À l'endroit de Christian Combaz

À l'endroit de Christian Combaz

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par CC.RIDER, le 29 décembre 2025 (Inscrit le 31 octobre 2005, 67 ans)
La note : 9 étoiles
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Magistral

De toute éternité, les hommes ont estimé qu'il y avait le bien et le mal, l'envers et l'endroit, le diable et le bon Dieu, le beau et le laid, le vrai et le faux, la liberté et l'esclavage, la paix et la guerre. Mais depuis quelques décennies, on peut avoir l'impression que cette forme d'équilibre a été rompue. Nous vivons dans un univers de confusion ou l'envers tente de se substituer à l'endroit. Tout se vaut. C'est le brouillard total. Le mal se présente sous l'apparence du bien. Le laid se dit beau. Le mensonge se pare des atours de la vérité. On nous raconte n'importe quoi dans les médias. Et il faudrait gober toutes sortes de coccigrues sous prétexte que la communauté scientifique aurait trouvé un consensus sur le sujet. « Je blâme une tentative de fabriquer un monde monopolaire, un monde qui n'a plus besoin de l'autre pôle, un monde où l'envers et le signe moins ont pris la place de l'endroit et du signe plus », précise Combaz.
— Il a raison a dit Léon, c'est la définition moderne du diable. Aujourd'hui, il rejette toute négociation avec l'autre versant de la morale. Pour avoir raison, il se déguise même en son contradicteur. Et nous nous retrouvons tous plus ou moins dans le monde glaçant et dystopique décrit par George Orwell dans son chef d'œuvre « 1984 ». Comment cela va-t-il finir ?
« À l'endroit » est un court essai philosophique magnifiquement écrit et très agréable à lire. Le lecteur a tellement été saisi par l'intelligence de la démonstration et la lucidité de la description qu'il n'a pu lâcher l'ouvrage et l'a dévoré dans la journée dans un accès de boulimie digne d'un accro aux boîtes de chocolats qui ne peut en ouvrir une sans la vider complètement, une page appelant une autre. Comme fil rouge de sa démonstration magistrale, l'auteur en appelle au « Portrait de Dorian Gray » qui, caché dans une cave se dégrade lentement alors que son sujet reste beau et présentable à travers le temps. Mais quand le portrait réapparait, il redevient magnifique alors que le personnage réel se retrouve d'une laideur repoussante, montrant ainsi son vrai visage. Pas de meilleure allégorie de ce que nous vivons. Il en appelle également à Léon, personnage bien connu des fans de « Campagnol », à la fois devin, guérisseur et mathématicien hors pair. D'après les dires de Combaz, il se serait inspiré d'un personnage réel pour l'inventer. Cet essai qui présente sans aucun doute une des plus brillantes descriptions de la situation actuelle a également l'immense mérite de ne jamais donner dans le déclinisme, le tout est foutu. Tout comme les charmantes chroniques de « Campagnol », il a sait élégamment ne pas désespérer Billancourt et arrive même à nous laisser sur une belle note d'espoir évangélique. Il faut lire Combaz, sans doute un de nos plus grands écrivains encore vivants, injustement blacklisté pour dissidence.

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