Les jardins d'Atalante de Michel Host, Danièle Blanchelande (Dessin)

Les jardins d'Atalante de Michel Host, Danièle Blanchelande (Dessin)

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par JPGP, le 14 juillet 2023 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 8 étoiles
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Michel Host et ses fées

Des « Jardins d’Atalante » surgit une poésie mystique par sensualité. Le présent poétique forme des constellations toujours changeantes. Elles actualisent des légendes de figures presque (le presque est important) célestes et des gestes antérieurs pour créer une réflexion sur l’existence au moment où l’obscurité distille ses pavots. La fantasmagorie plus même que la mémoire fait merveille pour iriser le temps même s’il n’échappe pas au morcellement sinistre de l’hiver.

Le présent y devient un point insignifiant entre le poids d’un passé nécrosé et la vanité d’un avenir douteux. Michel Host ne cesse de rappeler : « Là était le rêve là était la vie l’an s’achève / Et proche le vent enclot tout soupçon / Eclats des paroles amours souffrance geste / Brûlés enlacements regards à merci soupirs / Embrassements rien tout ne se tirera donc d’oubli ? » . Dans le gigantesque jeu de l’oie l’équilibre est donc des plus précaires…

C’est pourquoi le présent poétique devient la reprise des instants écoulés par une parole ailée mais forte en cuisses lascives qui soutiennent de leur énergie la douleur et la joie, la solitude ou le partage. La poésie transforme la vie sinon en destin du moins en occasion de sens là où sur la forge du non dit des mots saillissent. Pour Host écrire revient non seulement à tracer des signes mais traverser des frontières, sortir des sillons, faire danser ce qui reste d’os sur la musique à effluves éritiques. Une chorégraphie de vie et de mort, une succession de jouissances et d’épreuves se déroulent le long d’une année de légende entamée en 1973 est peaufinée encore un demi-siècle plus tard. Les douze mois s’érigent sous l’égide de trois grâces à l’initiale d’Aleph et sous le signe de la lumière, de le terre et de l’eau  : Amarante, Albane et bien sûr Atalante dont les joyaux brûlent en se consommant de moins en moins.

Néanmoins les trois génies féminins - sorties de la lampe à huile d’amande douce caressée par le poète - l’éloignent du pur épanchement narcissique et propose un rituel qui projette le lecteur à la frontière de qui il est lui-même (et de ce qu’il devient). Michel Host invite à une méditation en rappelant que lorsque la femme se retire et quand que nous la sentons fondre, son absence fait que nous ne vivons désormais en songes de sable.

Et ce même si nous nous voudrions poissons de sang. Ophée peut bien s’impatienter, les fées gardent pour elles leurs suaves étouffements jadis porteurs de doux présages. Rien n’est plus comme avant. Preuve qu’on ne peut être et avoir été. Ce qui n’empêche pas de poser (comme le poète) sur les lèvres des aimées des « bouquets de solstices ». Qu’importe si les nôtres ( comme celles d’un poète devenu semblable et frère) sont caressées par la poudre du vent et non par un Rouge Chanel.

Jean-Paul Gavard-Perrret

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