C'est arrivé à Boston ? de Russell H. Greenan

C'est arrivé à Boston ? de Russell H. Greenan
( It happened in Boston ?)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Sibylline, le 1 juin 2005 (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 73 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 3 281  (depuis Novembre 2007)

Boston, Massachusetts ??

C’est une histoire bien étrange, qui se place et se développe avec une extrême habileté. Selon un procédé qu’il aime bien Greenan travaille ici par petites touches. Des paragraphes qui ne font parfois que quelques lignes, et qui, pour tout titre, portent un numéro et un point d’interrogation. C’est attirer ainsi dès le début notre attention sur tout ce que ce récit aura d’incertain.
Le numérotage des pages de ce roman assez long ? Il n’y en a pas. Ce n’est pas qu’on l’ait oublié ou négligé, bien au contraire, l’attention est attirée à chaque page par le «?» qui remplace la numérotation habituelle. Cette absence peut perturber le lecteur qui, comme moi, essaie parfois de se situer par rapport à la totalité du livre. Il a un peu perdu ses repères, et les perd de plus en plus à mesure qu’il s’enfonce parmi les feuillets, tout comme le personnage principal perd les siens. Pourtant, malgré tous ces indices, on ne se méfie encore pas assez de ce récit-là.
Ce roman a été construit d’une façon minutieuse et compliquée qui ne doit rien au hasard. Le récit est narré par le personnage principal et, apparemment de manière chronologique. Je dis apparemment, car en fait, il raconte cette histoire d’une façon beaucoup plus compliquée qu’il ne semble et on n’y prend pas garde tout de suite. Il nous parle au présent, de la vie qu’il mène et de ce qu’il fait, en introduisant, pour se faire comprendre, de plus en plus de références à des évènements passés, qu’ils remontent à son enfance, à plusieurs années ou à la veille. Insensiblement, les époques se mélangent.
Dès le début, on s’aperçoit, par ce qu’il lâche comme cela, par hasard, au cours du récit, et sans que rien ne soit explicité, que ce type est a un comportement un peu bizarre, puis, très bizarre, mais on ne mesure que très lentement en fait, à quel point ce léger décélage dans l’estimation de la réalité peut avoir des conséquences énormes. Il n’y a qu’une fêlure entre original, phobique, psychotique, type normal, génie et fou dangereux. Toutes distinctions que les mots essaient de classer et clarifier pour mieux les maîtriser, mais sans y parvenir.
Il y a beaucoup, beaucoup de choses dans ce roman. Des vies, qui se croisent, banales ou originales, des personnages très étranges ou d’autres qui semblent l’être moins (lesquels sont les plus dangereux), dieu et le diable, ainsi qu’un ange, des peintres maudits, de la cruauté ordinaire, des drames, de la mort, de la misère et de la richesse, du sang, un peu d’amour, de la passion, énormément de vie, du café noir et des œufs durs.
Le style est parfait et totalement maîtrisé. On y sent un goût du mot et du vocabulaire, une magie de la phrase, sans parler de la beauté des images, qui distingue l’écrivain du simple raconteur d’histoire. Certains dialogues du début (avec le gamin) m’ont fait penser à des nouvelles de Salinger. Tous les détails mis en place, le moindre personnage, à peine évoqués au fil du récit ont un sens et une raison d’être que l’on ne réalisera que plus tard, quand les pièces du puzzle, ciselées au millimètre près, se rejoindront pour former une tableau complet et parfait.
Alors, si vous voulez savoir comment on peut réaliser une escroquerie à l’œuvre d’art, si vous voulez vous régaler avec un polar noir très intelligent, très fin même, très bien écrit, très bien construit… vous devriez essayer celui-là.

5 étoiles "polar"

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