L'adolescence volée de Stanislas Tomkiewicz

L'adolescence volée de Stanislas Tomkiewicz

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Psychologie

Critiqué par Lamanus, le 31 janvier 2005 (Bergerac, Inscrit le 27 janvier 2005, 65 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 888ème position).
Visites : 4 799  (depuis Novembre 2007)

Tom, Tom petit homme

Qui connaît Stanislas Tomkiewicz (Tom comme il se “petitnomme”) ? Pas moi, avant de lire dans la collection Pluriel psychologie de Hachette Littératures son ouvrage L’adolescence volée. Une découverte.


Il ne faut pas se laisser rebuter par le titre de la collection, Pluriel psychologie, L’adolescence volée trouverait aussi bien sa place dans la collection Haute Enfance chez Gallimard. Ce livre retrace la vie à compter de ses 16/17 ans de Stanislas Tomkiewicz. Bon, et alors ? Et alors, l’existence de ce professeur de psychiatrie infantile de renommée internationale est un roman, une épopée, un thriller, un drame psychologique, une leçon d’intelligence ; bref un paradigme de vie comme on aimerait en voir plus souvent siouplaît.

Ça commence mal, très mal. Quand certains de nos ados contemporains “ se tapent ” une crise parce que le Nikos, Paxi ou la Schtroumphette d’une quelconque émission télé de seconde zone se découvre un point noir entre les deux yeux et font une TS d’opéra en criant au mal-être, un Tomkiewicz d’origine Polonaise, au même âge, survit dans le ghetto de Varsovie, s’évade d’un train de la mort pour finir à Bergen-Belsen et se retrouve en France à la Libération. Quand nos ados envoient “ chier ” leurs géniteurs parce qu’ils refusent de leur offrir le dernier abonnement top classe de téléphonie mobile, avec l’écran super couleur et le bitonio super cool pour envoyer des SMS hip hop à leur copine boutonneuse, Tom, lui, voit ses parents conduits dans un camp d’extermination pour devenir des savonnettes, comme il dit. À la trappe le complexe d’Œdipe.

Et que fait notre Polack, se roule-t-il dans son malheur complaisamment en se faisant plaindre, en incendiant des voitures, en attaquant des postes de police, en caillassant des pompiers, en violant des jeunes filles mineures, en demandant des subventions pour s’offrir des joints, en portant le voile, en défilant contre la dernière réforme de l’enseignement qui, selon la jeunesse hautement sage, la rabaisse dans sa dignité ? NON, Tom apprend le français rapidos, passe le bac itou, fait médecine, devient psychiatre, soigne des enfants atteints d’encéphalopathie, ne compte pas ses heures, devient Français et fonde la miaouthérapie.

Oui, la miaouthérapie qui consiste à décrocher une risette, un mouvement, une lueur d’intelligence chez des nourrissons ataraxiques pour le moins. Rien que ça lui vaudrait une médaille. Mais il fait plus encore. Les mêmes jeunes dont nous parlions plus haut et qui sont devenus pour x raisons des délinquants, il les soigne, les écoute, les aide et les aime. Comme quoi les adultes ne sont pas tous des taches. C’est à Vitry que Tom intègre une maison pour jeunes en difficulté. Il y fera un travail novateur et admirable. Il révolutionnera l’approche qu’on a à l’époque de ces jeunes et, pour le remercier, l’Etat fermera son centre en 1983. Pardi ! pourquoi que monsieur Tom y se décarcasse ? Hein ? Pour rien puisque l’Institution dans toute sa bêtise s’évertue à défaire ce qui est fait et bien fait.

Toujours plus fort, Tom fustige la dictature et les mauvais traitements qu’inflige justement cette Institution, quelque qu’elle soit, à l’individu. Bref il remet à l’honneur l’individu en tant qu’objet d’attention, de bons soins, à contrario de la masse dominante, du Pouvoir, de l’Etat. J’imagine volontiers un homme, pourquoi pas un poète, embarqué au milieu d’une masse humaine hurlant aux chiottes l’arbitre parce que le PSG a été battu par l’OM et qui doit lui aussi beugler sa haine d’apparat sinon il sera écrabouillé par la horde fanatique. De la même façon, je suppose que le quidam lambda en 39 dans les rues de Berlin devait accomplir le salut romain et crier ce qu’on sait pour na pas être ostracisé (c’est le moins qui pouvait lui arriver). Méfiez-vous des hommes mais aimez l’homme.

L’adolescence volée est un magnifique roman vrai, une véritable auto-fiction pas piquée des mouches, la relation authentique d’une vie extraordinaire, un message de tolérance et un génial bras d’honneur à toutes les haines. C’est aussi un exemple à suivre. Mais ce n’est pas donné à tout le monde. On l’aura remarqué.

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6 étoiles

Critique de Chat pitre (Linkebeek, Inscrite le 23 février 2001, 53 ans) - 24 février 2005

Oui, j'ai lu ce livre après avoir lu votre critique et je l'ai trouvé excellent.
Effectivement, cela donne à réfléchir sur les problèmes de nos adolescents d'aujourd'hui.
La réussite et la combativité de "Tom" se rapprochent un peu de la théorie de la résilience de Boris Cyrulnik qui tend à démontrer que malgré les tragédies d'une vie, on peut s'en sortir brillamment.
Un bel exemple...


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