Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes Russes de Gary Shteyngart

Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes Russes de Gary Shteyngart
( The Russian debutante's handbook)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Nothingman, le 27 février 2005 (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 342ème position).
Visites : 5 193  (depuis Novembre 2007)

Salade russe

Et si la vie de Vladimir Girshkin, le héros loufoque de ce premier roman, était un peu celle de son auteur Gary Shteyngart ? Gary Shteyngart est né à Léningrad en 1972 et est arrivé aux Etats-Unis en 1978 lors d'une des vagues d'immigration. Tout comme son héros Vladimir, jeune homme de 25 ans citoyen des Etats-Unis depuis l'âge de 7 ans. Il est russe. Il est juif aussi puisque sa famille n'hésite pas à le lui rappeler. Bref il est un peu perdu, en quête d'identité au milieu de cette triple identité.

Dans ce roman, nous passons en revue quelques mois de la vie de Vladimir. Il végète à New-York dans un service d'aide aux immigrés, ne sachant pas encore réellement de quoi sa vie sera faite. Au fil de cette année 1993, Vladimir va être entraîné dans une série d'aventures burlesques et débridées. Il va croiser une galerie de personnages tous plus fous les uns que les autres. Il y a sa première petite amie, dominatrice pour soirée sado-masochiste, un immigré russe névrotique mais néanmoins richissime en quête de nationalité américaine, un mafioso catalan un brin obsédé,…Des fréquentations douteuses qui ne font que poser des problèmes à Vladimir, qui voudrait vivre heureux dans le luxueux appartement de Manhattan auprès de sa richissime amie Francesca. Vladimir ne fait que tomber dans ce roman mais se relève toujours tel un boxeur, un peu plus amoché et ridicule à chaque fois.

Vladimir tient un peu de Charlie Chaplin. Pour ce dernier, ce fut "la ruée vers l'or", la ruée vers l'ouest. Pour Vladimir, à contrario, ce sera la ruée vers l'est, à Prava, capitale de l'ancienne république soviétique de Stolovie, tout juste sortie du communisme et dont se sont emparé les mafias russes ( Prava, une ville imaginaire qui fait immanquablement penser à Prague ). C'est d'ailleurs dans ces mafias que Vladimir va prospérer,….

"Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes russes" réussit là où "La conjuration des imbéciles" - un roman de John Kennedy Toole qui fait débat sur ce site – se vautrait allègrement. Dans "La conjuration …", nous suivions un héros vulgaire et grotesque auquel il arrivait des aventures insipides et lourdingues. Bref, un roman désespérément plat : un comble pour un roman censé être drôle. Ici, au contraire, les imbroglios burlesques de Vladimir servent le propos, à savoir la recherche d'identité d'un jeune russe un peu paumé. Ces aventures déjantées font même souvent mouche parfois quand un s'esquisse au coin des lèvres. Le style virevoltant de Gary Stheyngart y est sans doute aussi pour beaucoup. Il est clair néanmoins que comme tout premier roman, il reste quelques petites imperfections. Mais ce "traité" pour le moins particulier m'a fait passer un bon moment de lecture.

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Une sorte de "conjuration des imbéciles" de l'Est.

9 étoiles

Critique de Ronanvousaime (, Inscrit le 13 mai 2007, 49 ans) - 6 mai 2010

Ce livre est très fort.

Il est très drôle, et pourtant c'est dur de faire rire à l'écrit (Lacan y arrive assez bien, notons).
Il est brillant, dans son histoire, dans ce qu'il met en scène de notre vie (à Prague ou à Melun ou à Medellín). Les personnages sont attachants comme un escargot un jour de pluie, l'histoire rebondit comme une grenouille un jour de pluie.

J'ai lu peu de livres de cette classe, de cette tenue, de cette constance dans le drôle et le cynique, même s'il n'arrive pas à se hisser à la hauteur vertigineuse de "La conjuration des imbéciles", qui avait un style inimitable, ciselé dans le marbre dont on fait les statues littéraires.
Mais ce Traité vous fera beaucoup de bien, vous laissera le sourire aux lèvres et vous donnera envie de lire le reste des œuvres de l'auteur et de chantonner "Potemkine" de Jean Ferrat sous la douche.

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