La danse pieuse de Klaus Mann

La danse pieuse de Klaus Mann
(Der fromme Tanz : das Abenteuerbuch einer Jugend)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 9 avril 2024 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 8 étoiles
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Peinture du Berlin décadent des années 20

Klaus Mann, fils de Thomas Mann et neveu d’Heinrich Mann, a souffert de la réputation de ses aînés qui l’ont un peu éclipsé. De plus, homosexuel affirmé, il dérangeait. Dans « La Danse pieuse », l’auteur aux qualités littéraires évidentes, dépeint un jeune artiste d’une famille bourgeoise, qui décide de quitter le foyer familial pour découvrir la vie dans les grandes villes allemandes et à Paris. C’est à Hambourg et à Berlin qu’il découvrira des milieux interlopes, avec leurs cabarets et toute la faune nocturne qui anime ces lieux festifs et libres. On y croise des hommes qui se travestissent, d’autres qui se prostituent, des personnages volages, des hommes riches cherchant la compagnie d’individus plus jeunes … Andreas s’intègrera facilement dans cet univers dans lequel il est difficile d’aimer. Le jeune Niels lui fera tourner la tête, mais dans cet univers un peu décadent l’on est souvent mal aimés. L’auteur photographie le monde allemand pré-hitlérien. Il est vrai qu’à certains égards le roman a des allures prophétiques.

Je ne connaissais pas cet auteur qui appartient à une famille d’écrivains de qualité. Son roman est prenant et les personnages exercent une certaine fascination sur le lecteur. On découvre un monde qui ne nous est sans doute pas familier. C’est donc l’univers des cabarets qui est dépeint avec toute sa démesure. Le roman ne se veut pas didactique, mais il permet d’imaginer une époque précise. Le personnage d’Andreas n’est pas qu’un moyen de décrire cet univers. Il est suffisamment décrit pour qu’on puisse l’imaginer, tout comme tous les personnages qu’il côtoie. Il y a vraiment un côté romanesque dans ce texte avec des protagonistes hauts en couleur.

L’écriture est agréable et chaque chapitre possède des qualités qui invitent à poursuivre la lecture. Le lecteur sourit parfois, à d’autres moments il découvre ce que les hommes de cette époque pensaient dans une période qui allait devenir l’une des plus troubles : « Vivre, c'est être mûr pour la mort. Puisque nous sommes des danseurs sans but, nous célébrons la vie comme une pieuse cérémonie et nous ne pensons pas que nous pourrions aller vers ce qui est bon, vrai, solide. » Le lecteur sera aussi surpris par les mœurs de tous ces personnages qui vivent dans une liberté totale, et qui paradoxalement vivent aux dépens d’individus plus âgés souvent pour des raisons purement pécuniaires.

Ce roman possède des qualités d’écriture. Il photographie une époque et dépeint la période cabaret allemande, que l’oncle de Klaus Mann a abordé aussi dans « Professeur Unrat », adapté au cinéma sous le titre « L’Ange bleu », dans un contexte différent. Je continuerai à explorer l’œuvre de cet écrivain car il mérite vraiment un meilleur sort. J’ai souvent pensé à Paul Morand en lisant ce roman.

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