La Pérouse, le gentilhomme des mers de Hans-Otto Meissner

La Pérouse, le gentilhomme des mers de Hans-Otto Meissner

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 15 février 2005 (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans)
La note : 10 étoiles
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A-t-on des nouvelles de La Pérouse ?

Au moment de monter sur l'échafaud, le bon Roi Louis XVI s'inquiétait de son ami : "a-t-on des nouvelles de La Pérouse ?" Pendant ce temps là, le vicomte de La Pérouse constatait à ses dépends, les faiblesses des théories du Bon Sauvage de Jean-Jacques Rousseau, auxquelles pourtant il avait cru fermement.
Il avait quitté Brest de grand matin ce premier août 1745, à la tête de ses deux navires, La Boussole et L'Astrolabe, avec 300 hommes à bord. Outre ses membres d'équipage, il avait avec lui une grosse équipe d'homme de science, d'ingénieurs, de mécaniciens et surtout de botanistes. Son expédition avait un but scientifique et humanitaire. Son ami Louis XVI avait commandé qu'on installât des serres sur les faisceaux pour abriter les très nombreuses plantes qu'on emportait ; c'était pour les offrir aux Sauvages de la part de la France et de son Roi. Un convoi de chariots avait quitté Versailles chargés de terreau, de sable et de gravier du potager royal pour garantir la survie des plantations ; et on emportait plus d'eau pour les plantes que pour les équipages.
Cette biographie de La Pérouse est en tout point, passionnante. On y apprend la façon de naviguer en ce 18ème siècle, qui au fond n'avait guerre évolué depuis la plus haute Antiquité, et qui nous semble inimaginable aujourd'hui. Sur les quelques mètres du navire, les savants étalaient leurs livres, prenaient leurs mesures, se livraient à leurs expériences ; les marins jouaient aux cartes ou se chamaillaient. On y célébrait les offices religieux et on y mangeait à tour de rôle. Tout ça dans les quelques espaces laissés libres par les bœufs, les vaches, les moutons et la volaille, qui en fait, était le garde-manger vivant que l'équipage se disputait aux rats. La cabine personnelle du Commandant était si petite, qu'il pouvait y recevoir un seul homme. S'il voulait y recevoir un second, il devait faire sortir le premier.
La composition de l'équipage nous laisse d'étonnantes surprises ! Outre le premier jardinier du Roi et les plus grands savants du siècle, il y avait un certain Jean-Baptiste de Lesseps, le grand-oncle de Ferdinand, qui au tout dernier moment avait remplacé un certain Napoléoné Buonaparte, âgé de 16 ans, brillant cadet de l'école militaire de Paris, surdoué pour les mathématiques, qui se faisait passer pour astrologue ! Ce J-B de Lesseps, sera débarqué à l'extrémité orientale de la Sibérie et après un voyage de 13 mois, il parviendra à Versailles où il remettra au Roi les principaux travaux et comptes rendus de l'expédition La Pérouse.
(Ce de Lesseps a inspiré le personnage des Enfants du Cpt Grant de J Verne)
Et puis ce livre nous raconte la fabuleuse aventure de cette extraordinaire équipée autour du monde. Le récit est rigoureusement exact et dépasse en extravagances tout ce que l'imagination d'un romancier aurait pu inventer.
L'histoire se termina mal pour nos amis puisqu'ils furent décimés par les Sauvages, quelque part dans les îles Salomon en 1788. Mais le mystère a plané pendant des siècles sur la destinée des survivants. Un navire parti à leur recherche les aperçut en 1793 et un autre navire, 30 ans plus tard, rencontra des survivants qui avaient fait souche sur des îles de l'archipel.
La consolation pour La Pérouse, est que s'il était resté en France, il n'aurait pas connu un sort plus enviable. La révolution battait son plein et les dieux de la terreur avaient soif : toutes les têtes qui dépassaient étaient coupées, par soucis d'égalité ; et Dieu sait si La Pérouse était une tête qui dépassait ! C'était un grand Humaniste du siècle des Lumières, admirateur de Voltaire et de Rousseau, qui reconnaissait aux Sauvages les droits, qui sont ceux de tous humains, par le seul fait qu'ils existent. Ce qui était une première en ce turbulent 18ème siècle. (Les droits de l'Homme de la Révolution n'abolissaient pas l'esclavage)
Il était respecté et estimé par l'Amirauté britannique, au point qu'il avait reçu des Anglais, le prestigieux chronomètre de James Cook, assassiné quelque 7 ans plus tôt à Hawaï.
Il est vrai que l'Angleterre et la France avaient beau être ennemis héréditaires, les marins s'échangeaient leurs trouvailles avec la même allégresse que nos savants d'aujourd'hui, s'échangent leurs secrets militaires.
L'élitisme, le prétendu élitisme, est sévèrement combattu sur ce site, mais qu'on se rassure ou, qu'on patiente, ce n'est pas pour ce livre qu'on raccourcira les têtes qui dépassent ! Il devrait passionner aussi bien les amateurs de Tintin, que les amateurs d'Histoire. Il est écrit d'une manière admirable par un passionné d'Histoire maritime, qui a suivi avec son bateau tout le périple de La Pérouse en se rapprochant le plus possible des conditions de son voyage autour de la terre.
Ce livre écrit par un passionné est un livre passionnant. Par bonheur il a un n° ISBN, c'est très rare pour un livre d'Histoire ; ce qui m'a valu le plaisir de vous le présenter et de vous le recommander chaleureusement. Dans son genre, ce livre vaut bien ses 5 étoiles.

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Les éditions

  • La Pérouse [Texte imprimé], le gentilhomme de la mer Hans-Otto Meissner adapt... de Raymond Albeck
    de Meissner, Hans-Otto
    Perrin
    ISBN : 9782262005368 ; 135 F ; 11/06/1999 ; 320 p. ; Broché
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  1745??? 14 Benoit 16 février 2005 @ 18:00

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