La Cité de Dieu de Paulo Lins

La Cité de Dieu de Paulo Lins
( Cidade de Deus)

Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Pedro019, le 31 mars 2005 (Paris, Inscrit le 31 mars 2005, 37 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 995ème position).
Visites : 4 185  (depuis Novembre 2007)

Loin de la carte postale de Rio...

« La cité de Dieu" de Paulo Lins est une plongée dans l'univers d'une favela de Rio de Janeiro, avec bien sûr, une vision réaliste et brutale de la vie de la cité. Le livre suit trois histoires, trois destinées, éphémères, intenses, de trois truands, à différentes époques (mais ayant le même cadre et souvent les mêmes personnages), montrant bien la violence ambiante de cette zone de « non-droit », (quelque peu coupée du monde), où le crime semble légion. L’auteur (ayant vécu dans cette favela) y montre la marginalisation vécue par les habitants, les problèmes de société. Véritable tragédie urbaine, une image bien éloignée de l’image du Brésil… On doit préciser qu’il s’agit d’une histoire basée sur des faits réels.
A noter l’existence du film, portant le même nom, en quelque sorte une « simplification » du roman, puissamment mis en scène … excellent.

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Les éditions

  • La Cité de Dieu [Texte imprimé] Paulo Lins trad. du portugais (Brésil) par Henri Raillard
    de Lins, Paulo Raillard, Henri (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070306121 ; 11,50 € ; 24/02/2005 ; 581 p. ; Poche
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L’enfer des favelas

4 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 25 novembre 2012

Difficile d’évaluer ce livre car il n’y a aucune trame romanesque et pas de personnages principaux. Il s’agit d’une succession de scènes violentes avec des délinquants armés et drogués qui s’entre-tuent ou tentent de fuir la police.

En dépit de sa forme, l’œuvre n’est pas inutile. Un témoignage d’une réalité à laquelle on ne peut échapper et dont l’authenticité a fait grincer des dents de nombreux brésiliens voulant que les problèmes de la pauvreté soient simplement balayés sous le tapis.

Toutefois, après quelques chapitres il y’a très peu à retirer. On a fait le tour. Dommage car il y’avait là matière à développer des histoires accrocheuses et viscérales. Si je me souviens bien, l’adaptation cinématographique était meilleure.

Lu en version anglaise


L'apocalypse Carioca

9 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 57 ans) - 8 septembre 2012

« La cité de Dieu », c’est une banlieue excentrée de Rio de Janeiro, où des barres d’immeubles construites à la va-vite dans les années 60 sont entourées de favelas. Derrière des noms de quartiers d’une naïveté rafraichissante (Là-en-haut, Là-en-face, Nouveau monde…) se cachent un dédale de ruelles crasseuses et d’arrière-cours où traine une multitude de gamins, de camés, d’alcooliques et de personnages louches.
C’est le territoire des truands aux surnoms parfois évocateurs (Dam, Ze Rikiki, Marteau, le Canard, Pelé, le Bouseux, Piaf, Face de Charbon, Passistinha, …). A peine sortis de l’enfance, ils passent leur journée à fumer de l’herbe, astiquer leurs armes, sniffer de la coke ou préparer leur prochain braquage, tout cela sur fond de samba et de « futebol » de rue.
Heureusement, il y a les policiers, aux noms tout autant évocateurs (Belzebou, Notre-Tête-à-Tous…), qui par leur corruption et leur usage immodéré des armes, tracent la voie aux bandits de quartier.
Vivent également à la « cité de Dieu » les « pigeons », travailleurs pauvres, mères de famille qui survivent comme ils peuvent dans cet enfer où les balles sifflent à tous les coins de rue. De temps en temps, un gamin innocent s’en prend une. Mais cela fait partie du décor, car dans ce bouillon de culture, la vie et la mort s’entrelacent dans une danse extatique sur fond de mysticisme Candomblé.

L’auteur, Paulo Lins, né en 1958, sait de quoi il parle : il a grandi à la « cité de Dieu ».
Il a pu s’extraire de ce milieu effrayant et poursuivre des études pour devenir enseignant. C’est pendant sa participation à une étude sociologique de 10 ans sur le crime à Rio qu’il a écrit ce roman paru en 1997 puis adapté au cinéma en 2002.
Le résultat est décapant. Il est clair que l’image d’Epinal du Brésil, entre Copacabana, le carnaval et le football, en prend un coup. L’ultra violence, la misère, le racisme et la corruption vous sont jetés à la figure sans ménagement, ce qui a provoqué nombre de débats et de remous dans la société brésilienne, et peut-être une prise de conscience.
L’écriture est simple, directe et rend le tout facile à lire. Bien que les faits se répètent et se ressemblent, je n’ai pas ressenti de lassitude. On finit par être envoûté par ce climat infernal. La succession de crimes et de braquages finit par prendre une dimension mythologique ou biblique. Les voyous deviennent des héros broyés par la roue du destin et un univers impitoyable.

Dans quelques années, le Brésil va accueillir la coupe du monde de football et les jeux olympiques. Aura-t-il su se débarrasser de ces foyers de misère et de crime sans que cela tourne au carnage ? Ce roman vieux de 15 ans reste hélas terriblement d’actualité.
A lire impérativement sauf en cas d’allergie à la violence.

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