Peig : autobiographie d'une grande conteuse irlandaise de Peig Sayers

Peig : autobiographie d'une grande conteuse irlandaise de Peig Sayers
( Peig)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Eireann 32, le 3 mai 2005 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 064ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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« Et le vieux monde aura déjà disparu »

Peig ne sachant pas écrire dicte à Michéal son fils, ses souvenirs. Elle est la dernière survivante du trio* des conteurs écrivains des îles Blaskett. Elle enregistrera 350 contes pour le comité de préservation du folklore irlandais. Elle possédait un vocabulaire de 80000 mots de gaélique, et servait de professeur aux plus grands linguistes de l’époque.
La vie d’une femme dans la péninsule de Dingle, puis dans la «Grande Blaskett » qui fut évacuée définitivement en 1957.
Peig est née sur le «continent», d’abord servante depuis l’âge de 12 ans, elle est «donnée» à 19 ans, en mariage à un pêcheur des îles. Son mari est un homme bon et courageux, mais la vie est rude et elle ne connaît pratiquement personne, mais les îliens sont chaleureux. La mort est présente, la religion aussi. Les enfants meurent de bonne heure, les hommes aussi, souvent en mer, Peig aura 10 enfants, 7 survivront. Après l’accident qui coûtera la vie à Tomàs, son frère Muiris efface le prénom anglais qui est inscrit sur le cercueil pour le remplacer par la version gaélique. La défense de la langue est un devoir «J’ai toute ma vie fait ma part de travail pour la langue irlandaise». Après le décès du mari de Peig, l’exode est la seule solution pour les enfants, tous partiront en Amérique, un seul reviendra. Les anecdotes de sa vie et des histoires mi-réelles, mi-imaginaires racontées pendant les veillées nous plongent dans un monde simple, mais hélas disparu, Peig et son beau-frère aveugle y sont excellents et les voisins sont toujours les bienvenus. La vie devenant trop précaire, il faudra partir.
La couverture nous montre Peig, magnifique photo noire et sépia, la mine austère, la quatrième de couverture nous la montre, goguenarde, la pipe à la main, laquelle des deux est la vraie ?
Elle mourra à Dingle en 1958.
L’écriture est simple, voire naïve, mais il faut se remémorer le contexte. Le premier des deux contes qui clôt ce livre, est très amusant et prouve que ces gens pauvres avaient le sens de l’humour et de la dérision. A découvrir absolument.
Les fières chaumières s’affaissaient
De l’intérieur comme le gaélique et
Les vents d’Europe
Soufflaient par les fenêtres béantes.
O’Criomhthain, Peig, Muiris O’Suilleabhàin*.
La grande Blasket. Desmond EGAN.
*O’Criomththain :Thomas O’CROHAN L’homme des îles/Peig SAYERS/
Muiris O’Suilleabhàin :Maurice O’SULLIVAN, Vingt ans de jeunesse.

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Les éditions

  • Peig [Texte imprimé], autobiographie d'une grande conteuse d'Irlande Peig Sayers, 1873-1958 trad. de l'anglais par Joëlle Gac
    de Sayers, Peig Gac, Joëlle (Traducteur)
    An Here / Biblio. Irlandaise
    ISBN : 9782868432018 ; 6,57 € ; 01/01/2000 ; 313 p. ; Broché
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Les livres liés

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La vie tout simplement

8 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 56 ans) - 2 février 2006

"Si les mots sont trahis inévitablement d'une langue à l'autre, l'âme du récit doit pouvoir se mouvoir librement et passer sans entrave d'une rive à une autre, comme le conte passe interminablement d'un conteur à l'autre, d'un public à l'autre, sans qu'en soit jamais altérée la trame."

Récits oraux recueillis et transcris par le fils de Peig, cet ouvrage nous livre l'autobiographie de cette irlandaise pas si typique que ça des îles Blasket. Sortant de l'ordinaire par sa contribution précieuse, vers la fin de sa vie, à transmettre son expérience et sa langue.

Il est vrai que les petites pastilles qu'il nous est offert de lire sont livrées dans leur forme la plus simple, la plus épurée, mais quiconque a eu la chance d'avoir une grand-mère très âgée connait déjà ces récits où la petite enfance a les feux de la rampe, et où les dialogues sont toujours des exclamations; en tout cas moi, ça m'a parlé directement au coeur et j'ai reçu les mots de Peig comme un véritable cadeau.

Sa vie est loin d'avoir été douce, et pourtant, elle a toujours tout accepté comme allant de soi, faisant face à tous les évènements soutenue par une foi puissante et avec la plus totale bonne volonté. Et un humour, une tendance à se bidonner en douce qui est franchement réjouissante. Ainsi par exemple se réjouit-elle alors qu'elle poursuit un chien qui a volé un poussin d'avoir encore deux dents dans sa bouche pour tenir sa pipe pendant sa course...

Je remercie beaucoup Eireann qui m'a non seulement fait découvrir Peig Sayers, mais m'a en plus offert ce génial petit livre.

Une femme magnifique

10 étoiles

Critique de Spirit (Ploudaniel/BRETAGNE, Inscrit le 1 février 2005, 63 ans) - 15 juillet 2005

Un jour j’ai trouvé, dans ma boite aux lettres, un colis qui contenait un livre. Mais pas n’importe quel livre, oh ! que non ! ce livre contient les mémoires de Peig Sayers.
Une vie à une époque où l’Irlande souffrait ( mais n’a t’elle pas toujours souffert ? ) une vie dure qui vous prend beaucoup et vous redonne peu en échange, une vie où le malheur s’abat sur le monde comme la pluie sur cette île. Cette dureté je savais qu’elle avait existé mais ces mots là m’ont montrés jusqu’où elle pouvait aller.
C’est l’histoire simple d’une vie de dur labeur, de grande tristesse et de petits instants de bonheur ( comme volés ). La vie d’une grande dame, d’un être qui avait de grandes qualités humaines. Un livre que l’on se doit de lire, pour savoir, pour perpétuer le souvenir.
Merci de m’avoir fait ce cadeau.

Je ne suis pas croyant mais je crois utile de citer ce passage du livre :

« La main de Dieu soit sur toi, manuscrit,
et la mienne humblement sur toi qui liras ce livre.
Que la bonne fortune veille sur mon pays
Que Dieu aide ceux qui luttent pour qu’il soit libre ! »

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