Le marin de Gibraltar de Marguerite Duras

Le marin de Gibraltar de Marguerite Duras

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Bluewitch, le 21 mai 2002 (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (24 763ème position).
Visites : 10 077  (depuis Novembre 2007)

Superbe roman

Les vacances, encore. Un homme, le narrateur, et sa compagne, Jacqueline, enthousiaste, infatigable.
mais épuisante d’optimisme. Pise, la chaleur et le besoin obsessionnel de gagner Florence le jour même alors que tous les guichets sont clos. C'est à bord d’un camion d’ouvriers qu’ils feront le voyage, et que l'homme entamera un échange sympathique avec le conducteur… Au terme du trajet, ils sont amis. Le chauffeur a bien vu que rien n’allait dans la vie de son compagnon de route. La femme, le travail (à l’Etat Civil), anesthésiants puissants et obstacles au bonheur. Ils se promettent de se revoir à Rocca, petit port aux multiples charmes.
C’est là que l'homme, d’obsession en obsession, trouvera le courage de quitter ces entraves à l’existence, rendus encore plus insupportables sous le poids de cette terrible chaleur, personnage à part entière, et des vapeurs de l'alcool. Autre motivation : cette mystérieuse et riche Américaine qui, dit-on, parcourt les mers à la recherche de son amour perdu, le marin de Gibraltar. Ils se rencontrent, se plaisent, et, comme d’autres avant lui, dans d'autres ports, il sera son amant et embarquera sur le luxueux yacht, pour le chercher avec elle. Pas question d’oublier le but de leurs voyages, et de port en port, il ne ménageront pas leurs efforts pour trouver ce marin, objet de tant d'amour, symbole d’innocence, de simplicité, de beauté.
Pourtant, l'amour se tisse implicitement entre l’homme et l'Américaine, qui se raconte comme elle ne l’a jamais fait. Ménage à trois avec le whisky, pourtant, symbole de l'inconséquence chère à Marguerite Duras. Souvent, ils sont saouls, ils rient et nous donnent l'impression d’être étranger à leur histoire, comme si malgré notre place de lecteur, leur complicité garderait ses secrets.
Tout ne se dit pas, pas tout de suite. Ils ne doivent pas cesser de chercher… Mais voudront-ils toujours trouver ? Ils prennent leur rôle au sérieux, même si parfois c'est paradoxal.
Roman fait de non-dits, d’émotions camouflées mais malgré tout passionné et passionnant. Atmosphère, encore et toujours. L'auteur tisse sa toile de torpeur, de chaleur, de sentiments contenus qui parfois s’autorisent à déborder.
J'avoue avoir beaucoup de mal à mettre des mots sur ce que j’ai ressenti à la lecture de ce magnifique roman. J'espère que d’autres critiques apporteront ce qui manque à celle-ci…

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Du meilleur au pire

5 étoiles

Critique de Réaliste-romantique (, Inscrit le 10 mars 2005, - ans) - 9 mai 2006

Lors de vacances en Italie avec sa fiancée, une conversation avec un conducteur de camion provoque une remise en question existentiel du narrateur, un rédacteur deuxième classe à l'état civil du Ministère des Colonies. La canicule de Florence est la goutte qui fait déborder le vase de son écoeurement, il plaque tout : boulot, fiancée, avenir... En même temps, il fait la connaissance d'une riche héritière américaine qui parcourt en yacht les ports du monde à la recherche de son amour perdu : le marin de Gibraltar. Le narrateur embarque sur le navire de la jeune femme et une relation passionnée mais ambiguë se développe entre-eux. Leur relation est-elle condamnée à s'effacer derrière le marin?
Le début du livre est intéressant : le désespoir du narrateur, sa perte d'intérêt face à tous les aspects de sa vie... Ce personnage sans force, qui a toujours vécu suivant le flot des événements, fascine par sa soudaine prise de conscience et son revirement majeur. Mais lorsqu'il rencontre l'héritière et qu'ils partent à la recherche du marin de Gibraltar, l'histoire s'embourbe. Ils vivent une relation passionnée trouble, à la fois menacée et nourrie par le possible retour de l'ancienne flamme. Toutefois, leur existence se limitent alors à beuveries, dialogues laconiques, errances dans les cafés des ports. La langueur du livre illustre leur état, mais cela s'étire et même ennuie. La dernière partie, alors qu'ils poussent les recherches jusqu'au centre de l'Afrique, comprend un pénible long dialogue d'ivrognes à sept voies. La discussion est sans grand fondement, les répliques sans intérêt et le tout ne va nulle part.

Mon expérience de cette lecture est mitigée, du grand intérêt à l'ennuie. Je donne une note moyenne, mais l'intérêt est en relation inversement proportionnelle au numéro de la page...

J'adore....

9 étoiles

Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 4 juin 2002

Marguerite Duras, on adore ou on déteste mais on ne reste pas indifférent. Moi, j'adore (sauf sa période chinoise à laquelle j'accroche beaucoup moins). Mes deux plus grands souvenirs de lecture de Duras sont "Le marin de Gibraltar" et "Les petits chevaux de Tarquinia". L'un se passe en Grèce, l'autre en Italie. C'est la même chaleur, les mêmes longues journées, les éternels apéritifs et digestifs, l'attente, le temps qui passe et aussi la même complexité des sentiments humains. Peut importe l'histoire (d'ailleurs je ne me rappelle que très peu de l'histoire du "marin de Gibralatar") mais en revanche, j'ai encore des images et des couleurs dans les yeux et elles sont magnifiques.

Que dire de plus sur "Le marin de Gibraltar" ?

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 24 mai 2002

La critique de Bluewitch est excellente et je ne vois pas tellement quoi y ajouter. C'est vrai que ce livre est avant tout une ambiance et que la chaleur, la mer, l'alcool et l'Italie y sont omniprésents. Duras, c'est le temps qui passe alors que les personnages semblent davantage surfer sur leur que vie plutôt que la vivre en toute conscience ou volonté. Des êtres sans grandes attaches et qui restent bien souvent à la surface des gens qu'ils rencontrent. Est-il possible d'ailleurs d'aller plus loin ? La vie est-elle autre chose que ce flou dans lequel les êtres évoluent ? Si pour certains l'histoire de ce livre pourrait manquer de consistance, il n'en demeure pas moins que le "Marin de Gibraltar" est un très bon roman.

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