécis
avatar 17/10/2012 @ 17:22:27
J'ai écrit Mouawab, mais c'est Mouawad. De toute façon, la fiche de l'auteur est introuvable par son nom sur ce site. Pourtant il existe une fiche des oeuvres de l'auteur qui ont été commen tées. http://www.critiqueslibres.com/i.php/vauteur/2386/

Pour se renseigner davantage sur ces oeuvres on peut consulter notre bibliothèque nationale
http://iris.banq.qc.ca/alswww2.dll/…

On peut consulter aussi la page de son éditeur
http://actes-sud.fr/actualites/…

Pucksimberg
avatar 17/10/2012 @ 18:53:13
Merci pour les sites, vais y jeter un coup d'oeil !

As-tu vu le film "Incendies" ? Il me tente bien.

Aaro-Benjamin G.
avatar 17/10/2012 @ 20:27:54
Je recommande fortement le film « Incendies ».
C’est un chef-d’œuvre génial pour moi.

Mais attention! Il faut se préparer à un film très très dur, boulversant, qui va vous hanter pendant quelques jours.

Pucksimberg
avatar 17/10/2012 @ 20:54:49
Je vais me procurer le dvd ! Le roman m'a déjà pas mal bousculé, donc suis un peu entrainé pour affronter le film ... Je lirai la pièce avant de voir le film.

J'aime bien l'idée que le film va me hanter. En tout cas, le roman "Anima" reste inoubliable !

Merrybelle
avatar 17/10/2012 @ 21:38:17
Je suis du même avis que Benjamin : Incendies est un très beau film, le plus beau que j'ai vu cette année. Il est dur, beau, tragique et joué par de bons acteurs.
on en sort groggy et bouleversé et effectivement il continue à hanter la mémoire. Mais cela ne t'étonnera pas puisque tu connais l'univers de Mouawad.
La version DVD offre un documentaire sur le tournage très interessant, pour une fois, qui donne la parole aux figurants du film.

j'ai toujours des interrogations quant à l'héritage que laisse Nawal à ses enfants et m'interroge quant à leurs futurs, c'est pourquoi j'attends le livre avec impatience sans être sûre qu'il livrera des réponses. En fait j'en sais qu'il n'y aura pas de réponse et c'est mieux ainsi.

Merrybelle
avatar 17/10/2012 @ 21:39:08
je sais et pas j'en sais (grrr !)

Libris québécis
avatar 18/10/2012 @ 01:06:26
Voici mon commentaire du film Incendies:

Incendies est une version moderne d’Œdipe roi de Sophocle. Comme Corneille l’a fait, Denis Villeneuve emboite le pas au dramaturge grec, en s’inspirant de l’œuvre théâtrale de Wajdi Mouawad. C’était audacieux de s’attaquer à l’inceste, un acte révulsant, mais qui,
en période de belligérance, est « applaudie », comme on le note dans Phèdre de Racine.

Faite prisonnière dans un Liban déchiré par les Palestiniens et les chrétiens, l’héroïne est violée par un gardien, qui, à son insu, a déshonoré sa propre mère. L’agression donne naissance à des jumeaux, une fille et un garçon. Leur mère a immigré avec eux au Canada après 15 ans d’incarcération pour avoir abattu un dirigeant politique. À sa mort, elle leur confie par testament la tâche de remettre une lettre à leur père et à leur frère qu’elle a abandonné à cause des hostilités. Lettre dont la teneur est dévoilée au moment d’un dénouement des plus émouvant.

Le réalisateur aborde la thématique de l’inceste avec pudeur. Il s’est appliqué à illustrer plutôt l’atmosphère dans laquelle s’est vécu ce drame dément. Les images fort pertinentes véhiculent le contexte indicible d’une exaction commise au nom d’un dieu rendu implacable par des factions agissant prétendument en son nom. D’un gros plan sur un paysage évocateur, l’œil de la caméra glisse subrepticement, mais avec respect, dans l’intimité d’une vie, qui bafoue la dignité humaine. Les maux de l’âme déliée de leurs amarres priment sur l’ostension des causes qui les génèrent. Un esthétisme qui soulève en fait la révocation de l'appartenance de gens à un terreau que se disputent des clans adverses.

Régler un passé était la préoccupation de l’héroïne pour que ses enfants survivent au drame personnel de leur mère. Tourner une page que le dénouement accomplit en proposant le pardon et l’amour d’autrui. Combattre la loi du talion pour mieux vivre. Le film d’un grand humanisme exploite une intériorité suffocante à travers une technique sûre au service d’une poésie, qui enveloppe la destinée d’une innocente libanaise incendiée sur le bûcher de l’idéologie politique. Des défauts l’entachent toutefois par des redondances, des moments creux et un dénouement amené de nulle part comme une mouche dans la soupe. Mais c’est tout de même un grand film.

Pucksimberg
avatar 18/10/2012 @ 18:20:03
Merci pour cette critique !

Frunny
avatar 01/11/2012 @ 21:50:04
L'auteur était l'un des invités de l'émission de François Busnel - La Grande Librairie ( France 5 ) -
Il a parlé de son roman " Anima " avec beaucoup d'émotion.
Je ne connaissais pas cet artiste mais je n'ai qu'une envie ; me précipiter pour acheter le bouquin .

Merrybelle
avatar 01/11/2012 @ 23:32:43
à écouter

http://franceculture.fr/emission-pas-la-peine-de-c…

le rythme de cette conversation sied plus à Mouawad qui prend toujours le temps de réfléchir et de développer.

Merrybelle
avatar 01/11/2012 @ 23:33:29
Bonne nouvelle j'ai retrouvé mes notes sur son entretien de Mouans Sartoux
Mauvaise nouvelle : mon écriture est illisible ....

Pucksimberg
avatar 08/11/2012 @ 11:16:27
J'ai suivi aussi l'entretien avec Wajdi Mouawad avec une grande attention. J'ai trouvé l'auteur captivant, sensible et torturé à la fois. Il a essayé de justifier implicitement la violence dans son oeuvre.

Durant l'émission, il y a répondu par une comparaison : enfant, lorsque les sirènes retentissaient au Liban, il se blottissait sous l'une d'entre elles et avait le sentiment que la violence du retentissement exprimait un cri intérieur qu'il ne parvenait pas lui-même à pousser.
Dans ces romans, c'est un peu la même chose, cette violence surgit par les mots et par les scènes qu'il décrit.

Pucksimberg
avatar 08/11/2012 @ 11:17:20
@Merrybelle : J'espère que tu pourras tout de même récupérer deux à trois informations ... ;-)

Pucksimberg
avatar 31/12/2012 @ 17:47:09
Qu'il est plaisant de lire ta critique Libris québécis ! J'ai eu l'impression de relire le roman et de retrouver mes propres ressentis dans tes remarques !

Wajdi Mouawad a reçu le Grand Prix Thyde Monnier de la SGDL pour ce roman. Je le précise même si les prix ne garantissent pas toujours la qualité d'une oeuvre. Ici, c'est le cas !

Pieronnelle

avatar 07/02/2015 @ 12:08:41
J'ai vu il n'y a pas longtemps le film «incendies» probablement sur Arte et j'ai été très impressionnée, un peu décontenancée et en même temps sous l'emprise. Mais j'ignorais qu'il avait été fait d'après le livre de Mouwad. Alors que je viens d'entrer dans Anima j'avoue ressentir une appréhension ; vais-je supporter cette violence alors que je suis également sous le charme de la «poésie animale» ? Le sort du Liban m'a toujours marqué depuis ma jeunesse ; des images bombardées de Beyrouth jusqu'à Sabra et Chatila ,je me suis toujours demandée ce que pouvait ressentir au fin fond de lui un peuple qui n'avait connu que la guerre et la violence...Le film d'animation « Danse avec Bachir» m'a vraiment marqué.
Mais je me pose toujours la question de l'évocation crue de la violence dans la littérature et autre support.Je ne sais pas si Anima pourra apporter une réponse...

Merrybelle
avatar 07/02/2015 @ 13:05:21
J'ai assisté à son interview au festival du livre de Mouans Sartoux. J'ai perdu mes notes mais je me rappelle qu'il était préoccupé par la violence envers les animaux, il citait le nombre d'animaux tués par jour uniquement pour la consommation, le rapport avec la mort qui a évolué. Son enfant qui ne voit la viande que dans une barquette, alors que lorsqu'il se rendait, enfant, chez le boucher pour acheter une tranche de foie, il arrivait que l'on tue l'animal devant lui et qu'il recuperait cette chair palpitante. Je me rappelle qu'il avait expliqué comment il en était arrivé à introduire les animaux dans ce livre : recherche d'un point de vue extérieur mais non omniscient, la difficulté étant de trouver quel animal coller au récit.
Il prenait beaucoup de temps avant de répondre aux questions. Je crois que Mouawad estquelqu'un qui regarde la violence les yeux ouverts, ce que nous avons oublié de faire. Il me tarde de commencer ce livre, je ne doute pas un instant qu'il va me plaire même si je risque d'être ébranlée par sa lecture.
(Désolée pour les accents manquants, ipad ne me propose aucune correction)

Pucksimberg
avatar 08/02/2015 @ 20:08:19
J'ai assisté à son interview au festival du livre de Mouans Sartoux. J'ai perdu mes notes mais je me rappelle qu'il était préoccupé par la violence envers les animaux, il citait le nombre d'animaux tués par jour uniquement pour la consommation, le rapport avec la mort qui a évolué. Son enfant qui ne voit la viande que dans une barquette, alors que lorsqu'il se rendait, enfant, chez le boucher pour acheter une tranche de foie, il arrivait que l'on tue l'animal devant lui et qu'il recuperait cette chair palpitante. Je me rappelle qu'il avait expliqué comment il en était arrivé à introduire les animaux dans ce livre : recherche d'un point de vue extérieur mais non omniscient, la difficulté étant de trouver quel animal coller au récit.
Il prenait beaucoup de temps avant de répondre aux questions. Je crois que Mouawad estquelqu'un qui regarde la violence les yeux ouverts, ce que nous avons oublié de faire. Il me tarde de commencer ce livre, je ne doute pas un instant qu'il va me plaire même si je risque d'être ébranlée par sa lecture.
(Désolée pour les accents manquants, ipad ne me propose aucune correction)


Et dire que j'étais à Mouans Sartoux ce jour-là, mais à un autre entretien. Je regrette !!!!

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