L'Irréaliste de Pierre Mérot

L'Irréaliste de Pierre Mérot

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 8 septembre 2005 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 403ème position).
Visites : 3 128  (depuis Novembre 2007)

Le réalisme tue

Un des bons morceaux de cette rentrée littéraire de l'automne! C'est drôle, vif et caustique. Pétoncle est un prof de lycée plutôt désabusé. On ne peut pas vraiment dire qu'il s'ennuie mais bof, la vie lui semble si terne. Il faut dire que la jolie Russe dont il est fou s'est absentée, alors plus rien ne compte. En plus d'être prof, il écrit. Son éditeur, Cheval fou , lui demande avec insistance la rédaction d'un roman, peu importe le thème pour autant qu'il soit "réaliste". L'insistance est posée sur ce mot. Mais ça veut dire quoi "réaliste" à l'heure actuelle? Un roman qui parle de sexe et puis aussi d'alcool.
C'est parti pour un tour, humour au rendez-vous. Tout d'abord les Editions Astronomiques, clin d'oeil à l'astronome Camille Flammarion, membre de l'illustre lignée qui édite aujourd'hui Mérot et dont l'un des directeurs de collection n'est autre que Beigbeder, dont Cheval Fou est la caricature grinçante. Déjà, je souris.
Puis il y a Pétoncle, le narrateur, qui doit bien l'écrire ce fichu roman. Pour trouver l'inspiration, il pense à la belle Oblomova et il boit. Ce qui lui permet de réfléchir au sens de la vie. Un peu trop. Au point d'en imprégner son roman. Qui se doit d'être "réaliste". Pas simple.

C'est un livre féroce et bien vivant, il y a de l'humour, de l'ironie, beaucoup de questionnement sur le rôle de l'écrivain, pourquoi, comment, pour qui... Quelques clins d'oeil pas piqués des vers, également, sur le monde de l'édition. et puis l'amour, qui transporte les foules et fait vaciller un homme.
Pierre Mérot se lâche et ça fait du bien. Pas de volonté facile de sa part d'attaquer frontalement untel ou un tel, contrairement à d'autres auteurs qui ne vivent que par le mal qu'ils disent des autres. C'est un ensemble ici, un regard étonnant posé sur un écrivain qui s'ennuie et doit écrire. Une vision complètement décalée de la vie que je vous conseille.

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Les éditions

  • L'irréaliste [Texte imprimé], roman Pierre Mérot
    de Mérot, Pierre
    Flammarion / LITTERATURE FRA
    ISBN : 9782080687784 ; 7,00 € ; 24/08/2005 ; 208 p. ; Broché
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6 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 3 octobre 2011

Dès le départ, Pierre Mérot ne cache pas ses influences. Ainsi cette première phrase. « Au risque de passer pour un plagiaire, je peux dire que « Ca a débuté comme ça », en référence à Céline. J’avais aimé ses délires dépressifs dans « Mammifères », je les retrouve dans cet « irréaliste ». L’auteur nous prend par la main et nous emmène dans son quotidien glauque et miséreux. Pour lui tout est prétexte à rejoindre la faune d’un bar tabac , boire des bières pour oublier que la vie peut être est une chienne, quand elle s’y met. Et de faire un clin d’œil à Bukowski, autre influence de l’auteur, en rappelant son passage légendaire à Apostrophes.
Le héros de ce roman est confronté à un cruel dilemme. Son éditeur, suite au succès du premier roman, lui demande d’écrire un roman réaliste pour la prochaine rentrée littéraire. Or, le Petoncle (c’est son surnom), il n’en a pas vraiment envie, plongé qu’il est dans ses pensées noires, loin de sa chère Oblomova. Lui qui ne passe ses soirées que dans les paradis artificiels. Ce sont ses pérégrinations un peu folles qu’on est parfois obligé de suivre. L’humour est là, certes, mais on se demande souvent où l’auteur veut nous emmener dans ses délires. Effectivement, un peu de réalisme de temps en temps, cela ne nuit pas….

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