La langue des choses cachées de Cécile Coulon

La langue des choses cachées de Cécile Coulon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 16 avril 2024 (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans)
La note : 6 étoiles
Visites : 171 

Tout ça pour ça !

Cécile Coulon nous dit qu’elle a écrit ce court roman dans un état hypnotique, bouillonnant et fiévreux. Et on veut la croire : la façon de raconter cette histoire semble l’avoir été sous une hypnose bouillonnante et fiévreuse, à tel point qu’on serait tenté de lui conseiller d’aller voir un psy.

Une guérisseuse est sur le point de mourir. Elle a transmis ses dons à son fils et celui-ci est appelé dans un village auprès d’un cas désespéré ; mais, il va commettre une erreur et cette erreur va réveiller tout un passé abominable. Sa mère, la guérisseuse, était passée avant lui dans ce village et… la suite est dans le roman.

L’histoire est bien imaginée mais ce qui est pour le moins bouillonnant ce sont les personnages ; par exemple, le personnage principal, la guérisseuse : « … Dans les cas extrêmes elle se métamorphosait : elle étirait ses membres, creusait ou gonflait sa peau, se recouvrait de terre ou de sang frais, la couleur de ses yeux changeait au fil des saisons (…) parfois elle se parait d’une beauté renversante, d’autres fois elle était si hideuse qu’on en perdait la vue... ». Brrr ! C’est bouillonnant, fiévreux, hypnotique mais, ce n’est pas tout : un jour « elle était sur la grande plage de sable brun où treize baleines avaient péris (…)  ». Un autre jour, elle était « dans les plaines sauvages, au nord, où il était impossible de s’y rendre les jours de neige ou d’été flamboyant ». et encore une autre fois elle était « au milieu d’immeuble écroulés (…) elle se faufilait entre les ambulances et les casques, montait dans les étages noirs de fumées, s’attardait dans les salons coupé en deux, au milieu des corps enchevêtrés, aux membres disloqués, qu’on prenait pour des lampes ou des morceaux de table ». Et ce n’est pas tout : on la rencontre encore sur des pistes « où les fauves gisaient sur du sable souillé par l’urine et les excréments. Des lionceaux lançaient des cris inaudibles, des singes pendaient aux branches, des lynx, des tigres et des guépards avaient du sang qui coulait de leur babine et leurs langues séchées tombaient de côté... »
Bref, ce personnage extravagant se retrouve partout où se passent des drames extraordinaires avec « des choses cachées » qu’elle est la seule à comprendre. C’est très impressionnant mais on se demande ce que ça ajoute à cette histoire.

L’histoire se passe dans un village qui est dramatisé d’une manière outrancière et, à mon avis, tout à fait inutile ; par exemple, il y a un pont dans ce village et sous ce pont il y a des pendus : « un vieillard aux mains brisées par d’autres hommes, deux garçons solides pour qui on a doublé les cordes et un jeune de dix-huit ans qui ressemble à une poupée et dont les jambes sont bleuies par les coups, se balancent au dessus de l’eau comme des branches sans fleurs …  »

Tout ça est, certes, très bien écrit avec même une dose de poésie bienvenue dans certaines descriptions de paysage. On aime ou on n’aime pas. Personnellement je ne me suis jamais ennuyé mais, il m’a semblé que l’auteur(e) a voulu faire des effets d’écriture pour montrer qu’elle savait imaginer des situations glauques, putrides, sanguinolentes à souhait mais, à mon avis, ça sent beaucoup trop l’artifice. Et c’est dommage parce que l’histoire est bien imaginée et, sans ces effets de manche, elle aurait été une vraie réussite.

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