Un idiot devant l'étang de Yves Arauxo

Un idiot devant l'étang de Yves Arauxo

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 14 février 2024 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 344ème position).
Visites : 595 

Réflexion au bord de l'eau

Après avoir lu en 2022, son premier opus publié dans la collection Microcactus de ce même éditeur, je viens de terminer, ce P’tit Cactus, véritable réflexion philosophique sur l’être et son environnement : l’individu, le couple, la société, le monde, l’espace, le temps... Yves s’aventure dans un monde de réflexion et de pensée s’interrogeant sur ce qu’est la vie : « Peut-être la vie ne consiste-t-elle qu’à parcourir tout ce chemin qui nous amène à mourir joyeusement ? » et ce qu’on peut en attendre, « Ne rien retenir du jour, dans la légèreté et dans la joie, ne rien vouloir retenir », sachant que l’univers n’est qu’un vase clos, « Jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas d’issue à l’univers ».

J’ai constaté qu’Yves fait souvent allusion aux arbres, on dirait que chez lui, l’arbre symbolise la nature qui sert d’écrin à la vie, « Derrière chaque porte, s’ouvre un arbre », « Un arbre ne porte pas de serrure ». La nature, aujourd’hui, tellement agressée par les hommes qui pourrait bien un jour se dérober et laisser l’humanité dans un profond désarroi. Chacun des aphorismes de ce recueil pourrait être prétexte à discussion, dissertation, dispute, … , tant Yves va chercher loin dans tout ce qui concerne la vie et son cadre.

L’écriture est aussi l’un des thèmes que j’ai retenu après ma lecture de ce recueil. Yves est un amateur et même un spécialiste de la forme brève et même parfois très brève, cette forme littéraire que peu utilisent. J’ai lu, récemment dans la préface de « La colline des potences » ces quelques lignes de la mère de nombreux westerns, Dorothy M Johnson, : « Avec le Post (journal auquel elle envoyait des nouvelles), c’était toujours 7 500 mots. Jamais moins, rarement plus : ils disaient qu’on ne peut pas écrire une nouvelle qui se tiennent avec moins de 7 500 mots. Moi je ne suis pas d’accord ; j’en ai écrit de rudement bonnes qui ne faisaient même pas la moitié de ça... ». Si elle le dit qui pourrait la contredire ?

Ecriee, les mots, les phrases, les pages même quand elles sont blanches font partie du champ sémantique où Yves puise son inspiration : « Naître d’un mot, des flancs d’une phrase. Au commencement, était le cri », « Quoi qu’on écrive, la page blanche reste blanche », « Pour le mot le monde est la question », « Il ne s’agit à chaque fois que de contourner l’impossibilité d’écrire », « Tout le monde sait qu’à partir d’un certain point, vivre ne vaut plus la peine à moins d’écrire un roman ».

De ce recueil qui interpelle le lecteur jusqu’au plus profond de sa raison d’être, j’ai donc principalement retenu tout qui concerne l’individu et son environnement, l’écriture et l’art d’écrire, mais l’auteur aborde d’autres sujets tout aussi profonds qui eux aussi pourraient prêter à méditation. Ce livre ne passera certainement pas inaperçu, le précédent est déjà cité par Myette Ronday dans son dernier roman que l’ai lu parallèlement à ce recueil. Elle indique dans son histoire que dans la bibliothèque de l’une de ses héroïnes, aux côtés d’ouvrages de Jean-Pierre Otte, figure le premier recueil d’Yves Arauxo … la notoriété est en marche !

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Yves Arauxo l'irrégulier

8 étoiles

Critique de JPGP (, Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans) - 27 décembre 2023

Pour Yves Arauxo le vide est actif et par autre chose que lui même, comme il est actif par autre chose que le plein.

C'est en ce sens que son livre bat la campagne du logos admis. Ses aphorismes nous traversent car en eux a pensée détruit les illusions admises.. Mais jamais de manière didactique, engagée, sans idéologie mais juste par la grammaire élémentaire de la destruction des certitudes.

Si bien que cea devient un livre anti-pieux capable de mener au renouvelement de l’intelligence et la sensibilité dès que chaque fragment balance son intempestive purée.

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Jean-Paul Gavard-Perret

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